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EAN : 9782889061006
235 pages
Editions de l'Hèbe (01/03/2017)
4.32/5   25 notes
Résumé :
Saint-Kilda est ce lieu au bout du monde, oublié des hommes et de Dieu (mais pas de ses ministres), perdu dans le brouillard ambigu qui sépare imagination et réalité. Inhospitalier au possible, ce coin de terre au large de l'Écosse a pourtant accueilli une poignée d'hommes et de femmes évacués à leur demande en 1930. Jusqu'au XIXe siècle, ils ont vécu en autarcie, sans connaître l'écriture ni l'argent, sans hiérarchie ni lois, se nourrissant des oiseaux de mer chass... >Voir plus
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Que lire après L'adieu à Saint-KildaVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Août 1930... Les derniers habitants quittent Saint-Kilda, leur île tant aimée qui leur a apporté de quoi se vêtir, se nourrir et gagner quelques pécules durant plus de deux millénaires et qui pourtant a pris sauvagement tant des leurs au fil des ans. le coeur lourd et l'âme blessée, ils s'en vont tenter de survivre dans un lieu tout aussi complexe, tout aussi austère et si peu familier : la civilisation du continent.

Avril 2014... le narrateur, voyageur des temps modernes en quête d'aventure et de défi, accoste sur l'île et découvre avec passion les seuls habitants rescapés de la rudesse du lieu et des vents terrifiants : fous de bassan, macareux moines, fulmars boréals, mulots et moutons d'une souche vieille de près de 3000 ans. L'homme se plonge dans le coeur de l'île, dans les récits des ancêtres et les témoignages des Ecossais ayant bravé la houle de l'Atlantique Nord pour partager un bout de la vie des Saint-Kildiens.

19 Juillet 2022 aux aurores... J'attends impatiemment sur la jetée du petit port de Leverburgh sur l'ile de Harris. C'est le grand jour. J'ai soif de bout du monde. Les heures de bateau me permettent de quitter le monde confortable de mes passionnantes vacances dans les Hébrides extérieures et de remonter petit à petit le temps. J'avais pris le temps de lire, de m'informer et m'étais laissé séduire littérairement parlant par l'archipel si mystérieux et envoûtant de Saint-Kilda . En découvrant les premières côtes de Hirta, les frissons m'ont parcourue de haut en bas. J'ai su alors, avant même d'accoster, que je vivais un des grands moments de ma vie.

L'adieu a Saint-Kilda d'Eric Bulliard que j'ai dégusté à petites touches quatre mois après avoir découvert ce petit coin de terre fier et vaillant des Hébrides écossaises m'a remuée corps et âme. A travers la plume d'un autre, j'ai rencontré les insulaires de manière plus intime encore. J'ai frissonné avec les chasseurs d'oiseaux sur Stac an Armin, j'ai pleuré avec les McDonnald, les McLeod et les Gillies devant la dépouille d'un enfant qui ne verra pas ses cinq ans. J'ai attendu en vain l'arrivée des nouvelles du nouveau monde de mes cousins en quête d'un avenir meilleur. J'ai prié les dieux de la terre et de l'océan, secrètement, pendant que le pasteur John McKay nous instillait son poison religieux rigoureux et intransigeant.

Ce roman est un coup de poing, un coup de coeur, un coup d'âme et de passion. C'est la rencontre d'une terre que je semble connaître depuis toujours, qui m'attire et m'inspire en profondeur tout en me terrifiant.

"We can not return now. We can not return now.
We have all gone over. We have all gone over.
We are all sure-footed. We are all sure-footed.
But we fall."
Robin Robertson, Hirta Song

(Nous ne pouvons plus retourner désormais. Nous ne pouvons plus retourner désormais.
Nous avons tout surmonté. Nous avons tout surmonté.
Nous avons tous le pied sûr. Nous avons tous le pied sûr.
Mais nous tombons.)
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Peut-on imaginer un endroit aussi perdu que cette île de St-Kilda ? C'est une terre tellement éloignée et inhospitalière qu'on se demande ce qui a pu pousser des hommes à s'y installer !
C'est un peu comme pour certains villages isolés de montagne, je pense par exemple à Derborence. Mais, en montagne, malgré tout, on peut quand même essayer de redescendre en plaine quand on se sent oppressé par le poids des sommets ! A St-Kilda, pas de possibilité de fuir puisque l'île n'est visitée par un bateau que deux fois par an.
Pourtant des familles vivent ici depuis des générations, soumises à l'autorité d'un lord écossais lointain, mais qui rappelle régulièrement son pouvoir, et du pasteur qui régit leur vie quotidienne. Elles survivent plutôt, se nourrissant des maigres produits de la terre, de l'élevage des moutons et des oeufs des oiseaux de mer. A part quelques individus, personne ne pense que c'est peut-être mieux ailleurs.
Cela change à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle. En 1852, une trentaine de St-Kildiens partent en Australie. Malgré des passages de touristes, personne ne s'installe sur l'île dont la population baisse. En 1930, lors d'une réunion, miss Barclay, l'infirmière installée depuis quelques années, convainc les habitants qu'il serait préférable de quitter l'île. le 31 mai, les trente-six derniers habitants écrivent donc une lettre au gouvernement pour pouvoir partir de St-Kilda.
C'est cette scène que nous présente le narrateur pour ouvrir le roman. Puis la narration fait de fréquents allers-retours entre cette année 1930, notre époque et différents moments de la vie de St-Kilda, avant de se clore au moment où les habitants quittent définitivement l'île trois mois après la scène du début.
Nous pouvons donc assister à différents épisodes de la vie de la communauté sur place, avec souvent des moments très durs ou avec la présence forte et contraignante des pasteurs. Nous suivons des habitants de l'île qui essaient d'émigrer vers l'Australie et qui parfois reviennent. Nous accompagnons le narrateur et sa compagne qui font partie d'un visage touristique sur l'île et qui découvrent les témoignages de sa vie passée.
Puis nous revenons à St-Kilda en 1930 pour suivre les préparatifs du départ des habitants et quand nous refermons le livre, comme eux, nous gardons une dernière image, celle d'un “doux adieu sans fin, jusqu'à ce que l'île, là-bas, tout au fond, ne soit plus qu'une tache, puis un point,, une poussière, puis s'efface derrière l'horizon d'un bleu sans pitié.” Finalement, nous sommes peut-être devenus des St-Kildiens... et nous avons de la peine à quitter "notre" île !
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Ce roman donne un bref aperçu de l'histoire des habitants de St-Kilda, principalement l'émigration d'une trentaine de personnes en Australie en 1852 et l'évacuation des derniers habitants de l'île en 1930. J'ai trouvé que l'auteur présente bien les enjeux et les difficultés auxquels sont confrontés les habitants de cette île, que cela soit dans leur quotidien, dans leur relations avec le monde extérieur ou dans les deux situations citées précédemment. J'ai pu avoir de l'empathie pour les personnages grâce aux multiples émotions que l'on peut retrouver dans le livre. Celles-ci sont souvent exprimées de manière détournée comme, par exemple, la phrase suivante qui exprime la tristesse (les larmes) de Finlay Gillies suite à la décision des habitants de quitter l'île (p. 18) : « Ses yeux asséchés par les fumées de tourbe n'y ont pas résisté ». Il faut avouer que me plonger, le temps de ce livre, dans l'histoire de cette population qui avait son propre mode se vie m'a remuée bien plus que je l'aurais pensé.
Au niveau du style d'écriture, la ponctuation m'a paru un peu singulière au début : une phrase a parfois beaucoup de virgules (ce qui m'a fait en relire plusieurs avant d'en comprendre le sens), mais cela donne un certain rythme à la narration (ce qui est une bonne chose, non ?). Autre particularité à relever : une phrase (ou un mot) est parfois répétée plusieurs fois dans un chapitre et cette répétition m'a donné la sensation d'entendre sonner le glas.
Pour finir, je dois avouer que la lecture de ce livre est liée à certains mots ou certaines images qui ont une emprise presque "magique" sur moi. Peut-être que vous, aussi, avez déjà vécu cela : lorsque vous croisez quelque chose (ou quelqu'un) que vous connaissez (ou semblez reconnaître) et que, le temps d'un souvenir ou d'une nostalgie, tout semble s'arrêter d'un coup et votre esprit vous emmène ailleurs. C'est ce qu'il se passe pour moi quand je "vois" St-Kilda. Mon cerveau a dû intégrer un radar naturel qui attire mes yeux vers tout objet portant le nom ou ayant des images de cette île. Je n'y suis jamais allée et, pourtant, mon esprit s'obstine à s'accrocher à ces falaises. Comme l'a écrit l'auteur dans "L'adieu à Saint-Kilda", c'est « le voyage d'une vie ». Une phrases qui permet des interprétations multiples : Est-ce le voyage qu'entreprend un touriste une fois dans sa vie ou, pour les St-Kildiens qui ont quitté l'île en 1930, le voyage qui laisse derrière lui l'histoire de toute une vie ?
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L'auteur nous parle de cette île, Saint Kilda où vécurent, sur plus de 2000 ans des hommes dans des conditions extrêmes. Son éloignement des côtes écossaises a isolé sa population qui n'a jamais excédée 180 âmes. Leur subsistance était basée sur les produits des oiseaux, l'exploitation agricole et l'élevage de ces moutons sauvages et particulièrement résistants : les Soay.
Le paysage de cette île volcanique est particulièrement exceptionnel et l'île possède une importante densité d'oiseaux (fous de bassan, macareux et fulmars).
L'île est désormais inhabitée depuis l'évacuation en 1930, du fait des conditions de vie très dures, de ses 36 derniers habitants. Seule une base militaire installée depuis 1957 sur Hirta, ainsi que le tourisme, apportent de la vie sur cette terre solitaire.
Emouvant témoignage nostalgique sur la vie de ces derniers habitants avant leur départ, quelques photos, une belle prose, j'ai été conquis par ce livre qui m'a donné envie d'aller visiter cette île. Merci pour ce petit bout d'histoire que je ne connaissais pas.
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Un roman singulier qui m'a fait découvrir la vie des habitants de ces îles d'Ecosse perdues au milieu de nul part. La sensation de bout du monde (et de solitude absolue) est très bien rendue au fil des pages. Comme l'auteur, je m'étonne de la rage de vivre de ces habitants pour continuer à avoir foi en la vie malgré des conditions d'une rudesse absolue. Sans même parler du groupe d'hommes et d'enfants coincés sur un rocher pendant 9 mois et qui ont survécu à l'hiver dans des conditions extrêmes...

Roman à la fois initiatique et dépaysant, une très belle découverte grâce à @Croquignolle !
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Cette cloche récupérée d'un naufrage, je crois l'entendre battre le rappel. Tous descendaient alors de Main Street, je les vois dans leurs habits du dimanche, pressés de rejoindre le pasteur qui allait, des heures durant, les haranguer. A mes yeux d'indécrottable mécréant, c'est l'un des mystères les plus incompréhensibles dans l'histoire de cette île : pourquoi en ce lieu singulier, alors qu'ils menaient une vie simple, difficile, mais finalement en harmonie avec les éléments, pourquoi ce besoin de religion ? Croire en quelque chose, à la limite, pourquoi pas. Je pourrais comprendre que, face aux duretés de la nature et à ses surprises, ils se soient réfugiés dans une pensée plus ou moins panthéiste, qu'ils aient vu des forces qui les dépassent dans ces manifestations si violentes, du style la peur que le ciel leur tombe sur la tête. Mais la religion... Surtout cette religion, avec son rigorisme médiéval ? A quoi pouvait-elle leur servir ? Comment ont-ils pu accepter que l'on interdise à leurs enfants de jouer, eux qui avaient la plus belle cour de récréation du monde ? Comment admettre qu'on oblige ces gamins qui ne savaient pas lire à toujours porter une Bible sur eux ? Qu'on les forces à prier trois fois par jour, à ne rien faire le dimanche, même si le temps était idéal pour partir à la chasse ?
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Et lui, ce MacKay de malheur, à quoi pensait-il ? Un esprit simple, dit-on, qui se moquait bien que ses fidèles meurent de faim, tant qu'ils assistaient aux offices. Une sorte de gourou, trop heureux d'assouvir sa volonté de puissance, mais malheureusement sincère, probablement, dans sa folle dévotion.
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Après des millénaires où tous vivaient à la même enseigne, où tout se partageait, où personne ne dominait personne, où les anciens n'auraient pas imaginé se prévaloir d'un quelconque droit d'aînesse, Neil Ferguson avait fini par se croire le plus important, parce que plus riche. Plus puissant, parce que mieux habillé, de des étoffes qu'il achetait aux visiteurs d'un jour. Plus intelligent parce qu'il utilisait des mots que personne ne comprenait à Herta. Il avait fini par renoncer à la chasse, proposant plutôt d'acheter des vivres à ceux qui avaient risqué leurs os sur les falaises (...) Le vieux MacGillis a secoué la tête. Ce jour-là sans doute a-t-il compris que son monde commençait à disparaître. Le postier Ferguson s'était mué , le premier, en homme du XXe siècle.
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Nous ne verrons pas les sommets de l'île, à peine Dùn, la proche voisine. Pour tout dire, nous ne voyons pas grand-chose, ce qui n'empêche pas de ressentir une curieuse vibration, un souffle intense dans les poumons. Bien sûr, il y a le vent, mais autre chose aussi. Le vent seul ne peut vous émouvoir ainsi. Peut-être, dans un mélange d'isolement total et de plénitude, ce sentiment de se trouver au bon endroit, au bon moment. Une paix absolue, malgré le tambourin de la pluie sur nos dérisoires Northface, malgré les rires des oiseaux, la rumeur de la mer, les bêlements. Impossible de décrire cette impression autrement que par cette banalité : nous sommes loin de tout, mais nous sommes là.
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Je commence à gamberger : qu'est-ce qu'on fait ici ? Qu'est-ce que deux Suisses dans aucun lien avec l'histoire de cette île peuvent bien venir chercher dans le froid, e brouillard, la pluie qui ne cessera jamais ? Dans la boue, dans les crottes de chèvres et de moutons... Pourquoi cette fascination pour ce peuple si éloigné de toute notre éducation, de toute notre civilisation ? Simplement parce que ces photos, au sous-sol du château de Dunvegan, t'ont frappé ? Parce que leurs regards, parce que leurs pieds nus, parce que leurs visages à la fois effarés et si sûrs d'eux-mêmes ?
Dis-moi : qu'es-tu venu chercher, ici, au bout du monde ? Qu'est-ce que tu espérais te prouver ?
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