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Critiques de Eric Maneval (62)
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Vive la Commune !

Un cri du cœur.



Rassemblant plus de 20 plumes contemporaines, ce recueil de nouvelles mettant en scène des acteurs majeurs ou anonymes de la Commune de Paris est un très bel hommage en forme d'initiation à cet événement capital de l'histoire de l'émancipation humaine.



Souvent des femmes, les personnages mis en scène à travers des poèmes ou des textes courts redonnent vie à ces quelques semaines où plus que jamais l'espoir a eu droit de cité entre les murs de la capitale... avant la derniere, la "Semaine sanglante" et son anéantissement dans un bain de sang.

Agrémenté de gravures et de reproductions d'époque, un livre agréable et nécessaire.



Publié en 2021, à l'occasion des 150 ans de la Commune.



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Inflammation

Bah ça y est ! On est en 2018....

J'envisageais de débuter tranquille, sur des sujets que je connaissais bien, mais la facilité, bah, justement, c'est trop facile...pis c'est un peu ennuyeux, finalement...

Alors, c'est mieux de prendre une histoire qui parait tout à fait commune et qui très vite prend un virage auquel tu ne t'attendais pas...

Vous ne croyez pas ?

J'ai pas fait exprés, mais pourtant, Eric Maneval, je l'ai découvert avec Retour à la nuit, il y a quelques jours à peine et il m'avait déjà beaucoup déconcertée...

C'est un peu sa spécialité, j'ai l'impression...

Au départ, ya juste une femme qui disparaît...

Et comme son mari, il se la coulait un peu douce et qu'il comptait un peu trop sur elle pour tout faire, il s'est bien retrouvé comme un con quand elle est partie !

Devoir assumer seul tout le quotidien avec 2 enfants, sans compter qu'il se rend compte que sa femme, il la connaissait peu finalement, qu'il y comprend rien à ce qui s'est passé.

Et l'amour là d'dans, ça compte aussi...

C'était la femme de sa vie, bordel !

Il l'avait dans la peau.

C'était son air, sa dope...

C'était sa moitié, c'était sa vie...

Pis très vite, on comprend que cette disparition, cette histoire, elle va rien avoir de banale.

Qu'elle va te mettre les yeux ronds d'un bout à l'autre !

Le truc, c'est qu'il est super doué Maneval !

Parce que malgré le fait qu'il va t'embarquer dans des sujets qui sont tellement éloignés de toi, comme la pharmacologie, l'ésotérisme, la science, la foi, la religion, tu vas rester scotché, addict !

C'est une lecture étonnante, curieuse.

L'ambiance est assez tragique...

Assister à la déchéance de cet homme qui découvre petit à petit qui était sa femme, c'est... troublant !

L'atmosphère est angoissante, parce qu'elle nous dépasse.

Toujours à la recherche continuelle d'une explication rationnelle, à ces dramatiques événements...

Je n'ai jamais rien lu de la sorte auparavant.

C'est un inclassable ! Inexorablement.

Et puis quitte à bien faire les choses jusqu'au bout et nous sortir de notre zone de confort, l'épilogue laisse des portes ouvertes et a un goût amer, très frustrant.

J'aime ça les lectures qui me surprennent .

Alors, je vous encourage à vous y frotter, juste pour voir...

Peut être bien que vous aussi vous allez y prendre goût...

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Retour à la nuit

Antoine ne garde qu'un seul souvenir de son enfance. Il a huit ans, joue au bord d'une rivière, chute et s'empale sur des troncs d'arbre. Un homme mystérieux le sauve, lui apporte les premiers soins et le dépose chez un médecin. L'accident lui laisse de larges cicatrices sur le torse.

Un soir, alors qu'il regarde une émission sur un tueur en série, il croit reconnaitre dans le portrait-robot du criminel l'homme qui l'a secouru vingt-cinq ans plus tôt. Antoine est devenu veilleur de nuit dans un foyer social qui accueille des enfants. Son témoignage dans l'enquête sur le mystérieux tueur va raviver sa part d'ombre. Il va devoir affronter son traumatisme mais aussi ceux des enfants dont il assure la surveillance, la nuit favorisant la réapparition des vieux démons.



Le roman est court et mystérieux, l'auteur se charge d'ouvrir des portes et laisse le soin au lecteur de les fermer à l'aide de son imagination. Dans la mesure où les personnages sont victimes de troubles psychologiques, cette approche est subtile puisqu'il est difficile de déterminer une vérité là où règne la confusion. Choisir comme narrateur l'employé d'un foyer social est original et j'ai apprécié la manière employée pour traiter des questions de l'identité, de la culpabilité et de la résilience. Je n'ai qu'un seul regret : un style que j'ai trouvé trop neutre.

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Inflammation



"Choisissez n'importe quel médicament, lisez la liste complète des effets secondaires et imaginez qu'ils surgissent tous simultanément dans un organisme."

Les médicaments sont normalement prescrits par les médecins lorsqu'ils ont davantage d'effets bénéfiques que néfastes. Mais chacun sait que les effets indésirables potentiels sont souvent multiples.

Prenons au hasard un médicament de la famille des triptans, que je prends pour soulager mes migraines. La notice précise que ces cachets peuvent occasionner des étourdissements, des picotements, des troubles de la vue, une sensation d'oppression dans la poitrine, des nausées, des flatulences, de la fièvre, des vertiges, des démangeaisons, un mal de gorge, des spasmes, des cauchemars, des tâches violacées sur la peau, un ulcère de l'estomac ... Et je m'arrête là mais la liste est encore très longue...

Et ça, c'est juste pour un médicament.

Alors imaginez tous ceux que vous avez consommé dans votre vie, dont les effets désastreux se déclencheraient au même moment.

Vous ne seriez probablement pas beau à voir. Et plus mal en point que jamais. En tout cas je n'imagine même pas mon triste état et pire encore, la douleur qui l'accompagnerait.



Les inflammations du corps humain peuvent prendre différentes formes : Des abcès, rougeurs ou oedèmes qui peuvent porter les doux noms d'acné, d'appendicite, d'otite, de tendinite, d'arthrite, de sinusite, de gastro-entérite et autres joyeusetés en -ite.



Le roman Inflammation, comme vous l'aurez compris, évoque donc la médecine, la recherche scientifique, la pharmacologie.

Mais il traite également de foi, d'alchimie, d'ésotérisme. Et ce mélange d'occultisme, de religion et de science donne un résultat pour le moins ... troublant.

Impossible d'ailleurs de classer ce roman dans un genre défini.

Si je devais me prononcer, je dirais qu'il s'agit d'un polar qui baignerait dans une ambiance d'horreur gothique, sans qu'on sache si le surnaturel est ou non à l'oeuvre.



L'histoire est celle de Jean Mourrat, le narrateur, qui nous évoque dès le premier chapitre la disparition de son épouse, Liz. Ce soir-là, elle est précipitamment partie en voiture sous des trombes de pluie, sans raison apparente, et on ne retrouvera d'elle qu'un téléphone et un sac à main à proximité d'une rivière qui a probablement fait dériver son corps. La police mène l'enquête et recherche l'éventuel cadavre.

"On ignore ce qui est arrivé à Liz. Accident, disparition, suicide, agression ..."

Jean est par ailleurs le gérant d'une société civile immobilière. Ses revenus fonciers sont très confortables et il n'avait jusqu'alors pas eu à s'occuper de grand chose puisque c'était sa femme et son meilleur ami, Bernard, qui avaient pris en charge les différents travaux de rénovation ou la comptabilité. Qui plus est, les locataires paient tous leur loyer rubis sur l'ongle.

"Ils sont cinquante-deux à vivre dans mes seize maisons, enfants compris, Révérend compris."

Le Révérend est son tout premier locataire, c'est d'ailleurs lui qui a présenté Liz et sa fille Lucie à Jean.

Contrairement à ce que son surnom indique, il n'est pas un homme d'église mais il dirige cependant un groupe de prières : Les jardins de la vie. Dans ce groupe, on retrouve la quasi-totalité des locataires, des personnes particulièrement sensibles et reconnaissants envers Liz, qui a toujours fait preuve d'une extrême bonté à leur égard.

"Nous nous réunissons pour prier, unis dans la joie du Christ."



Voilà pour le cadre général du roman, dans lequel on regarde ce père pessimiste s'empêtrer dans son besoin d'éclaircir toute cette affaire, à la recherche d'informations sur le passé méconnu de son épouse, n'importe quel secret qui pourrait expliquer son geste.

"J'ai besoin de savoir ce qu'elle a vécu avant qu'on se rencontre."

Parallèlement, il doit également s'occuper de ses enfants : Clément, son fils biologique, a huit ans et Lucie est déjà une jeune adolescente. Mais au final, ce sont davantage les enfants qui vont prendre soin de leur père.

"Le problème, c'est que je suis incapable de tenir une maison, de faire les courses, le ménage, la cuisine."

Et plus les pages se tournent, plus le mystère s'épaissit et plus les questions s'additionnent.

- Pourquoi Liz avait-elle le livre de Pierre A. Riffard intitulé L'ésotérisme ? Qui est ce Markus qui lui a dédicacé le marque-page ?

- Pourquoi Lucie paraît-elle si effrayante sur la photo qu'examine Geneviève, voyante et magnétiseuse de profession ?

- Quelles sont ces étranges gouttes homéopathiques à usage anxiolytique très efficaces et dénuées de tout nom que prenait Liz ?

- Quel est ce pouvoir envoûtant qu'elle exerce sur l'ensemble des locataires ?

- Quelles sont ces choses abominables qu'ont fait ces mêmes locataires et dont Jean ne trouve aucune trace sur internet ?

Et ce ne sont que quelques une des énigmes macabres auxquelles le lecteur sera confronté, alors que les ombres autour de la disparition de Liz ne feront que s'épaissir.



L'ambiance d'Inflammation est particulièrement réussie. C'est même son gros point fort. Partant comme un thriller avec une énième histoire de disparition à résoudre, les ténèbres qui entoure les circonstances de la disparition de Liz deviennent de plus en plus opaques. On ne sait d'ailleurs pas si le final apportera une explication rationnelle ou surnaturelle, ni comment insérer tous les nouveaux éléments plus étranges les uns que les autres à une même intrigue, aux directions inattendues.

Si j'osais une comparaison, seul le célèbre Frankenstein de Mary Shelley me viendrait à l'esprit, pour son atmosphère inquiétante et son mélange de science et de fantastique, mais dans une version très moderne et largement revue et corrigée par l'écrivain marseillais.



L'histoire est également servie par un style très simple ( dans le bon sens du terme ) et très efficace. Jamais l'auteur ne se noie dans les explications scientifiques ou paranormales, chaque chapitre apporte son lot de questionnements et de révélations, les pages se tournent facilement. Eric Maneval va toujours à l'essentiel avec une économie de mots qui donne un rythme soutenu et nerveux à son livre.



Mon seul regret, malgré l'immense plaisir que j'ai eu à lire Inflammation, c'est le final abrupt. J'imagine que toutes les explications ont été données mais je reste pourtant avec de nombreuses interrogations. Sans parler de fin ouverte, le lecteur a un gros travail de reconstitution des évènements à faire et certains des rouages de l'intrigue sont simplement suggérés. Tout ça pour dire qu'au final, si le brouillard se dissipe finalement, il reste une légère brume libre d'interprétation et j'avoue faire partie de ces lecteurs qui aiment qu'on lui mette les points sur les I afin qu'aucune zone d'ombre ne subsiste au terme de la lecture.

Je remercie au passage Monromannoir, dont la critique m'a permis de faire le lien avec l'ordre du temple solaire : La référence m'avait en effet échappé.



Premier roman de l'année, merci également à Mandarine ( qui se reconnaîtra ) pour ce cadeau d'anniversaire aussi inquiétant que surprenant, et qui m'aura fait découvrir la plume talentueuse d'Eric Maneval.

Et je ne compte pas en rester là avec cet auteur !



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Retour à la nuit



J'ai deux cicatrices.

La première est anodine, elle se situe sur mon poignet droit suite à une intervention chirurgicale.

La seconde en revanche, même si je ne m'en souviens plus, est le souvenir d'un acte héroïque. En effet, si mon menton est orné d'une balafre depuis ma petite enfance, c'était lors d'un acte où ma prouesse n'avait d'égale que mon courage.

J'étais âgé d'environ quatre ans. Mes grands-parents me gardaient, quand soudain ...

Le téléphone a sonné !

Je me suis alors mis à courir pour décrocher avant tout le monde.

Dans ma précipitation, j'ai apparemment malencontreusement oublié que j'étais sur une table.

Les lois de la gravité étant ce qu'elles sont, j'ai dégringolé par terre. Je serais bien incapable de vous dire si ma petite frimousse, encore adorable à l'époque, a heurté l'angle du meuble ou si elle a simplement rencontré le sol d'un peu trop près, en tout cas le sang se serait mis à jaillir à flots.

Et moi à pleurer à chaudes larmes.

Complètement affolée, ma grand-mère a prévenu les urgences. Il paraîtrait que j'ai interrompu mes pleurs et lui ai dit de ne pas s'en faire, que ce n'était pas grave.

Quelques points de suture plus tard, j'étais guéri.

Quarante ans plus tard ou presque, l'entaille est quant à elle toujours bien visible.

Indélébile.



Antoine Revin, le principal personnage de Retour à la nuit, a lui aussi quelques cicatrices.

Sur son ventre et son dos, les boursouflures se croisent comme si quelqu'un avait joué au morpion sur son corps avec un cutter. Ou même à puissance quatre.

"Il y en a d'autres encore, différentes ; certaines sont des ramifications secondaires et d'autres se chevauchent."

Ces marques sont les souvenirs d'un terrible accident, lorsqu'il est tombé dans la Vézère.

"Je suis tombé dans une rivière en crue, je me suis fracassé contre des arbres, des rochers, j'avais huit ans."

Mais si aujourd'hui encore Antoine fait des cauchemars suite à cet accident, c'est aussi à cause de cet homme qui l'a peut-être secouru. Un être inquiétant qui aurait procédé aux premiers soins en continuant à graver des fresques sur son jeune corps avant de l'amener à l'hôpital.

S'agissait-il d'un sadique de la pire espèce ou cet individu terrifiant lui a-t-il réellement sauvé la vie ?

"Je sens mes cicatrices. Je les sens toutes. Elles se ravivent."



Un quart de siècle plus tard, Antoine est devenu veilleur de nuit dans un foyer qui s'occupe d'enfants en difficulté. Des gosses de tous âges aux graves difficultés sociales ou judiciaires. Auprès desquels il s'implique au-delà de ce qu'exige sa fonction, en particulier auprès de la jeune Ouria Ben Ouali, anorexique - boulimique à l'existence on ne peut plus tragique.

C'est un métier qui lui convient particulièrement bien, peut-être grâce à ses horaires nocturnes, ou parce que le foyer est particulièrement isolé en pleine forêt.

"J'ai besoin de ces longues heures de silence. J'ai besoin de la nuit."



Et puis le passé va s'inviter au détour de l'émission "Faîtes entrer l'accusé" qui revient sur un ignoble assassinat commis en 1982, un mois tout juste avant la chute d'Antoine dans la rivière et sa confrontation avec l'homme que la police soupçonne d'être "le Découpeur", un tueur en série aux multiples victimes qui a échappé à la justice.

"A ce jour, nous en comptons treize, assassinées et la peau découpée."

Est-ce un innocent qui est enfermé pour ce meurtre violent ? Antoine peut-il aider avec son témoignage à le faire libérer et permettre à la police d'appréhender un dangereux criminel ?



Ni tout à fait thriller, polar ou roman fantastique, Eric Maneval qualifie Retour à la nuit de roman d'angoisse, et c'est en effet le genre qui définit le mieux cette étrange histoire, où la tension présente dès les premières lignes ne fait que prendre de l'ampleur au fil des 120 pages qui composent le roman.

L'auteur parvient à distiller par petites touches exponentielles un climat de plus en plus oppressant.

L'inquiétude croissante provient des comportements de différents enfants : agressivité, cauchemars, troubles psychiatriques, attitudes ambiguës.

Mais aussi de légères touches surnaturelles, si du moins on considère comme telles les médiums ou les transes hypnotiques.

On a l'impression que la folie guette différents personnages, que l'ombre d'un violeur et tueur d'enfants plane, que chacun a son secret profondément enfoui.

Que la nuit s'empare doucement du récit pour le rendre de plus en plus ténébreux.

Eric Maneval confirme ici le talent de conteur que je lui avais découvert avec son roman Inflammation, un style simple et pourtant inimitable, une écriture minimaliste au sens noble du terme.



Alors qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ?

Les dernières pages.

Je savais que la fin serait ouverte mais là j'ai davantage eu l'impression d'être abandonné en plein roman avec une petite voix qui me dit :

- Ben maintenant, tu te démerdes avec ça.

Certains aspects de l'histoire trouvent bien une conclusion, qui plus est originale, mais pour la grande majorité des intrigues, même en faisant fonctionner mon imagination, je n'ai aucune certitude ou même aucune idée de ce qu'il faut en conclure.

Ai-je été trop inattentif à certains détails ? Est-ce que je n'ai pas l'intellect nécessaire pour rassembler les pièces du puzzle ? Est-ce que je n'ai pas compris dans quelle mesure Eric Maneval tenait à laisser son lecteur dans le doute ?

Quelle que soit l'explication, j'ai terminé le livre avec un goût amer d'inachevé, et je ne suis pourtant pas un lecteur réticent aux fins ouvertes.



Considéré par de nombreux lecteurs de romans noirs comme un chef d'oeuvre du genre, mon incontestable plaisir de lecture a donc été divisé par deux lors d'une conclusion beaucoup trop floue et abrupte.



En guise de cicatrice, c'est celle de la déception qu'aura gravée ce roman dans mon esprit peut-être trop cartésien.





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Retour à la nuit

Voilà un roman plutôt court : 120 pages mais rondement mené sans fioritures ni détours inutiles , un livre à classer dans les thrillers comme je les aime .



Antoine, 8 ans est repêché in extremis alors qu'il allait être emporté par un arbre dans les eaux tumultueuses d'une rivière par un homme blond barbu aux yeux bleus , qui après quelques "soins" plutôt particuliers , dépose le gamin à l'hôpital de Limoges .



Nous n'en saurons guère plus sur ce qui s'est passé en dehors du fait que son corps a gardé des cicatrices spéciales ; depuis,  ces blessures anciennes, il les cache comme il lutte contre les cauchemars et les souvenirs sombres ...



On retrouve Antoine à l'âge adulte alors qu'il est surveillant de nuit dans un centre pour enfants et ados perturbés . Si son boulot consiste à s'assurer qu'il n'y ait pas d'intrusion nocturne dans l'établissement et que les pensionnaires restent calmes , il est difficile pour le jeune homme de rester totalement neutre vis à vis de ces gamins bousculés par la vie et qui ont souvent besoin d'une écoute en dehors du cadre plus codifié des éducateurs dans la journée .



Lors d'une de ses nuits, il reconnait , lors d'une émission sur les tueurs en série,  son sauveur sous les traits d'un homme surnommé le Découpeur et fait part de sa découverte à un journaliste puis à la police ce qui donne un nouveau départ à  l'enquête et aux  recherches mais en même temps Antoine réouvre les portes de son passé, de ses angoisses,  homme fragile et solitaire : la nuit propice aux mauvais rêves et aux illusions , comme le titre l'indique revient .



C'est sobrement et efficacement écrit .



Lu dans le cadre du Polar de Poche de Gradignan .

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Retour à la nuit

En arrivant à la fin de court roman noir, je me suis dit qu’il faudrait le relire pour essayer de comprendre ce que j’avais loupé à la première lecture : comment l’auteur en est-il arrivé à cette fin ?? Elle est surprenante, frustrante, inexpliquée… Est-elle acceptable, vraisemblable… ? A chacun de se faire sa propre idée. Le lecteur y sera arrivé au terme d’un texte court (initialement publié en 2009 aux éditions Ecorce et lauréat du prix du polar lycéen d’Aubusson) qui, après tout, commence de façon très mystérieuse aussi, par ce défi que se lance seul Antoine, un gamin de 8 ans, qui se jette dans une rivière en crue, est grièvement blessé par un arbre et est sauvé par un inconnu inquiétant.



Un accident qui nourrit encore les cauchemars d’Antoine, devenu gardien de nuit dans un centre pour ados en difficulté, placés là par les services sociaux ou le juge de la jeunesse. Antoine se sent bien dans la nuit, certains jeunes profitent de cette « relâche » pour se confier à lui, même si cela n’entre pas dans ses attributions et si cela risque de se révéler dangereux, notamment avec la jeune Ouria.



Une nuit, alors qu’il regarde la télé pour se tenir éveillé, passe un numéro de Faites entrer l’accusé dans lequel Antoine reconnaît l’inconnu qui lui a sauvé la vie vingt ans plus tôt. Un homme soupçonné de crimes atroces et toujours en liberté, alors qu’un innocent emprisonné et condamné pour un de ces crimes continue à clamer son innocence. Le veilleur de nuit va alors contacter le journaliste qui a consacré une grande partie de son énergie à cette affaire. A partir de ce moment, les événements vont se précipiter dans la vie d’Antoine et celle du centre social, les questions et l’angoisse vont aller crescendo… jusqu’à une fin qui correspond bien au titre : le noir va en s’opacifiant et la fin nous laisse avec bien des questions sans réponses…
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Retour à la nuit

Enfant, Antoine a subi un grave accident et a été sauvé par un personnage étrange qui, néanmoins, lui a inspiré une grande terreur. La trentaine maintenant, il travaille comme veilleur de nuit dans un foyer social accueillant des jeunes, aux environs de Limoges. Solitaire, coupé au maximum du monde extérieur, il a réussi à se trouver un semblant d’équilibre dans ce monde de la nuit où il veille sur les jeunes pensionnaires, apaise leurs terreurs nocturnes ou discute avec eux d’une manière plus libre que les éducateurs. Mais, un soir, Antoine voit apparaitre dans une émission de télé traitant d’un fait-divers – le meurtre d’un enfant – un portrait-robot qui le replonge vingt-cinq ans en arrière.



Instiller l’angoisse. Voilà à quoi s’échine Maneval, et avec une redoutable efficacité, tout au long de ce court roman. S’il y arrive si bien, c’est sans doute parce que, malgré la concision d’un récit qui tient en moins de 120 pages, il réussit à donner chair à des personnages complexes entretenant des relations qui le sont tout autant : Antoine, la jeune Ouria fascinée, trop, par ce gardien de nuit aux cicatrices dignes de Frankenstein, mais aussi les détectives, avocats et journalistes qui vont d’une certaine manière vampiriser un Antoine qui s’est tourné vers eux.

Cette efficacité tient aussi à un sens affuté de l’ellipse et à la manière dont Maneval joue avec les différents niveaux de vérités – parce que celle d’Antoine n’est pas celle d’Ouria, de Gaëtan ou du petit Aymerich, encore moins celle de l’inconnu. C’est aussi sans doute la façon dont l’auteur réussit à créer une véritable empathie vis-à-vis d’un personnage principal qui, dans sa difficulté à s’ouvrir au monde, en vient à flirter avec les limites et que l’on voit évoluer constamment en nous demandant ce qu’il a vraiment au fond de lui.



Bref, voilà un roman fort bien mené, tout en finesse et avec une écriture élégante dans sa concision. Maneval a voulu, nous dit la quatrième de couverture, écrire un roman d’angoisse et y a incontestablement réussi. Reste au lecteur une certaine frustration due à la brièveté du texte et à une fin qui, même si elle laisse la porte ouverte à plusieurs interprétations, manque peut-être encore un peu de mystère. Mais, après tout, et en particulier dans ce type de récit, le plaisir ne vient-il pas de cette frustration ?




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Inflammation

Qualifié de culte, bon nombre de lecteurs auront été indéniablement marqués par Retour à la Nuit, premier roman d’Eric Maneval parut en 2009 aux éditions Ecorces dirigées par Cyril Herry puis réédité en 2015 à la Manufacture de Livres pour la collection Territori. Il faut dire que l’auteur s’était emparé des codes du thriller pour bâtir un roman à la fois étrange et épuré où de nombreuses questions soulevées demeuraient sans réponses, nécessitant un surcroît d’interprétation de la part du lecteur, pouvant générer un sentiment de frustration. Marque de fabrique de l’écrivain, celui-ci s’inscrit dans le même registre avec Inflammation, thriller inquiétant s’engouffrant sur la voie de l’ésotérisme en s’inspirant des événements tragiques de la secte de l’Ordre du Temple Solaire.



La fureur de l’orage ne saurait retenir Liz. Elle prend la voiture et disparaît dans le crépuscule, sous la pluie battante. Folie passagère ou acte désespéré ? Son mari Jean est complètement dépassé et ne peut comprendre les raisons qui ont poussé sa femme à prendre ainsi la fuite. Et le message téléphonique où Liz, en pleurs, demande pardon, ne fait qu’amplifier son désarroi. Jean est désormais seul avec leurs deux enfants et des questions auxquelles il va falloir trouver des réponses. Et à mesure qu’il cherche, des éléments inquiétants se mettent en place dans une logique inquiétante qui dépasse tout entendement.



Inflammation est un récit assez court, doté d’une écriture aussi sèche qu’efficace se concentrant sur l’essentiel tout en captant cette atmosphère d’angoisse et de tension inhérente au genre. La brièveté du roman permet ainsi au lecteur de suivre, quasiment d’une traite, les pérégrinations de Jean, ce père de famille complètement perdu découvrant la part d’ombre des nombreuses personnes composant son entourage, dont son épouse Liz. La première partie de l’ouvrage dépeint la quête de cet homme assommé par la souffrance liée au doute quant au devenir de sa femme disparue. La seconde partie s’emploie à donner des éléments de réponse sur fond de complot pharmaceutique couplé à une dimension spirituelle et ésotérique qui vire à la tragédie. Un épilogue équivoque, comme une espèce de mise en abîme, achèvera de laisser le lecteur avec cet étrange sentiment de perplexité et cette curieuse sensation d’être passé à côté du récit. Certains s’en contenteront pour considérer comme normal qu’en adoptant le seul point de vue de Jean on ne puisse obtenir qu’une vison fragmentaire et lacunaire des événements. Finalement la frustration réside dans le choix de l’auteur qui s’est focalisé sur le personnage le moins intéressant du récit ce qui explique, par exemple, que l’on ne puisse déceler les motivations des différents protagonistes intervenant dans le cours de l’histoire. Au final on peut se demander où l’auteur a-t-il voulu en venir avec ce roman ?



On décèle bien sûr quelques thématiques liées à la désillusion et à la déliquescence du cercle familiale mais cela reste bien maigre par rapport à la somme de sujets abordés, surtout dans la seconde partie du récit. On pourrait également évoquer cet éternel antagonisme entre la science et la spiritualité avec une dimension horrifique en lien avec la découverte d’une mystérieuse molécule engendrant de monstrueuses mutations comme un châtiment divin dépassant les hommes de science. Mais au gré des débats, parfois animés, sur les réseaux sociaux entre les différents blogueurs et lecteurs qui ont affiché leurs divergences, Eric Maneval est intervenu en constatant que la plupart des personnes ayant lu le livre semblaient être passées à côté d’une dimension importante du livre ce qui l’a poussé à communiquer par le biais d’une interview accordée au blog du Polar de Velda que vous retrouverez ici (http://leblogdupolar.blogspot.ch/2016/12/eric-maneval-linterview-en-roue-libre.html) et dont voici un extrait :



Je vais tâcher de répondre sans dévoiler trop de choses. Effectivement, la scène finale peut et doit renvoyer à l’affaire de l’OTS (Ordre du Temple solaire). Dans les diverses critiques, peu de gens ont fait le rapprochement, cette affaire a dû disparaître de la mémoire collective (il se pourrait qu’elle ressurgisse car certaines pistes, plus ou moins crédibles, font le lien avec le meurtre de Mme Marchal (affaire Omar Raddad)). Bref, soit le lecteur connaît cette histoire et il fait le rapprochement, soit il ne la connaît pas.



Communiquer sur un livre ou en expliquer certaines références n’augure rien de bon quant aux qualités contextuelles de l’ouvrage et l’on ne saurait imputer aux lecteurs une méconnaissance des événements ou un quelconque oubli de faits réels. Il incombe à l’auteur de faire en sorte que les références soient suffisamment perceptibles afin d’appréhender sereinement le contexte évoqué. Mais par égard aux survivants ainsi qu’aux proches des victimes des massacres de l’OTS, Eric Maneval n’a pas souhaité effectuer cette démarche et s’est même distancé de ces drames. Dès lors on peine à comprendre le raisonnement de l’écrivain car loin d’en constituer l’essentiel de la trame, les allusions à cette affaire apparaissent comme diffuses, presque anecdotiques même si l’on en décèle tout de même quelques une au gré de l’histoire, à l’instar du fameux transit qu’évoque un des protagonistes du roman :



C’est sympa, merci, mais moi aussi je vais partir. Je vais disparaître pour mieux renaître, ailleurs. (Page147).



Ou le modus operandi de mise à feu pour la tragédie finale qui rappelle les événements de 1994 qui se sont déroulés notamment sur les communes de Salvan et de Cheiry et qui ont marqué toute la région de Suisse romande :



Il appuie sur une touche de son téléphone et déclenche le système de mise à feu. (Page 175).



Toutefois ces quelques éléments épars ne sauraient constituer une thématique sur les sectes, ceci d’autant plus que l’auteur a curieusement renoncé à en mentionner ne serait-ce que le mot. Il dépeint une communauté dirigée par un individu portant un titre ecclésiastique ce qui achève de brouiller les pistes, expliquant ainsi le fait que peu de personnes aient fait consciemment le rapprochement. Et on revient au même problème lié à l’aveuglement d’un personnage principal peu captivant dont on suit en permanence le point du vue, ce qui nous prive logiquement de toutes les dimensions inhérentes à l’endoctrinement ou au basculement vers une folie mystique.



En définitive, les explications de l’auteur ne font que souligner les carences d’un roman qui, bien que brillamment écrit, passe complètement à côté de son sujet. Avec Inflammation il faudra se laisser porter par le récit sans en comprendre le sens. Mais y en a-t-il seulement un ?
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Rennes-le-Château tome sang

C’est, à quelque chose près, le 42000ème livre prenant pour cadre Rennes-le-Château qui paraît en ce moment, à seulement quelques mois de l’apocalypse, sous la plume d’Éric Maneval. Pourtant, point de grandes théories sur le trésor de l’Abbé Saunière, les bases extraterrestres dissimulées au cœur du Pech de Bugarach ou de sectes aux ordres du Vatican.



Au travers de cette histoire racontée par un de ses principaux protagonistes, le bouquiniste Jipé installé à Quillan, Maneval propose sous le couvert d’une intrigue flirtant avec l’ésotérisme une vision non pas cynique, ni même ironique, mais plutôt souriante et bonhomme de ce mythe contemporain remis à la mode par Dan Brown et, qui l’eût cru ?, par la civilisation maya qui, décidément, n’en manque pas une malgré son effondrement aux alentours du Xème siècle.



Dans l’œil du cyclone, le bouquiniste débonnaire observe donc virevolter autour de lui toute une galerie de personnages aux motivations diverses et parfois mystérieuses. Le jeune couple arrivé de Bretagne, Aurore et Luc, chacun à sa manière heurté par la vie et à la recherche d’une certaine spiritualité et aspiré par l’obsédante histoire de Béranger Saunière. Le Dahu, ancien baba cool à la recherche de l’isolement et de la paix mais rongé par la culpabilité. Stéphane, l’associé un peu trop porté sur les explosifs. La mystérieuse Solange qui se dit voyante. Un pseudo-comte lui aussi à la recherche de la connaissance ultime des mystères de Rennes-le-Château. Bien entendu, Jipé ne pourra rester en dehors et aura tôt fait de mettre lui aussi le doigt dans l’engrenage.



Éric Maneval donc, joue avec le lecteur et avec Rennes-le-Château et semble y prendre un plaisir qui est incontestablement communicatif. Ainsi, souvent, et malgré de très courts mais efficaces et utiles intermèdes consacrés à la manière dont est née la légende du trésor de l’abbé Saunière et tout son cortège de théories fantaisistes, ésotériques, pseudo-historiques et complotistes, le lecteur se demandera si l’auteur lui sert du lard ou du cochon. Si, sous le couvert d’un regard d’entomologiste sur les petites bêtes qui s’agitent autour de Bugarach et de Rennes-le-Château, il n’a pas aussi été un peu touché par le virus de l’énigme à élucider. Un sentiment que le dénouement du roman, légèrement ambigu (et un peu rapide à notre goût), ne peut que conforter.



Bref, Éric Maneval se joue de la légende, fait œuvre de démystification, tout en se jouant aussi du scepticisme cynique en s’appliquant à toujours laisser planer un peu de mystère. Si les personnages, au premier abord, semblent avoir été taillés à la hache, ils se font toujours un peu plus complexes au fur et à mesure que le roman avance et, alors que l’on pensait que l’on ne s’y laisserait pas facilement prendre, on se prend à toujours repousser le moment de fermer le livre pour savoir ce qui pourrait bien se passer ensuite et quelles nouvelles facettes des protagonistes ou de leur histoire vont être révélées.

C’est donc là un roman efficace, bien construit et amusant sans pour autant être bêtifiant même si le sujet se prête dangereusement à ce genre de dérive, car Éric Maneval, outre un talent certain pour conter une histoire, propose aussi une intéressante réflexion sur l’obsession et le besoin d’irrationnel qui peut nous animer.


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Retour à la nuit

Je suis bluffé par la qualité de ce roman publié par une toute petite maison d’édition et passé inaperçu.



Il y est question d'Antoine, veilleur de nuit dans un foyer d'adolescents perturbés, homme stable en apparence, mais que son passé va bientôt rattraper.



Eric Maneval nous livre un roman bref (120 pages), intense, dans lequel la tension monte inexorablement au fil des pages pour atteindre son paroxysme dans un dernier chapitre vif, haletant, brutal.

Et surtout au dénouement inattendu.



Eric Maneval affiche une maîtrise surprenante dans la construction de son récit et l'on se demande sans cesse où il va nous emmener. Autour d'Antoine, le narrateur, évoluent plusieurs personnages qui sont plus que des silhouettes - Ouria l'adolescente trop curieuse, Gaétan le frimeur complexé, Mina la médium, Romero le journaliste - grâce à la vérité des dialogues.



Ma comparaison va peut-être sembler excessive mais elle est sincère : on a vanté à droite à gauche "Seul le Silence" d'Ellory, roman qui traite de la marque indélébile que le passé imprime sur l'esprit de chacun et qui fit beaucoup de bruit en son temps et assura une belle renommée à son auteur. Or, aucun déséquilibre n'est perceptible dans le discours (monocorde) de Joseph, héros finalement très cartésien de « Seul le Silence ». Et cela n'est pas normal. Et en cela le roman est raté. Eh bien, ce déséquilibre, Eric Maneval (et l'on sent là l'expérience de l'éducateur qu'il est) a su le mettre en exergue et d'une manière bien subtile. Laquelle ? Je n'en dirais pas plus. A vous de lire ce petit livre, il en vaut la peine.

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Eaux

Premier roman aujourd’hui bien difficile à trouver d’Éric Maneval , Eaux mériterait pourtant de pouvoir continuer à être découvert. Car, en effet, ce polar que l’on pourrait un peu vite – à cause de la maison d’édition, du lieu de l’action ou juste par bêtise – classer dans les insignifiants romans régionalistes révèle un écrivain fin qui sait rendre passionnante une intrigue qui, pourtant, peut sembler assez peu originale.



De jeunes randonneurs en kayak dans les gorges de l’Agly, aux confins de l’Aude et des Pyrénées-Orientales, trouvent un cadavre empalé devant un moulin à eau réhabilité en habitation. Ce cadavre, c’est celui de Georges Menk, écrivain hongrois auteur d’une série de romans policiers et d’espionnage à succès et paralytique. Si la thèse du suicide est d’abord évoquée, elle est bien vite mise en doute au sein de l’équipe d’enquêteurs, d’autant plus que Maria, la séduisante compagne de Menk, a elle aussi disparu.



On le voit, il n’y a rien de bien révolutionnaire dans cette histoire que, pourtant, Maneval arrive à sublimer.

D’abord parce qu’il la dote d’un vrai fond historique, dévoilant peu à peu le destin tragique de Menk et de ses proches, passant par la guerre d’Espagne, les camps de concentration accueillant les Républicains espagnols et la Hongrie communiste, qui n’est pas là que pour servir de décor mais permet de donner une réelle épaisseur à l’intrigue.

Ensuite en arrivant à ancrer tout cela sur ce territoire des Corbières dont on sent bien que l’auteur a su tirer – pour y avoir vécu mais sans en venir pour autant – une excellente connaissance mais aussi en saisir une part véritablement intime des fonctionnements sociaux et des mentalités loin des clichés, sans illusions ni angélisme mais avec aussi une bienveillance bonhomme.

Enfin, parce que l’écriture de Maneval, ciselée et efficace vous entraîne assez vite à sa suite et que l’auteur sait entretenir le suspense, lancer quelques leurres, emmener le lecteur dans quelques cul de sac, bref jouer avec ce dernier et avec ses personnages. Et le plaisir qu’il semble prendre à écrire, à conter, se révèle communicatif.



Plus classique dans sa forme comme dans son fond que l’excellent thriller qu’est Retour à la nuit, encore un peu bavard parfois, Eaux n’en demeure donc pas moins un roman véritablement consistant que l’on se plaît à lire et qui révèle une plume rare mais véritablement efficace du polar français.


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Retour à la nuit

Une excellente surprise à la lecture de ce court roman noir.

Souffrant d'amnésie, le narrateur s'est trouvé un boulot comme veilleur de nuit dans un centre fermés pour mineurs délinquants. Cet exil volontaire dans l'entre-monde nocturne de la marginalité lui apporte une sorte de paix nécessaire pour retrouver la mémoire. L'enjeu porte sur une double enquête : il est interrogé pour identifier un tueur en série tandis que lui-même tente de rassembler les morceaux épars de son identité. Un texte sur le secret et la culpabilité. Toute ressemblance avec la part d'ombre tapie en chacun de nous serait purement fortuite.
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Inflammation

L'auteur de ce court roman noir est écrivain et bouquiniste. La conversation avec lui est très intéressante. Je l'avais découvert au hasard d'une nouvelle publiée dans le recueil "Amigo" paru en 2018 et rencontré au salon Polar 83 au Lavandou en juin 2019.

Dans "Inflammation" on assiste à la découverte de son épouse par le personnage principal, après sa disparition il s'aperçoit qu'il ne savait rien de son passé, pour le moins mystérieux. L'intrigue se déroule sur fond de recherche médicale qui tourne au paranormal. Ce roman, court (183 pages) aux chapitres rapides, se lit très vite tant on a envie de savoir la suite.

J'ai lu ce roman avec beaucoup d'intérêt, comme le premier de l'auteur lu la veille.
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Retour à la nuit

Roman psychologique d'une belle finesse !

Eric Maneval ne tombe pas dans le sordide ni le misérabilisme malgré un sujet délicat (enfance maltraitée et meurtres sanglants) où l'on peut si facilement sombrer dans des descriptions et des situations bien glauques.

Non, il évoque sans s'attarder, dans un style simple.

Il a l'art de nous faire savoir sans dire.

Lu en une soirée, découvrant l'auteur, il m'a fait une très bonne impression.
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Inflammation

Il y a quelques mois, je te disais ça sur Eric Maneval :

Maneval, il te dit rien. Il te raconte juste. Mais il te raconte bien.

Vraiment bien.

Tu sais jamais où il veut t'emmener, mais t'y vas. Tu le suis.

Tu peux pas lâcher son bouquin.

Un vrai grand roman noir.

J'ai commencé « Inflammation » un matin. C'est Madame La Manufacture qui me l'a envoyé.

Elle est gentille.

Je l'ai fermé le soir.

Et j'ai les glandes.

J'ai les glandes parce que je l'ai terminé.

J'aurais dû lire doucement.

Savourer.

Aimer les mots comme lui a aimé les écrire. Parce que quand un écriveur aime les mots qu'il te donne à lire, tu le sens.

J'ai déconné, mais je regrette pas.

Un putain de roman noir.

Le pitch, il est sur la quatrième de couv. Si tu regardes sur le réseau de la société, tu vas le trouver. Et puis on s'en fout.

Dans le livre, il y a Jean. C'est le personnage principal.

Il y a Liz. C'est sa femme. Sa compagne. Son amoureuse.

Liz, un soir, elle se casse. Et Jean, il sait pas pourquoi. Il sait pas parce qu'ils sont heureux. Qu'ils ont deux enfants au top.

Que tout va bien.

En plus, il pleut. Mais genre l'orage de la fin du monde.

Quand Liz disparaît, ce soir-là, elle laisse un message sur le répondeur à son amoureux. Elle hurle qu'elle est coincée sur le gué, et elle lui demande pardon.

C'est le dernier message.

Les derniers mots.

Attends.

Je réfléchis.

Qu'est-ce que j'ai aimé dans ce roman ? Tout.

La suite sur mon blog...


Lien : http://leslivresdelie.org/221/
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Retour à la nuit

L'auteur de ce court roman noir est écrivain et bouquiniste. La conversation avec lui est très intéressante. Je l'avais découvert au hasard d'une nouvelle publiée dans le recueil "Amigo" paru en 2018.

C'est l'histoire d'un veilleur de nuit rattrapé par son passé, sa noyade évitée de justesse à l'âge de huit ans, dans une rivière en aval d'un barrage, de son corps parsemé de cicatrices, peut-être pas seulement son corps…

J'ai lu ce roman avec beaucoup d'intérêt.
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Inflammation

Décidèment La Manufacture des Livres est une maison d'édition qui me plait de plus en plus !

Voila encore qu'elle publie un polar tendu et nerveux comme j'aime, un auteur à la plume sèche et incisive !



Un roman court, écrit à la première personne du singulier, qui commence tout de suite dans le vif du sujet avec une plongée étourdissante dans la vie soudain fracassée du narrateur, Jean Mourrat, et qui nous entraîne loin entre essais pharmaceutiques, communauté quasi sectaire et secrets bien cachés.

Quand on imagine avoir une existence banale et heureuse et qu'on découvre que la personne qui dort à nos côtés pourrait être bien plus mystérieuse...



Impossible d'en dire trop pour ne pas spoiler l'intrigue, mais c'est encore une fois la preuve qu'on peut faire court et intelligent, et instiller le doute dans quelques lignes bien senties !



Chapeau !
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Inflammation

Par ou commencer...

Peut être par le protagoniste de cette histoire, Jean ou "l'homme moderne". Quarantenaire qui a construit soi même sa boîte de location en retapant différent logement de son village, mais qui est incapable de : tenir les comptes de sa boîte, faire des courses au supermarché, préparer à manger, faire les lessives... Il est même incapable de trouver le tire bouchon dans sa cuisine, lui qui a pourtant une collection de "grands crus". On peut noter un passage croustillant ou notre cher Jean est incapable de parler de menstruations à sa fille "parce qu'il s'agit de trucs de femmes", va donc parler avec la voisine, ça sera plus approprié. En soi l'archétype de l'homme machiste de base, pour un livre pourtant écrit en 2017... Pour l'évolution sociétale, on repassera.

On peut également parler du rapport rétrograde à la gente féminine. Chaque femme commence dans la majorité des cas par être caractérisée par son apparence physique et l'attirance que récent notre héro pour elle. Les femmes ne sont là presque que pour décorer, ne faisant pas avancer l'histoire. Note spéciale pour Geneviève.

Et enfin bien sûr l'intrigue... Une soupe de thriller. Comme si notre auteur a cherché les thèmes qui marchent habituellement dans ce genre : une disparition à la "Ne le dis à personne", un peu d'industrie pharmaceutique, une touche de gore, un poil de de mysticisme, aller aussi un peu de psychanalyse ; pour finalement obtenir un chimère qui ne ressemble pas à grand chose. Et bien sûr à la fin on expliquera pas grand chose, on laissera plein de flou pour l'imaginaire du lecteur... Ou alors parce que l'on a pas su complètement vers où on allait...



En bref une très mauvaise expérience, je suis allé jusqu'au bout car ce livre ne fait que 200 pages mais sur un format plus long j'aurai abandonné bien plus tôt.
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Retour à la nuit

139 pages de pur bonheur, diablement bien écrit. Du noir efficace...Je regrette un peu la fin qui m'a laissée en manque de je ne sais quoi, un peu dommage.
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