Certains auteurs (et autrices, n’oublions pas les femmes), arrivent à mettre le doigt, bien à l’avance, sur des phénomènes de société.
Que ce soit Orwell et la terrible dictature du Big Brother (1949), ou Katharine Burdekin, mettant en garde contre l’idéologie nazie (en 1937), ces personnes avaient un côté avant-gardiste.
Ils sont nombreux, mais je ne citerai que ces deux-là, sinon, ma chronique fera 10 pages.
Ernest Callenbach, lui, avant l’heure, parla d’écologie, de décroissance, sans pour autant que les gens qui la choisissent vivent comme des Amish (cfr votre président). Même s’il me serait difficile de vivre comme les gens d’Écotopia et non pas en raison du manque de technologies.
Non, non, ils possèdent des technologies, mais tout doit être réparable ! Bon, je possède deux mains gauches, mais ce qui me gênerais le plus dans cette société qui est tournée vers l’écologie, c’est la promiscuité entre les gens. J’ai tendance à être ours des cavernes et vivre avec tout un tas de personnes me dérangerais fortement. Idem pour l’amour libre.
Comme cela fait 20 ans que trois états ont fait sécession avec le reste de l’Amérique et que personne ne rien d’eux, on a envoyé le journaliste William Weston mener l’enquête. Comme moi, il est sceptique, il n’a rien du ravi de la crèche et cette société lui semble trop belle pour être vraie. Il sera impartial ! De plus, il est stéréotypé et rempli d’apriori.
Tout comme moi, s’il est resté froid au départ, ne voulant pas se réjouir trop vite de cette nouvelle société écologique, voulant, comme moi, des preuves que tout cela est génial, il s’est peu à peu laissé gagner par Écotopia et son côté égalitaire pour les hommes et les femmes, l’acceptation de l’homosexualité et son anticapitalisme.
Moi aussi, je me suis laissée doucement séduire, parce que j’y ai trouvé des bonnes idées qui étaient novatrices et que vu où nous en sommes, si on ne braque pas direct, on va se prendre le mur (qu’on se prend déjà dans la gueule).
Par contre, là où le bât a blessé, c’est dans la manière narrative : le ton est plat, il ne se passe pas grand-chose, notre journaliste découvrant, peu à peu, tout ce qui fait cette nouvelle société (éducation, temps de travail, chasse, énergies, société, sexe…), qui, par certains de ses comportements, pourrait faire penser à une bande de hippies.
Bon, au lieu de kèter (mot wallon) et de nous raconter ses nuits agitées, j’aurais préféré que William Weston nous dévoile autrement Écotopia. Le cul, c’est bien, mais à force de lire ses parties de jambes en l’air, ça devient lassant.
Bizarrement, notre journaliste a commencé à s’ouvrir à la société écotopienne quand il a pu se vider autrement qu’à la force du poignet… Cela mériterait bien une enquête.
Malgré tout, par bien des innovations, cette société était en avance sur son temps et très écologique (recyclage des déchets, agriculture sans pesticides, zéro voiture,…) et le récit, même s’il manque de chaleur, n’en reste pas moins intéressant, même s’il n’est pas toujours facile à lire. Disons que le récit est exigeant, sans pour autant qu’il soit nécessaire d’être écolo ou d’avoir fait ingénieur.
Bien qu’il comporte quelques longueurs, que le style narratif du journaliste se fasse sur un ton assez froid, ce roman SF dystopique n’en reste pas moins intéressant, surtout à notre époque où tout bascule. Déjà, lors de sa publication en 75, il était novateur, puisque situé juste après le choc pétrolier.
L’univers mis en place n’est pas chimérique, ni le pays des Bisounours, que du contraire, il est réaliste.
Peut-être plus tout à fait en 2022 (où Internet et les smartphones sont rois), et pourtant, une grande partie des préceptes mis en place à Écotopia pourraient fonctionner de nos jours, mais pas sûr que la majorité ait envie de s’y plier.
Une dystopie intéressante à découvrir, malgré le fait qu’il n’y ait pas vraiment d’intrigue.
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