Citations de Ernest Shackleton (43)
L'effort humain est quelque chose, mais c'est dans un esprit d'humilité que l'homme combat les forces géantes de la nature.
les régions polaires laissent en effet sur ceux qui y ont affronté les pires épreuves une empreinte dont les hommes qui n’ont jamais quitté le monde civilisé peuvent difficilement s’expliquer la puissance
"Notre îlot de glace a été jusqu'ici notre meilleur ami, mais maintenant il est capable à tout moment de se briser et de nous jeter tout au fond de la mer insondable. "
S'élancer à la conquête des terres vierges, c'est être poussé par le goût de l'aventure, par l'appétit scientifique ou encore par le mystérieux attrait de l'inconnu. Chacun de ces trois motifs eut sa part dans ma décision de repartir pour l'Antarctique.
Notre îlot de glace a été jusqu'ici notre meilleur ami , mais maintenant il est capable à tout moment de se briser et de nous jeter tout au fond de la mer insondable .
La principale difficulté à laquelle se heurtent presque tous les explorateurs lorsqu’ils veulent organiser un voyage, c’est le manque d’argent. Sous ce rapport, je n’étais guère en bonne posture. L’équipement d’une expédition antarctique entraîne une dépense de plusieurs centaines de mille francs, dont le recouvrement demeure très aléatoire. Bien que mon programme eût été établi sur des bases aussi économiques que possible, pendant plus d’un an je ne pus réussir à trouver les sommes nécessaires. Les recommandations que j’avais obtenues pour des gens fortunés demeuraient sans effet et mes efforts pour les persuader de l’importance de l’œuvre que je me proposais d’entreprendre restaient vains. Malgré ces insuccès, je persistai dans ma résolution. C’est seulement, en décembre 1906, que quelques amis personnels me promirent leur appui financier. Encouragé par cette confiance, je commençai de nouvelles démarches ; le 12 février 1907, enfin, j’avais des promesses de souscription assez nombreuses pour pouvoir annoncer mon projet.
Les rations suffisaient à nous entretenir en vie; mais nous nous sentions tous capables de manger trois fois plus. La ration d'un jour ordinaire consistait en une demi-livre de phoque et trois quarts de pinte de thé pour déjeuner, un hannock de quatre onces avec du lait pour le lunch, et trois quarts de pinte de ragoût de phoque pour souper. C'était très juste, même avec le peu de travail que nous fournissions. Naturellement pain et pommes de terre manquaient complètement. Quelques-uns souffraient plus que d'autres de ces privations, et le thème "nourriture" devint l'unique sujet de leur conversation; mais la plupart d'entre nous trouvaient qu'à trop parler de la chose, on ne faisait que développer un appétit impossible à satisfaire. Cela dit, notre désir de pain et de beurre n'était pas une fantaisie, mais bien un besoin de l'organisme.
Nous avions souffert et triomphé, rampant par terre en cherchant à saisir la gloire, grandissant au contact de l'immensité. Nous avions vu Dieu dans sa splendeur, entendu la voix de la Nature. Nous avions touché l'âme humaine dépouillée de tout artifice.
L'effort humain est quelque chose, mais c'est dans l'humilité que l'homme combat les forces géantes de la Nature. Il a alors le sentiment profond qu'il dépend d'un pouvoir plus haut que le sien.
Seule la conscience d'avoir poussé jusqu'à l'extrême limite de la résistance humaine atténue notre déception, mais les forces cruelles de la nature auront bel et bien eu raison de nous !
Les explorateurs s’élancent à la conquête des terres vierges poussés soit par le goût des aventures, soit par le souci des recherches scientifiques, soit encore par le mystérieux attrait de l’inconnu. Dans la décision que je pris de repartir pour l’Antarctique, je subis l’influence de ces trois mobiles des actions humaines.
Ce jour-là, le cuisinier, qui avait si bien travaillé sur la banquise et pendant le voyage, s'affaissa soudain. J'étais à la cuisine à ce moment-là et le vis tomber. Je l'emmenai dans sa tente et le mis dans son sac de couchage, avec ordre à ses compagnons de tente de ne pas l'en laisser sortir sans ma permission ou celle des docteurs. Je le remplaçai aux fourneaux par un homme qui avait exprimé le désir de se coucher par terre et de mourir. La tâche difficile et fatigante d'entretenir le feu éloigna ses idées noires. Je le retrouvai un peu plus tard, surveillant gravement le séchage d'une paire de chaussettes - naturellement pas lavées - pendue à proximité de notre lait du soir. L'occupation avait ramené ses pensées aux petits soucis de l'existence.
Il faut avoir passé une période de sa vie dans les "sombres et mornes solitudes qui gardent le pôle" pour comprendre ce que les arbres et les fleurs, le gazon ensoleillé et les ruisseaux bruissants représente de joie pour une âme humaine.
Seule la conscience d'avoir poussé jusqu'à l’extrême limite de la résistance humaine atténue notre déception, mais les forces cruelles de la nature auront bel et bien eu raison de nous !
Les explorateurs s’élancent à la conquête des terres vierges poussés soit par le goût des aventures, soit par le souci des recherches scientifiques, soit encore par le mystérieux attrait de l’inconnu. Dans la décision que je pris de repartir pour l’Antarctique, je subis l’influence de ces trois mobiles des actions humaines.
Le dimanche 10 octobre...le dégel nous incommoda beaucoup ; la température s'était élevée de - 18° à - 11°, record de chaleur depuis neuf mois. Neige et glace avaient fondu sur le pont supérieur ; l'eau suintait dans l'entrepont et les cabines étaient en piteux état. Les chiens, qui détestent l'humidité, avaient un air lamentable. Il est évident qu'on arrive à n'aimer que ce dont on a l'habitude : nous étions accoutumés à une température qui aurait semblé terrible dans les pays civilisés, et, maintenant, un degré de chaleur qui dans les régions tempérées aurait encore fait grelotter le humains nous gênait !
Nous n'étions qu'un fétu sur l'immense océan- l'océan qui est ouvert à tous et qui n'a de merci pour personne, qui menace même quand il semble caresser et qui jamais n'a de pitié pour la faiblesse. Par moment la pensée des forces déchaînées contre nous nous accablait. Puis l'instant d'après notre bateau s'élevait sur la crête d'une vague, dans une ondée aussi brillante que la vapeur couleur d'arc-en-ciel qui s'élève au pied d'une chute d'eau, et la confiance renaissait.
Les régions polaires laissent sur ceux qui y ont affronté les pires épreuves une empreinte dont les hommes qui n'ont jamais quitté le monde civilisé peuvent difficilement s'expliquer la puissance.
« Cherche hommes pour voyage incertain. Petits gages, froid rigoureux, longs mois de nuit complète, dangers permanents, retour incertain. Honneur et reconnaissance en cas de succès. »
Annonce publiée dans la presse pour le recrutement de son équipage sur l'Endurance.
Nous n'étions qu'un fétu sur l'immense océan — l'océan qui est ouvert à tous et qui n'a de merci pour personne, qui menace même quand il semble caresser et qui jamais n'a de pitié pour la faiblesse.
LE VOYAGE EN BATEAU.