Eudes Séméria

Les peurs envahissantes entraînent souvent une perte du sens de la vie, un mal-être diffus, l’impression de tourner en rond et le sentiment de « passer à côté de sa vie ».

Changer n'est pas devenir quelqu'un d'autre, mais devenir soi.

Ces quatre peurs sont les suivantes :
•  La peur de grandir ou peur d’assumer réellement son statut d’adulte. Les peurs qui en résultent sont liées à la question de l’autonomisation et signalent clairement la persistance de comportements hérités de l’enfance (peur du noir, de son corps d’adulte, de la sexualité, de l’autorité de ses parents, de la maladie, etc.).
•  La peur de s’affirmer ou peur de se définir, d’occuper une place et un rôle précis parmi les autres (peur de ne pas être à la hauteur, d’être un « imposteur », d’être « nul », de ne pas être reconnu, de déranger, d’être rejeté, etc.).
•  La peur d’agir ou difficulté à prendre des décisions et à agir, à se projeter et à construire une évolution personnelle pour soi et par soi (peur de faire des choix, de manquer, peur des espaces publics ou clos, peur de s’engager, de passer à l’action, d’échouer, etc.).
•  La peur de se séparer ou peur de faire confiance aux liens à autrui, avec surtout des peurs telles que la peur de la séparation et de l’abandon (peur de ses émotions et sentiments, de la solitude, de ne pas être aimé, d’être agressé, trompé, quitté, etc.).

Pour le biologiste, l'adulte est un individu capable de se reproduire ; pour le juriste, c'est un individu majeur ; pour le sociologue, c'est un individu socialement et professionnellement inséré ; pour le sens commun, c'est un individu qui assume ses choix et ses responsabilités ; pour le psychologue existentiel, c'est un individu capable de faire face à la condition humaine tout en acceptant ses limites.

Remarquons qu'un simple téléphone portable peut aujourd'hui, avantageusement, répondre à tous ces besoins, et faire office de doudou, de radio, de télévision, de veilleuse. Il ne peut pas (encore) remplacer le pouce, mais il peut au moins l'occuper...

Tous les grands écrivains sans exception recommandent de lire le plus possible afin de garder son esprit vivant et toujours en pleine floraison. Soyons donc florissants et rappelons-nous que le mot "lecture" est étymologiquement lié au verbe "cueillir". On lira, donc, et beaucoup, mais sans obligation et sans crainte, un peu comme on jardine...

Un adulte est une personne capable de se donner des limites et de les respecter. On pourrait dire de manière plus directe, en paraphrasant Albert Camus : Un adulte, ça s'empêche.

Ces quatre peurs fondamentales [...] émergent toutes d’un conflit permanent au cœur de chacun de nous, un conflit entre l’enfant que l’on n’est plus et l’adulte que l’on tente de devenir. D’un côté il y a des forces « pulsionnelles » et désordonnées qui tendent à nier la réalité, et d’un autre côté, la pensée réfléchie et consciente qui s’efforce de marquer des limites.

Classiquement, l'agression verbale surgit quand un individu souffrant d'une faible estime de soi a, en plus, le sentiment de perdre le contrôle de la situation [...] Pour l'adulte en dépendance affective, il ne s'agit pas tant de provoquer la douleur, ou même de dominer, que de nier les limites et la distance entre lui et l'autre.

En effet, un enfant étant dépendant par définition, une certaine fusion parent-enfant est inévitable, et légitime. Tout est question d’intensité. Lorsque le parent s’avère incapable de fixer des limites claires entre le monde de l’enfant et le sien, lorsque l’enfant est vécu comme un prolongement du parent, lorsqu’il ne lui est pas permis de s’autonomiser, alors la relation risque fort de mener à un harcèlement destructeur aussi bien dans la relation parent-enfant que dans le couple.