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Citations de Eugène Durif (24)


La peau sentie contre les lèvres
douceur bue et toute honte,
la douceur de l'oubli qui ne peut venir
fermer les yeux.
A tout instant, je crois te serrer contre moi
et te voir comme si je voyais au premier jour.
Paroles qui n'en finissaient pas dans le noir,
je te parle
et ce moment où nos mains l'une contre l'autre,
tendues l'une en l'autre à jamais.
(Ce jour là)
Et je t'appelle et crois te saisir,
l'écho de ton nom dans toutes les pièces vides.
(J'ai senti sur mon visages les étoffes, caresses d'absence,
dans l'armoire où sont tes vêtements et le parfum dessous)
Et je crus te serrer dans la blancheur de ce jour de novembre ;
croyais te serrer contre moi,
ce n'étaient que mains qui s'effleuraient
dans le pauvre jour, à peine s'effleuraient
et ce sourire tout à coup d'humanité.
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[Incipit.]

Un jour, je ne pouvais plus. Peut-être que c'était là depuis longtemps et que je ne m'en étais pas rendu compte. Enchaîné aux circonstances, aux événements, à la suite des jours, et voilà qu'on se retrouve un matin à ne plus savoir quoi faire, à ne plus pouvoir continuer. Vingt-cinq années avaient passé, la succession des jours les uns après les autres. Et un jour je ne pouvais plus. Quand ou comment ça a commencé, je ne sais pas si c'est le plus important. J'étais devenu vulnérable, moi qui avais réussi à ne pas être touché. Tout devenait possible, même le pire. Je suis sorti de la cellule de Selim, la succession des couloirs, que je connaissais si bien, à une éraflure dans le mur près, et je me suis dit, avec une détermination qui m'a étonné moi-même, que je ne reviendrais plus ici, que c'était la dernière fois. Je ne pouvais plus, ou quelque chose en moi ne pouvait plus.
Si vous êtes malade, c'est que vous ne pouvez plus supporter les faux-semblants et le mensonge et c'est plutôt sain, il faut le voir comme ça. Le psy avait l'air sûr de ce qu'il avançait. Ça lui arrive de parler. Quand je vais chez lui, je reste de longs moments à ne plus pouvoir ouvrir la bouche. Plus d'une fois, j'ai failli pleurer. Si on m'avait dit qu'un jour les larmes me viendraient aussi facilement aux yeux, je n'y aurais pas cru. Il faudrait que je note tout ce qui m'échappe, tout ce que je n'arrive pas à dire quand je suis chez le psy. Souvent, ça me vient après, très clairement, dans ma tête, je lui parle, je lui explique. Je voudrais lui crier parfois. Je pourrais peut-être lui lire, ce serait plus facile.
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Ce qu'il y a de bien avec les poèmes, c'est que ce sont des petits univers, des petits blocs de sensation dans lesquels on peut entrer, sortir, vite. Vous restent en fond, vagues émotions qui marinent.
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Je suis ce qu'on appelle un enfant de la Population française. Le terme qu'on employait à l'époque. On disait aussi un "populart". Un pupille de l'état ( à ne pas confondre, et on me l'avait rappelé plus d'une fois, avec un pupille de la nation qui, lui, a mérité de la patrie). je me suis longtemps demandé si j'étais orphelin. Peut-être que cela aurait été mieux. Avec les morts, on peut toujours s'inventer de belles histoires. On peut toujours broder. (p.19)
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En tout cas, il faut que vous y alliez à l'école, c'est pas qu'elle soit parfaite, loin de là, mais c'est votre seule chance d'échapper à une vie d'abrutissement. Etre capable de lire, d'écrire, de penser, c'est le début de la liberté...(p. 57)

J'aurais aimé, un jour, pouvoir écrire des histoires, avec cette impression que jamais cette langue, la langue des écrivains, belle et bien construite, ne m'appartiendrait, que cela n'avait jamais été là mienne et qu' à tenter de m'y glisser, j'aurais toujours cet air ridicule de celui qui a emprunté un habit de fête trop grand pour lui. (p.83)

J'ai eu l'impression pendant longtemps que c'était fini, que j'avais trouvé le moyen de continuer à vivre et de faire comme si plus rien ne me touchait (...) Là cette dépression, c'était peut-être un signe, il fallait qu'à un moment j'accepte d'être atteint, de penser que je pouvais souffrir et que ça pouvait être une chose importante...p.123
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Je suis un légume atone et presque indolore. J'ai des nostalgies de printemps déchirant, de sensations oubliées. De premières fois qui font trembler. Je donnerais n'importe quoi pour pouvoir m'effondrer pour de bon. Qu'on vienne, déchet indifférent à tout effort social, me ramasser et me conduire dans une chambre d'hôtel ou d'hôpital, la fenêtre grande ouverte sur un parc immobile. Que plus rien n'arrive. Qu'il ne m'arrive plus rien.
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ROLAND. Vous ici ?

VALENTINE. Et vous donc !

[...]

ROLAND. Ah, vous !

VALENTINE. Oh, vous !

ROLAND. Je suis très…

VALENTINE. Et moi vraiment…

ROLAND. Si j’osais…

VALENTINE. Osez, Roland, osez… Moi-même …

ROLAND. Vous voulez dire…

VALENTINE. Si j’osais aussi…

ROLAND. Ah, et que … ?

VALENTINE. C’est un peu cela…

ROLAND. Ainsi donc…

VALENTINE. Vous l’avez dit ?

ROLAND. Sans le dire, mais le cœur y était !

VALENTINE. Ce que vous êtes badin, vous !

ROLAND. Si je savais !

VALENTINE. Osez, Roland, osez !

ROLAND. Ah, si j’osais ! Si j’osais !

VALENTINE. Osez, mais osez !

ROLAND. Je voudrais vous le crier !

VALENTINE. Au moins, dites-le-moi !

ROLAND. Plus près, viens…

VALENTINE. Plus près, oh… !
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-La Petite Muzak-

De nouveau, un café. Un des seuls endroits où il a l'impression d'être un peu chez lui au monde. Il y fait souvent chaud, et il y a, au fond, ces paroles des hommes, et des rires pour rien. Parler, un peu.(p.79)
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J'aimerais que l'on vienne me chercher, que l'on m'emmène, que l'on m'enferme dans un lieu tout à fait rassurant, où je puisse me laisser aller à ne plus bouger, à ne plus avoir la moindre velléité de jeu social. (p.14)
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En tout cas, il faut que vous y alliez à l'école, c'est pas qu'elle soit parfaite, loin de là, mais c'est votre seule chance d'échapper à une vie d'abrutissement. Etre capable de lire, d'écrir, de penser, c'est le début de la liberté...(p. 57)

J'aurais aimé, un jour, pouvoir écrire des histoires, avec cette impression que jamais cette langue, la langue des écrivains, belle et bien construite, ne m'appartiendrait, que cela n'avait jamais été là mienne et quà tenter de m'y glisser, j'aurais toujours cet air ridicule de celui qui a emprunté un habit de fête trop grand pour lui. (p.83)
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Vous êtes tout seul, me demande le serveur, oui, tout seul, je déteste ça manger tout seul dans un restaurant , mais qu'est-ce que j'y peux si je suis seul comme jamais je ne l'ai été, oui, tout seul...(p.22)
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J'ai toujours aimé cette musique heurtée de la langue, une musique qui n'est pas celle que peuvent entendre toutes les oreilles, tous ces gens sourds à ce qui ne leur est pas familier, à ce qui ne leur ressemble pas immédiatement…
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Le jeu en valait la chandelle : quel bel enfant cela donne ! 732 pages d'un texte intégral, 1 kilo 550, couverture d'un bleu grec très difficile à trouver... Un bel enfant dont on reconnaîtra pleinement un jour toutes les qualités...
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P'tit frère
Je fus séquestré dans le ventre de ma mère,
J'y restais sans faire d'histoire
J'y laissai la vie et moi avec.
Yeux bien ouverts, cependant et salivant
J'y restais à écouter ce qui déferle...
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P'tit frère
Ne pas avoir été aimé, ça crée des liens.
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Jimmy
Je ne sais plus quand je suis serré contre quelqu'un, plus trop où je suis moi, où je commence à me perdre. Le début et la fin de ce qu me constitue, cela n'a jamais été clair, donc le plus souvent, et même toujours, j'évite.
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Le choeur des épouvantails
Tu n'aurais jamais du quitter le ventre de ta mère.
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Les experts
Arrachons ce qui résiste
Rabotons, égalisons
Passons le papier émeri
Dès qu'il y a une aspérité
Il faut frotter frotter
Remettre en place ce qui ne tient plus debout
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Parfois, on peut se satisfaire de peu en qui concerne la communication entre les êtres. Et aller jusqu'à se dire que ce peu est encore de trop ! Décidément, en cette vallée de larmes, la parole est un fardeau dont on peut éviter totalement le poids, et l'envahissement sourd.
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Un jour, nous serons tous contraints d'aller déballer nos petits secrets honteux chez ces professionnels de l'âme, à nous faire regretter les confessionnaux… Les temps sont proches, l'inquisition avec ses bonnes vieilles méthodes, ce n'était pas grand-chose à côté ! De quoi avoir la nostalgie de ce cher vieux catholicisme, sa confession et ses secrets feutrés. Ah ! les bûchers de l'âme qu'ils nous préparent ces Diafoirus aux petits pieds, ces médicastres de l'égo et du nego, avec leurs injonctions sourdes à la bonne santé de l'esprit, le mental essoré comme il faut, je les vois venir de loin, eux et cet impératif catégorique auquel ils veulent nous soumettre tous.
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