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Citations de Fabienne Verdier (131)


Je parlais assez bien le dialecte local pour baragouiner avec eux, mais ce qu’aucune parole ne serait parvenue à obtenir, quelques traits de crayon y réussirent. Pour comprendre comment quelques croquis suffirent à ce qu’ils m’accordent leur confiance, il faut se rappeler l’importance du trait en Chine. […] les Chinois savent que le discours peut être hypocrite; ils l’ont appris à leurs dépens. Une peinture, par contre, un dessin ou une calligraphie, tout ce qui relève du trait ne peut tromper; la vertu morale de celui qui le trace s’y révèle, elle y est mise à nu sans qu’il soit possible de feindre. C’est la personnalité de l’artiste, autant que son œuvre, qu’on juge sur une peinture ou une calligraphie. Celui qui maîtrise le "hua" est le possesseur de ce langage particulier qui ne peut être que vrai. C’est une des singularités de la pensée chinoise. […] L’artiste, en Chine, possède un statut unique car l’art est supposé traduire la vérité d’un esprit, sans faux-semblant. Les clients de la maison de thé, j’aurais pu essayer de les séduire avec de belles paroles. Mes croquis leur avaient révélé le fond de mes intentions.

(IV- Maison de thé de Jiu Long Po, p.67 à 69)
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[…] je me souviens de cette pensée de Kandinsky qui, à elle seule, suffit à m’encourager: «L’artiste doit être aveugle vis-à-vis de la forme "reconnue " ou "non reconnue", sourd aux enseignements et aux désirs de son temps. Son œil doit être dirigé vers sa vie intérieure et son oreille tendue vers la voix de la nécessité intérieure.»
J’ai donc présenté des travaux hors norme, hors sujet, hardiesse que personne, curieusement, n’avait eu l’idée de tenter pour ce diplôme, et j’ai réussi brillamment. On m’a offert une bourse pour poursuivre mes études à Paris, que j’ai refusée: c’était en Chine que je désirais aller.

(I- Socquettes blanches et jupe bleue, p.23)
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Dans le chaos et l'obscur réside le mystère originel. Suis, toi aussi, le principe cosmique pour donner vie à ta création. Comme le Ciel, crée à partir du chaos. Suis ton intuition et débroussaille l'informe pour aller, à travers les formes, au-delà de celles-ci. Transmets l'esprit des choses et n'oublie pas que l'esprit réside aussi dans les montagnes et les plantes; elles ont une âme, et c'est le Ciel qui la leur a donnée. La forme naît de l'informe: il ne faut pas avoir peur du chaos. Prends un pot, par exemple: c'est le vide qu'il enferme qui crée le pot. Toute forme ne fait que limiter du vide pour l'arracher au chaos.
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Je suis d'abord tombée sur un livre de François Cheng, "Le Vide et le Plein", puis ce fut l'éblouissement avec Hokusai et les grands maîtres japonais de l'étude de la nature. J'étais fascinée par les recherches d'Hokusai sur les végétaux et les animaux. J'ai passé des nuits entières à étudier son interprétation au pinceau des dragons, poissons-carpes, fleurs des champs, dames de cour et autres sujets passionnants comme la chauve-souris dormant la tête en bas ou le papillon sous sa chrysalide.

(I- Socquettes blanches et jupe bleue, p.21)
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J’avais vingt ans. J’ai quitté ma famille, mes amis… Après une crise de conscience violente, j’ai tout abandonné sans me retourner […]
Je me suis mise en chemin –c’était une question de survie–, en quête d’une initiation véritable qui m’ouvrirait les portes d’une réalité autre.

(I- Socquettes blanches et jupe bleue, p.26-27)
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J'ai partagé de beaux moments avec les Tibétaines. Ce sont des femmes drôles, vives, intelligentes. Les plus jeunes n'arrêtaient pas de s'amuser et adoraient me taquiner. Elles m'emmenaient au bord des rivières, m'expliquaient comment me laver, me dérobaient mes vêtements quand j'étais au beau milieu de l'eau, ce qui me mettait très en colère. Nous finissions toujours par en rire ensemble. Je ne sais pas pourquoi mais la vie, là-haut, était un bonheur sain et authentique. Pourtant, tout y était dur, aride, et les nuits étaient glacées.
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Je te l'ai dit, le critère, en art, n'est pas le beau, notion subjective qui varie selon les lieux et les époques, mais la sincérité, l'authenticité.
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Pour ma part, j'utilisais d'épais feutres noirs qui me permettaient de mieux rendre le mouvement. Saisir l'instant en un trait, voilà ce qui me fascinait.

(I- Socquettes blanches et jupe bleue, p.18)
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A l'Ecole, je ne jugeais mes camarades ni très malins ni brillants, sans humour aucun. Il leur manquait l'intelligence du cœur, cette curiosité passionnée qui pousse l'être jeune à découvrir la face cachée du monde, l'ivresse et la poésie du jour.

(I- Socquettes blanches et jupe bleue, p.16)
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Tu veux aider autrui ? Alors, cultive ta peinture, parfais ton art. Tu proposeras aux autres, au lieu de le leur imposer, un fil de pensée, une ouverture sur un ailleurs.
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Mais c’est la peinture orientale de la nature, chinoise et japonaise, qui fut le point de départ de ma quête. Ces artistes me semblaient les plus accomplis. J’admirais leur sens de l’humour et vénérais l’étude contemplative du monde, extrêmement élaborée dans leurs œuvres.

(I- Socquettes blanches et jupe bleue, p.22)
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Il* trébuchait dans ses papiers, ses cartons de documents poussiéreux ; il était à quatre pattes devant ses placards quand, soudain, il poussa un gémissement de bonheur : il avait trouvé son trésor emballé, à la manière chinoise, dans du papier journal. Il me l’offrit avant mon départ. Je l’ouvris avec impatience : c’était une pierre de rêve. « Si tu veux, me dit-il, peindre un jour des paysages, crois-moi, étudie de près la profonde fraternité de destin entre l’oeuvre de la nature et celle de l’homme. Médite sur cette pierre, j’en serai fier. Elle t’ouvrira les portes du paysage intérieur. » C’était ma première pierre de rêve ; j’étais à la fois comblée et bouleversée.
     
Ce présent provoqua en effet un éveil violent à mes recherches futures. Sur le moment, j’eus du mal à croire à la beauté naturelle de la pierre : ses veines suggéraient un paysage sublime dans une composition simple et harmonieuse. Je la frottais, la polissais nerveusement, incapable de me convaincre qu’elle n’était pas peinte. Depuis ce jour, je fais collection de pierres de rêve : elles ne cessent de m’apprendre le mystère du vivant.
     
*Lu Yanshao
     
(pp. 248-249)
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Il était extraordinaire de voir ces jeunes s'inspirer entièrement d'une culture étrangère. Mais qu'avaient-ils eu le droit de conserver de la leur ? On leur avait refuser cet héritage sous prétexte qu'il n'était qu'un ramassis de vieilleries. Reprendre ainsi à leur compte une culture qu'ils ne connaissaient que par des reproductions restait un procédé totalement artificiel chez certains mais, chez d'autres, s'était intériorisé de façon surprenante. Je me suis interrogée sur leur démarche puisqu'elle me concernait directement : au fond, je voulais parcourir le chemin exactement inverse du leur. [...] Si une étrangère était capable de pratiquer l'art du pinceau traditionnel chinois comme eux maîtrisaient la peinture à l(huile, elle devait parvenir à créer une peinture nouvelle. J'ai vite compris que l'entreprise exigeait deux conditions indispensables. La première était de maîtriser la technique chinoise, et d'abord la calligraphie, car celle-ci contient tous les traits utilisés par la suite dans le paysage et autres sujets. Cela demandait un travail énorme et beaucoup de patience ; il fallait cet acharnement et ce sérieux dont les étudiants chinois donnaient l'exemple quand ils étudiaient notre peinture à l'huile. [...] La seconde condition était de ne pas se limiter à la technique. Il fallait acquérir la culture intérieure qui l'accompagne, pas seulement des connaissances livresques, même si elles sont nécessaires. Je devais aussi m'imprégner de la pensée chinoise, devenir un peu chinoise par l'esprit, par toute ma façon d'être et même de vivre.

(V- Quelques avatars de Courbet à Millet, p.86 sq)
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Je renais un grand plaisir à calligraphier des phrases comme: "L'éclosion reste cachée", d'Héraclite (extraite de ses fragments, n°123) ou encore: "Toute beauté est joie qui demeure", de John Keats.
Grâce à ces modestes plaisirs, commençait à s'ancrer en moi la conviction que, dans l'art calligraphique, se profilait aussi un art de vivre.

(I- Socquettes blanches et jupe bleue, p.20)
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Ce qui m'intéressait, c'était le vivant, le trait qui saisit la vie.

(I- Socquettes blanches et jupe bleue, p.16)
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"...Que savons-nous de ce qui nous arrive après la mort? Le mieux est de suivre les appels de son cœur. L'homme bon y obéit et parle ou garde le silence, suivant les moments.
-Vous me faites penser à Flaubert qui disait: "Je ne peux supporter ni ceux qui affirment que Dieu existe ni ceux qui affirment qu'il n'existe pas."
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Le poème est une peinture invisible
La peinture est un poème visible
(Guo XI, XIe siècle)
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Point n'est besoin de comprendre les idéogrammes chinois pour saisir la beauté en mouvement et atteindre ce que Sénèque appelait "la tranquillité de l'âme".
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La vie est phénoménologie pure, transformation incessante d'une violence inouïe.

(I- Socquettes blanches et jupe bleue, p.10)
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Nous vivions la transformation sur la feuille blanche : la mutation du ciel devenu eau, de la terre devenue ciel, du caillou devenu nuage, de la barque devenue récif; soudain, tout était possible, la liberté d'inventer un univers s'offrait...
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