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Critiques de Fawzia Zouari (41)
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Le corps de ma mère

La narratrice, écrivaine tunisienne vivant avec sa famille en France, est revenue voir sa mère dont l'état de santé s'est dégradé, pour sombrer dans le coma...Ses soeurs et frères évoquent alors les épisodes difficiles qu'ils ont dû gérer depuis que leur mère - Yamna - a été ramenée du village pour être installée chez la fille aînée, dans la capitale tunisienne. En regardant ce corps en sommeil, la narratrice aperçoit la chevelure de sa mère ainsi qu'un tatouage, deux détails qui lui font prendre conscience qu'elle ne connaît pas cette femme, son histoire, et qu'elle ne comprend pas sa dureté avec ses enfants. Sa seule interlocutrice sera NaÏma, la fidèle bonne et confidente, qui telle Shéhérazade, va lui raconter sa mère et reconstituer l'histoire familiale.



Un récit à plusieurs dimensions où l'on fait connaissance de Yamna, alors plongée dans le coma et que Naïma va faire revivre lors d'un long récit. L'évocation du destin des femmes berbères illustre la dureté de la vie dans les petits villages, cantonnées à la vie domestique, à l'éducation des enfants, surtout des fils, essayant d'évincer les co-épouses et garder son rang dans la famille. Entre contes, souvenirs idéalisés et légendes familiales, c'est un récit touffu et quelquefois confus, convoquant épisodes réels, superstitions ou fantasmes dont il n'est pas aisé de faire la part. Malgré la succession des aventures picaresques, je me suis perdue avec le nombre de personnages entre le père de Yamna, ses frères, son demi-frère, la co-épouse de son père et les frères et soeurs de la narratrice. Le corps de ma mère s'est avérée être une lecture mitigée, alternant épisodes décrivant la vie des femmes, souvent intéressant avec des histoires abracadabrantesques qui m'ont lassées, au point d'avoir par moments, une lecture en diagonale. Néanmoins j'ai apprécié l'écriture de Fawzia Zouari qui me donne envie de découvrir d'autres romans de cette écrivaine.  
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Par le fil je t'ai cousue

Dans Par le fil je t’ai cousue, Fawzia Zouari prend la plume pour nous raconter son enfance tunisienne. Nous sommes dans les années 60, les traditions sont tenaces et le chemin semble tout tracé pour les filles. Dans cette société patriarcale, la narratrice peine à trouver sa place et souffre de solitude. Elle observe attentivement les membres de sa famille et les gens de son village, porte un regard éclairé sur les mutations qui commencent à transformer son pays et comprend que son salut viendra de son instruction. Elle veut apprendre, ne pas ressembler à ses sœurs aînées et devenir une femme libre. Étonnamment, c’est son père qui sera à l’origine de son émancipation…

Le récit autobiographique de Fawzia Zouari raconte avant toute chose la constitution d’une identité. Identité multiple, complexe, à la croisée de plusieurs sphères, la famille et la société, la tradition et la modernité, la soumission et l’affranchissement. Les détails sont nombreux, les situations vécues abondantes, ce qui fait que le lecteur est réellement plongé dans une époque, un lieu et un mode de vie dont il découvre peu à peu l’ensemble des rouages. Fawzia Zouari parvient à recréer l’atmosphère de son enfance et à rendre palpables les émotions. C’est une œuvre très riche et à l’écriture contrastée, une écriture qui dit les choses de manière brute et qui est ponctuée en même temps d’élans lyriques. Il manque pourtant quelque chose à ce récit, que j’ai d’ailleurs du mal à expliquer ou à nommer, un souffle peut-être, une limpidité, voire une linéarité, une réserve que j’attribue à quelques longueurs et à l’alternance entre des passages poignants et d’autres plus obscurs et, il faut le dire, moins intéressants.


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Le corps de ma mère

Le livre commence avec l’arrivée de Fawzia Zouari à Tunis au printemps 2007. Sa mère, Yamna est mourante. C’est pour l’auteure le moment de tenter de connaître mieux cette femme silencieuse, autoritaire, rétive à toute tendresse, qui a passé toute sa vie enfermée sous l’autorité d’une société patriarcale. Toute la famille se retrouve au chevet de Yamna. Sœurs et belle- sœur partagent leurs impressions et souvenirs sur cette femme digne et au fond assez mystérieuse. Pour la première fois de sa vie, sur ce lit d’hôpital Fawzia aperçoit les cheveux de sa mère et remarque un tatouage. Le livre décrit le fossé entre campagne et grande ville en Tunisie, entre culture traditionnelle, religion, superstition, djinns, coutumes ancestrales, contes et modernisation. C’est, pour moi, un roman un peu long pour un style sans réel relief. Mais le travail des personnages est pointu : entre vengeance, haine et besoin d’exister, c’est avant toute chose le récit d’une femme hantée par la mort de sa mère et la crainte de la polygamie. Une femme qui exige une seule chose toute sa vie durant : la liberté d’aimer.
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Je ne suis pas Diam's

Conçu comme un "droit de réponse" tel qu'on en lit parfois dans la presse, ce livre prend prétexte des positions de Mme Mélanie Georgiades alias Diam's au sujet du foulard islamique pour faire un rappel de faits historiques, religieux, sociétaux sur le sujet de la part d'une femme tunisienne vivant en France.

Je ne crois pas que cet ouvrage ait trouvé son public. En effet, publié avant les attentats de novembre 2015 et avant la généralisation du masque sanitaire, il ne pouvait s'adresser ni à ceux qui croient dur comme fer aux vertus du foulard, ni à ceux qui y voient une volonté de conquête du territoire et un défi lancé aux autres habitants du pays qui souvent les nourrit et les logent et dans lequel ses thuriféraires vivent . Ni, non plus à tous ceux qui pratiquent la politique de l'autruche, héritiers des accords de Munich qui de toutes façons n'ont pas à se confronter au problème au quotidien, pour le moment. C'est sans doute pour cela que je suis le seul à poster un commentaire sur cet ouvrage bien fait, qui a le mérite de prendre date. On ne pourra pas dire qu'on ne savait pas.
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Par le fil je t'ai cousue

« Du fil, du sang et des mots. Il n’en faut pas plus pour faire disparaître le corps d’une fille. La dématérialiser d’un coup, un seul. Net et sec. Une entaille. Et le liquide qui coule, tout naturellement, dans une odeur de femmes et de secret. »





Écrit comme un roman, nous comprenons que Par le fil, je t’ai cousue raconte l’enfance de Fawzia Zouari. La fillette habite un village de Tunisie, Ebba, dans lequel la modernité s’invite. Le pays a obtenu son indépendance et les colons français sont partis. Une partie des habitants s’en réjouit, l’autre le regrette. C’est dans ce contexte que Bourguiba a rendu l’école obligatoire pour les filles. La narratrice a été témoin du chagrin de ses sœurs, lorsqu’elles ont dû quitter l’école. Lorsqu’elle a l’âge de l’instruction, elle comprend qu’elles ont été sacrifiées. Elle perçoit, également, que pour garder ce privilège, elle doit s’effacer, il ne faut pas qu’on la remarque. Le regard masculin ne doit pas se poser sur elle, alors qu’elle grandit. Son esprit ne peut s’ouvrir que si son corps disparaît. Sa mère, écrasée par le poids des traditions, surveille ses filles de très près et est très soupçonneuse.





L’auteure raconte sa perception des bouleversements que son village a vécus : l’arrivée de la télévision, du cinéma, l’émancipation féminine dans les villes, l’école pour les filles et l’ouverture sur le monde, ces changements refusés par sa maman. Elle décrit la claustration, les sortilèges, les menaces et les secrets. Elle explique le poids de la religion et de l’image de la femme, les coutumes, l’éducation et l’impact sur sa vie de femme libre, qui vit, maintenant, en France. Pour gagner cette indépendance, elle a dû batailler et a bénéficié du soutien de son papa, qui croyait au savoir. Dans un climat de soumission à l’homme, c’est lui qui lui a ouvert les portes du monde, quand les femmes voulaient lui interdire.





De nombreux thèmes sont abordés dans ce roman. Fawzia Zouari relate ses souvenirs d’enfance, tels qu’elle les a ressentis. Sa curiosité et son envie d’émancipation se sont heurtées au carcan traditionnel ; elle a entrevu un avenir différent de celui que sa famille lui offrait, sans savoir, réellement, ce que cela impliquait. L’habitude des règles strictes lui a permis de s’ouvrir encore plus, quand la liberté s’est présentée. J’ai été touchée par le destin qui l’attendait et que tant de femmes subissent encore. J’ai entrevu les méthodes d’asservissement de la femme et j’ai souffert pour celles qui en sont les victimes. En raison de la multitude de sujets, la situation est décrite dans tous ses aspects. La réalité peinte est multiple et complète. Aussi, ce roman montre la difficulté pour la faire évoluer, mais est aussi, un message d’espoir, en raison du parcours de l’auteure.





J’ai été très touchée par ce livre. Par le fil je t’ai cousue est un roman puissant sur la condition féminine et la liberté offerte par l’instruction. L’analyse de la fillette est fine et émouvante, en raison du mélange d’innocence et de lucidité.




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Le corps de ma mère

Je me souviens encore enfant, en Tunisie, avoir de nombreuses fois croisé ces énigmatiques femmes couvertes de bracelets et de pendentifs, parfois de tatouages. Ma grand-mère maternelle qui, par son physique méditerranéen, aurait pu être l'une d'elles avait d'ailleurs conservé ces lourdes fibules et ces bracelets d'argent qui ressemblaient à de grosses menottes. On les craignait sans les connaître comme on craignait en France les lanceuses de sort.

Fawzia Zaouri a tenté de nous retracer l'existence de sa mère, fille d'un petit village du bled tunisien, cette mère que j'aurais pu rencontrer enfant.



Presque ethnographique si on ne s'attache qu'à la seule substance des informations retrouvées, souvent poétique et lyrique, le récit de cette femme expatriée maintenant en France est exceptionnel. Car s'ill est bien une communauté au monde fermée à toute divulgation intime, c'est bien celle des femmes musulmanes.



Le personnage haut en couleurs de cette mère s'affirme au fil du livre pour nous livrer une femme courageuse et pragmatique mais baignant aussi dans l'obscur monde des Djinns et des mannes ancestrales. Loin de la soumission aux hommes que l'on imagine, souvent manipulatrice, cette mère obligée laisse exploser, la maladie venant, ses frustrations et ses désirs. Médiatrice entre un monde que l'on croyait heureusement perdu et le modernisme libéré dont sa fille vivant en France est la brillante image, elle confie ses souffrances et ses rêves à une élue mais pas aux siens.



Ces femmes, dignes et maltraitées par l'Islam car Allah ne les aime pas et s'en défie, persiflent les Imams, ont fait, font et feront la Tunisie de demain. Un roman riche d'enseignements.
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Le corps de ma mère

Une femme tunisienne (vivant en France) accompagne sa mère tout au long d'une longue maladie qui finira par l'emporter. Pendant ces longs mois, la mémoire de sa mère lui revient et elle a envie de raconter sa relation avec elle dans un livre. L'entreprise n'est pas sans difficulté car sa mère a toujours été une taiseuse. De plus les rivalités entre frères et sœurs s'en mêlent. Certains estiment que la vie de leur mère doit rester privée et ne pas être exposée dans la lumière d'un livre. Dès lors il est bien difficile de recevoir les confidences sur certains épisodes inconnus de la vie de sa mère. D'autres estiment encore que le projet même d'écrire ce livre relève d'une démarche occidentale et française et que l'auteure trahit ses racines tunisiennes en faisant quelque chose qui ne relève pas de la tradition. Mais tous ces obstacles n'empêchent pas Fawzia Zouari de dire sa mère, avec une écriture très belle. A travers ce portrait de sa mère, elle fait un peu celui de toutes les mères. Une très belle réussite !
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Par le fil je t'ai cousue

Certaines vies possèdent tous les ingrédients du romanesque, il suffit alors d'un regard, d'une écriture, pour en faire de formidables récits.

Quand l'histoire commence, Fawzia a 12 ans et s'apprête à partir en internat au collège situé à 30 kilomètres de son village natal de Tunisie. Un monde ! D'autant que ses deux soeurs ainées ont été empêchées de poursuivre leurs études par une mère toute-puissante qui ne tergiverse ni avec les traditions ni avec la morale. Mais cette fois, le père de famille ne la laissera pas faire. Les temps ont changé et la modernité s'est invitée au village. Puisqu'il en est ainsi, Fawzia partira, armée d'un puissant sortilège de protection, « le blindage » :

« Par le fil je t'ai cousue ! Ton sang je t'ai fait avaler ! Nul ne pourra plus t'ouvrir ! Ni l'homme ni le fer ! Tu es un mur contre un fil ! Un mur contre un fil ! Sang de ton genou, ferme ton petit trou ». le tour est joué, l'honneur de la famille sauf, Fawzia peut poursuivre ses études, certaine désormais de conserver sa virginité…

Ce récit m'a passionnée et instruite tout à la fois. Immergée aux côtés de Fawzia dans ce village de paysans aux traditions ancestrales, j'ai découvert l'histoire d'un pays qui connut bien des changements en à peine 7 années. de la décolonisation aux réformes radicales de Bourguiba, de l'arrivée de l'automobile dans les rues du village, à celle de la télévision dans les foyers, c'est toute une culture qui est bousculée pour faire place à la modernité.

Les femmes jusqu'à là circonscrites dans leurs foyers, réfugiées derrière de hauts murs, interdites sur la place du village vont bientôt pouvoir timidement sortir, les petites filles aller à l'école. Une émancipation aussi fragile que laborieuse.

La petite communauté est finement décrite, chacun vacant à ses occupations, remplissant un rôle bien déterminé et habilement analysé par l'auteure. C'est toute une galerie de personnages qui cohabitent étroitement dans une paix toujours menacée par les cancans, les cris, les larmes, les rixes, les querelles parfois ancestrales.

L'amour, qui ne se dit ni se montre, palpite sous le joug des interdits ; la pudeur dissimule parfois des actions inavouables ; la loi se confronte aux traditions profondément enracinées.

Et cette mère, quel incroyable personnage, à la fois ogresse, et gardienne de l'honneur de la famille, capable de vendre l'une de ses filles, de mettre le couteau sous la gorge de sa cadette tandis qu'elle passe tous leurs excès aux mâles de la famille…

L'auteure plonge dans son enfance, à la recherche de ses racines et de cette culture familiale qui a construit son identité complexe, longtemps effacée pour mieux s'émanciper.

Un très beau livre porté par une belle écriture, pour rappeler à quel point la liberté est fragile et ne doit jamais être prise pour acquise.

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Ce pays dont je meurs

"Ce pays dont je meurs" de Fawzia Zouari (189p)

Ed. Ramsay

Bonjour les fous de lectures.....

Suite à un fait divers, l'auteure essaye de remonter le long chemin parcouru par cette famille maghrébine et se penche sur le parcours du combattant des immigrés.

Paris, 1988, deux jeunes femmes sont découvertes dans un appartement. L'une est morte, elle avait 26 ans, , l'autre en train de mourir de faim sera sauvée de justesse.

Ils venaient d'Algerie.. ils y ont cru à l'Eldorado.

D'abord le père qui s'est épuisé en usine pour des salaires de misère.

La famille ensuite, qu'il a fait venir à contre coeur, leur ayant toujours caché la dureté de son existance et ses déceptions.

Commence alors la longue descente aux enfers...

Les difficultés d'intégration

La mort du père

Les difficultés financières

La mère qui perd pied petit à petit

Ces retours au Bled où rien n'est dit, où il faut paraitre.

Une soeur qui sombre dans l'anorexie, l'autre qui baisse les bras.

Une mère qui s'en va.

Les voisins qui voient et ne disent rien, ne bougent pas.

Un susaut d'orgueil qui les empêche de demander de l'aide, une non connaissance de leurs droits et... tout bascule.

Combien de familles d'immigrés se retrouvent et se retrouveront dans ce court récit?

Combien sont noyés dans la misère dans ces pays vantés comme des pays mirecles où tout est possible?

Combien renoncent? se noient dans l'acool, les drogues, s'enfoncent de plus en plus jusqu'à un non retour?

Voici ce que nous raconte Fawzia Zouari de façon simple, nette, précise .. quasi chirugicale.

Mourir pour un pays perdu

Mourir pour un pays jamais trouvé

Glaçant !
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Le corps de ma mère

" Elle s'appelle Yamna. Elle est l'arrière-arrière-petite fille de Noé, elle dit bien Noé, parce qu'il ne faut pas confondre avec Adam, celui-là, c'est l'ancêtre de son mari... Elle est venue au monde l'année où un gros morceau de ciel s'était détaché pour foncer tout droit sur son village." (p 111)



Voilà qui débute la deuxième partie du récit. Dans la première partie, comme la narratrice pendant très longtemps, nous n'avons pas appris grand chose sur cette mère extrêmement pudique, qui n'a jamais montré ne serait-ce que ses cheveux à ses enfants et ne leur a absolument jamais raconté quoique ce soit de sa vie.

Une femme qu'il faut donc ré-inventer si on veut la raconter, une femme fière, autoritaire et courageuse, qui ne s'asseyait jamais, qui ne dormait jamais, qui n'embrassait jamais... Mais une femme qui a rempli la jeunesse de ses huit enfants de contes et de légendes et qui ouvrait la porte à l'étrange en croyant aux êtres invisibles.



A quatre-vingt douze ans, diabétique et aveugle, elle qui a dû quitter son sol pour les soins offerts par la capitale, lâche prise...



Pour l'heure, quand la narratrice arrive à Tunis - elle a fait sa vie en France - la mère est dans le coma, un corps sur un lit d'hôpital... ce n'est plus vraiment elle. Cette femme inconsciente, faut-il lui parler ou au contraire parler d'elle pour la maintenir en vie se demande celle qui écrit le récit.

Elle retrouve toute sa fratrie, une famille de huit enfants dont les deux filles aînées ont été élevées à l'ancienne : enfermées jeunes dans la maison sans autorisation de sortir, analphabètes, adolescentes tournant en rond dans l'attente de celui qui viendra demander leur main... Les deux autres filles et les garçons bien sûr ont pu faire des études et gagner leur liberté.



Alors qu'elle passe une dernière nuit dans l'appartement de sa mère, Naïma, la servante, lui fera part de tout ce que sa maîtresse lui a raconté depuis tant d'années qu'elle est à son service : l'histoire de ses ancêtres, les traditions de la tribu, la réputation de sa mère au village, l'amour entre les époux... une existence inconnue dont la clé appartenait à la bonne et qu'elle est maintenant prête à livrer.

A toute heure du jour ou de la nuit, la mère disait : " Écoute donc ! Toi qui es mes yeux des derniers jours et le témoin de mon exil. Je te fais don de mes récits comme j'ai toujours donné aux pauvres et aux malheureux. Et parce que tu as vu et soigné mon corps, tu es devenue mon ayant-droit et mon héritière. Il était une fois ma vraie vie." (p 107)



C'est l'occasion aussi pour l'auteure de raconter des histoires à la "Mille et une nuit" dans lesquelles une ancêtre acculée par un homme amoureux se transforma en hirondelle, des ânes sont volés, repeints la nuit pour être revendus, et une ville naît à l'endroit où des oiseaux prennent soin d'un voyageur ; cette Tunisie, entre traditions et modernité, au moment de la révolution de janvier 2011, se livre à nous à travers ce récit de la vie d'une femme qui n'existait que dans les rites et les coutumes de son village d'Ebba.

Récit poétique et inspiré, c'est un bel hommage d'une fille "actuelle" à une mère quasiment inconnue.



La Présentation du livre, rédigée par Boualem Sansal commence ainsi : " Fawzia Zouari nous livre un récit familial extraordinaire, shakespearien dans sa trame, son ampleur et son style, dont on ne sort pas indemne." Car en effet, qui ne se posera pas les mêmes questions sur la vie de sa mère ? Les gens les plus proches de nous sont souvent ceux que nous connaissons le moins...






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Le corps de ma mère

En savourant cet ouvrage, autant de mélancolie m’a traversé, m’a hanté, m’a scotché à ce roman retraçant la vie d’une mère… La mère de l’écrivain… Une mère qu’on s’autorise, le temps d’une lecture, à se l’approprier…

Cette mère qui nous ramène à une époque si lointaine, si étrange et si naïve… Une époque que nous ne pouvons que l’admirer.

C’est une lecture tellement agréable qu’on sent du chagrin en terminant le livre… Un grand merci à Mme Fawzia Zouari qui m’a beaucoup marqué.

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Valentine d'Arabie: La nièce oubliée de Lamartine

Lorsque, il y a peu, j’ai sollicité un titre sur netgalley, les Editions du Rocher ont, d’une part, accédé à ma demande et, en plus, m’ont gratifiée d’un accès privilégié à leurs collections. Pour les remercier, je me suis dit qu’il n’y avait rien de mieux que de lire un autre titre, qui avait titillé ma curiosité quelques semaines plus tôt mais que je n’avais pas osé demander. Ce titre, c’est celui-là, Valentine d’Arabie. Bon, il y a un peu tromperie sur la marchandise. On pense bien sûr à Lawrence d’Arabie mais il n’y a guère de points communs et l’Arabie n’est finalement qu’une petite partie de la vie de cette dame. Et puis le sous-titre parle de la nièce de Lamartine, alors qu’elle est, tenez-vous bien, une arrière-petite nièce du poète, un homme qu’elle n’a jamais rencontré, parce qu’il est mort avant sa naissance mais aussi parce qu’elle fait partie d’une branche ostracisée de la famille. Mais on n’a pas besoin d’un génome de poète pour être quelqu’un d’intéressant alors je ne tiendrai pas rigueur à l’autrice pour ce titre un brin racoleur.

Qui était cette fameuse Valentine ? Une personne dont je n’avais jamais entendu parler mais qui fut assez célèbre pour que Le Canard enchaîné s’inspire d’elle pour intituler une de ses rubriques « Valentine de coin coin », en hommage à sa vie trépidante et dissolue. Car elle est connue sous le nom de Valentine de Saint-Point (là où se trouve le tombeau de Lamartine), lorsqu’elle s’est affranchie du nom de ses deux époux successifs. Ce sont finalement les premières lignes de l’article de Wikipedia qui lui est consacré qui la décrivent le mieux : « une figure importante de la Belle Epoque ». Car elle a écrit des livres, des poèmes, sculpté avec Rodin, été son modèle aussi, peint, dansé, et j’en passe. Une touche-à-tout, donc, qui a probablement été plus importante par sa capacité à animer la vis culturelle de son temps que par sa propre production. Une figure pour laquelle j’éprouve assez peu de sympathie, car elle me semble plus dans le paraître que dans l’être, mais une figure dont on a probablement besoin pour faire émerger des artistes et des idées nouvelles.

J’étais surtout intéressée par la conversion à l’islam, me demandant quelles pouvaient être les motivations d’une femme au début du XXème siècle pour prendre une telle décision. Je dois avouer que j’ai été un peu déçue sur ce point, même si Fawzia Zouari fait de son mieux sur ce point, mais cette conversion semble assez obscure, et il est difficile de savoir à quel islam elle s’est convertie, dans le sens où elle semble principalement rester dans le cercle des Européens convertis (je ne savais pas qu’il y en avait autant à cette époque-là !) et non se mêler aux croyants de son pays d’adoption, l’Egypte, mais aussi parce que, en bonne adepte de la théosophie, elle a toujours eu un rapport assez singulier à la religion.

Je n’ai donc clairement pas trouvé ce que j’espérais dans ce livre. Et à cela je dois ajouter quelques réserves quant à l’écriture du livre. Un style un peu lourd, trop proche de la thèse dont ce livre est l’émanation. S’il convient à un travail académique, je le trouve moins approprié pour une œuvre de vulgarisation. Un manque de distance face à son sujet, l’autrice semble fascinée par son personnage, mais cela fait sonner certaines de ses justifications un peu faux. Et puis, notamment vers la fin, un travail d’édition inachevé, d’où des lourdeurs, des redites et quelques erreurs de typographie qui n’allège pas la lecture.

J’ai donc quelques réticences à recommander ce livre, sauf aux lecteurs qui aiment les biographies et les personnages flamboyants. Fawzia Zouari fait revivre un personnage oublié qui a pourtant compté dans les premières années d’un siècle qui a amené de nombreux bouleversements, tant géopolitiques que culturels, et Valentine de Saint-Point a eu maille à partir, de près ou de loin, à tous ces bouleversements alors en germination.
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La deuxième épouse

Premier pas vers la littérature tunisienne même si les héroïnes de ce roman sont Algériennes.L'histoire des femmes trompées est universelle et toute frontière est abolie. Pour revenir au contenu du livre, ce roman à quatre voix a été intéressant car tour à tour, chaque personnage était présenté via la romancière. De plus, même si j'ai été surprise d'une mise en abyme au cours du récit, j'ai apprécié ce choix de narration qui aurait pu déforcer l'histoire. Toutefois, je ne pense pas m'aventurer plus loin sur les traces de cette auteure lorsque je consulte sa bibliographie.
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Le corps de ma mère

Après une première partie que j'ai dévorée goulûment , un excellent style une écriture fluides , des personnages attachants et cela même si parfois on se perd dans les noms et les statuts, une deuxième partie que j'ai moins apprécié,j'étais légèrement déçue par la deuxième partie, dommage l'auteure est tombée dans les travers de la littérature maghrébine qui est d'avoir recours à la mythologie ,aux légendes ,une écriture très imagée que j'apprécie du moins en moins néanmoins ça reste une lecture agréable et une découverte d'une auteure dont la prochaine lecture est "par le fil je t'ai cousue" hâte de le lire .
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Par le fil je t'ai cousue

Un roman intime où l'autrice se livre sur son enfance en Tunisie, dans le petit village d'Ebba. Dans les années 60, le destin semble être le même pour toutes les filles : l'école pour quelques temps mais ensuite elles doivent rester à la maison pour aider leurs mères et surtout pour ne pas faire honte à la famille en se rapprochant des garçons. C'est le lot des soeurs aînés de Fawzia, mais son père est bien décider à ce que sa cadette fasse des études et tient tête à sa femme. Sous l'ère du régime de Bourguiba, les choses changent, les jeunes filles s'émancipent, les études leur ouvre les bras mais les familles, surtout les mères, craignent cette émancipation.



Dans ce livre, l'autrice aborde d'autres thèmes forts :  les coutumes et les croyances millénaires , la famille, le mariage arrangé (ou forcé), le poids de la religion, l'arrivée de la télévision dans cette campagne rurale, le départ des français, la place des femmes et des jeunes filles dans cette société patrarcal......

Ce fut pour moi  une lecture douce et poétique qui m'a amenée dans les souvenirs de Fawzia Zaouri. Une jeune femme marquée à jamais par l'éducation de sa mère.
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Par le fil je t'ai cousue

L'histoire de Fawzia, gamine, qui va suivre ses études dans une ville à 30 km de chez elle. Sa mère, femme à l'ancienne, craint pour sa fille, et va la coudre, pour la protéger des hommes.

Son père croit au savoir et laisse sa fille partir.

On y découvre également les us et coutumes dans cette Tunisie des années 60. On voit que certains habitants ne sortent pas de leurs villages et sont étonnés par des nouveautés comme la TV et les piscines.

Fawzia est venue en France et est devenue mère. Elle se rend compte du fossé qu'il existe entre sa jeunesse et celle de sa fille. L'émancipation s'est créée au fil des ans.



C'est une histoire qui se lit bien et qui est plutôt intéressante.
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Valentine d'Arabie: La nièce oubliée de Lamartine

De son vrai nom, Valentine de Saint-Point était l’arrière-petite-nièce d’Alphonse de Lamartine, poète, romancier, dramaturge et homme politique insigne. Née en 1875, elle s’est fort vite manifestée par un anticonformisme qui en a fait l’égérie de l’avant-garde artistique et littéraire de la Belle-Epoque. Beaucoup de choses ont été racontées à son propos. Non seulement, on lui prêtait une beauté ensorcelante, mais on lui accordait une intelligence exceptionnelle, avec une finesse d’esprit qui séduisait les écrivains de son temps. On sait également qu’elle a été modèle pour Rodin et Mucha et que ses écrits autant que ses peintures ont suscité l’émerveillement. Eric Satie et Maurice Ravel ont même mis en musique certains de ses vers. Au cours de la première guerre mondiale, elle est devenue journaliste et a été la seule femme à monter au front pour son employeur. Cette expérience a durement modifié son jugement et l’a amenée à revoir ses priorités, au point de désormais affirmer que le matérialisme endigue le bonheur et pervertit les âmes. Lors d’un voyage au Maroc, elle s’est convertie à l’Islam, puis s’est installée en Egypte. Incapable de se taire, elle a rapidement élevé la voix en faveur de la création d’une ligue arable, a dénoncé le colonialisme et a pourfendu l’occupation française en Syrie. La fin de son existence a été entièrement consacrée à l'étude des religions et à la méditation avec, de temps en temps, des consultations de radiesthésie et d’acuponcture. En 1953, elle a fermé définitivement les paupières, avant d’être inhumée au cimetière d’Imam El-Leissi. Fawzia Zouari revient sur son destin extraordinaire et nous rappelle son rôle à une période où les droits des femmes étaient bannis et quand les Européens se montraient particulièrement actifs au Maghreb (et pas que dans le bon sens !).
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Le corps de ma mère

Ce livre me parait très remarquable: l'auteure, une femme très cultivée installée en France, rapporte un témoignage sur la vie de sa mère, Yamna. Celle-ci a vécu dans un bled reculé de la Tunisie, volontairement cloitrée pendant cinquante années dans sa propre maison – sans qu'elle éprouve une sensation de frustration. Puis, malade, elle s'est trouvée déracinée à Tunis, où ses enfants voulaient qu'elle soit soignée. A l'hôpital moderne où elle va mourir, elle est accompagnée par ses filles, qui sont confrontées à ses bizarreries et à ses dissimulations. Car « Allah a recommandé de tendre un rideau sur tous les secrets, et le premier des secrets s'appelle la femme ».



La partie centrale du livre, qui m'a semblé assez extraordinaire, est la transcription du témoignage que la vieille femme a voulu confier exclusivement à sa domestique. Il lève le voile sur toute l'existence de Yamna, que ses enfants connaissaient très mal. Nous pénétrons dans un monde géographiquement proche, et pourtant extrêmement éloigné de nos références culturelles. Si l'Islam pur et dur est totalement accepté, d'autres croyances probablement préislamiques – les djinns, les ancêtres, etc – restent très vivaces. Un implacable conservatisme règne sur le village. Il s'appuie sur les préjugés, la soumission à la tradition, la peur du qu'en-dira-t-on, l'honneur de la famille (qui se situe principalement entre les cuisses des vierges) et la fermeture absolue aux « Nazaréens » venus coloniser le pays.



Pour le lecteur français que je suis, il est difficile de réfréner un sentiment de supériorité par rapport à une société à la fois naïve et sévère, que l'on considère spontanément comme "primitive". Mais ce témoignage, qui relève de l'ethnographie autant que de la piété filiale, est précieux. En fait, je ne l'ai pas trouvé très facile à lire, l'une de mes difficultés provenant de l'enchevêtrement des protagonistes dans le récit. La dernière partie de ce livre est empreinte d'émotion, celle de l'auteure qui retrouve ses racines en perdant sa mère.



Un excellent livre qui captivera les personnes s'intéressant aux cultures traditionnelles qui demeurent en marge de notre société mondialisée.

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Douze musulmans parlent de Jésus

12 textes très différents. Dans le ton, dans la forme, et sur le fond.

On pourrait je crois les diviser en 2 catégories : ceux dont les auteurs choisissent le témoignage, leur propre histoire comme base de réflexion, et en font un petit récit, souvent touchant, parfois plus profond qu'il n'y parait. Très court et comme une anecdote partagée entre amis, le texte de Kenizé Mourad est un des plus simples et factuels de l'ouvrage, avec celui de Kebir Mustapha Amani (le deuxième texte du livre).

J'ai adoré le texte d'Amin Zaoui, qui porte en lui un parfum de madeleine de Proust, de première gorgée de bière de Delerm, l'accent de l'enfance et de la nostalgie avec un trait d'humour.

De l'autre côté, des textes plus pointus, plus dans l'analyse et l'exposé. Ceux dont les auteurs ont choisi de traiter de l'histoire, de l'histoire religieuse, du rapport entre les religions, qu'ils comparent parfois. Si la première catégorie est plaisante à lire et aère bienheureusement l'ouvrage, ce sont bien les textes de la seconde catégorie qui m'intéressent le plus, ce pour quoi j'ai voulu lire ce livre.

Et de ce point de vue, j'ai été régalée par le passage qui débute page 75, « Jésus en islam » de Ghaleb Bencheikh ; qui est intelligemment mené et très éclairant.

Pour moi l'un d'eux est un peu hors sujet, choisissant de s'ancrer dans l'histoire, y compris contemporaine, des apports culturels des chrétiens d'orient au monde arabe (p. 119 : « Jésus crucifié une deuxième fois » de Hassouna Masbahi).

Un autre de ces textes est particulièrement indigeste, et trop pompeux à mon goût. Sans doute très intéressant mais d'un style trop ampoulé et prétentieux, le passage « Jésus et ses poètes d'islam », de Salah Stétié ne m'a pas accroché du tout, j'ai trouvé dommage que l'auteur ne parle finalement que de lui (il se cite tout de même lui-même !) sous prétexte d'explication de textes poétiques et/ou religieux.

En bref, dans cet ouvrage il y a un peu de tout, pour tous les goûts finalement. Tellement qu'on ne pas tout détester, mais pas tout aimer non plus.

Ces différences apportent de la légèreté et du rythme, mais elles le cassent aussi parfois. Il manque du dialogue, de la confrontation d'idées et d'expériences. Ici ce n'est qu'une compilation un peu stérile, et qui à la fin manque de consistance. J'ai trouvé dommage l'absence de conclusion, d'ouverture. Malgré tout, les citations et les références au fil des textes donnent envie pour certaines d'aller plus loin.





Ouvrage choisi, reçu et lu grâce à Masse Critique - merci à Babelio et à l'éditeur (au passage, le format et la qualité d'édition - papier et mise en page - sont très plaisants, ça ne gâche rien !)
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Par le fil je t'ai cousue

Dans ce récit, l'auteure nous raconte son enfance dans un village tunisien Ebba pendant les années 50-60. Ce roman autobiographique installe toute une atmosphère, met en scène différents personnages, décrit une famille musulmane aussi qui vit sous le poids de traditions séculaires. Les filles payent au prix fort le droit d'exister dans cette société patriarcale où même les femmes entretiennent le poids du passé, la soumission aux hommes.

Bagassa grandira sous l'autorité intraitable d'une mère. Elle ne s'affranchira qu'au prix de voir disparaître son corps.

Ce beau récit est aussi une peinture de la Tunisie rurale du siècle dernier, des années Bourguiba, de la condition féminine qui doit s'effacer pour laisser à l'homme toute sa place. Au fur et à mesure, on pressent pourtant que l'émancipation est en route. L'auteure qui poursuivra sa vie ailleurs nous lègue ici une partie de sa mémoire. Des pages pour ne pas oublier ces femmes du silence.



#GRANDPRIXDESLECTEURSPOCKET
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