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3.88/5 (sur 55 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1962
Biographie :

Florence Burgat est une philosophe française, directrice de recherche à l'INRA. Elle est l'auteur de deux ouvrages fondamentaux sur la question animale, Animal mon prochain (Odile Jacob, 1997), couronné par le prix Biguet de l'Académie française en 1997, et Liberté et inquiétude de la vie animale (Kimé, 2006), dans lequel elle restitue l’expérience et la subjectivité des animaux. En cherchant à redonner à ces derniers une vie, une chair, une biographie, un monde, des relations, c'est-à-dire tout ce dont la philosophie dominante les a privés, Florence Burgat tente de fonder l'éthique de nos rapports aux animaux par l'ontologie.

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Pourquoi l'humanité est-elle carnivore?

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Quelques données sur les régimes alimentaires des premiers âges compléteront cet aperçu. Les recherches actuelles permettent de dire que, dans l’alimentation des Australopithèques, huit aliments sur dix furent des plantes, des tubercules et des racines ; un dixième, des insectes ; et le dernier dixième, de petits animaux (rongeurs, reptiles, oiseaux) et des œufs. L’alimentation des premiers hominidés comportait 60 % de plantes et 40 % de viande (issue du charognage et de la chasse). Toumaï, aux dents recouvertes d’un émail épais, seul représentant de sa lignée, fut un consommateur de rhizomes et de racines, mais aussi de fruits et de feuilles tendres. De même les Paranthropes (Afrique du Sud) ont-ils mangé des plantes dures, des arbustes, des racines et des tubercules. Le régime de Homo habilis fut largement omnivore, composé aux deux tiers de végétaux durs et tendres (noix, rhizomes, bourgeons, baies et fruits) ; pour le reste, il aurait charogné et capturé de petites proies. Homo erectus eut une alimentation plus carnivore : il pratiquait activement la chasse des gros animaux et se déplaçait avec ses armes. Les Pithécanthropes (Homo erectus de Java) et les Sinanthropes (Homo erectus de Chine) ont une dentition qui indique un régime essentiellement végétarien composé de noix à grande valeur énergétique et de graines. L’Homme de Broken Hill (- 110 000 ans) se nourrissait essentiellement de végétaux. L’homme de Néandertal fut semble-t-il le plus carnivore de toute la lignée des hominidés, notamment dans les régions nordiques où la recherche de graisse était importante. C’est enfin le régime de Homo sapiens qui connut les évolutions les plus rapides, puisqu’il passa en peu de temps de la condition de chasseur-cueilleur nomade à celle de cultivateur-éleveur, pour se diriger encore plus rapidement vers une production industrielle de l’ensemble de son alimentation…
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Florence Burgat
En mangeant de la viande, l'homme entretient un rapport fondamentalement meurtrier à l'animal.
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Si l'histoire de la domestication se confond avec celle de l'emprise de l'homme sur les animaux, une emprise physique (contention, séparation des animaux, mutilations), biologique (maîtrise de la reproduction, détournement de certaines fonctions), génétique (sélection d'abord réalisée de manière empirique, désormais à l'aide d'outils biotechnologiques toujours plus précis), elle est aussi, à la marge et sans que ce fût là son objet, celle de l'enlacement et des yeux fermés.
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Ce qui engendre l'amitié entre humains, inclinaisons et accords divers sur le plan des idées ou des goûts, n'entre pas dans le lien, dont l'alchimie est bien étrange, se tissant avec un animal. On aurait donc tort de penser que l'absence des conflits qui peuvent sonner le glas des amitiés humaines signe la fadeur de l'amitié avec les animaux. Ne s'égare-t-on pas d'ailleurs en tentant de la comprendre sur le modèle de ce qui unit les être humains ? Ne peut-on y déceler en creux le modèle de l'amitié par excellence ?
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Peut-être plus nettement que dans les amitiés humaines qui finissent par s'expliquer, avec les animaux, le fait brut, nu, sans raison, s'impose : on s'aime.
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La mort d'un être sensible est son expérience vécue, son ultime expérience, et elle est irréversible. Francis Hallé a la bonne idée de rappeler que "manger des asperges sauvages à l'huile d'olive, puis une tarte aux pommes de terre avec un verre de Pic Saint Loup, ne tue aucune des plantes concernées qui continueront de nous nourrir pendant des années. Manger une entrecôte, un foie de veau ou un filet de hareng apporte la certitude que les animaux concernés sont morts*". Comment faire fi d'une différence aussi fondamentale que celle du temps vécu et de son corollaire, l'expérience de la mort, entre la vie végétale et la vie animale, qui englobe ici la vie humaine puisque, sur ce plan en tous cas, il y a égalité de conditions?

* Francis Hallé, "Un arbre tout neuf. Trois idées nouvelles au sujet des arbres, in Philosophie du végétal, Vrin, 2018, p. 90
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Florence Burgat
En vérité, les animaux se voient contraints de combler le vide qui les sépare des humains avec lesquels ils vivent autant que ces derniers avec eux.
"Cette imperfection qui empêche la communication entre [les bêtes] et nous, pourquoi ne serait-elle pas aussi bien à nous qu'à elles ? Reste à deviner à qui est la faute de ne pas nous comprendre, car nous ne les comprenons pas plus quelles ne nous comprennent. En raisonnant comme nous, elles peuvent nous estimer bêtes comme nous le faisons d'elles."
On l'aura reconnu le scepticisme de Montaigne. Il leur faut trouver une troisième voie, faite de coïncidences à mi-chemin entre les manières respectives de se faire entendre.
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S'apercevoir que même les chats ,ces joyaux de mystère ,ces infinies beautés ,tuent par plaisir ne conduit-il pas à douter de tout? Les preuves de l'inexistence de Dieu sont multiples; en voilà une de plus!
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La vie psychique est une vie affective, émotionnelle, une vie qui se souvient et qui oublie, une vie qui met des significations en abyme. "La sensibilité, la mémoire et un organisation telle qu'apparaisse une certaine indétermination, un certain non-être dans leur être*" sont les prérequis d'une zooconscience.
Rejoignant Freud, Henri Hey s'appuie sur la vie de relation des animaux supérieurs, qu'il décrit comme "organisée comme la nôtre**" par un système nerveux central. C'est tout naturellement, parce que nous sommes en effet en relation avec eux, que nous leur attribuons la conscience. Nous tenons les animaux pour des êtres "co-conscients de notre propre conscience dans la mesure où ils se présentent 'eux-mêmes' semblables à nous, quand s'institue entre eux et nous des communications", qui instituent à leur tour une ressemblance entre eux et nous**. Cette "identification" n'est possible qu'entre êtres de conscience, c'est-à-dire des êtres qui ont des sensations - "être conscient c'est sentir" -, ce qui suppose, et la précision est capitale pour distinguer la signification apparente de la signification réelle, "non un état de conscience mais une structure de conscience au travers de laquelle apparaît l'expérience en tant que vécue***". Une structure, et non un état. Car faire de la conscience un simple état (la réception d'informations physico-chimiques, par exemple) ouvre la porte à un panpsychisme qui ne permet plus de distinguer parmi les formes de vie celle des être doués, ou plutôt lestés, d'un appareil psychique. C'est lui qui permet alors de penser leur vie comme des existences chaque fois singulières. Loin de la conscience transparente et massive du cogito, comme de la conscience éthérée de l'information physico-chimique qui pourtant anime la totalité de la nature, demandons-nous ce qui pourrait bien attester une vie psychique chez les plantes, au sens du phénomène mis au jour par Freud, et qu'il continue de nommer, au soir de sa vie, "l'énigme véritable****".


* Henri Hey, La conscience, Desclée de Brouwze, 1983, p. 8
** Ibid., p. 10
*** Ibid., p. 14
**** Sigmund Freud, Abrégé de psychanalyse, PUF, 1951, p. 27
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S'il est vrai que point n'est besoin d'aimer tels ou tels individus, humains ou animaux, pour condamner les traitements humiliants, les sévices ou la cruauté dont ils sont victimes, il est un fait que l'amitié porte la justice à un niveau plus incandescent.
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