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Citations de Francis Jammes (180)


Francis Jammes
" Il va neiger dans quelques jours. Je me souviens
de l’an dernier. Je me souviens de mes tristesses
au coin du feu. Si l’on m’avait demandé : qu’est-ce?
J’aurais dit : laissez-moi tranquille. Ce n’est rien."
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Francis Jammes
Pourquoi donc pensons-nous et parlons-nous ? c’est drôle ;
nos larmes et nos baisers, eux, ne parlent pas,
et cependant nous les comprenons, et les pas
d’un ami sont plus doux que de douces paroles.

Extrait du poème IL VA NEIGER
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Une goutte de pluie frappe une feuille sèche,
lentement, longuement, et c’est toujours la même
goutte, et au même endroit, qui frappe et s’y entête…

Une larme de toi frappe mon pauvre cœur,
lentement, longuement, et la même douleur
résonne, au même endroit, obstinée comme l’heure.

La feuille aura raison de la goutte de pluie.
Le cœur aura raison de ta larme qui vrille :
car sous la feuille et sous le cœur, il y a le vide.
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Ne me console pas. Cela est inutile.
Si mes rêves qui étaient ma seule fortune
quittent mon seuil obscur où s’accroupit la brume
je saurai me résoudre et saurai ne rien dire.

Un jour, tout simplement (ne me console pas !)
devant ma porte ensoleillée je m’étendrai.
On dira aux enfants qu’il faut parler plus bas.
Et, délaissé de ma tristesse, je mourrai.
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Francis Jammes
TU T'ENNUIES ?

Tu t’ennuies ? —
— Elle dure
cette pluie
qui est dure.

Je prends ma
pipe en glaise
que j’allume à
une braise.

Tu es loin
et tu penses
dans un coin
aux vacances.

Les pavés
par la pluie
sont lavés.
Je m’ennuie.

Aux carreaux
blancs, j’écoute
tomber l’eau
froide en gouttes.

Tu ne vien-
dras pas, puisque
tu es loin :
pas de risque.

Tu es loin :
je m’ennuie :
je n’entends rien
dans la pluie :

C’est de l’eau
fine ou dure,
passant tôt
ou qui dure.

Je n’y vois
rien. — Entendre
là des voix
en deuil, tendres ?...

Je ne puis :
c’est la pluie
d’un jour gris
qui essuie.
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Francis Jammes
Il va neiger dans quelques jours...

Il va neiger dans quelques jours. Je me souviens
de l’an dernier. Je me souviens de mes tristesses
au coin du feu. Si l’on m’avait demandé : qu’est-ce?
J’aurais dit : laissez-moi tranquille. Ce n’est rien.

J’ai bien réfléchi, l’année avant, dans ma chambre,
pendant que la neige lourde tombait dehors.
J’ai réfléchi pour rien. À présent comme alors
je fume une pipe en bois avec un bout d’ambre.

Ma vieille commode en chêne sent toujours bon.
Mais moi j’étais bête parce que ces choses
ne pouvaient pas changer et que c’est une pose
de vouloir chasser les choses que nous savons.

Pourquoi donc pensons-nous et parlons-nous? C’est drôle;
nos larmes et nos baisers, eux, ne parlent pas
et cependant nous les comprenons, et les pas
d’un ami sont plus doux que de douces paroles.

On a baptisé les étoiles sans penser
qu’elles n’avaient pas besoin de nom, et les nombres
qui prouvent que les belles comètes dans l’ombre
passeront, ne les forceront pas à passer.

Et maintenant même, où sont mes vieilles tristesses
de l’an dernier? À peine si je m’en souviens.
Je dirais : laissez-moi tranquille, ce n’est rien,
si dans ma chambre on venait me demander : qu’est-ce?
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Vous m’avez regardé avec toute votre âme.
Vous m’avez regardé longtemps comme un ciel bleu.
J’ai mis votre regard à l’ombre de mes yeux…
Que ce regard était passionné et calme…
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Les dimanches, les bois sont aux vêpres.
Dansera-t-on sous les hêtres ?
Je ne sais… Qu’est-ce que je sais ?
Une feuille tombe de la croisée…
C’est tout ce que je sais ..

L’église. On chante. Une poule.
La paysanne a chanté, c’est la fête.
Le vent dans l’azur se roule.
Dansera-t-on sous les hêtres ?
Je ne sais pas. Je ne sais.

Mon cœur est triste et doux
Dansera-t-on sous les hêtres ?
Mais tu sais bien que, les dimanches, les bois sont aux vêpres.

Penser cela, est-ce être poète ?
Je ne sais pas. Qu’est-ce que je sais ?
Est-ce que je vis ? Est-ce que je rêve ?

Oh ! ce soleil et ce bon, doux, triste chien…
Et la petite paysanne
à qui j’ai dit : vous chantez bien…

Dansera-t-elle sous les hêtres ?
Je voudrais être, voudrais être
celui qui lentement laisse tomber,
comme un arbre ses baies,
ca tristesse pareille, sa tristesse
pareille aux bois qui sont aux vêpres.
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C'est un repas frugal que l'on mange à l'abri,
c'est un pain virginal divinement amer,
C'est le Pain qui est Dieu, par l'Esprit et la Chair,
qui nourrit, et guérit du mal de cette vie.

Ne crois pas, ô toi qui t'assieds à cet abri,
près de ces travailleurs et de ces travailleuses
dont la face est noircie par l'ombre besogneuse,
ne crois pas que ton Dieu en toi pousse un grand cri.

Car, assis au milieu des siens, à cette Cène,
le Christ parle si bas qu'à peine on peut l'entendre.
Mais bientôt je ne sais quoi d'indicible et tendre
nourrit d'encens divin l'âme et la rassérène.

Mon frère, va donc voir, toujours renouvelée,
s'arrêter un moment l'Humanité en marche,
manger le Pain de Vie multiplié dans l'Arche,
et repartir vers les Terres d'Eternité.

(1905)
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Si tu pouvais savoir toute la tristesse
qui est au fond de mon cœur, tu la comparerais
aux larmes d’une pauvre mère bien malade,
à la figure usée, creuse, torturée et pâle,
pauvre mère qui sent qu’elle va bientôt mourir
et qui déplie pour son enfant le plus petit,
déplie, déplie, pour le lui donner
un jouet de treize sous, un jouet luisant, un jouet.
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Parfois, je suis triste. Et, soudain, je pense à elle.
Alors, je suis joyeux. Mais je redeviens triste
de ce que je ne sais pas combien elle m’aime.
Elle est la jeune fille à l’âme toute claire,
et qui, dedans son cœur, garde avec jalousie
l’unique passion que l’on donne à un seul.
Elle est partie avant que s’ouvrent les tilleuls,
et, comme ils ont fleuri depuis qu’elle est partie,
je me suis étonné de voir, ô mes amis,
des branches de tilleuls qui n’avaient pas de fleurs.
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Francis Jammes
La courbe que trace en l'air
La navette du pivert
D'arbre en arbre semble tendre
Des guirlandes d'azur tendre.

(" Le livre des quatrains")
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Francis Jammes
Il est midi. La canicule tombe des ormeaux bleus et noirs où éclate le cri d'une cigale...
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Francis Jammes
TU VIENDRAS

Tu viendras lorsque les bruyères au soleil
près des routes qui se fendent ont des abeilles.

Tu viendras en riant avec ta bouche rouge
comme les fleurs des grenadiers et des farouches.

Tu lui diras que tu l’aimes depuis longtemps,
mais en lui refusant ton baiser en riant.

Mais lorsque tu voudras le lui donner, alors
tremblante et suante, tu verras qu’il est mort.
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J'ALLAIS DANS LE VERGER

J’allais dans le verger où les framboises au soleil
chantent sous l’azur à cause des mouches à miel.
C’est d’un âge très jeune que je vous parle.
Près des montagnes je suis né, près des montagnes.
Et je sens bien maintenant que dans mon âme
il y a de la neige, des torrents couleur de givre
et de grands pics cassés où il y a des oiseaux
de proie qui planent dans un air qui rend ivre,
dans un vent qui fouette les neiges et les eaux.

Oui, je sens bien que je suis comme les montagnes.
Ma tristesse a la couleur des gentianes qui y croissent.
Je dus avoir, dans ma famille, des herborisateurs
naïfs, avec des boîtes couleur d’insecte vert,
qui, par les après-midi d’horrible chaleur,
s’enfonçaient dans l’ombre glacée des forêts,
à la recherche d’échantillons précieux
qu’ils n’eussent point échangés pour les vieux
trésors des magiciens des Bagdads merveilleuses
où les jets d’eau ont des fraîcheurs endormeuses.
Mon amour a la tendresse d’un arc-en-ciel
après une pluie d’avril où chante le soleil.
Pourquoi ai-je l’existence que j’ai ?… N’étais-je fait
pour vivre sur les sommets, dans l’éparpillement
de neige des troupeaux, avec un haut bâton,
à l’heure où on est grandi par la paix du jour qui tombe ?
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Le vent triste souffle dans le parc,
comme dans un livre que je lus enfant,
où une écolière perdue était hagarde.
Le vent.

Il va casser, peut-être, le tulipier.
Il fait voir le dessous des feuilles blanc
du vernis du Japon qu’il semble essuyer,
Le vent.

Le baromètre est descendu subitement.
Peut-être que ça va être un ouragan.
Il ne peut pas pleuvoir, mais on entend
Le vent.

Dans les livres de prix, monsieur et madame d’Arvan
reviendraient en pressant le pas chez eux,
vers un château tout bleu malgré le mauvais temps.
Le vent.

Sortez de ma tête, ô manoirs moisissants
où devaient se passer d’étranges adultères,
par les temps tristes, en Angleterre.
Le vent.

Sortez de ma tête, gentilles écolières
qui jouiez à cache-cache dans la clairière
et reveniez vers le grenier sombre, à cause du grand
vent.

Sortez de ma tête, vieux marquis des villes
qui, dans les maisons pluvieuses, lisiez Virgile
dans des fauteuils à oreillettes, par des temps
de vent.

Sors de ma tête, ma douce tristesse,
et va-t’en vers le coteau fané, va-t’en
où va, sur un air un peu Chateaubriand,
le vent.
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Francis Jammes
La paix est dans le bois silencieux et sur
les feuilles en sabre qui coupent l’eau qui coule,
l’eau reflète, comme en un sommeil, l’azur
pur qui se pose à la pointe dorée des mousses.

Je me suis assis au pied d’un chêne noir
et j’ai laissé tomber ma pensée. Une grive
se posait haut. C’était tout. Et la vie,
dans ce silence, était magnifique, tendre et grave.

Pendant que ma chienne et mon chien fixaient une
mouche qui volait et qu’ils auraient voulu happer,
je faisais moins de cas de ma douleur et laissais
la résignation calmer tristement mon âme...
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Tristesse ! Que ce cœur qui veut tout, ne veut rien…
que le chant de l’oiseau et l’amitié du chien.
Il ne possède rien, même si l’on lui donne :
la fleur d’Avril qu’il tient lui prend le fruit d’Automne.
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La lune dans la nuit fait songer à la Terre.
Le Silence, fermant les yeux, entre en prière.
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Francis Jammes
Prière pour que les autres aient le bonheur

(extrait)

Donnez à tous tout le bonheur que je n’ai pas,
et que les amoureux qui vont se parler bas
dans la rumeur des chars, des bêtes des ventes,
se boivent des baisers, la hanche sur la hanche.
Que les bons chiens paysans, dans un coin de l’auberge,
trouvent la soupe bonne et s’endorment au frais,
et que les longs troupeaux des chèvres traînassantes
broutent le verjus clair aux vrilles transparentes.
Mon Dieu, voici : négligez-moi si vous voulez…
Mais… merci… Car j’entends, sous le ciel de bonté
ces oiseaux qui devraient mourir dans cette cage,
chanter de joie, mon Dieu, comme une pluie d’orage…

(in De l’angélus de l’aube à l’angélus du soir)
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