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Critiques de Francis Ponge (89)
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Le parti pris des choses - Douze petits écrit..

J'ai adoré ce livre qui a bien nourri mon imagination au point de me faire pondre ce poème:

Machine à laver

Comme un vieux tramway

Vibre, toute pansue

Rit comme un bossu :



« C’est de la folie,

Salvador Dali

Fera mon portrait

Dans un cabaret !



Francis Ponge aussi

M’immortalisera

Il était mon psy

Abracadabra



Mais où sont passées

Les neiges d’antan ?

Les médecins s’ pressaient

Pour venir à temps



Il n’y a plus de médecins

Pour nous autres machines

Fabriquées en Chine

Tout est si malsain !



Et l’on nous envoie

Comme des sans-voix

Aux maisons d’retraite

Dites les collectes ! »









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Le parti pris des choses - Douze petits écrit..

C'est avec un style inimitable que Ponge nous décrit le quotidien. Il fallait oser faire de la prose poétique sur un cageot, un escargot, un verre ou du pain ! Pourtant, Ponge s'y est attaqué avec brio, nous faisant voir sous un autre angle toutes ces choses, ces objets, ces animaux que nous côtoyons, parfois sans les remarquer.

Il les fouille, les dissèque, tentant d'en extraire toutes leurs qualités.



Décrié par certains qui ne reconnaissent pas en lui de poésie, le trouvant quelquefois obscur, il n'en reste pas moins qu'on peut apprécier son talent car il transcende la moindre petite chose par le choix des mots.



Je parlais de ce poète dernièrement en évoquant son texte sur le pain, que je mettais en parallèle avec celui de Maurice Bouchor. Regardez les deux textes, vous en aurez l'eau à la bouche !


Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Le parti pris des choses - Douze petits écrit..

Tiens, tiens - un petit livre de textes poétiques qui font l'apologie de choses ordinaires !

... telle était ma première réaction quand je suis tombée sur "Le parti pris des choses" en glanant sur l'un de ces vide-greniers du printemps. Je ne connaissais pas Ponge, mais j'ai bien aimé le "Balai" de Gaston Chaissac sur la couverture; je me disais que leur démarche d'artiste devrait être identique - prendre un petit objet du quotidien, de le contempler sous toutes les coutures, et d'y ajouter cette touche personnelle qui le transforme en Art.



Bien sympathique, que tout cela - mais je dois avouer que j'avais le plus grand mal de laisser couler mon esprit avec la "poésie" de Ponge, parfois jusqu'à la migraine.... car l'esprit bute !

Il bute sur l'étymologie pongienne élevée vers les les sphères poétiques - le même mot change de sens dans un but artistique précis qu'on a du mal à saisir par nous mêmes, si on n'est pas un fin lettré, voire Littré.

Les annotations sont fréquentes et utiles, mais elles cassent la fluidité de la lecture et donc, nécessairement, aussi l'immersion poétique...



On a un certain plaisir de découvrir le cageot, l'escargot, le pain ou la pluie sous l'angle de cette narration, je dirais, "métamorphique", il y a les tournures qui frôlent le génie, et les autres qui sont tout simplement frustrantes, car on n'y comprend rien !



Etrangement, je ne peux pas dire que je ne l'ai pas aimé.

Prenons, par exemple, cette phrase : " À mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie." - elle est ciselée comme un ciboire de Cellini ! Et on doit prendre une route déroutante pour apprécier le détournement d'une expression bien connue à sa fin.

Cette "poésie sans lyrisme" a quelque chose d'intrigant; elle ne détourne pas le sens de mots d'une façon métaphorique, elle le suit à la lettre d'une façon scientifique - et le titre est bien choisi !



C'est un défi d'un poète de voir une chose ordinaire par un regard nouveau. Un peu comme quand on essaye de dessiner quelque chose qu'on pense connaître par coeur. Tout ce qu'on découvre encore ! Après une telle séance de dessin acharné (parfois aussi frustrante que la lecture de textes pongiens), vous dévoilez tous les "secrets" de votre objet, et vous ne le verrez plus jamais de la même façon qu'avant.



Cette lecture était donc une belle expérience, même si Ponge, en ce qui me concerne, n'est pas Pound, ni même Poe...

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Le parti pris des choses - Douze petits écrit..

Euh…



Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaargh !!!!



Je dois en dire plus?



Ok parce que je l’ai terminé quand même, oui oui jusqu’au bout. Ca doit être mon coté masochiste mais pour en parler, c’est mieux.



D’un autre coté, en parler… on est dans un domaine qui ne se raconte pas. Ca se vit, c’est une expérience unique qui vous imprègne… Enfin pour moi il y a un truc qui a merdé quelque part, j’ai buggé.



J’ai pas de mots pour en parler tout simplement parce que… je n’ai rien compris.

Rien compris ni au sens trop souvent, ni à l’intérêt.

J’ai bien lu toutes les critiques sur Babelio où tout le monde a adoré, j’ai cherché quelques pistes mais… rien trouvé.



Je sais bien qu’il s’agit avant tout de ressenti et je comprends qu’on puisse trouver une forme d’extase dans n’importe quelle lecture mais là je me suis senti comme si j’étais devant un monochrome de Malevitch, genre « carré blanc sur fond blanc » ou son « carré noir ». Le néant absolu quant à l’émotion et l’impression d’être à la frontière du foutage de gueule et de l’escroquerie.



Point positif quand même, j’ai eu des fous rires terribles tant à la fin de certaines phrases (interminables pour un grand nombre) je ne savais plus du tout ce qui était dit cinq mots plus tôt.



Ok quelques trop rares passages relus plusieurs fois peuvent trouver un sens mais au prix d’un mal de tête carabiné (Ce livre vous est recommandé par Doliprane).

On a tous nos névroses mais parfois ça fait du bien de se sentir différent.



J’aime la poésie qui coule, qui tend vers le Beau le tendre et le doux, j’aime la poésie qui crache, la rebelle la révoltée, la révolutionnaire, l’engagée. La poésie qui transporte, celle qui se donne ou se fait désirer. J’aime la mélodie des mots, les rythmes, j’aime… pas mal de choses en fait mais je déteste par-dessus tout (en matière de poésie, c’est pas grave non plus lol) intellectualiser mes émotions (façon conviviale de parler de branlette de neurones :-) ).



Bref, je suis hermétique à cette forme d’expression… (arf, c’est dur à sortir)… poétique et c’était perdu d’avance même si au départ j’y suis allé sans préjugés.

Cet avis n’est que mon gout et j’espère que les amateurs de Ponge ne le prendront pas autrement sinon ben… tans pis.

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Le parti pris des choses - Douze petits écrit..

Objets inanimés avez-vous donc une âme ?

C'est bien la question que l'on pourrait se poser après la lecture de ces poèmes. Francis Ponge (1899-1988) nous décrit là tout un petit monde de choses que l'on croyait connaître (la pluie, la fin de l'automne, la crevette, le cageot, le galet, etc.), mais à la lecture de cet ouvrage, il faut bien reconnaître qu'il n'en est rien.



Il observe ce qui l'entoure et son sens de l'observation est très affuté. Francis Ponge refait le monde à sa façon, sa cosmogonie est bien personnelle et sa poésie très éloignée "de l'enflure lyrique des poètes inspirés" (voilà qui est dit !).

Elle se rapproche plus des anciennes leçons de choses que l'on côtoyait, à l'époque, dans nos classes primaires. Cependant, son sens de l'observation est parfois relié à ses sentiments et il ne se gêne pas pour lancer quelques piques.



On est conquis par certaines tournures : "La nature déchire ses manuscrits, démolit sa bibliothèque, gaule rageusement ses derniers fruits" (Extrait de la fin de l'automne).

Parfois l'on se prend à sourire tant la description est imagée. Par exemple, le poème dédié à l'entreprise dans laquelle il a travaillé : "Cette porte qu'il faut passer n'a qu'un seul gond de chair de la grandeur d'un homme, le surveillant qui l'obstrue à moitié : plutôt que d'un engrenage, il s'agit ici d'un sphincter. Chacun en est aussitôt expulsé, honteusement sain et sauf, fort déprime pourtant, par des boyaux lubrifies à la cire, au fly-tox, à la lumière électrique."

D'autres fois, on se dit qu'il a la dent dure, le gymnaste en est une belle illustration : "Pour finir il choit parfois des cintres comme une chenille, mais rebondit sur pieds, et c'est alors le parangon adulé de la bêtise humaine qui vous salue."

Et d'autres fois encore, on se sent bien humble face à l'univers : l'escargot a bien des leçons à nous donner.



J'ai passé un agréable moment en sa compagnie, même si ce genre de poésie n'est pas celle que je préfère...

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Le parti pris des choses - Douze petits écrit..

Publié en 1942, ce recueil a été considéré par certains comme une poésie novatrice, décrié par d'autres.Il rassemble des textes plus ou moins longs en prose.Certains sont fort connus et toujours présentés, je l'ai constaté , dans les livres scolaires, comme "L' huître ou "Le cageot".



Comme le titre l'indique, le principe d'écriture est de donner l'initiative aux choses,de les laisser s'exprimer, leur donner le premier rôle. Il s'agit de décrire des objets simples du quotidien, des éléments de la nature, les saisons.Mais ce qui fait pour moi l'originalité de cette démarche, c'est l'attention toute particulière accordée aux mots, choisis avec soin , et au style tout en concision et subtilité, certaines phrases sont saisissantes de justesse et de singularité. Par exemple, en parlant de la fin de l'automne, l'auteur écrit :



" Tout l'automne à la fin n'est plus qu'une tisane froide.Les feuilles mortes de toutes essences macèrent dans la pluie." Une formulation très parlante, non?



Francis Ponge aime aussi jouer sur les mots, il est d'ailleurs à l'origine de ce mot inventé "l'objeu"... Cela se ressent bien dans le recueil, j'ai aimé cet aspect.Pour une évocation des escargots, il est noté :



" Au contraire des escarbilles qui sont les hôtes des cendres chaudes, les escargots aiment la terre humide".



Ou encore, à propos du papillon:" Allumette volante, sa flamme n'est pas contagieuse ".



De belles trouvailles donc, une écriture très intéressante, un renouvellement certain de l'art de la description.



Mais, et ce n'est qu'un ressenti personnel, certains textes ne m'ont pas parlé du tout, m'ont semblé même hermétiques, ou à mi-chemin entre dissection scientifique et surréalisme . J'ai de toute façon une certaine réticence envers les poèmes en prose. La poésie est partout, au détour d'une page de roman, au creux d'une phrase, mais j'ai besoin de rythme, de mélodie, de musicalité, d'envol, de résonance intime...Ce que je n'ai pas souvent éprouvé ici.



Prendre le parti des choses, oui, mais sans oublier l'étincelle poétique, cette illumination essentielle...





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Le parti pris des choses - Douze petits écrit..

Rarement un livre sera resté aussi longtemps sur ma table de chevet sans y avoir été abandonné.

J'ai méticuleusement lu ce recueil page après page en prenant mon temps, suivant le conseil de Dany Laferrière de ne lire qu'un poème par jour pour pouvoir l'apprécier.

En réalité, il s'agit ici plus de prose que de poèmes.

La dernière partie, Proêmes est un ensemble de réflexions sur l'écriture et son sujet, Ponge rejetant entre autres l'Homme pour s'attacher à ce qui est proche et en général ignoré. Nul besoin d'aller loin pour trouver matière à analyse: un galet, une bougie, un morceau de viande peuvent représenter un univers si on prend la peine d'y poser les yeux et la pensée. C'est ce que Ponge fait en composant le Parti pris des Choses, offrant aux lecteurs un regard tout neuf sur ce qui nous entoure. Ce sont ces courts textes que j'ai en définitive le plus apprécié dans ce recueil et j'aurais aimé qu'il y en ait plus, même si ses réflexions sur l'écriture sont très intéressantes aussi, notamment parce qu'elles nous permettent d'appréhender différemment le Parti pris des Choses au niveau de la conception.

première incursion chez Ponge donc, mais majeure.
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Les rois ne touchent pas aux portes

J'avais étudié cet auteur lorsque j'étais au lycée et je me rends compte aujourd'hui qu'alors, je ne l'avais pas compris ou disons, pas estimé à sa juste valeur.

Dans ces quelques poèmes réédités ici à l'initiative de Télérama, j'y ai retrouvé certains poèmes de Francis Ponge que j'avais étudié à l'époque et qui sont probablement parmi ses plus célèbres mais d'autres qui étaient totalement inédits pour moi. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce n'est pas celui intitulé "Les rois ne touchent pas aux portes", titre éponyme de ce recueil qui m'a le plus touche mais celui qui se nomme "L'escargot". Francis Ponge possède non seulement ce don d'humaniser certains objets mais aussi les animaux et à travers ces derniers, il transmet aux lecteurs une pensée philosophique qui donne à réfléchir !

J'ai beaucoup aimé également le dernier poème de cet ouvrage "Le galet" pour des raisons similaires. Alors Francis Ponge, animiste ? Et si il était tout simplement humaniste.



Un ouvrage à lire et à relire et surtout à faire découvrir !
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Le parti pris des choses - Douze petits écrit..

INCONTOURNABLE

Ce livre est un tour de magie. Comment nous redonner le goût de l'émerveillement...

Apprendre le nouveau regard par l'admiration de chaque détail

Un cadeau
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La rage de l'expression

Publié en 1952, La Rage de l'expression de Francis Ponge est un recueil essentiel dans la connaissance de l'oeuvre du poète. Je reviens des années plus tard à ce livre qui m'avait beaucoup plu à sa première lecture.



Quels points communs peut-il y avoir entre les berges de la Loire, une guêpe, un oiseau, un oeillet, du mimosa et une forêt de pins ? Peu de choses, à peu près rien en définitive. Si ce n'est peut-être la manière d'en parler... Chacun de ces lieux, chacune de ces créatures suscitent peut-être en nous des images, des sensations, font peut-être remonter des souvenirs, des impressions teintées de couleurs, de senteurs. La poésie est riche d'auteurs qui savent magnifier la nature, la sublimer et nous rendre dans leur écriture cette part d'émerveillement, de fascination qu'exerce la nature sur nous. Autant le dire, rien de tel chez Francis Ponge.



Quand il s'agit de décrire, de dépeindre la nature, de livrer nos impressions, notre regard a besoin comme d'une nécessaire mise à distance de l'objet observé qu'il soit un paysage, un oiseau ou une fleur. Nous avons besoin de nous extraire de la nature pour mieux nous en rapprocher.



Francis Ponge opère de manière toute différente, il inverse le regard en le tenant au plus près de l'objet. Chaque chose observée a son histoire, son étymologie, sa fonction. Elle est faite aussi de matière particulière et de propriétés singulières. Cette approche, cette connaissance quasi scientifique du monde et de ses objets compose tout le champ poétique de Francis Ponge.

Amoureux des mots, le poète ne veut pourtant pas céder à la tentation du beau, à un lyrisme qui ne fait que rendre compte de nos sentiments mais néglige la nature, l'essence de l'objet, même le plus familier. La poésie de Ponge est cette exigence là. C'est ce qui la rend si novatrice et si attachante aussi.



Voici ce qu'il écrivait à la fin de "Notes prises pour un oiseau" contenu dans La Rage de l'expression :



"Nous ferons des pas merveilleux, l'homme fera des pas merveilleux s'il redescend aux choses (comme il faut redescendre aux mots pour exprimer les choses convenablement) et s'applique à les étudier et à les exprimer en faisant confiance à la fois à son oeil, à sa raison et à son intuition, sans prévention qui l'empêche de suivre les nouveautés qu'elles contiennent et sachant les considérer dans leur essence comme dans leurs détails. Mais il faut en même temps qu'il les refasse dans le logos à partir des matériaux du logos, c'est-à-dire de la parole.

Alors seulement sa connaissance, ses découvertes seront solides, non fugitives, non fugaces.

Exprimées en termes logiques, qui sont les seuls termes humains, elles lui seront alors acquises, il pourra en profiter.

Il aura accru non seulement ses lumières, mais son pouvoir sur le monde.

Il aura progressé vers la joie et le bonheur non seulement pour lui, mais pour tous."



(Paris, mars-septembre 1938).

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Le parti pris des choses - Douze petits écrit..

"Le parti pris des choses" est dans l'oeuvre de Francis Ponge un recueil tout à fait à part. Écrit comme un manifeste, il compose une poésie du regard, une ébauche du sensible portée aux objets, au règne animal, aux éléments qui nous entourent, parts délaissées ou convenues de notre quotidien.

Un cageot, une orange, du pain, un galet, une crevette, une huître, la pluie, le feu sont comme autant d'essais de s'approprier un peu plus l'essence des choses, de s'approcher d'elles. La poésie de Ponge veut faire abstraction de l'homme, de sa subjectivité, de ses émotions et ne pas céder au lyrisme, au nécessaire plaisir du beau.

Malgré l'écriture abrupte, parfois déconcertante, utilisée comme une méthode scientifique, la poésie de Francis Ponge ne manque vraiment pas d'intérêt, il s'agit de donner voix aux choses qui en sont privées. Pari réussi.
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Le parti pris des choses - Douze petits écrit..

C'est pour moi une découverte de Mr Ponge. Mais je ne regrette pas !!

C'est un nouveau style et la poésie ne peut qu'être sublimée par son talent et ce livre. Les objets banales ou naturels nous apparaissent dans cette oeuvre comme des choses élégantes et surtout avec une âme. L'homme serait-il proche de la mure ou de l'escargot? Livre très agréable à lire. Beaucoup de poésie, de raffinement, de découvertes de notre langue française. Ainsi qu'une grande réflexion sur nous, sur l'humanité, sur l'existence.

Les choses ont pris un parti : celui d'un poète moderne, contemporain dans son style d'écriture, précurseur, mais pourtant homme et qui a crée une oeuvre remarquable et véridique. Je le recommande vivement. Je remercie la fac qui m'a permis de le découvrir et j'ai hâte de l'étudier bientôt !
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Correspondance (1941-1957) : Albert Camus /..



L’association « les Rencontres méditerranéennes Albert Camus » a, notamment, pour vocation de promouvoir une meilleure connaissance de l’œuvre de Camus, de sa pensée et de son action.

Chaque année, à Lourmarin est organisée une exposition estivale suivie, en octobre, de deux jours de communications sur un thème, chaque fois différent. Cette année se sera "Albert Camus et ses correspondants"

J’avais, jusqu’à présent, fait l’impasse sur la correspondance Camus/Ponge - 1941/1957- , publiée en 2013. Une cinquantaine de lettres retenues dans cet ouvrage , témoignent d’une amitié éclose pendant les années d’occupation , (1) enthousiaste ,fécondée par leurs différences, complicité renforcée, un temps, par leur engagement dans la Résistance (2), soucieux de l’avenir de leur pays, pourtant cette affection va rapidement s’estomper sans vraiment se réactiver . On note, au fil du temps, le passage du voussoiement au tutoiement.

Voilà une occasion pour réparer ce manquement impardonnable et ainsi mieux me préparer au colloque de cet automne !



Lire une correspondance, c’est pénétrer dans l’intimité de ceux qui échangent qu’ils soient anonymes ou célèbres. On peut le faire comme un voyeur qui s’immisce dans leur vie et c’est plutôt malséant, même si, quelques fois ( hélas ! ), ces lettres sont caviardées , des détails polémiques sont censurés par la famille ou les ayants- droits.

On peut, aussi, prendre un peu plus de recul et le faire en tant qu’admirateur de l’un ou l’autre des correspondants, pourquoi pas des deux, à la fois . La lecture de ces conversations épistolières permet alors de mieux connaitre les personnages concernés. D’ailleurs les biographes puisent allègrement moult détails dans ce terreau nourricier . C’est ainsi que j’ai retrouvé, après bien des recherches restées vaines jusqu’ici, une anecdote touchante qui m’avait particulièrement émue quand j’avais lu la biographie rédigée par Herbert Lottman(3).

Cela permet aussi de mieux appréhender l’œuvre des auteurs concernés , parce que ces missives font partie intégrante de leur œuvre, elles reflètent leur style, leur engagement littéraire, le courant de leur pensée… C’est éminemment le cas pour toutes les correspondances échangées et publiées entre Camus et ses multiples correspondants Char, Malraux, Guilloux, Sénac, Roger Martin du Gard, Grenier…

Ce qu’il faut retenir , selon les propos recueillis auprès des uns ou des autres par Jean-Marie Gleize qui présente et annote cette publication c’est que cette correspondance constitue " un moment essentiel pour la réflexion de Ponge sur son propre travail et lui permet de mieux penser ce qu’il pense , tandis que pour Camus, elle constitue une magnifique occasion de lutter contre les circonstances négatives et de reprendre des forces dans la chaleur d’une amitié nouvelle, dans les plaisirs de l’échange, et de la confrontation intellectuelle".



(1) Le dimanche 17 janvier 1943, Albert Camus et Francis Ponge se rencontrent pour la première fois à Lyon en compagnie de Pascal Pia.

(2) Réseau Combat pour Camus, Front National Communiste pour Ponge,

(3) Il s’agit de la chienne Cigarette (un nom choisi au hasard ? !)





Ponge à Camus 14/04/43



« Quelles bonnes journées passées avec vous (et Cigarette)…

Camus à Ponge 28/04/43

« Cigarette et moi avons continué à nous promener… »

Camus à Ponge 11/07/43

« Cigarette est très malade, une infection qui a touché les centres nerveux : des convulsions, sourde et aveugle. Je l’ai porté sur mon dos pendant 8 kilomètres pour la mener au vétérinaire. Je la soigne tous les jours, mais je ne pense pas la sauver."

Quand Camus parcourt ce long chemin chargé de la chienne, il souffre d’hémoptysie.



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Le parti pris des choses - Douze petits écrit..

Prendre le parti des choses contre les hommes, prendre le langage des choses pour de la poésie,faire de la poésie une voie pour accéder aux choses si étrangères à nous et à notre vision consacrée de la poésie...Et pour ce faire, chercher dans la polysémie, dans la sémantique de la langue, dans la science, dans l'observation littérale et appliquée ce que les choses dans leur présence muette cherchent à dire, en choisir le parti pris... Un étonnant recueil, plein de découvertes insoupçonnées. Loin des minauderies, des afféteries, des préciosités qui rebutent le plus souvent, en poésie.

Une curiosité: ce sont le plus souvent les enfants qui apprécient cette poésie réputée difficile. Il faut ouvrir ses yeux d'enfants et son dictionnaire sémantique pour tirer un vrai parti des choses ...Un régal!
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Le parti pris des choses - Douze petits écrit..

Lors d'une émission radiophonique, un invité (dont j'ai oublié le nom) vantait les mérites de la poésie en prose de Francis Ponge. L'extrait qu'il lut pour illustration s'intitulait « Le cageot », tiré de « Le parti pris des choses ».

J'ai alors apprécié cette belle description de l'objet : « A mi-chemin de la cage au cachot, la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie. (…) »



J'en serai cependant resté là avec cet ouvrage s'il n'avait été présent à la maison, un enfant en ayant étudié un extrait au lycée.

J'ai trouvé dans « Le parti pris des choses », un regard original de l'auteur sur le monde qui l'entoure et une manière très personnelle de le décrire.

Ses descriptions les plus courtes (1/2 page ou 1 page) sont les plus percutantes, tandis que les textes plus longs m'ont semblé ésotériques voire insensés. L'animisme sous-jacent de la plupart d'entre eux leur confère une teinte mystique plutôt rébarbative.



En introduction de ses « Proêmes », l'auteur écrit lui-même : « Il ne me reste plus, pensais-je (je ne pouvais plus reculer) qu'à publier ce fatras à ma honte ».

De fait, c'est un fatras, que j'ai simplement survolé, y retrouvant les défauts de certains textes de « le parti pris des choses », sans le charme de certains autres de ses passages (« le cageot »).
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Le parti pris des choses - Douze petits écrit..

De quoi la poésie n'a t-elle pas parlée ?

De grandes épopées légendaires ? Fait.

De l'introspection, de la réflexion sur soi-même, ses sentiments et sur la condition humaine ? Fait.

Des paysages, de toute sortes et de tous les pays ? Fait.

Bon, eh bien remballez alors, la poésie à tout vue, tout fait, ce n'est pas ici qu'on trouvera quelque chose de nouveau.



Mais attendez-donc une chose...Vous avez dit que ce recueil de poème parle des objets du quotidien, de ceux auxquels on ne fait même plus attention ? Humpf...Laissez-moi rire ! Allez, je veux bien y croire, mais ne me dites pas qu'en plus, ces poèmes sont biens !





Sacrebleu ! Ventre Saint-gris ! Quelle lecture, mes aïeux, quelle imagination ! Qui l'eut cru ? Certainement pas moi, en tout cas.

Et pourtant, Le parti pris des choses est, ne mâchons pas nos mots, un chef-d'oeuvre. Il y a dans ces poèmes une beauté, une sensibilité et un respect unique. Franchement, qui eût un jour cru pouvoir être ému par un poème sur un cageot ? Ou sur une miche de pain, une gouttière ? Il fallait le faire, Francis Ponge l'a fait.



Ce livre, je ne connaisse personne qui l'ai lu et ne l'ai pas aimé. Au pire, on est gentiment amusé. Au mieux, notre perspective sur le monde. Donc...Vous attendez quoi pour le (re)lire ?
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Le parti pris des choses - Douze petits écrit..

L'édition scolaire Classico propose l'intégralité du "Parti pris des choses" de Ponge, avec des ajouts qui ne seront pas inutiles au lecteur, même s'il ne va plus au lycée. La poésie de Ponge est à contre-courant de ce que l'on a coutume d'attendre en poésie : on n'aura ni effusions, ni délires, ni grandes déclarations révolutionnaires. On n'aura ni Artaud, ni Lamartine, ni Hugo. Sa poésie, prenant le parti du concret, des choses, met le lecteur en face de ce qu'il voit toujours sans le regarder jamais, et éduque son regard à la manière d'un peintre novateur. On pensera, pour se faire une idée, à Chardin ou à Cézanne. Mais ici, la matière première de Ponge, c'est la langue, et elle est somptueuse : toute la sollicitude de l'artiste, tout son travail, tout son amour et son ironie, concernent la langue. Le plaisir vient de là, avec l'étonnement de voir enfin ce que l'on n'avait jamais vu.
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Le parti pris des choses - Douze petits écrit..

La poésie de ce recueil nous incite à regarder autrement tout ce qui nous entoure, à prendre le temps. Il s’agit pour la plupart des textes de poèmes en prose qui décrivent des objets du quotidien ou des éléments de la nature. Le regard de Francis Ponge est original, il utilise des procédés assez proche de ceux d’un Prévert ou d’un Queneau, mais sans jamais chercher l’humour. Il est plus proche d’une démarche de méditation sur l’instant présent, de méditation de pleine conscience. Les textes sont ciselés avec un choix minutieux des mots, pour faire surgir des jeux entre sens étymologique et sens moderne des mots, filer de longues métaphores. Comme beaucoup de recueil de poésies il me semble difficile de le lire d’une traite, il vaut mieux le lire par petites doses, et y revenir de temps en temps. Et personnellement j’ai trouvé les textes les plus courts meilleurs ou en tout cas plus prenants que les textes longs. Peut-être parce qu’avec ces textes-là on est d’autant plus ébahi de voir un objet ou un petit animal quelconque (huître, cageot, escargots, bougie…) nous apparaître comme on ne l’avait jamais vu. L’effet est quasi magique.
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La rage de l'expression

Ce recueil "poétique" de Francis Ponge est tout à fait étonnant. Dans des thèmes de la nature (Berges de Loire, guêpes, oeillet, bois de pins, paysage de Provence), Ponge se livre à un travail très approfondi, scientifique presque, de retournement, de déconstruction de la langue du poète. Dans les notes et lettres en fin de volume, il explique tantôt, à propos du Carnet du Bois des Pins, que cela n'est pas vraiment sérieux, pour evenir plus tard à l'idée qu'il agit ici contre la poésie. Quelle part de fantaisie, de naturalisme admiratif, de provocation, d'intention critique? C'est bien difficile à dire au terme de cette lecture, qui sous des aspects répétitifs (variantes nombreuses sur chaque thème), montre comme l'aboutissement partiel d'un work-in-progress tout à fait passionnant. Et puis, il y a simplement cette magie de savoir transformer un objet, un insecte, une fleur, en sujet poétique absolu.
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Le parti pris des choses - Douze petits écrit..

je rajoute tout de même quelque chose a ce commentaire un peu pingre. Mon grand souvenir du parti pris des choses c'est un retour de la gare jusque ma maison conduit par mon père, j'ai 19 ans je crois, les mots de Francis Ponge me martelent l'esprit et la route, le paysage, le monde est transformé par sa prose, j'ai cru comprendre un instant la vérité des choses grâce a ce chef-d'œuvre.
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