François Laut

« Moi qui pensais être ici au bout du monde, j'étais en son centre… »
Nicolas Bouvier

Votre fille est partie en Europe après son bac, joyeuse d'en avoir fini avec le lycée, mais déchirée de quitter Séoul, laissant dans sa chambre un joli bordel, laissant en vous le sillage de son adolescence, secrets espoirs, exaltation, pleurs, affrontements serrés, langueurs enfantines, câlins, jeux et rires, éclats de voix, coq-à-l'âne, soupe-au-lait, premier amour.

Tu te souviendras

C'est mélancolique de se retrouver dans une ville qu'on aime, comme si on en était déjà éloigné ; une espèce de nostalgie du présent qui fait un peu passer la tristesse du départ, penses-tu.
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Tu te souviendras soudainement du rendez-vous avec ta femme, tu retourneras dare-dare dans le centre, vous irez ensemble dans un petit restaurant où l'on vous servira, pour finir le repas, un gimchi jjiggae, soupe brûlante et épicée de choux et de viande : c'est rudement bon, tu te diras en la mangeant, si je ne dois me souvenir que d'une chose, ça doit être de cette soupe-là, c'est la Corée, oui, chaude, forte, parfumée, revigorante et colorée.

Si je ne dois me souvenir que d'une chose, ça doit être de cette soupe-là, c'est la Corée, oui, chaude, forte, parfumée, revigorante et colorée.

Chaque dimanche, la bonne soeur faisait se confesser leurs péchés aux gamins du catéchisme après leur avoir appris que Dieu pardonne tout aux hommes. Pour se faire remarquer, ceux qui étaient malins avouaient rapidement leurs fauteset la soeur disait que c'était de bons petits. Moi, je n'arrivais absolument pas à me souvenir de ce que j'avais bien pu faire de mal, et du coup elle ne me complimentait jamais.

Ce voyage à posé la question du bonheur. Où est-il ? La beauté en est une promesse, mais le meilleur du bonheur est d’être lui-même promesse.

Si je ne dois me souvenir que d'une chose, ça doit être de cette soupe-là, c'est la Corée, oui, chaude, forte, parfumée, revigorante et colorée.