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Citations de François Place (210)


Sa voix était aussi haut perchée que l'estime qu'il avait de lui-même, c'est-à-dire à des hauteurs où le ridicule, depuis longtemps, ne se risque plus.
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Il aimait ça, le point de rupture, le moment où tout bascule. Il savait mettre les gens mal à l'aise, et provoquer par petites touches cette sorte d'effondrement intérieur qui sape le jugement et finit par détruire la volonté. C'était un homme capable de vous étrangler en vous insultant de la voix la plus caressante du monde.
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"Nous, les rebouteux, on traque le mal tapi dans un corps, exactement comme le ferait un chien courant qu'on lâche sur la piste du gibier : on le flaire, on le suit, on aboie après lui et, une fois débusqué, hop, on l'attrape d'un bon coup de crocs, au premier bond. (Après ça, il riait et toussait.) Compter les os, la belle affaire. C'est bon pour nos petits messieurs en blanc de la ville. Les os, ce n'est rien d'autre que les rochers découverts à marée basse : c'est bien beau, mais ça ne nous dit rien des fluides et des vagues, ni des brumes et des courants."
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Personne ne m'avait demandé mon avis. Probable que j'étais trop faible pour en avoir un.
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Les gens qui vivent là ont toujours eu de l'eau salée dans les veines.
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C'est une sorte de roulement de tambour qui m'a sorti du lit. La porte de dehors était grande ouverte, et une odeur de terre humide envahissait la pièce. On se serait cru au fin fond d'un caveau. Une charrette manœuvrait dans la cour. Elle était noire et tirée par un grand cheval noir. L'homme qui menait le cheval était, lui aussi, tout de noir vêtu, et couvert d'un chapeau si noir que son profil disparaissait dans son ombre. La charrette s'arrêta devant le seuil, ses grandes roues cerclées de fer encadrées par la porte. L'homme restait en retrait, raide comme un bois de justice. Je frissonnai d'un coup. Comment ne pas reconnaître cet attelage, si parfaitement incrusté dans les ténèbres de la nuit ? Quand il est là, on sait qu'il est trop tard. On ne peut plus lui échapper. L'homme ne prononce pas un mot. On ne voit que son dos. Il attend. Rien ne vient, rien n'affleure, ni les larmes, ni le rire, ni la peur. Car on sait que c'est lui, l'Ankou. "Celui du Grand Voyage".
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La Bretagne, c'est ce grand bout de granit qui termine la France, à l'extrême pointe du continent : Finis Terrae, disent les savants.
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La mort surprenait les gens aux moments les plus imprévus en pourrissant leurs derniers instants. Bien malin qui aurait pu dire si elle s'en prenait à leur esprit naturel, vital ou animal. Elle n'en avait cure, je crois, du moment qu'ils abandonnaient toute volonté, foulaient aux pieds leurs amitiés, trahissaient leurs amours, reniaient les lumières de la raison en se jetant dans les bras de la superstition, en croyant, les pauvres, reculer le moment où s'abattrait le couperet.
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Les tortues remontent le cours du temps en y mettant la même détermination que les saumons pour remonter les rivières vers leur source. Moi, je n'ai jamais vu de tortue jeune. Quand il en apparaît une, elle est toujours épuisée, près de sa fin. Elle ne reste parmi nous que deux ou trois jours, à grand effort, en luttant... mais il semble qu'elles peuvent avoir vécu, dans ce temps vers lequel nous allons, des centaines d'années... Il faudrait, pour mesurer leur vie, un sablier perdu dans les nuages.
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Quant au mal, c'est différent : il court de corps en corps. Il voyage avec la lune, dans les rêves, dans l'ombre des arbres, la couleur des pierres et les traces des animaux et, quand il trouve une maison, il s'y loge comme au fond d'un terrier. On ne comprend pas ça avec les yeux, il faut être capable de voir autrement, et bien au-delà. Rien n'arrive jamais par hasard, même à celui qui tombe d'une échelle.
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