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Citations de Françoise Giroud (450)


Sur la capacité de résistance des Russes, je ne savais rien, mais enfin il y avait eu Napoléon... Il ne faut pas s'enfoncer en Russie, cela nous le savions.
Depuis, j'y suis allée. En hiver. En France, nous ne connaissons pas la neige en plaine. La neige, c'est toujours la montagne. Quand vous voyez, en Russie, une immense étendue de neige qui rejoint l'infini, l'horizon gris, comme nous voyons parfois, dans le Midi, la mer rejoindre le bleu du ciel à l'horizon, vous comprenez pourquoi aucune armée étrangère n'a pu en revenir victorieuse. Vous le ressentez dans vos os.

1488 - [Le Livre de poche n° 3729, p. 98]
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... il y avait, à Paris-Soir, des gens bien intéressants. Jean Prévost, par exemple, qui a été tué plus tard, mutilé de façon affreuse, dans le maquis du Vercors. Un bon journaliste qui s'appelait Robert François, avec lequel j'ai déjeuné pratiquement tous les jours pendant six mois, drogué, féminin, aigu, fasciné par le personnage de Pierre Laval, et qui est passé à la postérité sous le nom de Roger Vailland. Nous nous aimions bien. Et sans nous voir souvent, cette affection est demeuré jusqu'à sa mort.

1437 - [Le Livre de poche n° 3729, p. 91]
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Vous savez que dans les temps anciens on coupait la tête au messager de mauvaises nouvelles. Pourquoi ? Parce qu'il obligeaient le général ou le prince auquel il annonçait une défaite à se voir tout à coup sous les traits de vaincu. Malheureusement, cela ne modifie pas le contenu du message, et sa réalité. Mais en ce qui concerne plus précisément l'Occupation, l'épopée de de Gaulle a permis de le gommer. De l'enfouir dans le sable de la mémoire.

1421 - [Le Livre de poche n° 3729, p. 84]
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Jeudi 18 mars - Priée à 13 heures très précises au ministère de la Culture pour « une surprise dont on ne peut pas parler par téléphone ». Une surprise ? Je fais quelques hypothèses. Dont la bonne : il s'agit de rencontrer Salman Rushdie, en compagnie d'une quarantaine d'intellectuels très sur le volet.
Où-est-il ? Chut. Mystère. Les forces de sécurité sont sur les dents. On nous transporte, en car, dans un lieu tenu secret, un petit amphithéâtre où l'écrivain surgit par une coulisse. Il est jeune, foncé, barbiche, sympathique, un regard doux derrière des lunettes.
Pendant deux heures, il va dialoguer avec la salle... [...]

Liberté de penser, d'écrire, de publier, liberté tout court, Salman Rushdie est devenu le symbole de valeurs dont nous ne savons même plus le prix tant elles nous sont familières. Nul doute qu'il faut se battre pour ce symbole. Mais on est heureux, à le voir, à l'entendre, qu'il soit à la hauteur de ce que, désormais, il incarne...

1389 - [Points n° 168, p. 116/7]
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L'argot est bon pour les bourgeois, les médecins des pauvres, voyez Céline, « il sera bientôt illisible ». Jean Genêt

1382 - [Points n° 168, p. 113]
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Révocation de l'Edit de Nantes : - Quel cadeau à l'Angleterre, à la Hollande, à l'Allemagne ! Quelle perte de substance ! Combien étaient-ils, ceux qui ont réussi à émigrer, trois cent mille, trois cent cinquante mille, sur une population d'environ vingt millions d'âmes, ça doit être à peu près ça... Mais surtout les plus intelligents, les plus laborieux, les plus actifs...
- Les managers, en somme ?
- Ah ! Comme vous dites cela ! Avec ce beau mépris français pour l'industrie, le commerce, la finance, le négoce, tout ce dans quoi les protestants avaient concentré leur activité en effet, plutôt que dans la terre, comme tous les gens qui se sentent menacés dans leur personne et dans leurs biens et qui veulent pouvoir se replier rapidement... Vous savez ce qu'ils ont emporté, ceux qui ont réussi à fuir au moment des dragonnades, outre leur personne et leur argent : l'art du tissage de la soie et du drap, qui a cessé d'être exclusivement français, et celui de la chapellerie, et celui de la coutellerie... Mais le vrai désastre, c'est qu'ils ont emporté le protestantisme, c'est-à-dire la substitution du pouvoir civil au pouvoir religieux, les libéraux, la négation de toute autorité supérieure à la raison individuelle, l'intelligence des persécutés qui sont obligés d'être intelligents, une relation entièrement différente avec l'argent.

1312 - [Le Livre de poche n° 3729, p. 31/2]
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- Vous aviez un « bon » patron ?
- Il n'y a pas de bon patron.

1297 - [Le Livre de poche n° 3729, p. 24]
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Vendredi 5 mars - Déjeuner avec Francis Girod (...) - Il me fait rire en me racontant comment Marguerite Duras a soutiré des mille et des mille à Claude Berri avec L'Amant. Elle est forte, la Duras ! Piapias mis à part, nous parlons de la situation gravissime du cinéma et de l'audiovisuel, du jour prochain où il n'y aura sur nos écrans petits et grands que des films américains doublés. Où l'affaire devient cocasse, c'est qu'une part croissante du public américain ne sait pas l'américain de nos jours... Il sait l'espagnol, le pakistanais, le péruvien, mais il ne sait pas vraiment l'américain. De sorte que producteurs, réalisateurs, auteurs sont obligés d'en tenir compte et d'établir des textes qui ne dépassent pas deux cents mots, les plus simples. Un dialogue de Mankiewicz ou de Lubitsch ne serait jamais accepté aujourd'hui. Et c'est cet américain rudimentaire, traduit par les doubleurs qui va bientôt constituer l'ensemble du langage du cinéma et de la télévision. Sûr, shérif, que ce sera OK. Exaltante perspective, non ?

1257 - [Points n° 168, p. 101]
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Mardi 16 février - Lu le.. comment dire ? Le hurlement de Bianca Lamblin contre Sartre et Simone de Beauvoir. L'étonnant est qu'elle l'ait refoulé jusqu'à 70 ans. Elle a vécu, de 18 à 20 ans, avec le couple fameux l'une des ces aventures triangulaires dont ils étaient friands, amante de l'une, amante de l'autre, petite étudiante en philosophie fascinée par l'un et par l'autre. Evacuée quand on l'a trouvée encombrante, « j'ai porté toute ma vie le poids de cet abandon », écrit-elle. Ils l'on laissée tomber au pire moment, alors que la guerre était là et qu'elle était en danger. Juive. Sans jamais se soucier d'elle. Plus tard, elle a renoué une relation d'amitié régulière avec Beauvoir, qui n'a cessé de la subjuguer. Et puis elle a lu les lettres de Beauvoir à Sartre... publiées en 1990. Et une houle de furieuse douleur l'a submergée. Quoi ! c'est ainsi qu'ils la voyaient ? Qu'ils parlaient d'elle ? Qu'ils l'ont manipulés ? Découvrant en Beauvoir « un être vulgaire, méchant » qu'elle ne connaissait pas, elle lâche, après un demi-siècle, son propre venin. Oh, bien anodin... Ce qu'elle raconte n'ajoute certes rien à la gloire du couple, mais n'apprendra non plus rien à personne, ni sur leurs mœurs, ni sur l'égoïsme qui fut leur règle de vie. Ils ont fait beaucoup de mal. Qui n'en a fait ?

1223 - [Points n° 168, p. 78-79]
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Les négationnistes me sont un mystère. Haïssant les Juifs, les tenants pour des bêtes nuisibles, ils devraient se féliciter que Hitler les ait exterminés à la chambre à gaz et, même, ils devraient recommander le procédé. Pourquoi nient-ils contre toute évidence l'existence de l'Holocauste ? Qu'est-ce qui les dérange ?
Qu'est-ce qui, au fond d'eux-mêmes, les empêche d'assumer cet aspect de l'hitlérisme, alors qu'il s'agit de leur idéologie même ? Drieu la Rochelle n'avait pas honte, lui de réclamer la déportation des Juifs à Madagascar en 1942.
R. B. me dit : « Vous n'y comprenez rien. Il s'agit de prouver l'ignominie des Juifs, qui ont inventé de toutes pièces, selon les révisionnistes, leur martyre. C'est le fin du fin de l'antisémitisme. » Il se peut. Je persiste à penser qu'il y a dans la négation délirante de l'Holocauste, quelque chose de plus compliqué, qui me reste obscur. Peut-être la volonté de banaliser l'entreprise hitlérienne de domination continentale par la « race supérieure », de la réduire à une guerre comme les autres. C'est la thèse du sociologue Paul Yonnet.

1114 - [Points n° 168, p. 30]
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