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Citations de Françoise Legendre (22)


- C'est toi qui l'a faite ?
- Oh non, c'est mon arrière-grand-mère qui 'a brodée, il y a cent quatre ans, elle s'appelait Jeanne, comme toi...
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La couverture est étalée sur la pelouse grillée de l’été.
D’un côté jaune, d’un côté rouge.
La sieste est longue à l’ombre du pommier sur la couverture d’un côté jaune, d’un côté rouge.
La sieste est longue, sur ma couverture…
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Un léger coup de vent soulève le tissu blanc qui vient frôler sa joue. Jeanne ferme les yeux pour mieux respirer l’odeur fraîche de l’étoffe encore humide et sursaute en entendant chuchoter tout près d’elle. Mais non, ce n’est que le tissu qui bouge sous la brise.
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- La belle nappe brodée, pour manger dehors ? s’étonne Louis. Il se souvient encore que sa mère, qu’on n’appelait pas encore grand-mère Anna, durant toute son enfance, interdisait que l’on se serve de la belle nappe blanche brodée, même le dimanche. Il ne l’a vue dépliée que deux ou trois fois. Il regarde grand-mère Anna : ses yeux brillent d’émotion, mais elle semble si heureuse que Louis croit soudain retrouver le visage lointain de sa maman quand il n’était encore qu’un tout petit garçon.
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Mardi 22 novembre 1910
Une merveille de lin blanc

L'hiver est là. La grisaille tenace, les murs épais de presque un mètre et les petites fenêtres maintiennent la grande cuisine de la ferme dans la pénombre. Un feu brûle dans la cheminée de pierres grises. Penchée sur le tissu, Jeanne brode à la lumière de la lampe à pétrole. Son visage ridé est concentré, ses yeux brillent. L'aiguille monte et descend, passant et repassant à travers la nappe immense et blanche qui recouvre sa jupe noire. Elle a commencé ce travail au début de l'été, dès que la date du mariage de sa petite-fille, Anna, a été fixée.
Au centre de la nappe, les deux grandes lettres A et J sont entrelacées. Les initiales d'Anna et de Jean... Des fleurs, des feuilles, des épis de blé brodés courent tout autour, des jours réguliers filent près du bord du tissu. C'est une merveille de fil de lin blanc.
Jeanne soupire, lève la tête, frotte ses yeux fatigués et sourit à sa petite-fille cadette, Laure : assise au bord de la cheminée, la petite Laure rêve devant le feu. Les éclats d'argent de l'aiguille attirent parfois son regard.
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Mon papa roulait les R mais je ne m'en rendais pas compte.
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- Fati, il les avait fabriqués pour moi, les souliers, le vieux Jakob ?
- Non, ils étaient commandés pour un garçon de ton âge, Simon, mais sa famille a dû partir en oubliant de venir les chercher... Ils sont à toi maintenant, et c'est bien qu'ils te tiennent chaud, plutôt que de rester au fond de l'atelier de Jakob, non ?
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Ce soir-là, une fois le camp installé au bord de la ville inconnue, au milieu des caravanes, ils chantent : une fois de plus, ils sont chez eux, puisqu'ils sont ensemble. (9)
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Je rentrai dans la cour, la gorge encore nouée, comme si j'avais pénétré dans une zone interdite et dangereuse...

(p 20 )
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... nos voisins l'ont fait il y a six mois : c'est dur là-bas, ils habitent encore dans des baraques, des barracas, dans un bidonville !
- Ce sera dur, mais je travaillerai, et on s'en sortira, ici, il n'y aura bientôt plus de travail...
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Pendant neuf ans, j'ai habité appartement 36, bloc 3, strada Justitsiei, à Braïla, en Roumanie. Je n'ai jamais oublié cette adresse. Mon immeuble était comme les autres, jeté sur un grand terrain vague où les papiers sales voletaient sur une herbe rase, boueuse dès octobre, grise de poussière aux beaux jours. Certains immeubles étaient restés en chantier : les fenêtres sans vitres, les portes donnant sur le vide et sans doute les histoires de brigands cachés dans les caves me faisaient peur. Il y avait souvent des carreaux cassés. En hiver, la petite ampoule éclairait à peine les paliers. Lorsque je rentrais et qu'il faisait déjà sombre, je grimpais en courant les cinq étages.
Quand j'arrivais, la clef tournait déjà dans la ser­rure de la porte de l'appartement avant que je n'aie eu le temps de toucher la clenche. Bunica était là, elle guettait mon retour. Je montrais mon étonnement, rien que pour voir ce petit sourire apparaître sur sa bouche, accompagné d'un léger haussement d'épaules qui voulait dire : «Mais non, il n'y a rien d'étonnant, je suis ta Bunica...»
Elle était seule en fin d'après-midi et me faisait asseoir en s'empressant de me servir un goûter. Rien à voir avec les goûters d'ici... C'était du pain, du thé brûlant, de la dulceatsa, cette confiture de cerises tellement sucrée et douce qu'il fallait boire entre chaque cuillerée. Bunica me regardait, assise sur un coin de chaise. Elle était toute menue - j'étais sûr d'être vite plus grand qu'elle -, mais elle se tenait très droite, ses cheveux gris argenté bien maintenus par des peignes qu'elle réajustait sans cesse.
Mes parents rentraient plus tard. Ils travaillaient tous les deux dans une sorte d'usine autour d'un puits de pétrole, un «combinat». Leur travail me paraissait compliqué, lointain. Ils parlaient toujours du laboratoire. Par moments, ils semblaient contents, enthousiastes, d'autres fois, ils rentraient abattus pour des raisons qui restaient pour moi totalement mystérieuses. Ma mère, toujo
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Pepedro cultivait pommes de terre et tomates et soignait les pois de senteur qui donnaient, de mai à juillet, un parfum de paradis.
Puis ils allaient jusqu'à la digue et Pepedro disait :
- Anita, le cadeau du jour : le soir sur la mer !
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En Andalousie, un abuelo donne des quartiers d'orange à sa petite fille au réveil. Quand il sera prêt de mourir, elle lui donnera des quartiers de soleil au saut de la mort. Partie en ville, elle s'en gorgera.
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Mon papa m'apprenait à compter avec d'autres chiffres et montrait le nez, la bouche, les yeux, avec d'autres mots.
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La belle nappe brodée, pour manger dehors? s'étonne Louis. Il se souvient encore que sa mère, qu'on n'appelait pas encore grand-mère Anna, durant toute son enfance interdisait qu'on se serve de la belle nappe blanche brodée , même le dimanche.
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Il regarde grand-mère Anna : ses yeux brillent d'émotion, mais elle semble si heureuse que Louis croit soudain retrouver le visage lointain de sa maman quand il n'était encore qu'un tout petit garçon.
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Prendre le train à Lisbonne en 1965 avec la petite Anita, dont les parents veulent éviter les conflits coloniaux et offrir un avenir meilleur à leurs enfants... Rejoindre la France pour travailler, vivre dans les "barraques" de Champigny-sur-Marne, qu'Anita décore avec les seuls crayons qu'elle a pu emporter dans son cartable-valise. Les graines de pois senteur que papy Pepedro envoie à Noël fleuriront-elles au printemps? Redonneront-elles à Anita et à sa famille ce "parfum de paradis" du pays natal?
Un livre délicat sur les migrants d'hier, d'aujourd'hui et de demain.
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- Le monde est monde, et que sommes-nous, dragutsi, dans ce monde, pour affirmer, savoir ou exiger ? Le monde est monde, dragutsi, nous ne sommes que de petites créatures posées là, par chance ou bien peut-être par hasard ? Malheurs, bonheurs peuvent nous être donnés, repris, qu'y pouvons-nous vraiment ? Que savons-nous de tout cela ? (p.79)
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Combien de fois m'avait-il repris, parfois durement, alors que j'employais, sans m'en rendre compte, des formules toutes faites, entendues à la télévision ou à l'école :
- Qu'est-ce que tu dis ? Tu n'es donc capable que de recracher ce qu'on te déverse sur la tête ? N'emploie pas des mots qui ne t'appartiennent pas. Les mots, tes mots à toi, peuvent peser plus lourd sur la terre qu'une montagne entière. (p.68-69)
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Les gens ont peur, ils inventent n'importe quoi pour nourrir leur peur et essayer de la calmer en même temps. Elle est comme une hyène, elle rôde, cherche sa pitance, son rire glace du plus loin qu'on croit l'entendre, mais on préfère encore l'entendre ce rire, pour savoir où elle se trouve et qui va être dévoré. (p.62)
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