— Vous êtes encore célibataire ?
— Je vous l’ai dit, je suis libre comme l’air.
— Êtes-vous du genre possessif ?
— Je n’ai pas encore trouvé un amour qui vaille d’être défendu de la sorte.
— Mais si vous le trouviez, si vous tombiez vraiment amoureux, renonceriez-vous à d’autres aventures ?
— Vous me demandez si je suis exclusif ? C'est différent...
— Oui, c’est moins autoritaire, c’est vrai.
— Si j’avais la chance d’être comblé, je préfèrerais approfondir ce bonheur plutôt que de m’éparpiller en papillonnages.
— Je vous suivrais sans doute dans cette voie.
— Il faudrait qu’il soit un fameux numéro pour vous faire renoncer aux plaisirs de la chair, Nolwenn, vous qui partez au quart de tour.
"Nous ne parlons pas beaucoup de nos métiers respectifs. En fait, pour tout dire, nous ne parlons pas beaucoup. C’est peut-être une conséquence inattendue du fait que nous avons entamé nos rapports charnels sans dire mot, dans l’obscurité. Nous n’avions alors pas besoin de nous parler pour parvenir à l’extase, nous n’en ressentons apparemment pas plus l’envie aujourd’hui. Il nous arrive parfois de nous regarder sans rien dire pendant de longues minutes, d’un bout à l’autre d’une pièce. Et puis je fonds ou c’est lui qui craque."
» Il y a comme un paradoxe dans l’acte de figer par une sculpture un instantané de sensualité. On n’associe pas spontanément érotisme et immobilité. Qui dit étreintes dit mouvements, succession de positions, et le plus souvent multiplicité des partenaires : au-delà du plaisir indéniable que l’on peut retirer de caresses solitaires, il faut au minimum être deux pour s’étreindre.«
Si je devais choisir, lequel des deux conserverais-je ? Celui dont je sais qu’il
m’enthousiasme par son humour, sa culture et ses conseils ? Mais dont je n’ai pas encore goûté ni la saveur des lèvres ni la puissance des reins. Ou celui qui depuis trois ans me comble de caresses mais dont je ne sais rien. P84