Frida Nilsson

Mon livre préféré de la sélection des Incorruptibles 2013 : un ton enlevé et drôle, une relation pleine de poésie, de tendresse et de finesse. Un personnage décalé qui m'a rappelé ma propre mère. Un pur bonheur !

Ma brosse à dents avait été oubliée dans le tiroir. Mes cheveux étaient en pétard, et mon jean couvert de boue. En vérité, je ne voyais pas comment les choses auraient pu être autrement. Qui a le temps de se laver et de secouer des draps quand il y a des choses bien plus intéressantes à faire dans la vie?
Comme faire du vélo, par exemple. Ou lire des livres. Ou manger des tartines aux oeufs, assise sur les genoux de la gorille, en écoutant la pluie tambouriner sur les vitres, le vent siffler, et le feu crépiter dans le fourneau, le soir, en cette fin du mois de septembre.

P.-S.: Si un jour un gorille déboule à l'orphelinat dans un vieux tas de ferraille, saisis ta chance. Les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être.

Le destin n'avait même pas eu la gentillesse de me jeter dans une décharge où les rats avaient conscience du prestige des directeurs de banque... Je me levai d'un bond :
- J'avais une mallette ! j'étais le plus heureux des hommes ! J'avais atteint le sommet de ma carrière ! LE SOMMET !

La banquise était fascinante. Accostés au quai, les navires de marchandises semblaient pris dans un étau. Aucune oscillation, aucun craquement du bois ; ils hibernaient, figés par le froid. Je remarquai un petit voilier dont la figure de proue représentait une femme vêtue d'une robe et qui fumait la pipe. L'écume avait gelé sur ses joues ; on aurait dit des larmes...

- Tu sais pourquoi "Oliver Twist" de Charles Dickens est le meilleur livre du monde ?
- Non.
- Parce qu'il raconte l'histoire d'un pauvre diable à qui il n'arrive que des malheurs. Comme... comme toi, il a grandi dans un orphelinat où tout le monde lui menait la vie dure. Mais la fin est heureuse...

cela parle d'un enfant qui se fait adopté par un gorille dans un orphelinat

"Le soir, la gorille se réjouit de me voir amener le vélo dans la maison. Pas parce que j'allais pouvoir rouler dessus, mais parce qu'elle avait tout comris : il était hors de question qu'elle vende un objet qui m'appartenait."

J'ai toujours une boîte d'allumettes dans ma poche - avec des jumelles, mon pistolet, des menottes et un pied-de-biche, bien sûr : c'est ce qui nous a sauvés.

On avait coutume de dire à Blovik que les petites chutes de tissu font les grandes couvertures. Ainsi, mises bout à bout comme les morceaux d'un patchwork, les étapes de mon voyage finiraient par me conduire à Fatalitas.

Toutes ces choses me rendaient tellement triste ! Les toques en fourrure, les objets en os de baleine, les hommes qui fabriquaient des bourses en peaux de sirène ; ce besoin de prendre dans la nature toujours plus qu'il n'en faut...

Je vidai les vêtements du sac de mon père, et y fourrai mon gros pull à col roulé et deux paires de chaussettes. Je jetai le sac sur mon épaule, sortis et refermai doucement la porte. Je me doutais que mes chances de vaincre Fatalitas étaient minces. Mais j'étais déterminée à faire preuve de tout mon courage pour ne pas périr sur la Mer Boréale...

Ce livre est super bien il est émouvant. Ce livre est drôle.Je l'adore il est fabuleux.