AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Gaël Henry (173)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Tropique de la violence (BD)

J'avais tellement apprécié Tropique de la violence, ce roman de Nathacha Appanah qui nous fait découvrir l'île de Mayotte, sa beauté mais surtout la situation intolérable dans laquelle vivent ceux qui viennent y trouver refuge, que, lorsque j'ai vu à ma médiathèque la BD éponyme de Gaël Henry, adaptée du roman, je n'ai pas hésité à l'emprunter !

Malheureusement, j'ai été assez déçue, déçue à la fois par l'histoire à mon goût, trop condensée et beaucoup moins explicite que dans le roman, et surtout par les dessins. Je n'ai pas su apprécier les dessins de Gaël Henry, à commencer par celui de la couverture représentant Moïse adolescent. Moïse est le bébé que Marie, cette infirmière de nuit, en mal d'enfant, a accueilli. C'est une jeune réfugiée des Comores arrivée au Centre hospitalier de Grande-Terre, atterrée, qui le lui remet en s'enfuyant aussitôt. Elle a seulement dit : « Lui bébé du djinn. Lui porter Malheur avec son oeil ». En fait, le bébé est atteint d'hétérochromie, c'est-à-dire d'une différence de couleur entre l'iris des deux yeux. C'est avec ce personnage que nous allons entrer dans un tourbillon de violence incroyable.

Si les dessins des personnages m'ont déplu, j'ai trouvé par contre les couleurs fort belles et l'idée de faire intervenir les fantômes des quatre personnages que sont Marie, Moïse, Bruce et Bosco, le chien apporte une touche de fantastique originale.

J'ai apprécié la carte de l'île de Mayotte placée en début d'ouvrage qui permet de mieux se situer sur ce département français aux plages et cocotiers de rêve mais rongé par la violence et le chômage.

Ce roman graphique, fidèle au livre de Nathacha Appanah, à la dimension politique forte, est un récit puissant et une véritable plongée dans l'enfer d'une jeunesse livrée à elle-même.


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          934
Jacques Damour

Ce roman graphique est une adaptation d'une nouvelle d'Emile Zola, du même nom. Je ne pourrais vous dire si la Bd est conforme au texte de cher Mimile car je n'ai pas lu la nouvelle.

Toujours est-il que j'y ai bien retrouvé l'univers et l'esprit de l'auteur : le fossé entre les classes sociales, un monde ouvrier aux conditions de vie précaires, un vent de révolte et puis surtout ce malheur qui n'en finit pas de s'abattre sur ce pauvre Jacques Damour.

D'amour, il en manquera bien cet anti héros et le lecteur de compatir avec lui, forcément...





Si j'ai, au premier abord, été un peu rebutée par le graphisme peu soigné, je m'y suis peu à peu habituée puis avec du recul, je me dis que ce genre de dessin un peu approximatif et un peu dégoulinant correspond très bien à cette histoire à la Zola au ton à la fois tragique et burlesque.



Ce qui m'étonne dans cet album, c'est la place accordée à Emile Zola. En effet, les auteurs l'ont habilement mis en scène, le faisant rencontrer les principaux protagonistes de l'histoire. On lui narrera l'histoire de Jacques Damour, il en fera un livre... Il est amusant, bien sûr, de voir le jeune auteur se pavaner de case en case, écoutant, prenant des notes et même batifolant avec la fille de Jacques Damour ! J'avoue que ce n'est pas forcément l'image que j'avais d' Emile Zola, que j'imagine toujours très sérieux, mais j'imagine qu'il faut y voir là une sorte d'hommage et une spéciale dédicace à notre cher auteur.





En temps ordinaire, je lis les adaptations en BD après avoir lu les romans. Cette fois-ci je ferai sans doute l'inverse !
Commenter  J’apprécie          350
Kill Annie Wong

J'étais curieux de découvrir cet album et j'avoue que ce fut une lecture sympa.

Intrigué par cette couverture, ce personnage mystérieux,  assis sur une balançoire, une arme à la main, casque sur les oreilles, en tongs...

Tout le livre est à l'image de cette couv, dans les mêmes tons, les mêmes couleurs.

Enzo a 24 ans.

Il ne parle pas.

Son job ?

Tueur à gages et visiblement plutôt bon dans son genre.

Dans une immense mégapole coréenne, où règnent la corruption et les magouilles en tous genres, il se voit proposer un nouveau contrat.

Sa cible ?

Annie Wong.

Oui, mais voilà, tout ne se passe pas comme prévu.

Meralli (scénario) Henry (dessins) et Bona (couleurs) ont réussi un album original.

C'est le dessin qui m'a le plus surpris, il n'y a rien de lisse.

Les personnages aux visages cabossés, comme les décors, sont parfaitement intégrés et se fondent dans le chaos ambiant.

Cataloguée "thriller urbain" une Bande dessinée pour les amateurs de polars entre autres, avec, pour héros, un personnage attachant.

Un beau cadeau à mettre sous le sapin des passionnés de lectures graphiques.









Commenter  J’apprécie          280
Jacques Damour

A travers cette adaptation d'une nouvel d'Emile Zola, c'est le portrait d'une époque que nous propose les auteurs, et plus particulièrement du Paris de la fin des années 1800.



En nous racontant le retour d'exil de Jacques Damour dix ans après la Commune et son parcours pour retrouver sa famille qui le croyait mort, on nous fait voyager dans Paris, passant des beaux quartiers aux quartiers ouvriers, de l'opéra aux troquets enfumés, du Père Lachaise à l'hôtel de ville en rénovation, etc. Et ce faisant nous rencontrons des Parisiens de tous les milieux : ouvriers, soldats, artisans, demi-mondaines, artistes (à commencer par Emile Zola, le narrateur qui mène l'enquête pour amasser des informations pour écrire un roman sur Jacques Damour).



Par contre, je n'ai pas tellement aimé les dessins de Gaël Henry, trop imprécis, trop schématiques, même si les séquences sans paroles sont bien faites, donnant de l'énergie au récit.



Le graphisme n'étant pas à mon goût, je n'ai sans doute pas apprécié cette bande-dess0inée autant qu'elle ne le méritait.

Commenter  J’apprécie          260
Kill Annie Wong

Bande dessinée qui se construit autour d'un scénario de polar/thriller classique. Politicienne corrompue (eh oui, le féminin n'apporte rien de neuf à cet état de fait vieux comme le monde), flic véreux, tueur à gage sympathique, victime Stockholmisée... Toute la panoplie regroupée en un seul volume.

Bien sûr, on peut faire genre "l'auteur rend hommage à ...". Personnellement, le héros ayant un certain goût pour les pizzas, les triades asiatiques étant citées, Chogsu Siti étant une mégapole coréenne "tentaculaire", j'y ai vu une double allusion aux tortues Ninjas et à la Sicile, à chacun ses références culturelles.

Le plus problématique étant le graphisme. Il convient de séparer l'arrière plan des personnages. Les premiers réussissent à créer un décor, une atmosphère, notamment grâce aux couleurs. Les seconds ne sont absolument pas à mon goût, surtout dans la deuxième partie et les scènes d'action. Pas seulement d’ailleurs, il m'a fallu par exemple revenir plusieurs fois sur une vignette pour comprendre que le flic refourguait une clé usb à la maire de la ville.

Quand à l'effet noir et blanc pour être sûr qu'il s'agit d'une séquence du passé, il ne faut quand même pas exagérer l'originalité du traitement ! Certes, cela fonctionne, on valide mais pas plus.

Voilà, c'est donc ce graphisme particulier qui est la vraie marque de fabrique de cette bande dessinée.

Ah, retour sur les clins d’œil références : on parle aussi de mammifères marins, de vie près de l'océan, on pourrait y déceler une allusion aux films ayant suscité la vocation écologique de toute une génération (ou deux) : millenials, Z... Allié au tragique de l'histoire, je crois que c'est plutôt une référence anticipatrice au Béluga qui vient de mourir dans mon fleuve, fucking life...





Commenter  J’apprécie          250
Kill Annie Wong

Le muet est un tueur professionnel, pratique d'être muet dans ce milieu, ses commanditaires savent qu'il ne parlera pas. Annie Wong est une chanteuse d'opéra, compagne d'un imprésario mafieux qui veut se présenter aux élections.

On retrouve tous les ingrédients d'un bon polar avec courses poursuites, fuite, assassinats, dans univers de corruption, de magouilles ou les officiels utilisent les mêmes méthodes que la pègre.

Le tout est transcendé par par le graphisme qui nous propose une une ambiance crue, il est sec, aprupt, les formes sont marquées avec beaucoup d'autorité, hors des canons de la bande dessinée, les couleurs sont vives, intenses, en aplats, le tout est lumineux, comme travaillé en linogravure, laissant quelques résidus d'encrage noir dans les apalts. Il s'accorde parfaitement au récit.

L'univers proposé est aussi très fort, totalement urbain, une mégalopole de type asiatique, inspiré de la culture de la Corée du Sud ou de Taïwan, et enfin la musique vient rythmer ce récit, comme un leitmotiv, et qui rend le personnage central très touchant, le mélomane muet va-t'il réaliser son contrat en assassinant la cantatrice. Les relations entre les personnages sont très bien posées, sans tergiversation, on comprend tout tout de suite, même si le personnage central n'est pas très bavard.

Malgré les longs silences et les temps de poses très nombreux, le récit est haletant, son rythme saccadé nous embarque totalement. On se sent comme dans une voiture qui aurait des ratées, bousculé, un peu secoué, en se demandant si elle va repartir ou nous laisser en plan. Je vous garanti qu'il y a du suspense.

Cette lecture est une belle surprise, le récit est simple, mais fort et intense.
Commenter  J’apprécie          190
Tropique de la violence (BD)

Moïse, un bébé aux yeux vairons, a été abandonné à sa naissance par sa mère, une jeune immigrée comorienne qui voit dans sa singularité un signe de malheur. C’est Marie, une infirmière de Mayotte, qui l’adopte et l’élève seule. Plusieurs années plus tard, celle-ci révèle enfin à l’adolescent les circonstances de son adoption. Cette vérité bouleverse le jeune garçon envenimant alors ses relations avec Marie.



Puis, Moïse rencontre Bruce, chef de gang de Gaza, un quartier surnommé ainsi car il concentre toute la misère et la délinquance de Mayotte. Il tombe sous son emprise, faisant basculer la vie de l’adolescent.



Après voir été conquise par le roman saisissant de Nathacha Appanah, je me suis lancée avec curiosité dans la lecture de cette adaptation.



Et c’est une belle réussite de la part de Gaël Henry qui restitue toute la force du récit originel en images. Il transpose avec habileté la dimension chorale du texte et c’est à travers les points de vue de Marie, Bruce, Moïse et Bosco que nous découvrons le vrai visage de Mayotte, loin du tableau idyllique que l’on pourrait s’en faire.



Car, ce département français, terre d’accueil d’un grand nombre d’immigrés, est gravement touché par la pauvreté, les trafics en tout genre et la violence. Des plaies vives que l’illustrateur nous dépeint avec talent dans ce roman graphique.



Une excellente adaptation qui nous conte la descente aux enfers d’un adolescent à Mayotte. Une lecture percutante et touchante.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
Commenter  J’apprécie          150
Amir et Marlène - Coup de foudre en 6e

Quand, la veille de la rentrée en sixième, sa mère lui annonce qu’elle l’a inscrite dans un autre collège que celui où elle devait aller, Marlène n’en revient pas ! Tout ça parce que ce collège a de biens meilleurs résultats au brevet et que le principal est une copine de sa maman. Pour Marlène, le coup est rude à encaisser. Non seulement elle va devoir prendre le car tous les jours mais en plus elle va se retrouver dans un environnement inconnu sans un seul ami.



Les premiers pas dans son nouvel établissement tournent au drame. Elle se perd dans les couloirs et arrive en retard en cours sous les moqueries de ses camarades qui la traitent de baleine. Ces débuts cauchemardesques vont heureusement être oubliés quelques jours plus tard lorsqu’Amir, « le plus beau garçon de la terre », franchit le seuil de la classe. Marlène tombe raide dingue amoureuse de ce réfugié Syrien au français balbutiant, mais elle n’est pas la seule à vouloir s’attirer ses faveurs…



Une vraie bouffée de fraîcheur cette Marlène ! Malgré un physique « difficile », une meilleure amie traitresse, une mère surprotectrice et un grand frère pénible, elle affronte l’adversité bille en tête avec humour et franchise. L’histoire d’Amir est par ailleurs touchante et sa rencontre avec la jeune fille est mise en scène avec beaucoup de finesse. Entre éveil à l’amour et réflexion sur l’intégration des migrants, voila encore un roman jeunesse positif, qui prend la vie du bon côté sans mettre sous le tapis les difficultés et les coups durs. Franchement, ça fait du bien !




Lien : http://litterature-a-blog.bl..
Commenter  J’apprécie          132
Amir et Marlène - Coup de foudre en 6e

Les personnages sont Marlène, Amir, Inès, Ryan, Kévin, Tedy, Odilon (le père), Nathou (la mère)

Les lieux: le collège, la maison de Marlène.

Les sentiments: l'amour

Les actions importantes: Quand Marlène tombe amoureuse d'Amir dès le premier regard au collège



J'ai adoré ce livre parce qu'il m'a touché quand les héros parlaient de la Syrie et de la guerre. C'est pour cette raison qu'Amir est venu en France.

J'ai adoré ce livre particulièrement quand Marlène est tombée amoureuse d'Amir et il m'a fait rire quand Amir parlait français c'était bizarre.



Chloé

************************************



J'ai bien aimé ce livre car j'ai trouvé l'histoire intéressante et que j'ai aimé les personnages.

En effet Marlène change de collège et a peur de perdre ses copines. Elle découvre plein de nouvelles choses à faire comme prendre le bus tout seule.

Il y avait des passages drôles comme le judo quand elle s'est cassée la figure la première fois qu'elle en a fait.

J'ai aimé l'histoire d'amour entre Marlène et Amir.



Coralie

Commenter  J’apprécie          94
Amir et Marlène - Coup de foudre en 6e

« Amir & Marlène : Coup de foudre en 6e » n’est pas forcément un titre qui attire à première vue. Encore une histoire d’amour comme il y en a tant… Et bien non ! Ingrid Thobois nous offre ici, en partenariat avec Amnesty International, un livre poignant s’adressant directement aux jeunes collégiens. Un livre d’amour mais aussi de tolérance et de sensibilisation.



Marlène est une jeune collégienne qui se voit attérir dans un collège inconnu pour sa rentrée de sixième. C’est l’angoisse ! Elle ne connait personne, se fait violenter, subit sa mère qui la surprotège. Bref une vie horrible ! Et pourtant, elle n’est rien à côté de ce jeune Amir, qui débarque lui aussi dans la classe. Pour Marlène, c’est le coup de foudre mais aussi la douche froide ! Qu’est-ce qu’a pu vivre Amir ? Cet amour est-il réciproque ?



Le livre se divise en deux parties : la première est le quotidien de cette collégienne, qui souffre de sa situation. La seconde est l’arrivée d’Amir dans sa vie, le moment de relativiser et de découvrir qu’il vaut mieux vivre à Oms qu’à Homs.



Ce livre est mon coup de cœur de la sélection du défi babelio junior. Il est très touchant. Pour dire, la toute fin du roman m’a mis les larmes aux yeux. On s’attache tellement à cette petite Marlène. La première partie du roman nous fait éprouvé beaucoup d’empathie pour le personnage. De par ce qu’elle est et ce qu’elle vie. Puis c’est l’histoire de ce jeune Amir, comment ne pas être triste face à tant de malheurs ?



Le livre s’adresse aux collégiens et permet d’aborder le sujet de l’immigration de façon très habile. Une façon de mettre un premier pied dans le plat comme on dit. J’attends de voir la réaction de nos collégiens lecteurs mais vraiment, personellement, j’ai trouvé cette histoire très jolie !

Commenter  J’apprécie          81
Tropique de la violence (BD)

Plongée dans la violence et la misère avec l'itinéraire de Moïse, enfant abandonné pour la couleur de ses yeux. C'est sombre et assez lumineux par ses couleurs, c'est brut par les dessins.
Commenter  J’apprécie          70
La guerre des autres, tome 1 : Rumeurs sur ..

L'ouvrage est introduit par une page synthétique sur les événements qui ont amené à la guerre du Liban. Très bien expliquée, elle aide à s’immerger dans les événements de contextes entourant cet album. L'ouvrage lui-même est découpé en deux parties (avant le déclenchement de la guerre et les conséquences du début des hostilités). En fin d'album l'auteur détaille le côté autobiographique, accompagné par des photos personnelles et enfin d'une chronologie de l'histoire du Liban. Je suggère de lire cette post-face avant l'album, je pense que cela aide à appréhender la BD.



En 1974 la famille Boulad, chrétiens d'Egypte émigrés au Liban, mène une vie paisible à Beyrouth, entre la librairie du père et le théâtre de la mère. Cette douce vie voit pourtant la montée des tensions confessionnelles dans un pays qui n'est pas le leur. Quand un an plus tard la poudrière s’enflamme, leur vie bascule.



J'avais beaucoup aimé le précédent album de Gaël Henry, Jacques Damour, où j'avais noté sa maîtrise du découpage, du mouvement et de l'expressivité, à la manière d'un Blain. Le style de l'auteur va vers des encrages forts sur des dessins au trait léger, parfois gribouillés, bref, rapides. C'est un genre graphique... et l'on décèle sur les cases un peu techniques (bâtiments, perspectives, véhicules,...) que le dessinateur sait produire des planches précises. Néanmoins, si sur Jacques Damour la colorisation et la dynamique générale m'avaient fait oublié des dessins parfois approximatifs, sur La guerre des autres j'ai été déçu par des couleurs que j'ai trouvé ternes et un scénario posé qui jour sur les ambiances plus que sur le mouvement, ce qui n'est pas forcément le point fort de Gaël Henry. Ce style graphique est vraiment étrange car il peut produire avec le même type de traits parfois vraiment minimalistes, de magnifiques séquences comme sur Une Sœur de Vivès ou d'autres mal finies... Difficile équilibre.



L'histoire m'avait attiré car elle portait sur une histoire récente, politique, d'une région du monde hautement complexe. Le Moyen-Orient, la Palestine, la cohabitation des communautés. Sujets passionnants. Le traitement choisi est autobiographique, la jeunesse du scénariste, une tranche de vie, des atmosphères, celles des années 70 dans un Moyen-Orient moderne, entre Occident et Orient, avant les guerres généralisées, avant l'islamisme, une époque où les Non-alignés créaient des espaces de liberté qui nous semblent bien loin quand on pense aux pays méditerranéens. On a un petit côté Tran Anh Hung dans ces ambiances lascives, oisives, où la question financière semble vaguement secondaire. La sœur tombe amoureuse de tout ce qui bouge en tentant de bosser son bac, le grand frère redoute le service militaire et la mère tente de reprendre son indépendance... Cette histoire familiale est indéniablement intéressante et les textes nous entraînent avec en toile de fonds le contexte politique, les réfugiés de OLP qui créent des tensions avec les milices chrétiennes dans un pays organisé confessionnellement. En tant qu'autobiographie, la ligne scénaristique est contrainte et comme l'on reste globalement à l'intérieur de cette famille de ses murs, l'aspect historique reste assez secondaire, l'album se raccrochant plutôt à une certaine mode nostalgique dans pas mal de récits, comme sur les Beaux étés de Zidrou par exemple. Ce côté n'est pas ce qui me passionne le plus et j'aurais aimé voir le côté "incidence de la grande Histoire sur la petite histoire" plus présent.



Pour peu que l'on aime le style graphique et ces ambiances rétro à base de libération sexuelle, de rouflaquettes et de chemises à fleurs, La guerre des autres vous fera passer un beau moment au bord de la Méditerranée.
Lien : https://etagereimaginaire.wo..
Commenter  J’apprécie          70
Jacques Damour

On sent derrière cette BD plutôt charmante par le dessin et les couleurs pastel le propos politique. On y détecte, en effet, à travers l’aventure du communard Jacques Damour, le propos sur l’injustice de la société. Bien sûr, il s’agit du contexte historique de la société parisienne de la fin du XIXè siècle mais le propos me paraît plus universel. Les révoltes/révolutions— comme les guerres— se font par la manipulation et au détriment des masses laborieuses. Ce sont elles qui en font les frais quelle qu'en soit l’issue. En l’occurrence, Jacques Damour perd son fils sur les barricades et est lui-même déporté au bagne dont il réussit toutefois à s’échapper. Il passe pour mort, sa femme se remarie jusqu’à ce que, amnistie aidant, il retourne à Paris.

Je ne connaissais pas la nouvelle de Zola mais l’histoire n’est pas sans rappeler celle du Colonel Chabert; à ceci près que Jacques Damour n’a rien à réclamer, même pas sa femme car il n’en a pas les moyens.

J’ai aimé l’histoire (quoique un peu mince) et les images souvent muettes qui nous font voyager avec Jacques Damour aux quatre coins du monde et complètent agréablement la narration. Ce fut une belle découverte qui m’a donné envie de revenir à l’original de Zola.
Commenter  J’apprécie          60
Jacques Damour

Jacques Damour est une nouvelle de Zola (1880) qui décrit l’itinéraire d’un pauvre homme, ouvrier embarqué dans la Commune, déporté en Nouvelle Calédonie, puis revenu après un tour du monde dans la France de la III° République où il n’a plus sa place. Retrouvé par un ami de l’époque révolutionnaire, il renoue avec sa fille, en couple avec Emile Zola qui entreprend de rédiger le récit de la vie de Jacques Damour…



La couverture est très soignée et donne envie d’ouvrir l’album, que ce soit par le thème graphique, la typographie du titre ou l’évident attrait du « d’après Zola« . Comme dans l’album, les couleurs sont vraiment réussies. Une couverture qui, ce n’est pas coutume en BD), reflète parfaitement l’ouvrage.



Les auteurs ont construit un véritable scénario de BD, faisant des allers-retours chronologiques par les différentes étapes du récit, ce qui donne beaucoup de rythme et intercale les tableaux naturalistes chers à Zola parfaitement recréés graphiquement par les crayons de Gaël Henry. Le gros point fort de l’album ce sont ces décors, souvent en plan large ou simplement rendus très lisibles par un cadrage très bien pensé. On reste dans le style « Blain », esquissé, mais la précision de l’évocation reste étonnante. Lorsque le style est réaliste cela impose une très grande précision technique. Ici l’on obtient la même précision en quelques traits et c’est très fort. Les couleurs y sont pour beaucoup, notamment dans les extérieurs. De même, les séquences muettes (par exemple le résumé de l’épopée dans l’ouest américain) sont vraiment réussies et très drôles. L’on retrouve les premiers Tintins par moments. En revanche les plans serrés sur les visages montrent les limites du trait de l’auteur, mais il y en a peux dans l’album. Globalement on est entre Tardi et Blain, deux aspects graphiques qui ne sont habituellement pas ma tasse de thé, mais cela colle ici parfaitement au sujet, est très maîtrisé et se lit aisément. Le dessinateur, relativement jeune, a une maîtrise assez consommée des codes de la BD.



Le scénario est tout aussi bien conçu. D’abord le matériau de base est passionnant et le reste au format BD. Ensuite l’on a une vraie fidélité avec les préoccupations de Zola (la vie des gens de peu, l’inéluctabilité du destin, les remous politiques, la grande et la petite histoire). Surtout, aucun pathos tout au long de l’album. Paradoxalement, ce récit d’une vie dramatique est porté par la joie, le bonheur de la fille et du père, par la bienveillance douteuse mais réelle de Béru. Il n’y a pas d’intrigue parce que ce n’est pas le sujet. Cette histoire est celle du récit d’une vie, récit simple, sans heurts, connus dès le début mais qui donne envie d’avancer dans l’album. L’idée de placer Zola lui-même comme interlocuteur crée par ailleurs une mise en abyme très bien pensée.



Jacques Damour est une vraie réussite après celle d’Alexandre Jacob, plus réussie graphiquement, à la fois agréable et fort intéressante par son sujet. Un beau couple d’auteurs à suivre résolument.
Lien : https://etagereimaginaire.wo..
Commenter  J’apprécie          60
Jacques Damour

Jacques Damour – Emile Zola, Vincent Henry et Gaël Henry



Alors qu’il arpente les boulevards d’un Paris transformé, Jacques Damour se souvient de son ancienne vie à Ménilmontant… ciseleur sur métaux, marié à Félicie, il était pauvre mais heureux avec ses deux enfants, Eugène et Louise. Tout a basculé pendant le siège des Prussiens. C’est le début de la Commune, Béru, un peintre en bâtiment affamé, qui mange bientôt matin et soir chez les Damour, tient des propos enflammés, prône la république, la justice et l’égalité et convainc le père et le fils d aller se battre sur les barricades. Mais Eugène est touché par une balle en pleine poitrine et meurt. Peu de temps après, Jacques Damour est fait prisonnier et est déporté au bagne de Nouméa. Berru, lui, a filé trois jours avant l’arrivée des troupes… C’est cet « ami » justement que Damour retrouve par hasard sur le pont Notre-Dame. Berru lui apprend alors que Félicie s’est remariée avec un riche boucher des Batignolles. Les deux hommes, grisés par le vin, partent pour la boucherie… Quelle sera la réaction de Félicie en voyant Damour qu’elle croit mort depuis dix ans ? Eugène va-t-il être vengé ? Et Louise, qu’est-elle devenue ?



Jacques Damour, un bon père de famille, aimant, père son fils pendant la commune et veut le venger. Emprisonné et envoyé en Nouvelle-Calédonie, il s’enfuit et rejoint l’Australie, puis les Etats-Unis, pour revenir en France plusieurs années après son départ. Un vieil ami le reconnaît et lui présente sa fille, abandonnée par sa mère.

Le récit est tragique. Le personnage, faible mais bon, s’imagine faire fortune pour retrouver sa famille ensuite. Mais rien ne va, tout part de travers. Jacques Damour est une personne comme tellement de monde, décalé avec son univers. Paris a changé, mais pas lui. Une histoire magnifique, marquée par la résignation et de beaucoup d’abnégation. Une histoire généreuse, complète dans un seul tome, ce qui aujourd’hui est appréciable quand on constate que tous les éditeurs proposent systématiquement des récits qui s’étalent sur plusieurs albums.

Le dessin est fluide, virevoltant, léger, souple. Un coup de crayon qui propose les émotions des personnages avec autant de détails qu’il en faut, tout en étant minimaliste. Le dessin est juste ce qu’il faut, comme il faut. La couleur aurait pu ne pas exister, le noir et blanc suffire, mais elle améliore le côté tragique de la situation, elle est indépendante du dessin, elle apporte quelque chose.

Un récit bien adapté, un graphisme parfait, une bande dessinée comme on les aime.

Je remercie Babelio et Sarbacane pour ce partenariat.
Lien : https://lectureroman.wordpre..
Commenter  J’apprécie          60
Kill Annie Wong

Une BD sur un tueur à gage. Ce type de personnage a toujours fasciné les gens. Un graphisme innovant et personnalisé pour une histoire qui se déroule en Corée. Un contrat qui ne se passe pas comme prévu dans un pays où la corruption règne et une inspiration puisée dans les film de Luc Besson, "Le Grand Bleu", "Léon" et une touche de "Subway" pour le Walkman.
Commenter  J’apprécie          50
Tropique de la violence (BD)

Là encore, nous avons un bel écrin pour une belle mise en forme mais le fond ne m’a pas séduit. Objectivement, la bd semble bien être réalisée mais le sujet ou plutôt les valeurs véhiculées ne m’ont pas touché.



Nous avons sur l’île de Mayotte une gentille infirmière en mal d’enfant qui recueille un bébé typé qu’une maman abandonne à cause d’un problème de couleur de yeux dépareillée. Il est vrai qu’au moindre défaut, on jette dans notre société. Mais là, ce sont des réfugiés d’îles voisines curieusement moins prospères d’où l’excuse économique.



Malheureusement, plus on est bon dans notre société, moins l’espérance de vie est grande. Elle laisse derrière elle un jeune adolescent de 15 ans qui va sombrer dans la violence à cause de mauvaises fréquentations. Il s’en suivra une véritable descente aux enfers sur fond de drogue et de bandes rivales. L'auteur semble insister sur le fait que toute cette violence qui se passe sur cette île ne semble pas inquiéter la République sachant que Mayotte est rattachée à la France pour des raisons économiques.



J’avoue ne pas avoir aimé, mis à part le début avec cette gentille femme qui a donné tout son amour. Quelque fois, le résultat ne semble pas être à la hauteur des attentes. C’est parfois comme cela sous les tropiques et ailleurs.
Commenter  J’apprécie          50
La guerre des autres, tome 1 : Rumeurs sur ..

On surnomme ce pays la Suisse du Moyen-Orient parce que de 1950 à 1970, le Liban a connu une belle prospérité économique. Aujourd'hui, ce pays est surtout connu pour cacher à la justice un milliardaire tyrannique, ex-magnat de l'automobile, ayant bien profité avec l'argent. Cependant, ce qui nous intéresse ici, c'est de savoir comment ce petit état connu pour sa douceur de vivre a sombré dans une terrible guerre en 1975.



Il est clair que la guerre entraîne beaucoup de destructions et de morts ainsi qu'une fuite de population et de compétences et surtout une grave dépression économique. Le Liban n'était plus qu'un champ de ruines à la fin de cette guerre qui a duré 15 ans. Si c'était vraiment la Suisse du Moyen-Orient, il eu fallu sans doute proclamer une neutralité absolue pour ne pas tomber dans la guerre des autres. La responsabilité des politiques ne fait aucun doute.



On va suivre le quotidien d'une famille d'Egyptiens originaires de Syrie imprégné par la culture occidentale ce qui n'est pas à mes yeux une faiblesse. Il est vrai que cela va devenir de plus en plus compliqué pour eux. Il n'y a rien de pire pour un pays que la guerre qui détruit tout : les relations avec les voisins, la famille, le deuil, la ruine...



La guerre des autres est inspiré de faits réels comme le prouve le documentaire en fin d'ouvrage.



C'est un témoignage assez intéressant et surtout un exemple à ne pas suivre sans vouloir donner de leçon mais exprimer tout de même sa conviction profonde.



Commenter  J’apprécie          50
Jacques Damour

Adaptation d'une nouvelle de Zola, c'est limpide, l'histoire nous tient en haleine, le contexte politique de l'époque est bien présent. On est dans l'univers de Zola, à cela près que les dessins sont pastels, frais et rendent les récits sombres plus soutenables. J'ai beaucoup aimé. Il ne reste plus qu'à lire la nouvelle d'Emile maintenant. Mention spéciale pour le personnage de Félicie dont la vie de femme semble appartenir aux hommes... j'ai hâte de lire comment Zola traitait le personnage dans sa nouvelle.
Commenter  J’apprécie          50
Alexandre Jacob : Journal d'un anarchiste c..

Allez, Maurice Leblanc est un petit malin, car de son Arsène Lupin, il avait qu'à se pencher sur Alexandre Jacob, un putain de héros du début du XXe siècle que je connaissais absolument pas jusqu'à présent.



On va la faire courte, c'est une bd biopic qui retrace la vie du voleur de son enfance jusqu'à sa capture au bagne.



Si t'étais pas trop doué en histoire à l'école c'est pas très grave et tant mieux du coup bicause ça veut dire que t'es vierge d'histoire au niveau de tes neurones. Et je trouve que cet épisode devrait se trouver dans tous les manuels déjà beaucoup trop lourds dans les sacs de nos futurs citoyens.



Ouais. Nos ancêtres n'étaient pas que gaulois, ils pouvaient être aussi marseillais, comédiens, cambrioleurs et anarchistes. T'avoueras que devant un chef d'état banquier qui pleure au premier pain dans la gueule sur le banc de l'ENA ça la fout mal nan ?



Alors plonges-y toi dans cette fabuleuse aventure puisqu'en plus elle est vraie, fabuleusement traitée et documentée (on a mis les Experts sur le coup, pas ceux de ton écran plasma, plutôt ceux qui t'en apprennent des bonnes pour que tu puisses toi aussi te mettre à réfléchir de temps à autre).



Côté scénar' c'est tout vu donc et c'était difficile de se louper. Côté illustration j'ai trouvé ça bon enfant, l'usage du noir et blanc m'a fait penser à la fois aux vieux strips de westerns avec des BANG BANG et des BOUM qui fusent de partout (un peu comme les Kids tu te rappelles ? Pim, Pam et Poum ?)

Un petit air de Blain aussi qui m'a donné envie de porter cette BD comme coup de coeur du moment.



Un pur moment d'aventure sous le signe d'une cause qui en valait la peine à cette époque !


Lien : https://www.instagram.com/lo..
Commenter  J’apprécie          40




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Gaël Henry (446)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz sur "Amir et Marlène"

Marlène habite la petite ville de...

Oms
Homs
Hommes
Femms

15 questions
34 lecteurs ont répondu
Thème : Amir et Marlène - Coup de foudre en 6e de Gaël HenryCréer un quiz sur cet auteur

{* *}