Citations de Gaston Rébuffat (46)
Nous ne sommes pas prêts d'oublier la beauté de certains couchers de soleil ; dans la nuit, la fraternité des étoiles ; au matin, l'aurore qui redonne la vie.
Nous ne sommes pas prêts d'oublier le plaisir de grimper, de neutraliser la pesanteur, l'impression de quitter sa carcasse pesante pour évoluer en plein ciel.
Nous ne sommes pas prêts d'oublier l'amitié de la cordée, la victoire sur soi-même, et, pour le guide, la joie de partager ce qu'il a de meilleur.
"Là où il y a une volonté, là il y a un chemin"...
Ainsi, des rêves, naissent les grandes joies de notre vie.
Mais, des rêves, il en faut toujours. Je les préfère aux souvenirs.
La nuit descend sur la montagne. Le cor des Alpes a tu son bucolique refrain. L'allumeur de réverbères fait sa tournée dans le ciel.
Puis, décordés, nous descendons la voie normale en courant : aujourd'hui nous n'avons pas à bivouaquer. Les étoiles, c'est en nous-mêmes qu'elles brillent.
Celui qui ne fait des courses que par beau temps, au départ de refuge, sans jamais bivouaquer, connaît la splendeur de la montagne, mais il en ignore le mystère, la nuit, dans la profondeur du ciel.
Qu'ils sont simples et sans éclat, les moments qui fondent le bonheur et l'amitié ! Ils sont si naturels qu'ils ne paraissent pas évidents.
Comme le torrent, le sentier qui conduit aux sommets creuse son passage dans la forêt touffue et odoriférante. Dès que l'on a franchi les gorges moussues, on accède à un vaste cirque, royaume de paix. Seul rumeur, seul mouvement, des torrents, des cascades, nés du ventre des glaciers éternels, courent comme des gens pressés dans un monde de silence qui vit au rythme des saisons. Par-ci, par-là, de chaque côté du torrent, s'ouvrent des thalwegs sauvages, profonds, tortueux, usés, rabotés chaque printemps par l'avalanche ; des arbres gisent parmi les arbustes qui ressucitent chaque été.
Paysage infiniment romantique... On s'assoit, on regarde, on respire. L'air a une odeur délicate de verdure, de résine et de vent vif. L'homme oublie tout, même qu'il est venu pour grimper.
Ainsi, des rêves, naissent les grandes joies de notre vie.
Mais des rêves, il en faut toujours. Je les préfère aux souvenirs.
Nous grimpons dans un léger brouillrd. Mais nous éprouvons tout de même une grande joie, une joie un peu sauvage, celle qui correspond, je crois, à ce besoin que chaque homme porte en lui-même : le besoin, au moins une fois dans sa vie, de se surpasser.
Non, ne rien refuser des mille et une joies qu'à chaque instant la montagne nous propose. Ne rien écarter, ne rien limiter. Avoir soif, avoir faim, pouvoir aller très vite, savoir aussi aller lentement ou encore contempler. Vivre !
De nos jours, peu de chose subsiste ; la nuit n'existe plus, ni le froid, ni le vent, ni les étoiles. Tout est neutralisé. Où est le rythme de la vie ? Tout va si vite et fait tellement de bruit ! L'homme pressé ignore l'herbe des chemins, sa couleur, son odeur, ses reflets quand le vent la caresse.
L'alpiniste n'est ni un athlète, ni un artiste, mais un complexe des deux.
[Cité dans le livre d'Yves Ballu Naufrage au mont Blanc]
Le compagnon de course est quelqu'un que l'on porte très haut dans le rang de l'amitié.
[Cité dans le livre d'Yves Ballu Naufrage au mont Blanc]
Ce pays a une âme : c’est un lieu de rencontre, l’eau, la pierre verticale, le soleil, le ciel s’y retrouvent, et le vent , quand il en a envie. Dans ce temple de la nature, l’homme est toujours invité.
[À propos de ses chères calanques]
A bien des points de vue, une ascension, c'est un espace à traverser, en rêve. Rêver, attendre, c'est déjà être en marche.
La face nord du Cervin, un escape game avant l'heure pour Rébuffat:
"Nous faisons un travail obscur et patient. Mais nous sommes pris par un étrange charme, un peu fou, par le vertige d'être noyés dans une masse de pierres gelées. Le jeu est d'entrer librement dans la prison qu'est la paroi nord du Cervin. Puis de s'en échapper. Et l'intérêt est d'y trouver le plus sûr chemin."
Ce Massif des Ecrins appelé aussi, non sans raison, Massif du Haut-Dauphiné, est extraordinairement riche: de sa pauvreté, de sa nudité, de sa rudesse, de sa sauvagerie. La vraie richesse c'est de donner le bonheur, de procurer l'émerveillement. il aide à naître, à grandir, à aimer, à comprendre. Il dit que certaines choses, magnifiques, merveilleuses, toutes simples, sans détour, existent.
Comme aux premiers jours.
La technique résout les problèmes et apporte des satisfactions mais elle n’est qu’un moyen et reste pauvre si on la sépare de l’esprit qui la guide.
« (…) être capable, quoi qu’il arrive, de faire le point, sans crainte ni exaltation ; bien garder à tous moments « la tête sur les épaules » ; ne pas confondre ces deux notions si différentes (…) : le danger et la difficulté ; autant la première est facile, bête et morbide, autant la seconde est saine et virile ; » P.264