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Critiques de George Turner (11)
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Brain child

GEORGE TURNER est un auteur australien de littérature générale qui a fait vers 1978 un virage autour de la science-fiction .

C’est un roman qui aurait pu faire son trou aux USA , mais l’auteur n’est jamais entré dans le monde américain de la science-fiction.

Personnellement , je pense que ce roman avait les clefs pour le faire , mais le récit se tient intégralement en Australie .Nous avons un projet gouvernemental largement révolu , qui est mis en œuvre pour créer des enfants génétiquement modifiés aux capacités exponentielles et exceptionnelles diversifiés.

Le programme s’est trouvé interrompu quant à certains de ses aspects et donc , tous les groupes d’enfants n’ont pas eu le même statut , ni la même destinée ( quelquefois funestes ) .

Le caractère scientifique futuriste des propositions science-fictionnelles du livre sont quasiment inexistantes en tant que propositions scientifiques étayées.

L’ingénierie sociale contextuelle est très modestement posée et au contraire l’intrigue est très ramifiée et les personnages , dont le principal surtout sont très solides , les personnages secondaires beaucoup moins .

Le roman tourne autour d’une quête d’identité d’un des enfants . Une quête qui se confronte à l’éthique , à la politique , aux groupes d’intérêts , aux fonctionnaires retraités ou non , et au déviations institutionnelles qui découlent d’un système opaque .Le récit se passe donc en Australie , et le personnage principal pèse lourd dans les mouvements romanesques qui s’enchainent . C’est un journaliste fouineur ( postérieur aux évènements) très documenté et suffisamment crédible .

Il conduit une enquête pour cerner les enjeux qui perdurent autour l’existence même de ces enfants ( pas tous vivants) et qui jettent une ombre inquiétante sur la destinée potentielle du genre humain (l’homme est une menace pour l’homme).

Le passé autour de ce programme est trouble et des intérêts particuliers existentiels sont menacés par la conduite et l’aboutissement de ce programme diversifié des enfants génétiquement modifiés , ainsi que une notoriété encore non souhaitable de ce programme à ce stade (l’époque de l’enquête) est également une menace .L’auteur pose des mises en garde sur les interventions directes qui risquent de dénaturer le génome humain sans être opposé pour autant aux recherches et aux innovations sur cette thématique.

Mais l’éthique ne semble pas négociable dans ces pages et cela concerne aussi bien les bornes éthiques du projet que sa conduite et sur les statuts des êtres créées dans le cadre de ces recherches.Un univers complexe se dessine dans ces pages et se décline , au présent, au passé et au futur , se dessine . Avec une intrigue ramifiée dans un univers qui date nettement d’hier avec une donne scientifique ni très discernable , ni très mobilisée au contraire des effets juridiques et éthiques potentiels ou avérés du programme .L’enquête journalistique à suspense est l’aspect le plus solide quand à ce qui pose le processus narratif à l’œuvre dans ce roman assez dense et de qualité .

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L'été et la mer

Dans plusieurs dizaines d’années, le réchauffement climatique aura eu les effets désastreux que l’on imaginait. Une grande partie des villes se retrouvera sous les eaux, obligeant les femmes et les hommes à changer de mode de vie. Nos lointains descendants vont alors se pencher sur la société qui a conduit au drame. Comment ces êtres humains ont-ils pu continuer à foncer ainsi dans le mur ? C’est en partie à cette question que répond ce roman de 1987 aux échos malheureusement très modernes.



C’est ce qui surprend d’emblée : quand on voit les thèmes abordés, on se dit que le roman est contemporain. Alors qu’il a été écrit voilà près de quarante ans. Sans vouloir polémiquer, quelqu’un a demandé il n’y a pas si longtemps : « qui aurait pu prédire […] la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ? ». Eh bien George Turner en 1987 publiait déjà un roman à ce propos. Et il n’était pas le seul à avoir entendu parler des dégâts en cours. Aveuglement, quand tu nous tiens : on le vois à l’œuvre dans ce roman aussi.



Au début du récit, nous suivons le peuple de l’automne. « Le Long Été avait pris fin et le Long Hiver – peut-être cent mille ans – se profilait. » En été, le soleil chauffe la terre, mais pas énormément. On peut, quand il est au plus haut, se mettre en tee-shirt. Les journées se refroidissent et cela ne fait que commencer. Les habitants y sont habitués et sont heureux de leur climat actuel. Certains d’entre eux, dont une chercheuse et un acteur, se penchent sur la vie de ceux qui les ont précédés. Vers la fin du drame. Quand l’eau montait jusqu’à recouvrir les villes. Et, à travers un texte écrit par la chercheuse, nous allons découvrir leur vie quotidienne. Et comment tout a définitivement basculé.



L’histoire inventée par la chercheuse à partir des fouilles effectuées dans les anciens bâtiments tourne essentiellement autour de la famille des Conway. Ils appartiennent, au début, à cette frange privilégiée qui peut encore vivre comme si de rien n’était, comme si les multiples crises n’avaient pas fragilisé toute la société et placé en situation précaire près de 90 % de la population. Ils peuvent foncer vers le mur en regardant ailleurs. Mais personne n’est à l’abri dans ce pays où tout finit par s’écrouler devant les ravages dus aux changements climatiques renforcés par l’humanité. Et quand le mari perd son travail et se suicide, c’est la descente aux enfers pour son épouse et ses deux fils. Chacun va découvrir la société des laissés pour compte, ceux qui vivent avec rien mais doivent faire avec. Ceux qui n’habitent pas encore dans les tours gigantesques où s’entassent les habitants au dernier stade de la pauvreté.



George Turner dresse un portrait sans concession comme on dit. Pas grand-chose à tirer de cet avenir qu’il nous invente, lente et longue descente aux enfers. Car on fait si de rien. On continue, aveugles et égoïstes, en espérant que cela tiendra jusqu’à notre mort. Et tant pis pour ceux qui viennent après. Tant pis pour les enfants que, pourtant, nous concevons. Chacun joue sa partition avec ses moyens et les occasions qui se présentent. Mais on sait d’avance que tout est perdu. Les villes termineront sous les eaux. La société telle que nous la connaissons finira par disparaître, minée par ses inégalités et son aveuglement. Je me demande bien comment cet auteur australien réagirait aujourd’hui, en voyant que finalement, rien n’a vraiment changé. Et que son roman, cri d’alerte sur une situation périlleuse, paraît à nouveau et semble toujours d’actualité.



Bonne idée, vraiment, des éditions Mnémos, que de publier pour la première fois en France L’Été et la mer, prix Arthur Clarke du meilleur roman en 1988. Car il met en lumière les dangers de l’inaction, du refus de voir les difficultés et de la volonté de ne surtout pas changer afin de ne pas froisser les électeurs. Ce récit, très agréable à lire malgré la densité de ses pages, peut permettre de se rendre compte que l’immobilisme est un péril dont il faut se méfier et que les sociétés doivent évoluer avec le temps et non pas rester figées dans le passé.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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L'été et la mer

Admiration et colère. Deux sentiments forts qui prédominent après ma lecture de L'été et la mer de George Turner.



Admiration face à un auteur visionnaire qui en 1987 avait vu et compris les enjeux et les bouleversements du monde à venir. Colère de se rendre compte qu'on savait dès les années 80, qu'il était possible d'agir, mais que rien n'a été fait.



Voilà une riche idée des éditions Mnémos et de leur label Mu que de publier (enfin) ce roman en français, 35 ans après sa sortie initiale. Il a peu vieilli à part ce qui est en lien avec l'informatique, et le regard affûté et pénétrant de l'auteur australien vaut vraiment le détour.



1987, j'avais 19 ans. Avais-je conscience des bouleversements qui commençaient à survenir ? Hélas peu concernant la société, et aucunement concernant la planète. L'insouciance de l'adolescence sans doute, mais pas seulement… On ne parlait pas de changement climatique à l'époque.



George Turner nous démontre qu'il était déjà possible de s'en préoccuper, que le monde avait les premières clés pour ouvrir les portes d'un autre avenir.



Extrait d'un dialogue entre deux personnages, dès la page 23 du roman, situé dans un futur éloigné (mais pas tant que ça) :



« – Si je comprends bien, si j'ai suivi la trame historique de façon correcte, ils savaient ce qui les attendait, tout comme nous savons ce qui nous attend. Pourtant, ils n'ont rien fait pour y remédier.

– Ils ont sombré dans le chaos parce qu'ils ne pouvaient rien y faire ; ils avaient amorcé une séquence qui devait suivre son cours en accentuant le déséquilibre climatique. Par ailleurs, ils étaient pieds et poings liés à un réseau de systèmes interdépendants : la finance internationale, les gouvernements démocratiques, ce qu'ils appelaient la haute technologie, les stratégies de défense, la politique de l'agression permanente et le maintien d'un statu quo sur le fil du rasoir ; tout ceci les plongeait de crise en crise, chaque problème résolu étant remplacé par un nouveau ».



Le futur de l'écrivain est aussi étonnant qu'éloquent. Dans son intéressante postface il commence par dire : « Personne ne peut prédire l'avenir ». Et pourtant, des éléments étaient à portée de main (et d'imagination) pour lui permettre de réfléchir à son demain. Une société qui a vu l'effondrement du capitalisme, un chômage à 90 %, une ghettoïsation des pauvres (soit la quasi-totalité de la population), une lutte des classes exacerbée, et une planète bouleversée par le dérèglement climatique.



Une lecture anxiogène ? Oui et non. Car George Turner reste avant tout un raconteur d'histoires. Son roman n'a rien d'un pamphlet, et s'il nous ouvre les yeux sur la situation, il conte surtout le destin de la famille Conway, des privilégiés en passe d'être déclassés. Avec les deux fils (qui se détestent) qui ont des dons qui vont leur réserver une place de choix dans les arcanes de cette société, l'un maniant les chiffres comme personne, l'autre ayant une capacité pour le théâtre.





En 2041, le système s'est donc pris les pieds dans le tapis, accentuant à l'extrême le clivage entre les nantis et les miséreux. 10 % de la population détient l'ensemble des richesses, ça ne vous dit rien ? Les autres vivent dans la crasse, mis sous perfusion par les gouvernements, laissés-pour-compte. D'un côté les Stables, de l'autre la foultitude des Souilles, qui théoriquement ne se côtoient pas. L'occasion d'intrigues, de machination et autres magouilles qui vont être le sel de ce récit.



L'effet de serre et la ruine du système financier (et donc économique), une pseudo démocratie où on parque les pauvres leur donnant le minimum vital pour éviter qu'ils ne se révoltent et en espérant que n'émerge pas un leader capable de les soulever. le cadre est sombre, mais propice à raconter une fiction profonde.



Voilà le genre de science-fiction que j'aime, anticipant, crédible, au plus près des personnages. C'est leur histoire dont il s'agit, avant celle du monde dans lequel ils doivent (sur)vivre.



L'écriture est soignée, offrant un divertissement qui fait sens et qui sait donner vie à ses protagonistes, fouillant profondément les psychologies. On n'obtient pas le prestigieux Prix Arthur C. Clarke, par hasard.



Le récit est dense, parfois un peu lent, il demande qu'on s'y immerge pour bien profiter d'une intrigue qui réserve des surprises, tout en réfléchissant à cet avenir dessiné avec brio. Dommage que le final soit trop expédié à mon goût.



Des messages qui portent, une anticipation qui éclaire, des personnages forts développés au sein d’une vraie histoire, L’été et la mer est un roman surprenant, sauvé des méandres du passé. George Turner ne se qualifiait pas de visionnaire, il n’empêche que sa capacité incroyable à penser le futur force le respect.
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L'été et la mer

Dans un avenir lointain, en Australie, des hommes visitent des tours inondées. Les conséquences du réchauffement climatique sont maitenant une réalité depuis très longtemps. Lenna, partage son récit qu'elle a construit à partir de bandes magnétiques, de rapports de police, photos... L'histoire sur un caïd de Tour, Billy Kovacs. Ca débute avec l'histoire de la famille Conway qui vivait dans les années 2040 parmi les Stables. Mais les avancées technologiques sont des dégâts parmi quelques unes de ces personnes et le père Conway se retrouve au chômage. Ne pouvait accepter le fait d'envoyager sa famille chez les Souilles, il se suicide. Sa veuve met tout en oeuvre pour éviter de vivre lè-bas et parvient à habiter avec ses deux garçons de neuf et douze ans, dans la Frange, limite entre les Stables et les Souilles.

L'été et la mer est un roman habile dans sa construction, George Turner prend le temps de décrire ses personnages pour que le lecteur réussisse à s'imprégner de leurs tempéraments. Les frères Conway ont des caractères opposées, mais paraissent tout aussi froid l'un que l'autre. On fait connaissance aussi avec Billy Kovacs, Nick et d'autres qui viennent toujours un point de vue particulier. On prend le temps de les voir grandir, de s'adapter à ce roman où les barrières sociales sont importantes.

C'est un roman pessimiste sur l'avenir de notre planète, il est sombre mais avec quelques accents de vérité. George Turner parle de la population qui croit énormément mais aussi du problème du travail, des ressources, de l'argent dont chacun peut disposer. Il sonne terriblement juste même s'il a été écrit il y a presque 40 ans. J'ai beaucoup aimé L'été et la mer, l'auteur est intraitable, il nous montre une version sombre de notre futur... On a un serrement au coeur en pensant à notre avenir. En passant, le titre traduit est plus doux et poétique que la version originale. Une lecture dure mais nécessaire pour nous faire prendre conscience de la valeur de nos vies, de notre planètes.
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L'été et la mer

George Turner est sans doute un génie visionnaire.

C’est en tout cas ce que je me suis dit tout au long de ma lecture de L’Été et la Mer. Car en plus d’être un auteur de talent et de maîtriser la langue et les codes sociaux comme personne, l’auteur dépeint ce qui pourrait bien être la sombre réalité de nos lendemains. Le plus saisissant là-dedans ? Que ce roman ait été écrit en 1987 !

 

« Ne savaient-ils pas que cela allait arriver ? Oh, si « ils » le savaient : dès les années 1980, « ils » avaient été prévenus, mais « ils » étaient trop occupés. »

 

Oui, nous étions prévenus. Les scientifiques et certains politiques s’y sont même intéressés de près. Le GIEC a été créé. Mais globalement les yeux sont restés fermés. La préservation des « relations », le confort d’une vie standardisée et le système économique capitaliste valant sans doute bien plus qu’une belle planète bleue.

 

Et avec tout ça George Turner, cet auteur australien, déjà âgé de 71 ans, compose un futur depuis notre passé qui était son présent. Peut-on parler de rétrofuturisme ? Dans son roman polyphonique aux portraits ultra réalistes et charismatiques, il fait remonter le temps à ses personnages jusqu’à L’Âge de la Serre, cette fameuse période où tout a basculé, grâce à un livre dans le livre. Ainsi nous alternons présent (un de nos futurs hypothétiques) et passé (un autre de nos futurs proches). Et le roman au-delà d’une fiction climatique se trouve aussi être un roman social aussi éblouissant qu’un Dickens.

 

Et même si ce n’est pas d’une grande originalité son système de castes est extrêmement intéressant et porte tout le propos du livre. Dans ce « monde » pré effondrement, les Stables et les Souilles s’opposent et forment deux communautés bien distinctes. Les riches contre les pauvres, les privilégiés contre les laissés-pour-compte, les éduqués contre les analphabètes. L’État gestionnaire de ce système excelle dans le jeu des classes à coup de lobotomie camouflée et autres subterfuges permettant un maintien du contrôle des populations. Il place volontairement les Souilles dans des enclaves, loin des Stables protégés eux-mêmes par la Frange, qui vient séparer les deux territoires. Et dans la Frange on retrouve la « classe moyenne » : des Stables déchus de leur statut mais pas encore tout à fait Souilles.

 

L’auteur va donner voix à des personnages aussi différents qu’unis dans ce monde brisé, à l’aube d’une catastrophe climatique majeure. À chaque prise de parole, les personnages livrent des récits très personnels de leur vécu respectif et des liens qu’ils entretenaient avec les autres en cette période de crise économique, sociale, culturelle et politique. Finalement dans ce roman il est surtout question de la survie d’une population dans un monde corrompu, soumis à un régime politique autoritaire, dans un contexte d’urgence climatique mondiale.

 

L’Été et la Mer est un formidable roman qui possède un ton légèrement désuet (il a 37 ans) sans pour autant manquer de modernité et de saveur. Ce texte, d’une intelligence folle, résonne dans notre actualité comme une évidence. Le récit est bluffant de maîtrise et bien que dense tant sur la forme que sur le fond, il mérite indéniablement une attention particulière car il sera sans aucun doute à ranger parmi les œuvres fondatrices de la science-fiction climatique.



Avant-gardiste, George Turner se révèle être un auteur exceptionnel que j’aurais aimé connaître bien plus tôt.

 

*merci infiniment @mu_label pour ce service de presse.
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L'été et la mer

« Nous ne savions pas » « C’était impossible à prévoir »

Voilà ce que l’on entend bien souvent de la bouche de nos dirigeants et je ne parle pas des climatosceptiques pour qui le discours est plutôt «Rien ne prouve que »

Alors je leur conseillerai cet excellent livre paru en 1987, et qui il y a 37 ans déjà, plantait le décor de ce qui est en train de nous arriver.

Nous sommons à Melbourne en 2041, le « peuple de l’été » (ceux qui ne connaissent que cette saison, printemps, automne et surtout hiver ne sont plus que des notions historiques) est maintenant divisé en deux catégories les Stables ceux qui ont tout enfin tout ce qu’il est possible d’avoir et les Souilles ceux qui n’ont rien.

Et les deux peuples ne se mélangent pas, un Stable qui s’aventurerait chez les Souilles est certain d’y laisser sa vie.

Un Souille lui n’arriverait même pas à entrer dans la cité des Stables.

Ce qui a créé ce monde ?

La fonte des glaces et la submersion des terres.

L’auteur va nous faire suivre la vie de deux frères, Francis et Teddy Conway.

Eux qui vivaient parmi les privilégiés, entendez chez les Stables, vont se trouver déclassés après la mort de leur père, et le nouveau logement qui va leur être attribué se trouve dans la Frange, ce no man’s land entre la cité Stable dans laquelle chaque fait et geste des habitants est totalement contrôlé aussi bien par le biais des tridim ces écrans qui fonctionnent dans les logements (avec programme unique à la solde d’un gouvernement dictatorial) et leur calcupod individuel qui leur permet de se connecter aux réseaux de connaissance (et qui permet surtout au gouvernement de savoir tout ce qu’il font et de les localiser à tout instant), et les bidonvilles Souilles dans lesquelles règnent les caïds qui font leur propre loi appliquée de manière plus que brutale par les gros bras à leur solde.

Mais tout cela va continuer à être bouleversé, les glaces polaires auront bientôt totalement fondu ne laissant plus d’espoir aux quelques 10 milliards d’humains.

Et si le livre nous dépeint la société entre 2041 et 2061 qui s’écroule totalement, il nous projette également 1000 ans plus tard, alors que les quelques humains survivants réfugiés dans les derniers étages des gratte-ciels de Melbourne qui réussissent à pointer au-dessus des 60 mètres d’eau qui ont englouti la ville, s’apprêtent à affronter une nouvelle époque glaciaire.

Excellent livre publié en 1987, et qui pourrait bientôt ne plus être une fiction mais bien malheureusement un futur certain qui nous attend si nous n’y prenons garde à moins qu’il ne soit déjà trop tard.

Un très grand merci au service presse des Editions Mu pour m’avoir fait découvrir cet excellent livre couronné du prix Arthur C. Clarke bien mérité.

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L'été et la mer

Un des livres les plus intelligents que j'ai lu dernièrement et qui résonne avec notre actualité. Mnémos a eu une excellente idée de rééditer cet ouvrage de 1987 qui eut le prix Arthur Clarke en son temps. le récit se passe à Melbourne sur deux périodes temporelles : la plus longue intitulée « L'été et la mer » se déroule entre 2041 et 2061 , elle est encadrée par de courtes séquences intitulées « le peuple de l'automne » qui se passe 1000 ans plus tard . Dans la première ,on suit le personnage de Billy Kovacs et la famille Conway aux prises avec une double dystopie : climatique d'abord , qui voit les océans engloutir peu à peu les zones côtières avec toutes les conséquences démographiques et économiques . Socio-politique ensuite qui voit l'aboutissement du capitalisme : une mince couche privilégiée ,les Stables, contrôle (par les subventions et la force) la majorité , les Souilles , regroupés dans des ghettos verticaux livrés aux gangs et aux trafics . le scénario met l'accent sur les effets de ces circonstances sur le caractère des hommes et leur comportement . Globalement pessimiste , le livre laisse un espoir puisque 100 ans plus tard l'humanité existe encore et se prépare à affronter un nouveau bouleversement climatique ,le Grand Hiver. Un livre remarquable à lire absolument.
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L'été et la mer

J'ai lu L’été et la mer de George Turner qui est sorti le 13 mars dernier chez Mu, un label des éditions Mnémos qui me l'ont gentiment proposé en service Presse et je les en remercie vivement ! Il s'agit d'un roman écrit en 1987 par cet auteur de SF australien que je ne connaissais pas. Il ne semble pas y avoir d'autres romans de lui traduits en français et je trouve cela dommage car j'ai beaucoup aimé celui-ci !



Les glaces des pôles ont fondu et les eaux ont fini par envahir une partie des terres. En 2041, les dix milliards d’habitants de la planète sont divisés en deux castes : les Stables, plutôt aisés, et les Souilles, vivant dans la misère. Les Conway font partie des stables jusqu’au jour où ils vont être contraints de s’installer aux abords d’un quartier Souille. Au milieu de gratte-ciels à demi submergés, Francis et son frère Teddy vont découvrir un monde rude et cruel qu’une nouvelle menace risque de condamner.



Au delà de l'histoire de ces deux frères que l'on apprend à connaître, à aimer ou à détester, ce roman est avant tout, pour moi, une analyse post-mortem de nos sociétés actuelles et du capitalisme. De l'effondrement du système monétaire à la faillite des états en passant évidemment par les dégâts irrémédiables que nous avons faits subir à la planète avec nos sociétés de sur-consommation, tout y est !



Et j’ai réellement trouvé cela passionnant à lire, d'autant plus que c'est pour moi exactement là où nous allons, les yeux fermés et à grande vitesse. Je suis réellement bluffée par le côté visionnaire de ce roman écrit il y a presque 40 ans !



Alors je vous rassure, cet ouvrage est loin d'être pessimiste et négatif ! Il est rempli de superbes messages qui me rassure aussi sur le devenir des humains et de leur capacité à s'adapter. Et au final, les plus privilégiés ne sont peut-être pas aux que l'on croit.



Je vous conseille vraiment cette lecture qui est toutefois relativement exigeante et qui demande peut-être d'être dans un bon mood afin de bien voir les beaux messages. Ce fut pour moi une très chouette découverte !
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L'été et la mer

Si un livre m'a marqué depuis le début de l'année, c'est bien celui-là.

Il y a quelques années j'aurais parlé de roman de science fiction. La j'aurais tendance de dire un roman d'anticipation. En fait un mélange des deux.

A une époque où l'on nous parle sans cesse de ce "Cercle vertueux " pour sauver notre planète. Ce livre reflète ce que nous les humains sommes ou pourrions être capable de faire, d'accepter par peur. Une lecture qui me trottera un moment dans la tête. Et un souvenir vivace de ce qu'il pourrait advenir.
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L'été et la mer

Le triomphe d’un visionnaire !

Franchir la première marche de ce grand livre. Saisir la chance d’une œuvre magistrale traduite de l’anglais par Olivier Bérenval.

L’heure nerveuse et appliquée, le spectacle du monde, pas maintenant, pas tout de suite. Bientôt.

La conscience vive de naviguer entre l’été et l’hiver, de 2041 à 2061.

Les protagonistes sont un chant choral qui élèvent ce récit d’une forte amplitude .

Un à un, ils content ce qui advient de la terre en déliquescence. « L’été et la mer », une dystopie vertigineuse, fabuleuse. Un grand classique de la littérature. On aimerait penser qu’il ne s’agit que d’une fable. Mais c’est sans compter sur le regard d’aigle et affûté de George Turner. Ce livre est une référence éditoriale hors norme. L’acuité d’un chef-d’œuvre !

D’ombre et de lumière, deux pans , la dualité. Les contraires assemblés. La fracture d’une population séparée par le mur invisible de castes. D’un côté les Stables. Ceux et celles qui vivent presque normalement, dans le frôlement de notre contemporanéité. Une frontière mentale sépare l’autre versant. Celui des Souilles. La pauvreté, l’errance, la survivance. La cartographie des moins que rien, nihilistes devenus. Hordes qui vivent dans des gratte-ciels qui pointent jusqu’au ciel. Dans le sombre des caves. Entre les haillons, les débrouillardises souvent malsaines. Ici, règne la loi du plus fort, du plus corrompu.

Parfois, ils se mélangent, font semblant, se heurtent à l’impossibilité d’atteindre la bonne rive. Les crimes et les viols, les trocs et les faux-semblants. Ce serait donc la copie pâle de nos comportements, de nos habitus. Le symbole en puissance de l’humain dans toutes ses défaillances.

Francis et Teddy sont deux frères, puissamment manichéens. Des Stables, sauf que le père se suicide et leur mère doit quitter l’espace de la presque quiétude. S’acquitter d’un présent où la considération était une arme. Les voici presque « Souilles ». Le côté lugubre, entre les grands dangers, les glaces qui fondent. Le cycle d’une déliquescence en ordre de marche.

Les Souilles sont le symbole de la finitude, d’une animalité, entre les odeurs, et les saletés, la sauvagerie d’une humanité où la marginalité doit chercher dans les fonds de terre, de caves, d’horreurs et de souffrances, un semblant d’ordre et d’éducation.

Pour cela, George Turner est un fin philosophe et un avant-gardiste.

Il dresse le portrait de Billy Kovacs, un homme qui va façonner Francis, l’un des deux enfants. Teddy, lui, partira se construire dans l’autre versant chez les Stables, téléguidé par un autre sage, voire gourou, voire politicien.

Les rôles s’inversent. Nous sommes dans l’épicentre d’un roman psychologique, sociologique et politique. L’écologie est la pièce maîtresse. L’obsolescence d’une terre éprouvée dont les heures sont comptées.

Le roman écarte le silence, l’arrêt de mort et pourvoit à une utopie.

Le changement climatique, la guerre nucléaire, l’effet de serre, le surnombre des humains etc.

Le récit est un message et George Turner est un lanceur d’alerte.

« Un été et la mer » est le bruit du monde et son claquement sur nos consciences. L’extrême tension qui règne dans ce livre d’urgence absolue, est la traduction de notre avenir.

La démonstration minutieuse et éveillée de nos idiosyncrasies.

Il pointe du doigt nos arrogances en futurologue de renom.

Ce macrocosme est stupéfiant. Il aiguise notre regard, nous brusque et enclenche un séisme mental.

Ce livre fondamental et de génie est l’immensité de nos faillites. Cette épopée anti épique est la prodigalité.

Précurseur, George Turner délivre un oracle terriblement humain. « L’été et la mer » a reçu le Prix Arthur C. Clarke du meilleur roman.

« Il est le maître de l’anticipation climatique. »

Publié par les majeures Éditions MU.

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L'été et la mer

Derrière un titre évoquant la poésie et l'évasion, "L'été et la mer" donne plutôt à mettre en lumière les bas-fonds de l'humanité. Pas de plage, de baignade joyeuse à la mer ou de détente ici ; plutôt la boue, la corruption, et la violence.





Le plus remarquable dans ce roman est peut-être qu'il ait été publié pour la première fois en 1987. le réchauffement climatique et la montée du niveau des eaux, les dérives du capitalisme, la paupérisation massive de la classe moyenne, la corruption et la ghettoïsation y sont mis en scène avec un réel talent d'anticipation. Si ce roman était écrit aujourd'hui, il serait complètement dans l'air du temps. Pas de dystopie se passant dans des plusieurs siècles ici : on est sur les années 2040-2060, pas bien loin donc.





L'essentiel du roman situe son action en Australie, aux environs de Newton. On y suit le destin de la famille Conway : un père, une mère et leurs deux enfants. Pour la société, ce sont des "Stables" : ils sont aisés, vivent dans une maison agréable, loin des quartiers Souilles où s'entassent des millions d'individus vivant dans la misère au sein de tours contrôlées par quelques Caïds. Mais lorsque le père Conway perd son travail, le destin de la famille bascule : ils vont devoir aller vivre dans la Frange, un espace à la lisière des quartiers pauvres. S'ensuivra pour la mère et ses deux enfants, Francis et Edward, un ensemble de décisions à prendre pour tenter de survivre dans cet univers social rongé par la corruption, la violence, la saleté, avec en toile de fond les catastrophes naturelles liées au réchauffement climatique et la surpopulation que l'Etat n'arrive plus à gérer.



J'écris "l'essentiel du roman", car il y a une petite mise en abime du roman dans le roman, mais je ne détaillerais pas ce point ici car il est explicité très tôt dans le récit.







Il y a une ambiance glauque et pessimiste dans cette histoire. Les lieux sont pour la quasi-totalité laids et tristes (des tours, des appartements surpeuplés, du béton, la rue) et les personnages pas forcément très appréciables. Sur ce point, on ne pourra pas reprocher à Georges R. Turner d'avoir fait dans le manichéisme : tous les personnages peuvent être considérés comme détestables ou appréciables à certains moments du récit, la narration polyphonique contribuant encore plus à déterminer les sombres desseins qui motivent les actions de chacun d'entre eux et leurs compromissions fréquentes tout au long du récit. Compromissions nécessaires ? C'est peut-être la grande question de ce livre : comment trouver le salut individuel dans une société en décrépitude, se battre ou attendre ? Et si l'on se bat, est-il possible de garder son humanité et ne pas se compromettre ?





Les premiers chapitres sont ceux que j'ai trouvés les plus réussis. On y lit la description percutante d'une société divisée entre Stables, Souilles et Frange ; la mécanique implacable de la chute d'une famille dans la pauvreté ; les mécanismes de défense et de survie pour ne pas sombrer, l'impact direct de la fonte des glaces...Ces chapitres sont l'occasion de quelques paragraphes percutants sur l'inaction climatique, très en avance sur leur temps (encore une fois, 1987 !)



Par la suite, l'histoire s'engonce un peu dans les actions des différents protagonistes, leurs histoires, leurs liens et où cela les conduit. On aura même parfois la même scène racontée du point de vue de deux personnages différents. Il en résulte quelques longueurs. le roman reprend de sa verve vers la fin.





Ai-je passé un bon moment avec cette lecture ? Pas toujours, essentiellement du fait de la dureté de ce qui y est raconté, montré. Est-ce que je recommande cette lecture ? Oui ; il est assez déroutant de voir l'actualité de ce récit aujourd'hui.



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