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Citations de George V. Higgins (42)


Mon père, y rentrait comme ça chez nous. C’était un drôle. Le jour que la paye tombait, ça se passait très bien. Y touchait son fric, y bossait toute la journée et rentrait le soir, y donnait l’argent à ma mère et y sortaient tous les deux, ils allaient faire des courses. Après, y rentraient, y regardaient la télé et peut-être qu’y buvait deux bières. Deux bières maximum. Plein de fois, tu descendais le matin, et le verre était là, sur la table près de son fauteuil, rempli de bière éventée. J’me souviens, j’y ai goûté, la première fois que j’y ai goûté, j’me suis dit : bon Dieu, comment quelqu’un peut boire un truc qu’a un goût pareil ? Et il allait au boulot. Mais des fois, y avait pas d’embauche sur les quais. Plein de fois. Et la plupart de ces fois-là, y rentrait et y lisait, ou y faisait autre chose. Y parlait jamais beaucoup. Mais des fois, y avait rien, tu vois, tu le savais pas, y rentrait pas, pas toutes les fois mais des fois. Et lui, toujours, y savait, y savait quand il allait le faire. Parce que quand y rentrait pas, quand il était en retard, ma mère commençait à s’inquiéter, et elle arrêtait pas de marcher de long en large, et quand il était pas là, elle disait des Ave Maria et tout, quand il était pas là à sept heures et demie, elle allait au placard. C’était là qu’y rangeaient l’argent qu’y dépensaient pas en courses. Dans un pot de beurre de cacahuètes. Et si mon père était pas là, le pot était toujours vide. Toujours. Et y restait au moins trois jours sans rentrer, et quand y rentrait, il était toujours comme ça. Y se cassait toujours la figure.
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«; J’me souviens la dernière fois qu’y s’est fait désherber. C’est moi qu’ai dû l’emmener, et il était, oh, c’était surtout ma mère. Elle m’a dit : “T’as vingt ans, maintenant. Occupe-toi de lui. Je le ferais, mais j’en ai marre. Emmène-le, toi.” Alors je l’ai emmené à Désintox. La clinique du docteur P.K. Murphy. Je l’ai emmené, et il était blindé à mort. Et y venait d’avoir un dentier neuf. Alors y me dit, bon, je le savais, c’qu’il essayait de me dire, y voulait que j’embarque son dentier. Il l’avait payé deux cent soixante dollars, ce dentier. Mais bordel, qu’est-ce que tu voulais qu’j’en fasse, moi, des dents à mon vieux ? J’allais sûrement les perdre, en plus. Alors j’y ai dit, au type, écoutez, j’y ai dit, y va probablement s’en sortir, d’une manière ou d’une autre, autant qu’ils les gardent, ses dents. Et ils les ont mises dans une boîte. Je les ai vus faire.
«; J’y retourne à peu près une semaine plus tard, j’veux dire, je l’aimais bien, mon vieux. Y tapait jamais sur personne. Ça l’rendait dingue, que Sandy, elle soit tout le temps à courir comme elle faisait, et que lui, y pouvait rien faire contre. Mais c’était pas un mauvais gars. Alors j’y suis retourné, j’y suis retourné le voir.
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– Ils ont dû s’en mettre une belle ! J’aimerais voir l’autre gars...
– Y s’est cassé la figure.
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Une rame bleue et blanche arriva de Cambridge. Les portes s’ouvrirent. Un ivrogne d’un certain âge se leva en chancelant, ne s’intéressa pas aux portes qui étaient dans son dos et s’avança en titubant vers celle qui s’était ouverte devant Russell et Frankie. Il portait une veste à carreaux verdâtre, une chemise blanche de soirée et un pantalon de costume noir. Ça faisait plusieurs jours qu’il ne s’était pas rasé. Une grande écorchure rouge courait sur sa joue gauche. Il y avait du sang sur son oreille gauche. Ses chaussures noires béaient à la trépointe d’où dépassaient des oignons. Il arriva presque de l’autre côté du wagon avant que les portes se referment, se pencha en tendant le bras gauche pour agripper le bord incurvé du siège orange. Sa main était ensanglantée au niveau des phalanges. Il s’écroula en arrière sur le siège. Les portes se fermèrent et la rame partit en direction de Dorchester.
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– Merde, dit Russell, écoute-le. J’suis prêt à bien l’écouter, moi aussi. C’est juste qu’y voulait rien dire devant moi que j’aurais pu entendre. Ce putain de connard, y peut pas m’blairer. D’accord. Mais ça risque pas que j’vais aller faire irruption et me coller dans un truc que j’sais même pas dans quoi c’est que j’me colle. Ça m’est arrivé avant. Je recommence pas. Ce truc que j’fais maintenant, j’peux continuer. Ça va sûrement me prendre plus longtemps pour en tirer c’qu’y me faut, mais j’peux y arriver. À partir de maintenant, c’est moi qui choisis mes propres cibles. J’ai pas besoin de rester là à attendre en encaissant les conneries de l’Écureuil.
– OK, dit Frankie, c’est exactement c’que je dis. Tu peux marcher dans le coup ou tu peux laisser tomber, tout va bien. J’aimerais bien être à ta place. Mais moi, ça se monte au moins à dix mille chacun, c’qu’y nous parle. Si t’en veux pas, de ces dix mille dollars, pas de problème. Mais moi, j’en veux. Et j’ai nulle part où j’peux les trouver, à part là. Toi, oui.
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- (...) Mais toi, t’as sûrement envie de tirer ta crampe, et y a une nana que je connais, elle bosse, son mari pense qu’elle finit à minuit, j’crois. Elle finit à peu près à dix heures.” Alors moi, j’y dis, ben, j’y dis pas qu’j’aurais besoin d’un nom comme ça, là, tout de suite, ça serait à Sandy que j’demanderais, c’est pas le genre de truc qu’il a vraiment envie d’entendre. Alors j’y dis juste merci, qu’c’est sympa de sa part. Mais j’ai nulle part où aller, où j’pourrais emmener une fille, tu sais ? J’ai pas de voiture. J’ai moins de trente dollars. J’veux dire, qu’est-ce que j’peux faire ?
«; Et lui y me dit, y m’dit que lui et Sandy y vont sortir, et que moi, j’peux utiliser leur appart’. Ouais, et sûrement qu’un de leurs gosses va pas se lever au milieu de la nuit pour venir voir comment ça se fait que j’fais autant de bruit en baisant sur le canapé. Ça va pas marcher, point final, ça peut pas marcher, c’est tout. Faut que j’me trouve du fric, et j’peux pas, ce coup que John prépare, c’est le seul truc que j’ai dans le viseur à l’instant présent. J’suis bien obligé de l’écouter.
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Dean, mon beau-frère, c’est pas un mauvais gars, au fond, y dit rien. Tu sais c’qu’y fait ? Y bouquine des catalogues. Tous ces catalogues qu’arrivent par le courrier. Ce con-là, y bosse, y part bosser à midi, de midi à vingt heures trente, à la station-service d’en bas. Quand y sort du boulot, y lit des catalogues. Des putains de catalogues d’électronique ! Et elle, pendant qu’il est là-bas, à se casser le cul avec du cambouis et tout qu’il en a jusqu’au cou, pendant ce temps-là, elle va se taper un mec ! Alors moi, je dors sur son canapé et je bois sa bière, et lui, y me connaît pas. Il est de Malden. D’où c’est qu’y me connaîtrait ? Quand y se sont mariés, j’étais en taule. Mais lui, quand même, y me dit : “Écoute, tu l’dis pas à Sandy, d’accord ? Parce que si tu l’dis, elle va sûrement commencer à se demander comment qu’ça se fait que j’sais ça.
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– Écoute, dit Russell, tu devrais savoir. J’ai dû faire ceinture pendant presque quatre ans. J’aurais trouvé quelqu’un, y me l’aurait tenu, j’aurais baisé un serpent. Ces gonzesses-là, d’accord, tu les verrais, t’aurais pas envie de les violer, tu sais ? Mais putain, elles ont le tout à l’égout !
Un type corpulent, aux gestes mal coordonnés, fit son apparition sur le quai d’en face, direction sud. Il portait une combinaison de travail blanche et avait un seau en plastique bleu à la main. Il tourna le dos et s’abîma dans la contemplation du carrelage mural. Posa le seau par terre. Mit les mains sur ses hanches. Sur le mur, tracée à l’aide d’une bombe de peinture rouge, s’étalait l’inscription : T’ES DU SUD, SUCE-LA MOI. Il se baissa et prit dans le seau une bouteille de solvant et une brosse.
– Je voudrais bien pouvoir voir les choses comme ça, dit Frankie. J’arrive pas à fixer mon esprit sur rien. J’me disais, tout le temps j’me disais, putain, si jamais je sors de cette taule de merde, ce jour-là, toutes les femmes, ils ont intérêt à leur faire quitter la ville, tu sais ? Mais tu sais c’que j’fais ? Je dors tout le temps !
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– J’te jure. Elle a jamais eu sa chance, n’empêche. Elle s’est toujours plutôt bien démerdée, c’est pas c’que j’veux dire. Mais elle a jamais eu une vraie chance.
– Personne en a jamais eu. Je vois pas c’qu’y a de neuf. Je parlais à une fille, elle voulait que j’aille la voir c’t’aprèm’. J’y ai répondu : “Écoute, j’ai un truc de prévu. Pourquoi ça va pas, ce soir ?” Elle va au boulot. Elle sort tard. J’m’en fous, moi ! C’est pas la première fois que je reste debout tard. Elle est aide-soignante. Elle me dit : “Écoute, j’vais laver les culs de vieillards et le reste, toute la journée. Et en plus, j’vais être debout tout le temps. Tu crois que j’vais avoir envie de baiser, après ça ? C’est ça, que tu crois ? Ben non.”
– Ça va pas être triste, dit Frankie. J’vois bien le genre de gonzesse qu’ça va être, le genre que tu peux te la faire d’après l’annonce qu’est parue dans le journal. Sûrement qu’elle y aura planqué deux poignées de bouts de verre, à l’intérieur.
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Russell s’arrêta deux pas derrière Frankie sur le quai numéro deux de la station de métro MBTA, à Park Street.
– OK, dit-il, j’suis là. On y va ou quoi ?
Frankie s’appuya contre un des piliers rouges et blancs.
– Ça dépend.
– Ça dépend pas de moi, répondit Russel. J’suis debout depuis cinq heures moins le quart. J’suis complètement lessivé. Et en plus, j’ai l’occasion de baiser si j’y vais pas.
– Plus personne baise la nuit ou quoi ? Ma sœur, quand on était ados, tu pouvais pas l’obliger à rester à la maison le soir, Sandy, même en l’attachant. Maintenant, le mardi et le mercredi après-midi, elle sort. Ça fait cinq semaines que j’suis là et elle est jamais à la maison ces jours-là.
– C’est sûrement un pompier, dit Russell, un gars qu’est de service de nuit dans une caserne de pompiers. Jeune, en plus, à cause qu’elle sort pas le week-end.
– Ou un enfoiré de flic. Ça serait pareil avec un flic. J’y ai dit : “C’est pas mes affaires, Sandy, j’espère seulement que tu roules pas dans le foin avec un flic, c’est tout.” Elle me regarde. “Pourquoi ? qu’elle me dit. Qu’est-ce que vous avez, vous autres, que les flics ont pas ?” Cette môme, je la plains.
– C’est toi que tu devrais plaindre.
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« Y a un truc qu’a foiré, un jour, tu t’en souviens, de ça ? J’ai pris le type qu’y fallait pas pour un coup, tout le monde était pressé, faut qu’on se bouge, on a besoin de fric, un truc ou un autre, tu peux compter sur lui, et moi, pour ça, c’est moi qu’ai écopé le plus. Alors bon, on l’a pris, et moi, je le savais, que c’était un type que j’étais vraiment pas sûr de lui. Je pouvais pas dire c’qu’y avait qu’allait pas, mais je le savais, que c’était pas le type qu’y fallait. Mais je l’ai pris quand même. Et c’était pas le type qu’y fallait. Et j’ai bouffé du porc plein de graisse qu’était dégueulasse, j’ai l’impression que c’était tous les jours, pendant presque sept ans, et mes gosses y grandissent, et mon affaire, ça va, elle tourne pas aussi bien qu’elle devrait, et moi, j’suis derrière les barreaux, et maintenant, j’peux pas revenir en arrière, pour ça, tu piges ? Alors maintenant, j’peux plus bouffer les trucs que je préfère à cause qu’y me rappellent que moi, maintenant, j’prends mon temps, c’est comme ça et pas autrement. Non, je m’en fiche de toi, de c’qui t’embête. On peut faire un coup, super, on le fait. Si on peut le faire sans prendre de risques et sans faire foirer quelque chose qu’est vraiment chouette et sans se foutre à nouveau dans la merde. Mais de cette saloperie de porc, j’en ai bouffé pour la dernière fois de ma vie, bordel ! Foirer un coup, c’était la dernière fois. Appelle-moi jeudi. Jeudi, je saurai. J’te dirai.
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– Mon ami, dit Amato, tu la connais, ma femme, Connie ? Son rôti de porc, il est super. Elle le farcit, tu sais ? Il est vraiment super. L’autre soir, elle en fait. La première fois depuis mon retour à la maison. J’ai pas pu le manger. J’y ai dit, j’ai dit : “Connie, me fais plus de rôti de porc, plus jamais.” Mais avant, j’adorais ça, je disais toujours que c’était c’qu’elle réussissait le mieux, et c’est une bonne cuisinière. J’veux dire, une très bonne cuisinière. C’est pour ça qu’elle est tout le temps grosse comme une vache, elle aime manger et elle aime cuisiner, elle fait de la très bonne cuisine et elle la mange. “Le bacon, le jambon, j’y ai dit, je m’en fous, qu’ça soit du cochon. Mais pas de la viande de porc. Tu fais des haricots au four avec du lard, hein ? M’en donne pas avec du lard dessus. Les haricots, je les mangerai. Pas le porc.” Alors bon, j’suis allé au vendeur de clams, j’ai bouffé dans ma putain de bagnole, et j’avais pas, jusqu’à y a un mois, j’avais pas mangé avec ma famille depuis presque sept ans. J’ai quand même mangé au stand de clams.
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- (...) Ça serait un truc qui serait toujours là, ça serait un truc comme ça, d’accord, peut-être que je pourrais prendre le risque. Je pourrais envoyer deux gars que j’aurais peur que peut-être y disjonctent et qu’y fassent foirer le coup, et peut-être que j’les croirais sur parole que j’peux compter sur eux. Bon, d’accord, y font irruption, y disjonctent et y font foirer le coup, ça serait une banque ou j’sais pas quoi, elle serait encore là la semaine suivante pour deux gars qu’en ont un peu plus dans le crâne, très bien. Mais c’est pas le cas. C’est pas comme ça. Vous foirez, et le truc, il est plus là, y va disparaître. Faut que j’réfléchisse. Faut que j’sois sûr. J’vais parler à des gens. J’vais prendre mon temps, pour ce coup, autant que j’peux le prendre, en tout cas.
– John, dit Frankie, j’ai besoin de fric. J’ai été longtemps en taule et j’ai rien trouvé. Tu peux pas me faire poireauter comme ça.
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– Sûr, dit Amato, et c’est ça que tu vas rechercher, quand tu seras sur le point de l’faire, le coup que j’ai à faire, tu vas te charger et tu vas planer, après tu vas y aller camé jusqu’aux yeux, et y a un pauv’con qui va se mettre à gueuler ou j’sais pas quoi, et y va se bouffer une balle, et un coup super facile qu’un gosse dans un état normal pourrait pas foirer, y va être foiré. C’est exactement c’que je crains !
– Non, John, dit Frankie, tu peux compter sur lui.
– Peut-être que j’peux compter sur lui. Et peut-être que j’peux pas. Peut-être que c’est toi sur qui j’peux pas compter. J’veux pas que quelqu’un se fasse tuer ou blesser sur ce coup-là. Y a rien, y a aucune raison que quelqu’un devrait se faire tuer ou blesser, les gars qui feront irruption pareil que ceux qui seront là quand les autres feront irruption. Ce fric, c’est que du fric, rien de plus. Aucune putain de connerie ou autre qui risque de tous les foutre dans une rage noire
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« Alors moi, j’ai essayé l’héroïne. T’es obligé de prendre quelque chose. Alors j’me suis tapé un peu de cette chouette poudre blanche, et c’que je faisais, moi, j’la prenais après, tu vois ? Après en être sorti, des tunnels. J’avais plus à y retourner ce soir-là. D’abord, j’la sniffe. Après, deux ou trois fois, j’la prends autrement, mais je sniffe surtout. Mais j’en prenais. Et j’aimais bien.
« Bon, c’est pas un truc, ça te fait te sentir bien, mais c’est pas un truc qu’y t’apporte vraiment quelque chose, tu l’sais, ça. Quand t’es en bas, ça te protège contre rien. Mais t’y es allé et t’en es ressorti, et faut que t’y retournes, et tu veux pas y réfléchir, à ça, peut-être que tu vas pas réussir à en ressortir quand tu vas y descendre, si toute ta chance, tu l’as épuisée à force de réfléchir. Alors là, c’est vraiment hyperagréable. Ça te fait pas perdre tes réflexes. Tu te sens juste bien, et c’était ça que je cherchais.
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« Et après, j’me mets à regarder les autres gars. Je les vois, et je continue à réfléchir, et tous, la plupart, y fument, au moins. Et ces types qui fument de l’herbe, tu sais ? Y sont vraiment accro et y perdent leurs réflexes. Moi, j’le regardais comment qu’ça se passait. Je voyais qu’ça allait m’arriver, c’qui leur arrivait à eux, j’en prenais un peu, et j’ai commencé à piger, voilà c’qui s’est passé, ces gars, là, quand ils avaient commencé à en prendre, c’était sûrement un tout petit peu, pour eux aussi, quand ils ont commencé. Tu commences à oublier des trucs. Tout c’que tu cherches, c’est plus rien en avoir à foutre, de c’qui se passe, tu sais ? C’est très bizarre. Et aussi, chez les types qui sont plus vieux, y en a qui boivent beaucoup. Et bientôt, y sont souvent malades. Ils ont les mains qui tremblent. Y font plus attention non plus. Et quand tu descends dans ces boyaux, y a le fil de fer, le niac ou autre chose, et ben, tu vas avoir plein de temps pour y penser, après, ou alors t’auras plus de temps du tout. Tu peux pas les perdre, tes réflexes.
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« Alors ça m’a donné à réfléchir, et réfléchir, c’est pas bon pour moi. Mais ça m’a donné à réfléchir et j’ai compris, bon sang, j’suis dans la merde, ça, on peut le dire, et personnellement, j’y peux strictement rien. Tout c’que j’peux faire, c’est que j’peux avoir la chance et les couilles, mais la seule chose sur quoi j’peux compter, c’est les couilles. J’peux pas me permettre d’avoir un mauvais jour. Sauf que j’sais pas comment j’peux y arriver, à ça. Alors, quand j’en ressortais, comme je savais que le lendemain j’y redescendais encore, la seule chose que je voyais, c’était que j’avais passé un jour de plus. C’est tout. Alors je fumais un truc. Et ça m’aidait.
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« Moi, des jours pourris, j’en ai pas connu. J’y suis descendu pendant presque deux ans, dans ces tunnels, et des jours pourris, j’en ai pas eu. J’achetais pas des Ford Mustang pour apprendre à des p’tits cons à conduire, mais j’ai pas eu de jours pourris non plus.
« Le problème, l’Écureuil, c’est que quand je passais mes journées à faire ça, je pouvais pas en être sûr, à ce moment-là, que j’allais pas en avoir un de pourri, de jour, tu vois ? Quand j’ai commencé, je m’disais que c’était juste une question de couilles. J’veux pas te vexer ni rien, mais des couilles, j’en ai toujours eu, tu sais ? Et je pensais que je prenais ça bien parce que j’croyais qu’ça tenait qu’à ça et comme j’en avais, je risquais rien. Et après j’ai vu, je les ai vus sortir plusieurs gars qu’étaient descendus dedans, et les mettre dans les sacs verts, tu sais ? Et y en avait deux, ils en avaient plus, de couilles, quand y sont sortis, rapport à c’qu’ils avaient pas eu de chance, ils y étaient descendus cette fois-là, et ils avaient plus de bite non plus, et le charbon de bois, ça y fait rien, aux coupures et au reste. Ces putains d’explosifs planqués, ils avaient tout arraché comme si y avait jamais rien eu.
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– L’Écureuil, dit Russell, quand j’étais gosse, je planais en prenant du Cheracol2. J’ai jamais eu de problèmes. Quand je bossais pour mon Oncle Sam, j’avais des missions, fallait que je descende dans des tunnels, tu sais ? Avec du charbon de bois sur la gueule, je descendais dans ces tunnels, le calibre 45 à la main et le couteau entre les dents, putain, et je descendais dans les tunnels. Chaque jour, j’y allais, dans les tunnels. Si y avait rien dedans, c’était une super journée. Une journée pas trop super, t’avais probablement qu’une grosse saloperie de serpent dedans ou une autre bestiole de merde qu’essayait de te bouffer. Les jours plutôt mauvais, t’avais un niac maigrichon en bas avec un flingue qu’essayait de te tuer. Les jours qu’étaient pourris, c’était quand le niac y arrivait, ou quand y avait un morceau de fil de fer et y se trouvait que toi, y se trouvait que t’étais pas attentif ou va savoir quoi, et il était relié à un truc qu’explosait hypervite, ou t’avais une tige de bambou pointue planquée en bas, dedans, avec plein de merde de niac dessus, juste sous ta main, et là, tu te tapais ta septicémie galopante.
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– Je te demande de me trouver un type rapport à c’que j’ai un coup, tout c’qu’y réclame, c’est de l’faire, et on se gagnera un bon paquet de fric. Tout c’que j’ai à faire, c’est trouver deux gars capables de faire un truc qu’est vraiment simple sans tout faire merder, et tu peux pas me trouver mieux qu’ça ? Un putain de camé ! Et je devrais vous laisser faire, tous les deux, vous ferez irruption là-bas et vous ferez tout foirer pour de bon, un coup comme y en aura pas un pareil avant une éternité ! J’ai pas envie de m’éclater la rate avec ce truc, tu piges, à cause que j’ai dû aller trouver un type qu’avait l’air bien quand je l’ai engagé, et qu’après, y fait irruption là-bas et il est dans un état second à cause qu’y s’est fait une piquouze, bordel. Moi, j’le veux, ce putain de fric. C’est ça qu’y me faut.
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