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Citations de Gérard Glatt (59)


- Vous ne croyez pas que c'était utile ? avait répondu Jules. Ces murs envahis par la misère, ça me faisait quelque chose. Ils sont trop beaux, ils en ont trop vu pour rester cachés...
- Les vieux, pourtant, on les mettrait bien parfois sous des draps pour ne plus les voir, avait grommelé Ferdinand, sans bien savoir s'il s'adressait à Jules ou à lui-même. On les voudrait plutôt enfermés dans des placards plutôt que vif-argent dans nos rues.L'amour des vieilles pierres, c'est ça ? Tu penses pas plutôt qu'on devrait commencer par aimer les gens ?
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Bien sûr qu’il y a des ratages, bien sûr qu’il y a des loupés, et alors ? La vie n’est faite que de ça.
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Parce que son humeur de chaque jour avait changé presque aussitôt, était redevenue ce qu’elle était auparavant, quand ils traçaient, lui et Ferdinand, le sentier qui descendait jusqu’à la Dore. Une humeur sans ennui. Courageuse et chantante.
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Mais c’est vrai que la méchanceté est profondément ancrée en l’être humain. Sans elle, il aurait disparu depuis longtemps. Pourtant, il n’y a pas de gloire à en tirer… De Daniel, parce qu’il n’est pas normal, on n’en veut pas dans les parages. Et Daniel, quoi de plus naturel, ressentait cela comme une injustice. Tout est fait pour qu’il soit malheureux. Moquerie permanente, autant des gamins que des parents. Je les ai vus, et j’en ai autant souffert que Daniel, même si ça n’a pas été de la même façon, que ce soit à La Norville, à Vaison-la-Romaine, en Alsace ou partout ailleurs où nous avons séjourné avec lui, sauf à Chauchoine, c’est exact – moqueries des gamins, dis-je, que les parents, dans notre dos, ne manquaient pas d’encourager… p. 187
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Certains s'étaient souvent demandé, du vivant du père de Cécile, quelle frénésie avait bien pu le pousser, au fil du temps, à acquérir toutes ces parcelles de terre, ou de bois, ou de rien du tout, vu qu'il avait même acheté des ruines, des toitures écroulées, des murs effondrés, un peu comme on ramasse tout ce qui traîne, y compris les mégots, de crainte que d'autres n'y trouvent un attrait.
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Plutôt une sensation irréelle, là où tout s’était brisé, d’indépendance reconquise. Ou découverte pour la première fois. Comme s’il était venu au monde avec des chaînes. Aux pieds. Aux mains. Peut-être aussi à son cou. Des chaînes aux maillons lourds, énormes, en acier plein, dont il se serait soudain débarrassé. Oui, libre. Libre, enfin.
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- Tu sais ce que c’est la science…
La réponse de Cécile n’avait pas tardé :
- Elle fabrique les bombes et les mauvaises nouvelles. Une sentence, docteur, que vous m’avez dite un jour.
- Tu as raison, je crois bien qu’elle est de moi. Et je crois bien qu’elle n’est pas si fausse.
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Etrangement, bien que l’été fût encore là pour plus de deux semaines, on s’était mis aux travaux de l’automne. Un peu comme si on prenait de l’avance sur le temps. Un temps qui, dans l’inconscient de chacun, n’allait pas manquer de manquer.
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Jules partit le lendemain, 23 novembre 43, caché à l'arrière d'une fourgonnette. Méconnaissable, les cheveux en broussaille...
- Le père Renard est prévenu. Tu coucheras chez eux, sûrement. Ensuite, tu te rendras à Belle Etoile. Mais là, c'est un peu chez toi, si j'ai bien compris. J'espère qu'on ne t'a rien cassé.
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- ... Et puis cette fiche cauchemarde elle va bien finir un jour.
La "cauchemarde" c'était la guerre.
- Si j'étais curé, c'est comme ça que je l'aurais baptisée, expliqua l'instituteur en riant.
- Pourquoi pas ? fit Jules, en riant lui aussi.
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Et que l’Ave, ce torrent colérique, au bruit sombre et tempétueux, traversait dans toute sa longueur, incivile souvent, et folle, rejointe ici et là par quelques rivières aussi déraisonnables qu’elle. Seul cordon de vie qui raccordait la vallée au reste du monde. Ou distinguait le reste du monde de ce qu’il avait de plus extrême.
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Ce 17 août, après l’avoir un tant soit peu arrangée robe et savates, cheveux aussi -, Tronchet avait soulevé Germaine, et, tout en ayant soin d’éviter les ornières du chemin, il avait entrepris de la ramener à la ferme, le regard porté loin devant, jusqu’où, semblait-il, l’horizon se heurtait aux montagnes. Son regard, que pas une larme ne troublait, ne ñxait rien de précis, hormis ce que sa mémoire fidèle à quelques instants de sa vie lui avait alors imposé. Tel ce joyeux rire, le rire d’Antoine, le fils qu’il avait eu de Germaine, le rire aigrelet, déjà très lointain d’un enfant heureux d’apporter avec lui, comme un trésor entre ses mains, ce que sa maîtresse, un jour, lui avait appris à l’école. Cette phrase que Victor Hugo avait écrite cent quatre vingt-onze années plus tôt, en août 1825 : «La vallée de Sallanches est un théâtre; la vallée de Servoz est un tombeau; la vallée de Chamonix est un temple... », comme lui et Adèle, son épouse, accompagnés de leur petite Léopoldine, alors âgée de un an, voyageaient à travers les Alpes. « La vallée de Sallanches est un théâtre... » Antoine l’avait répétée à ses parents, lors du repas du soir, tandis que sa mère s’occupait à remplir son assiette. Tronchet, en l’écoutant, avait tenté un léger sourire. Ce que Hugo avait écrit était si vrai.
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- ...Trop vieux, ça non. Mais on fait chacun à sa mesure, chacun à sa cadence. Comme on peut. Comme on doit.
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Et bientôt, la cuisine fut plongée dans le noir complet. Un noir de circonstance, sans lune dehors, sans étoiles, sans nuages. Ni vent. Ni pluie. Un noir ou rien ne bruissait. Et dans lequel les chouettes n'osaient s'enfoncer de peur que le froissement de leurs ailes ne leur attire des ennuis. Un noir de nuit, où l'on n'y voyait goutte.
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Alors, pour savoir, pour être sûr qu'on était encore vivant, on regardait les autres. Notre reflet, c'était eux.
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Des langues de rien, assez bonnes tout de même pour une renommée bien forgée, qui sifflaient dans l’ombre et s’aiguisaient toutes seules, rien qu’en se briquant les unes contre les autres, et se faufilait, tantôt au-dessus des têtes, tantôt au ras du bitume, toujours insaisissables, toujours incontrôlées.
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Carnet n° 4 (extraits)
Lundi 5 décembre 2005, dans la soirée — Qu’en sait-il, ce commissaire, de mon amour excessif? A-t-il au moins des enfants? ou rien qu’un seul? Je donne à Chris ce que je lui dois. Y compris ce qu’il ne me demande pas. Est-ce vraiment trop? Beaucoup trop? Il n'avait pas demandé à vivre. Et pourtant... Il n’avait pas demandé à vivre éclopé, cloué dans un fauteuil roulant. Et pourtant... Alors, Odile et moi, à notre manière, nous l’aidons du mieux que nous pouvons. Sans rien vouloir réparer. Que pourrions-nous réparer? Nous ne sommes pour rien dans ce qui est arrivé. Parce que si je n’ai pu le retenir avant qu’il ne monte dans cette voiture, si je n'étais pas présent, c’est sans doute parce que ce devait être ainsi. Je n'écris pas cela pour me défausser, mais parce que je ne crois ni au hasard ni aux coïncidences. Uniquement au destin. Ou encore à la volonté de Dieu, que je néglige depuis longtemps, c'est exact. p. 249
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A ce moment, le mont Blanc était un ami ; le seul vrai, se disait Guillaume, qu'il ait jamais eu. Par la suite, entre eux deux, les liens s'étaient encore resserrés, à la manière de ceux qui unissent un père à son fils ; et Guillaume, plus d'une fois, se surprit, tout en parlant, à tendre la main vers cette image, perchée tout là-haut dans le ciel, qui ressemblait à s'y méprendre à un visage. Celui d'un vieux sage. Philosophe des temps anciens. Il disait alors au mont Blanc que, tôt ou tard, il le rejoindrait et, bien que celui-ci, toujours impassible, se gardât de lui répondre, sa confiance demeurait inébranlable et, intact, cet espoir un peu fou de l'étreindre.
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Les prairies se refirent une beauté. Les myosotis, les centaurées les y aidèrent, le papillon nacré également, pareil à une fleur de vent. Dans les basses-cours, comme naguère, on se reprit à caqueter. Et les coqs, pas peu fiers de ces bavardages, se hissaient sur le fumier, au point culminant des odeurs, ou sur le barreau le plus élevé des échelles de grange, pour y lancer leur premier cri d'ivresse, celui des beaux jours revenus et des amours nouvelles.
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Il y eut alors un long silence. Le silence de l'attente. Ou de l'espérance que chacun, déjà, savait inutile. Seule la tiédeur du jour, comme insensible, poursuivant son ouvrage, continua de frémir dans l'air, d'agiter les feuillages, d'éclater les minuscules corolles vertes ou jaunes qui fleurissaient encore le sous-bois.
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