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Citations de Gérard Noiriel (156)


L’ambition ultime de cette Histoire populaire de la France est d’aider les lecteurs, non seulement à penser par eux-mêmes, mais à se rendre étrangers à eux-mêmes, car c’est le meilleur moyen de ne pas se laisser enfermer dans les logiques identitaires
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En 2012, j'ai publié un petit livre sur le même thème. A ce moment-là, j'étais convaincu qu'il m'était impossible d'aller plus loin. Un historien de métier n'a pas le droit de tricher avec la vérité. Ne rien affirmer sans preuve. Telle est la règle fondamentale que nous enseignons à nos étudiants. Pour être recruté dans la communauté universitaire, l'apprenti chercheur doit prouver à ses pairs qu'il maîtrise les savoir-faire du métier. Il faut qu'il connaisse les fonds d'archives, qu'il sache décortiquer ses sources, les critiquer, les confronter, les interpréter à partir de ses hypothèses.

J'ai toujours défendu cette conception de l'histoire par respect pour ceux qui nous font confiance. Néanmoins, en gardant le silence sur ta vraie vie, sous prétexte que je n'avais pas d'archives, je me suis peu à peu rendu compte que je risquais fort de cautionner le déni de mémoire dans lequel tu as été plongé. Pour éviter ce piège, j'ai décidé finalement de passer de l'autre côté du miroir.
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Un Martien qui ne connaîtrait notre monde qu’en regardant les actualités télévisées se demanderait sans doute comment nous parvenons à survivre au milieu de tous ces crimes, ces guerres, ces catastrophes. Néanmoins, en décryptant ces petits récits qui s’appuyaient presque toujours sur des faits authentiques, je me fis une idée plus précise des problèmes que devaient affronter chaque jour les jeunes immigrés noirs qui résidaient en France à la fin du XIXe siècle.
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Les représentations du monde rural avaient pour point commun qu'elles étaient toutes construites par les élites urbaines et généralement parisiennes. Quel que soit leur milieu social, tous les auteurs partageaient les mêmes préjugés. À leurs yeux, la proximité du paysan avec la nature le maintenait dans un état de sauvagerie chronique, illustré par ses comportements brutaux et cruels.
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Napoléon III imposa un régime autoritaire qui annihila pendant plus de dix ans toute critique publique. Néanmoins, il est abusif d'affirmer que l'empereur se serait attaqué à "la" liberté. Le propre des intellectuels [...] est de généraliser ce qui les touche. La bourgeoisie cultivée et l'élite ouvrière du monde urbain furent victimes de la censure car celle-ci supprima la liberté de parole. Toutefois cette répression affecta peu les classes populaires du monde rural car celles-ci n'étaient pas encore intégrées dans la sphère publique, bien qu'elles aient formé la grande majorité du peuple français.
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Quels étaient les critères qui permettaient de définir le "caractère national français" par opposition aux autres nations européennes ? Michelet confia dans ses souvenirs qu'en 1832 il se réveilla en pleine nuit, frappé par ce qu'il a appelé "l'éclair de juillet". Il avait trouvé la réponse à sa question : "L'Allemagne est une race, l'Angleterre un empire, la France une personne".
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Le grand sociologue allemand Max Weber nous a enseigné que la souveraineté de l'État supposait que ses dirigeants disposent du monopole de la violence physique légitime.
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Le pouvoir, même quand il se présente absolu, ne peut réellement s'exercer que s'il rencontre l'adhésion d'une partie du peuple qui le subit.
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La démocratisation de la vie politique, les réformes de l'école et la liberté de la presse ont donc joué un rôle essentiel dans la "nationalisation" de la société française. Ce terme ne signifie pas, évidemment, que tous les Français aient été fabriqués dans le même moule, qu'ils aient tous pensé la même chose, partagés les mêmes croyances. Il signifie seulement qu'à partir des années 1880 ils ont tous été pris dans les liens d'interdépendance tissés par l'Etat. Pour prendre une métaphore linguistique, je dirais qu'ils ont tous utilisé la même langue pour nommer leurs différences.
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J’ai publié mes premiers écrits sur la question de l’immigration il y a quarante ans, en 1980, au moment même où Éric Zemmour était en train d’échouer au concours de l’ENA1. Quand il a fait paraître son premier livre, quinze ans plus tard, j’avais déjà consacré plusieurs ouvrages qui réfutaient, preuves à l’appui, la plupart des thèses qu’il ressasse aujourd’hui.
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En s'attaquant aux vitrines de magasins de luxe situés sur les Champs-Élysées, les Gilets jaunes ont voulu exprimer, par des moyens spectaculaires, leur rejet d'une société où les inégalités sociales ont atteint un niveau scandaleux.
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Les aristocrates ayant connu le déclassement social cautionnaient ce point de vue parce qu'ils avaient gardé un fort ressentiment à l'égard d'une paysannerie qui avait acquis une partie de « leurs » terres depuis la Révolution. C'est ce regard péjoratif qu'Honoré de Balzac mit en forme littéraire dans son roman Les Paysans, écrit en 1844 (mais publié après sa mort). Il apparaît également dans le livre célèbre du comte Arthur de Gobineau, Essai sur l'inégalité des races humaines (1853). Cet ouvrage, souvent présenté comme le texte fondateur du racisme moderne, contient effectivement de nombreux développements sur l'infériorité des races « primitives » et sur le danger des métissages. Cependant, son raisonnement s'applique aussi aux paysans de France. Sur trente-six millions d'habitants, écrit-il, il y en a dix qui agissent « dans notre sphère de sociabilité » et vingt-six qui restent en dehors. « Il en va de ces masses comme de certains sauvages : au premier abord on les juge irréfléchissantes et à demi brutes parce que l'extérieur est humble et effacé », puis on constate que cette antipathie est volontaire. Ils ne sont pas méchants, mais « ils se regardent comme d'une autre espèce ».
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Au lieu d'alimenter à mon tour les jugements de valeur au nom desquels se sont affrontés les partisans et les adversaires de Robespierre, je voudrais insister sur le fait que son raisonnement s'inscrivait dans le prolongement d'une réflexion déjà ancienne sur la place qu'il convenait d'accorder au droit de vote dans l'exercice de la citoyenneté. Comme l'a souligné Bernard Manin, le processus électoral n'était pas un acquis de la Révolution, puisqu'il était déjà pratiqué sous l'Ancien Régime. Le fait qu'il ait été élargi à plusieurs millions de Français apparut néanmoins comme un progrès tellement extraordinaire dans la marche vers l'égalité que le droit de vote fut très vite perçu comme un synonyme de la démocratie. Les polémiques se focalisèrent sur les discriminations établies entre les citoyens « actifs » et les autres, ce qui occulta un problème plus important, dont la philo¬sophie des Lumières avait débattu des deux côtés de l'Atlantique bien avant la Révolution française. La procédure élective était une délégation de pouvoir qui allait à l'encontre du principe d'égalité. Elle comportait, en effet, une dimension aristocratique puisqu'elle avait pour but de choisir les « meilleurs » candidats (aristoï en grec). Aux yeux de ces philosophes, seul le tirage au sort aurait permis de respecter pleinement le principe d'égalité entre les citoyens.
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Les femmes, qui avaient été elles aussi réduites au rang de « citoyens passifs », se firent également entendre en privilégiant l'action directe. À l'époque, la plupart d'entre elles n'avaient pas encore de place autonome. Elles existaient dans le cadre familial, vouées à l'entretien du ménage. Elles passaient leur journée à coudre, servir, instruire, soigner. C'est pourquoi, pendant la Révolution, elles furent surtout présentes dans les mouvements dénonçant les « accapareurs » et exigeant du pain pour le peuple. En octobre 1789, plusieurs milliers d'entre elles participèrent à la marche de Versailles pour ramener le roi à Paris. Elles manifestèrent au nom d'un « nous citoyennes » qui était déjà une manière de dénoncer la domination masculine. Le 27 février 1792, trois cents « citoyennes de Paris » déposèrent une adresse à l'Assemblée nationale pour exiger le droit de porter les armes dans les bataillons féminins. Le 6 mai 1792, à la tête d'une députation citoyenne, Pauline Léon lut à l'Assemblée législative une pétition signée par 319 femmes qui demandaient le droit d'organiser une garde nationale féminine. En mai 1793, elles créèrent une Société des citoyennes républicaines révolution-naires. Les femmes jouèrent aussi un rôle actif dans les sociétés populaires. À Paris, une tribune fut installée dans la quasi-totalité des quarante-huit sections de la ville pour leur permettre de suivre les assemblées générales. Elles y intervenaient fré¬quemment pour présenter leurs doléances. Cette intégration au sein du mouvement social favorisa grandement la fusion des points de vue. Ces femmes partageaient les valeurs et la culture des sans-culottes qu'elles avaient contribuées à forger; leur égalitarisme partageux, leur attachement à la notion de souveraineté populaire, leur volonté de contrôle des élus et des fonctionnaires publics.
Toutefois, les femmes ne pouvaient pas adhérer complète-ment au discours des sans-culottes quand ceux-ci exaltaient la virilité comme l'une des composantes centrales de la citoyenneté.
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J'ai été touchée par l'épigraphe qui précède le chapitre X. "Le devoir de la race" , page 411

"Voici des hommes noirs debout qui nous regardent et je vous souhaite de ressentir comme moi le saisissement d'être vu"
JP Sartre, "L'Orphée noir"
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Le consistoire imposa en effet une discipline de fer et un rigorisme moral qui n’avait rien à envier aux pires pratiques de l’Inquisition, encourageant la délation et les humiliations de celles et ceux qui ne voulait pas marcher droit
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Je poursuivis mon périple en m'engageant dans la rue Oficios qui mène jusqu'à la Plaza de Armas, dans le coeur historique de Habana Vieja. Je pus constater qu'ici, les travaux de rénovation étaient déjà complètement achevés. Pour satisfaire la demande touristique , la politique de réhabilitation privilégie, en effet, les lieux de mémoire des deux piliers de l"ancien pouvoir colonial: l'armée et l'église.
p.16
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La meilleure manière de combattre l’injustice mémorielle dont tu as été victime, c’est de faire en sorte que tu trouves ta place dans la galerie des héros qui ont fait la France. Je vais m’inspirer des romans d’apprentissage du XVIIIe siècle pour raconter comment tu as découvert progressivement les réalités de notre monde en nous dévoilant du même coup des facettes de nous-mêmes que nous ne pouvions pas voir par manque de recul.
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Le cirque est un monde de saltimbanques, peuplé d’artistes qui vivent dans l’instant sans trop se préoccuper de l’avenir et encore moins du passé. Leur culture est faite de gestes, de paroles, et non pas d’images et d’écrits. L’historien n’aime guère les peuples de l’éphémère, ou plutôt il les ignore, car ils n’ont pas laissé d’archives.
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L’idéal serait d’aborder le problème par le biais du rire. Dis-moi de qui tu ris, je te dirai qui tu es.
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