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Citations de Ghislaine Dunant (30)


La jouissance c’est la séparation. Séparation d’avec soi. Rien à voir avec quitter quelqu’un. Se séparer de soi-même, on en redemande. Quitter l’autre, on s’en passerait parfois.
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Elle a cherché à écrire, pour tisser la trame qui raccommode ! Ecrire l'oeuvre qui nous raccorde à ce qui fut.
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Elle adopte le ton de la douceur, elle choisit la douceur alors qu'elle parle du pire.
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L'horreur du massacre à venir reste dans l'ombre - puisque nous savons. Nous savons le crime, elle n'a pas à nous l'apprendre. Mais nous ne savons jamais assez ceux qui descendaient du train. Nous n'avons rien vu.
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Charlotte Delbo passera sa vie à écrire ce qui n'était pas concevable et qui fut.
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Porte de sortie, retrait dans le secret, reconnaissance d'une part insondable en soi, volonté farouche de n'être captive de personne, il y a de tout cela chez Charlotte Delbo.
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Elle n'a pas cherché à nous convaincre de ce qu'elle avait vécu mais a voulu rendre à notre conscience ce qui avait eu lieu. Nous donner à entendre, par la force de ses mots et de son style, la catastrophe qui a fait une fracture dans notre humanité, et nous donner la possibilité de nous y raccorder par l'émotion, la sensation.
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Le ciel gardait tard un éclat bleu clair, ma fenêtre donnait au nord, je voyais la même lumière vive du matin au soir, les pins découpaient le contour de leur silhouette sur le fond du ciel. Tout était une sollicitation violente à vivre. une sollicitation à déborder.

(Page 18)
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La première heure, je restai couchée. Puis je sentis le vide s'installer. C'était le matin. Il y avait eu la nuit, la longue nuit, la journée avait commencé et il fallait que j'accepte de ne pas la voir, faire comme s'il n'y avait pas le commencement d'une nouvelle journée, ne rien espérer. Je devais rester couchée dans l'obscurité. Mais je suis là parce je n'arrive pas à vivre...J'aurais tant voulu qu'on m'apprenne comment essayer...

(Page 57)
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Mais tout l'afflige dans cette ville, écrit-elle au moment de quitter Moscou, la laideur, la vulgarité, l'abandon. Ne jamais voir une jolie robe, une démarche gracieuse, de belles fleurs, des couleurs fraîches, un joli sourire, et voir ces dents abîmées, ces prothèses qui déforment les bouches - rien n'échappe à son regard. Elle ne supporte plus l'absence de ce dont elle a besoin et aura besoin toute sa vie, des fleurs, un joli bouquet, un geste gracieux, une allure qui la charme, un exemple de l'art de s'habiller, l'arrangement d'une vitrine, la beauté gratuite qui se goûte d'un regard. "Il y a un moment où on ne peut plus supporter tant de laideur. C'est aussi le moment où on s'y habitue, où on cesse de la voir. "
Page 190
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"Ce n'est rien de mourir / en somme / quand c'est proprement / mais dans la diarrhée/ dans la boue / dans le sang / et que ça dure / que ça dure longtemps"
Extrait de Une connaissance inutile - Charlotte Delbo (p 35)

page 134
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Le monde aveuglant de terreur d'Auschwitz a ôté la possibilité de voir le clair-obscur, de croire au mystère des choses, d'attendre que les choses se dévoilent, puisque la terreur avait ôté le temps, le travail du temps, les métamorphoses, la profondeur du monde
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Pour écrire, elle va chercher des formes pour nos images, notre sensibilité, notre émotion, notre conscience, notre besoin d'accéder au symbolique. Celui qui nous permet de nous sentir pleinement humains. Lire une langue qui peut dire l'épouvante permet de remplacer le vide que crée en nous l'inconcevable inhumanité.
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J'étais entrée dans la cellule où Hans allait me dire adieu, avec les mots qui sont ceux de tous les adieux, car c'était un éternel adieu, impossible de s'y méprendre, et la présence d'Ondine l'attestait, elle qui oublierait; et de savoir que moi aussi je devrais oublier me déchirait le cœur. Et pourtant c'était l'évidence puisque je vivais, (...) cela voulait dire que je l'oubliais déjà (...). J'appelle oubli cette faculté qu'a la mémoire de rejeter dans l'insensible le souvenir d'une sensation chaude et vivante, de transformer en images qui ont perdu leur pouvoir enivrant ou atroce, le souvenir de l'amour vivant, de l'amour de chair et de chaleur.
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Son absence au monde, Charlotte s'en souvient aussi comme une absence des mots, une absence aux mots. Si la réalité s'est éloignée, le langage s'est évanoui.
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Il avait parlé sans affect. Un récit qu'il devait faire pour la énième fois. Qui avait perdu sa substance. Sa douleur était loin, loin à l'abri.
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Les piqûres et les perfusions étaient des agressions puisqu'on ne m'expliquait pas les traitements.
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J'étais traitée comme une enfant, mais on me donnait un pot de confiture en entier à avaler, et cette démesure grotesque m'inquiétait.
(…)
J'avais honte de ce qui s'était passé, j'avais honte d'avoir été nourrie de confiture, au lit, jusqu'à n'en plus pouvoir. Je ne m'étais pas révoltée, ma honte avait fait son chemin et me disait de tenir secret ce qui s'était passé.
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Petite, j'avais huit ans, un an après la mort de ma mère, le soir très tard alors que j'étais censée dormir, j'allais dans le couloir.
Je me postais près du mur, pas contre le mur, je ne m'appuyais pas, j'attendais.
J'avais peur dans ma chambre. Je crois, peur qu'on m'oublie. Le sommeil ne me prenait pas. Quelque chose me manquait. Je ne pouvais pas le trouver. Je ne le trouverais pas dans ma chambre, il ne viendrait pas, je le savais. Alors je préférais attendre dehors. Dans le couloir.
(…)
Ça allait venir, j'allais voir, entendre, sentir. Quoi ? Je ne sais pas. J'attendais.
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Je marche dans le jardin, j’ai contourné le grillage sur un talus qui longe l’ancienne voie de chemin de fer, là plus de barrière. Dans ce jardin à l’abandon, il est difficile de sentir sa présence. J’ai fait tout ce trajet pour venir jusqu’ici comme si le lieu allait me donner quelque chose d’elle que je ne trouvais pas ailleurs.
L’herbe est si haute, le feuillage des arbres se presse contre la maison, les mauvaises herbes recouvrent l’ancien quai, il n’y a plus âme qui vive qui fasse sentir une présence, je n’y sens rien de Charlotte Delbo et je scrute cette petite gare à l’abandon dont on a clos les ouvertures. Comme si j’étais en face d’une énigme.
Elle ne donne pas dans son livre le nom du camp, Auschwitz. À la première page qui évoque l’arrivée des convois, elle l’appelle « la plus grande gare du monde ». Ceux qui arrivent cherchent le nom du lieu. « C’est une gare qui n’a pas de nom. Une gare qui pour eux n’aura jamais de nom ». Dans le livre qu’elle consacrera à l’histoire de chacune des femmes de son convoi, elle écrira : les deux premiers mois au camp, « cent cinquante sont mortes sans savoir qu’elles étaient à Auschwitz. » Quand elle rentre en France définitivement, elle achète la plus petite gare du monde et fait poser le nom du lieu sur les murs.
Elle ne vendra jamais cette maison, elle ne s’en séparera pas. Elle y vient pour y vivre avec la chaleur de ses amis, il y a trois chambres à l’étage pour les loger. Elle fait venir des camions de terre pour remblayer le tracé de la voie, là où passaient les rails et le train. Elle eut toutes les peines à y faire pousser des fleurs, les mauvaises herbes abondaient, elle passait des après-midi entières à désherber cette longue plate-bande, seules les saxifrages poussèrent, elle s’amusait de leur surnom, « le désespoir du peintre ».
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