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Critiques de Gisèle Sapiro (12)
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Des mots qui tuent : La responsabilité de l'i..

Comment et sur quelles bases s'est passée l'épuration des intellectuels à la Libération. C'est le sujet de ce livre.



Il n'a pas été aussi simple que cela. Tout d'abord, il fallait séparer ce qui était de la littérature et ce qui était de la politique (les pamphlets haineux). Ce qui était de la liberté d'expression et ce qui était de la collaboration avec l'ennemi. Des frontières assez minces dont les défenses n'ont pas manqué d'essayer d'utiliser. L'antisémitisme ou le racisme n'étaient pas, à l'époque, considérés comme étant des crimes.



Le retour de la peine de mort, abolie en 1848, pour des crimes de trahison a été rétablie par décrets en 1939 et 1940.



Mais grosso modo, les condamnations ont été surtout décidées sur des écrits ayant donné des informations ou des avantages à l'occupant, de l'incitation à la haine provocant la désunion nationale ou alors des dénonciations nominatives dans les écrits.



Le livre décrit très longuement les nombreux procès, explicitant chaque point. C'est parfois assez long, mais la richesse de détails est assez importante même si, on se doute bien, les actes des procédures ont été bien plus fournis.



Le jugement des intellectuels a commencé dès la libération de la France, au deuxième semestre 1944. Des 55 procès, il y a eu 25 condamnations dont 10 condamnations à mort.



Il y a, dans la dernière partie, une étude assez très détaillée de la responsabilité de l'intellectuel, avec une bonne explication de la théorie sartrienne de la responsabilité de l'intellectuel.



Et on comprend alors pourquoi Sartre s'est refusé à signer des demandes de grâce à des intellectuels condamnés à mort alors que beaucoup d'autres intellectuels l'ont fait.
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Des mots qui tuent : La responsabilité de l'i..

Le travail et la renommée de Gisèle Sapiro ne sont plus à prouver. La chercheuse, sociologue, donne aux lecteurs des précisions pointues issues de ses vastes recherches en replaçant dans le contexte de l'époque le pouvoir des mots.

Dans la fièvre de la libération, un certain nombre d'exécutions sommaires de collabos avaient déjà eu lieu. Et la justice populaire avait trouvé ses victimes expiatoires dans la population jouant le rôle de bouc émissaire. On ne peut pas en dire autant du monde littéraire intellectuel, et autres sommités savantes et scientifiques, parfaitement à l'aise dans la collaboration avec l'occupation allemande en France. Tout ce monde jouissait de privilèges que la libération ne leur retirera pas, contrairement à d'autres qui, par leur idéologie philosophique démocratique pour la préservation des droit relatifs à tout être humain, sans condition de race et de religion; persécutés menacés d'emprisonnement, pire déjà déportés voire fusillés. Certains comme Breton , Maran, étaient partis en exil à l'étranger. Le GPRF s'efforça de placer l'épuration dans un cadre juridique, et une haute cour de justice fut créée à Paris pour juger les crimes d'État: c'est elle qui condamna à mort Pétain, Laval, Darnand, et Brasillach. Dans la plupart des cas c'est la Résistance qui s'efforça de calmer ces excès. Les chambres ont jugé des représentants intellectuels pour des affaires mineures de marché noir, le plus souvent elles rendaient des arrêtés de non-lieu, même si beaucoup de résistants constataient avec amertume que rien n'avait changé, et que le sens de leur combat était ainsi dénaturé. La légalité républicaine était instaurée.
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Peut-on dissocier l'oeuvre de l'auteur ?

Dans cet essai stimulant, Gisèle Sapiro nous donne des pistes pour tenter de trouver notre réponse propre à la question qui donne son titre au livre, et au-delà à adapter notre réaction.



Pour cela, il convient de différencier les cas de figures. Est-ce que l'acte mis en cause de l'auteur ou de l'autrice relève de sa vie privée (Polanski) ou bien est-ce une action publique ? Voire même, est-ce au cœur de son œuvre (Matzneff) ?

Deuxième axe de différenciation, la temporalité. Est-ce une erreur de jeunesse (Grass) ou bien le signe d'une "déchéance" liée à une fin de parcours (Millet) ? Ou encore est-ce un "secret" bien caché pendant toute la carrière (Heidegger) ?

De nombreuses citations viennent rappeler le contexte et les faits des cas de figures étudiés. Et se replonger dans "l'affaire Matzneff" en pleine "affaire Duhamel" donne une nausée empreinte de vertige.

Dans le même ordre d'idée, relire une citation de Finkielkraut sur Polanski, rappelle grandement une autre intervention du même triste sire à propos de Duhamel. J'ai mis en citation la phrase en question.

Rappeler les faits, c'est aussi rappeler les revendications ou demandes des protestant.e.s à chaque nouvelle affaire qui sont souvent renvoyé.e.s par un fallacieux anathème : l'accusation de volonté de censure.

Demande qui, par ailleurs, peut venir de collectifs ou associations militantes mais qui ne sont en général pas les positions des personnes publiques prises pour cible dans la contre-offensive.



Gisèle Sapiro rappelle à de nombreuses reprises la différence entre représentation et apologie, à l'origine d'une partie des polémiques. Elle donne à réfléchir sur la relation entre l'œuvre et son auteur, et sur la façon dont ils s'influencent l'un l'autre.

La partie centrale du livre est un peu plus complexe, rappelant que l'autrice est une universitaire.



Ce livre me donne de nouvelles clés pour affiner mon positionnement sur cette question qui agite la société. Peut-on dissocier l'œuvre de l'auteur ? Et si non, que faire ?

Une lecture qui amène plus de questions que de réponses. Une réussite donc.
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Responsabilité de l'écrivain. Littérature

Élève de Bourdieu, elle critique et remodele la pensée développée par Sartre, dans le sens d’une plus grande précision pour défendre l’acte performatif qu’est l’écriture, qui agit sur le monde. Preuve en est selon Gisèle Sapiro, sociologue issue des bancs de Bourdieu et auteur de La Guerre des Ecrivains, La Responsabilité de l’Ecrivain, les multiples procès ou condamnations auxquels de nombreux écrivains ont dû faire face au cours de l’histoire de la liberté d’expression, histoire intimement liée à la morale publique.
Lien : HTTP://lire-ecouter-voir.com
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Responsabilité de l'écrivain. Littérature

Critique de Victor Pouchet pour le Magazine Littéraire



Le talent excuse-t-il les partis pris polémiques ? Le génie d'une plume est-il au contraire un facteur qui accroît sa puissance symbolique et le rend particulièrement responsable ? Autant de questions que Gisèle Sapiro met très utilement en perspective dans un essai imposant d'érudition, qui est à la fois une histoire de la liberté d'expression et de la morale publique et une analyse sociologique de la représentation des écrivains. L'exclusion de Céline des célébrations nationales décidée par le ministre de la Culture aura eu au moins l'intérêt d'exprimer de nouveau combien la question de la responsabilité de l'écrivain reste problématique. Étonnamment, la façon dont a été traitée l'affaire Céline est en grande partie comparable à la manière dont littérature, morale et esthétique se sont opposées depuis le XIXe siècle. Le talent excuse-t-il les partis pris polémiques ? Le génie d'une plume est-il au contraire un facteur qui accroît sa puissance symbolique et le rend particulièrement responsable ? Autant de questions que Gisèle Sapiro met très utilement en perspective dans un essai imposant d'érudition, qui est à la fois une histoire de la liberté d'expression et de la morale publique et une analyse sociologique de la représentation des écrivains.



Directrice de recherche au CNRS, sociologue et historienne de la littérature, Gisèle Sapiro avait consacré une importante étude sur La Guerre des écrivains. 1940-1953 (Fayard, 1999). Elle y analysait la façon dont le champ littéraire avait continué à fonctionner sur ses règles propres pendant la guerre, laissant la place à différentes positions esthétiques et éthiques, principalement ordonnées autour de la question de la responsabilité. Ce nouveau livre élargit donc le spectre et étudie la responsabilité de l'écrivain en remontant au début du XIXe siècle. «Je suis tombé par terre/C'est la faute à Voltaire», chante Gavroche dans Les Misé­rables. Victor Hugo exprime en chanson ce qui reste central dans l'imaginaire français jusqu'au XXe siècle : la croyance dans le pouvoir des mots et la conviction d'une responsabilité majeure des hommes de lettres dans les événements révolutionnaires. À retrzpartir de la Révolution, la massification progressive de l'enseignement, l'alphabétisation et les lois successives réglant la liberté de la presse vont augmenter encore leur pouvoir aux yeux de la société.



Cependant, et c'est l'un des fondements théoriques essentiels de l'essai de Gisèle Sapiro, qui reprend l'analyse de Pierre Bourdieu dans Les Règles de l'art, le champ littéraire à partir du XIXe siècle s'autonomise peu à peu, devient indépendant des pouvoirs politique, religieux, économique. Tandis que leur responsabilité devient subjective, les écrivains tâchent de dissocier la littérature de la morale et de la politique. Pour exprimer ce conflit entre autonomie littéraire et morale, Gisèle Sapiro utilise un matériau très riche : celui des procès d'écrivains. C'est dans les cours de justice qu'appa­raissent souvent le plus clairement les limites de ce qui est considéré comme représentable et acceptable socialement. Mais l'essayiste ne se contente pas de re­prendre l'histoire des scandales célèbres, du procès du pamphlétaire Paul-Louis Courier sous la Restauration à ceux des écrivains collaborateurs en passant par ceux de Flaubert, de Baudelaire ou de Descaves. Elle les analyse avec ses outils de sociologue, interroge les stratégies parfois contradictoires de défense et d'accusation, et les éléments de permanence de cette période longue. Il est fort intéressant d'observer l'évolution dans les motifs de mise en cause des écrivains : l'accusation d'outrage religieux sous la Restauration se laïcise en outrage des moeurs sous la monarchie de Juillet, puis laisse la place aux atteintes à l'intérêt de la nation à partir de la IIIe République. Ce lien entre littérature et nation se réaffirme comme central à la Libération, lorsque des écrivains sont accusés de trahison et d'intelligence avec l'ennemi.



Gisèle Sapiro analyse alors la façon dont s'opposent dans cette période la logique du «droit à l'erreur» défendu par Paulhan et la théorie de l'engagement sartrien, sans doute «l'expression la plus aboutie de la conception subjective de la responsabilité de l'écrivain». Et, après Sartre, qu'en est-il ? L'épilogue rappelle combien les questions d'outrage aux moeurs et de responsabilité de la forme demeurent vives. Au moment de conclure, Gisèle Sapiro évoque aussi Barthes et sa belle idée d'une responsabilité de l'écrivain qui se transfère dans le lecteur, et «dans ce lecteur idéal qu'est le critique». Il resterait ainsi à écrire une histoire de la responsabilité du lecteur.
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Profession ? Ecrivain

Gisèle Sapiro, directrice de recherche au CRNS, et Cécile Rabot, maîtresse de conférences à l’Université Paris Nanterre, publient aux éditions du CRNS la première enquête de fond sur les conditions d’exercice du métier d’écrivain aujourd’hui en France.



Tout le monde reconnaît que l’activité d’écrivain tend à se professionnaliser. Ainsi la dernière lauréate du prix Goncourt est-elle, par exemple, issue des ateliers d’écriture de Gallimard. Les auteurs connaissent aujourd’hui une précarisation : rares sont celles ou ceux qui parviennent à vivre uniquement de leur plume. Souvent, ils exercent un autre métier plus ou moins lié à l’écriture (enseignement, édition, écriture de scénario), qui est leur source de revenus principale. Pour d’autres, les activités connexes occasionnelles (lectures débats, résidences, ateliers d’écriture) constituent une ressource économique de plus en plus importante.



Tout ce qui concerne le métier écrivain est passé en revue. Même les déboires des écrivains s'agissant de leur statut notamment, avec l’AGESSA (plus ou moins l’équivalent du RSI), sont passés en revue.



Le développement du numérique est par ailleurs évoqué. La prise en compte par l’Université du métier d’écrivain est abordée, mais seulement dans un chapitre. Ce qui est dommage. Tout ce qui tourne autour de l’écriture est envisagé, comme les résidences d’écrivain, et les rapports avec le cinéma.

Cet ouvrage est un premier pas, il ouvre le débat sur le métier d’écrivain. Il va plus loin que la notion de droit d’auteur. À partir de quand, devient-on écrivain ?


Lien : http://www.cnrseditions.fr/s..
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Peut-on dissocier l'oeuvre de l'auteur ?

Peut-on dissocier l’œuvre de l'auteur? Sur cette épineuse question de société, Gisèle Sapiro mène une enquête très fouillée, pose des questions peu ou pas du tout aborder lors des débats public, et en tire une œuvre passionnante, où tout le monde pourra se forger son opinion.



Seul bémol : tous les exemples choisi sont des hommes. Les femmes sont encore les grandes oubliées. Quid des Asia Argento, Margherita Sarfatti, Leni Riefenstahl... ?




Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Peut-on dissocier l'oeuvre de l'auteur ?

Gisèle Sapiro développe une analyse claire et nuancée face aux polémiques sur la « cancel culture » et sur la condamnation morale d’auteurs reconnus.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Les écrivains et la politique en France

Sans se limiter aux grandes figures de l’engagement, Gisèle Sapiro théorise l’évolution des relations entre pratiques littéraires et politiques au XXe siècle, en appliquant les outils de la sociologie aux études historiques et littéraires.
Lien : http://www.laviedesidees.fr/..
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Dictionnaire international Bourdieu

Un dictionnaire sur ce très célèbre sociologue, vous me direz quoi de neuf ? En effet, j'étais ravie de découvrir un nouvel ouvrage sur Bourdieu mais je me suis aussi dit : va-t-il y avoir des choses nouvelles ? Et bien oui, les différents chercheurs ayant participé à cette oeuvre ont fait preuve de renouveau pour analyser les concepts de Bourdieu et c'est un vrai régal où on peut puiser de nombreuses informations.
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Les écrivains et la politique en France

Dans un essai captivant, la sociologue Gisèle Sapiro analyse l’influence de l’engagement politique des romanciers et poètes sur leurs écrits à travers divers événements historiques, de l’affaire Dreyfus à la guerre d’Algérie.
Lien : http://next.liberation.fr/li..
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Responsabilité de l'écrivain. Littérature

Résumé : L’historienne Gisèle Sapiro cherche à situer l’origine de la croyance publique en un pouvoir de la littérature. Un temps où l’on pouvait dire de l’écrivain qu’il répandait “dans des cités, dans des provinces entières, des poisons corrupteurs des âmes…”


Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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