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Critiques de Greg Iles (244)
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Brasier noir

Monumental !!!! Et pas uniquement parce que ce polar est une brique de plus de 1000 pages épaisse comme un Petit Robert !



Ce magnum opus est un récit brûlant des haines raciales qui rongent l'Amérique sudiste ( entre autres ) depuis l'ère des droits civiques, années 1960. Avec une vigueur incroyable, il gratte ses plaies qui suintent toujours, pas prêtes à se refermer.



1964 les Aigles bicéphales, ramification encore plus secrète, brutale et radiale du Ku Klux Klan, enchaîne les meurtres atroces de Noirs impliqués dans le combat pour les droits civiques. 2005, dans l'Etat du Mississippi post-Katrina, Viola Turner, une vieille dame noire est assassinée à Natchez où elle venait de retourner après un exil démarrée justement en 1964.



Le procédé classique consistant à alterner passé / présent prend une ampleur inouïe sous la plume survoltée de Greg Iles pour livrer un récit d'une rare complexité et pourtant parfaitement lisible malgré la multiplication des couches, des personnages, des péripéties, jusqu'à un dénouement clair identifiant les modalités et les raisons du meurtre de Viola. On comprend tout, on ne se perd pas, même si la lecture requiert tout de même une certaine exigence d'attention.



Bien évidemment, le lecteur retrouve dans Brasier noir tout ce qu'il attend sur ce thème mais l'intensité y est décuplée par un ultra-réalisme impressionnant : les crimes racistes des Aigles bicéphales font suffoquer, les «  méchants » sont grandioses, les personnages en croisade comme le journaliste Henry inoubliables.



Mais ce qui fait de ce roman-fleuve un roman exceptionnel, c'est sa strate tragédie grecque familiale, c'est elle qui touche, qui fait palpiter, vibrer, c'est elle qui incarne. La question de l'héritage est au coeur : héritage de la violence quand on naît dans une famille de salopards, pères, fils, petit fils, difficiles d'échapper à un atavisme bulldozer.



Surtout, il y a le narrateur, Penn, maire de Natchez, ex-procureur, qui veut sauver son père accusé d'avoir tué Viola Turner, son ancienne infirmière. Il est à l'épreuve du feu, voulant sauver à tout prix son père et découvrant au fil de l'enquête les angles morts de sa vie, tous ses secrets, certains terribles. Il voit vaciller la figure de son père, une version médecin d'Atticus Finch, un des citoyens les plus respectés de la ville de Natchez, qui aurait des connexions avec les Aigles bicéphales et refuse obstinément de parler pour se défendre. Ces dilemmes sont déchirants : son père ou la vérité, quel choix possible pour un homme d'honneur ?



Un roman total et flamboyant emplie de rage et d'émotions, très impressionnant, tout simplement magistral. Et ce n'est que le premier tome d'une trilogie. Je compte bien poursuivre avec l'Arbre aux morts.

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Brasier noir

Du grand art, du très grand art !



Avec Brasier noir, Greg Iles nous tient dans son histoire pendant plus de 1000 pages, avec un sens du récit, du suspense et du noir, magistralement maîtrisé.

À Natchez, en plein coeur du Mississippi profond, la haine raciale ne s'est que peu estompée depuis les luttes des années 50 et 60 : noirs et blancs cohabitent désormais, certes, mais pour beaucoup d'autochtones, la séparation reste présente, historique, irrémédiable. Tout comme la corruption qui survit grâce à la peur entretenue par une poignée de mafieux locaux dont la puissance n'a d'égal que les ramifications étendues de leurs affidés. Il suffirait d'une étincelle pour que tout cela explose à nouveau...



Cette étincelle va provenir de la mort de Viola, une ancienne infirmière noire exilée et récemment revenue au pays, dont le Docteur Tom Cage, son ancien patron, est accusé. Suicide assisté, meurtre accidentel ou déguisé ? le doute est là et il est suffisant pour faire resurgir les histoires sombres d'un passé oublié et déterrer des cadavres dont la mort n'a jamais été expliquée.

Penn Cage, maire de Natchez et fils de Tom, se lance aussitôt dans la défense de son père, qui refuse obstinément de lui donner les clés pour l'innocenter, préférant garder pour lui le passé et se réfugier dans le silence puis la fuite. Aidé de sa fiancée Caitlin, journaliste, Penn va démêler un à un les fils d'une pelote sans fin, sur fond de haine raciale, de secrets cachés et de flics corrompus.

Cela faisait longtemps, depuis Lehane, Ellroy voire Wolfe, que je n'avais lu un roman noir aussi bien ficelé : intrigue sans faiblesse, suspense maintenu sans artifice, mélange de la petite et de la grande histoire, avec intégration des personnages mythiques de la deuxième moitié du XXe siècle aux US (les Kennedy, John et Bob, Martin Luther King, J. Edgar Hoover...) et surtout, des personnages remarquablement dépeints, attachants et que l'on a hâte de retrouver dans ce qui est annoncé comme une trilogie. Mention spéciale à la traduction d'Aurélie Tronchet.



Du très grand art, je vous dis !
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Brasier noir

Un noir thriller dans l’atmosphère du sud des États-Unis : Ku Klux Klan, pouvoir corrompu et crimes impunis.



Petite ville à la frontière de l’état du Mississippi et de la Louisiane, une boutique de musique tenue par un vieux Noir bien tranquille, qui accorde même les pianos des Blancs. Un jeune musicien noir avec sa fille blanche, c’est trop! On brûle l’échoppe et son propriétaire, on torture et on assassine. La police est impuissante et a d’autres cadavres sur les bras dans ces années soixante, cette période de lutte pour les droits civiques. Quarante ans plus tard, un journaliste tente toujours de trouver des preuves ce qui s’est réellement passé.



La mort d’une femme âgée, de retour dans la ville depuis peu, remue les eaux boueuses des crimes anciens. S’agit-il d’une euthanasie pour la délivrer de la douleur de son cancer ? À moins qu’on ait voulu faire taire pour toujours cette Noire, témoin de trop de choses du passé? Le bon médecin est-il un criminel aussi ? Jusqu’où peut-on aller pour cacher la vérité et préserver le pouvoir et l’argent ? Et la recherche de la justice vaut-elle la peine de mettre en danger sa vie et sa famille?



Une brique de plus de mille pages en grand format. Bien que, selon moi, l’auteur aurait pu faire plus court, c’est un bon suspens. C’est aussi une lecture intéressante, qui rappelle des moments d’une histoire américaine pas si ancienne, où l’Amérique assassinait ses héros.

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L'arbre aux morts

Après "Le brasier noir" , formidable et grande saga américaine mélangeant petite et grande histoire, Greg Iles s'attaque au deuxième volet d'une trilogie qui s'annonce comme une œuvre monumentale , consacrée au Mississippi.

Une saga qui mélange, de façon étonnante petite et grande histoire, sous fond de guerre raciale du Klux Klux Klan contre les Noirs, où le Klan y concluait ses chasses macabres.



On est totalement sous le charme de ce roman fleuve, forcément très cinématographique, porté par un souffle lyrique et épique.



Dans ce deuxième volet- de 966 pages quand même !- Greg Iles déconstruit, un peu à la manière d'un James Ellroy l'histoire de cette Amérique pétrie de religion, de secrets enfouis, et de frustration.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'arbre aux morts

Comment ai-je pu autant apprécier Brasier noir, attendre avec impatience sa suite, me jeter dessus dès sa sortie, puis peiner (et je retiens mes mots) avec L'Arbre aux morts ? Je m'interroge sans comprendre...



Le 2e opus de cette saga de Greg Iles, traduit par Aurélie Tronchet, tombe dans un double travers : une extrême complexification de l'intrigue comme des personnages et, paradoxalement, une histoire qui n'avance plus, tourne parfois en rond et mérite une attention incessante du lecteur à chaque page. Et il y en a 970...



Vous l'aurez compris, une - énorme - déception pour moi (même si cette plongée bien noire dans l'histoire américaine, petite et grande, reste passionnante), donc je ne ferai pas plus long.
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Brasier noir

BRASIER NOIR de Greg Iles

Traduit par Aurélie Tronchet

Éditions Acte Sud (collection actes noirs)



********** C O U P DE C O E U R **********



Le roman commence en 1964 avec les meurtres impunis de trois hommes dans l'état du Mississippi. Leur "tort" selon les assassins ? Avoir la peau noire et surtout, pour l'un d'eux, avoir aimé une fille blanche ! ...



"Les arbres du Sud portent un fruit étrange

Du sang sur leurs feuilles et du sang sur leurs racines

Des corps noirs qui se balancent dans la brise du Sud

Un fruit étrange suspendu aux peupliers

Scène pastorale du vaillant Sud

Les yeux révulsés et la bouche déformée

Le parfum des magnolias doux et printannier

Puis l'odeur soudaine de la chair qui brûle

Voici un fruit que les corbeaux picorent

Que la pluie fait pousser, que le vent assèche

Que le soleil fait mûrir, que l'arbre fait tomber

Voici une bien étrange et amère récolte !"

(Billie Holiday, Strange Fruit)



... Quarante ans plus tard, plus précisément en 2005 à Natchez (Mississippi), le Dr Tom Cage, un médecin septuagénaire respecté de tous, est accusé du meurtre de Viola Turner, l'infirmière d'origine afro-américaine qui travaillait avec lui dans les années 1960.



Un roman que j'aurais totalement ignoré si mon ami FB Christian n'avais pas autant insisté pour le faire lire à toutes ses connaissances. Et bien lui en a pris car c'est un roman remarquable qui entremêle plusieurs genre.



Tout d'abord, "Brasier noir" est une grande fresque historique qui nous fait plonger du côté obscur des États-Unis, dans ces états du Sud où les choses n'ont changées qu'en surface car, en 2005, la vie reste différente en fonction de la couleur de peau et, même si le klu klux klan ne brûle plus impunément, la haine raciale y est toujours omniprésente.



"Brasier noir" est aussi, et surtout, un roman sur la corruption avec une référence (filiation) au livre de Robert Penn Warren, "Tous les hommes du roi". L'intrigue principale est située en 2005 post Katrina, car si l'ouragan a été un désastre pour la population pauvre (et particulièrement noire) de la Nouvelle-Orléans, il a surtout été une aubaine pour les spéculateurs mafieux. D'ailleurs le personnage de Carlos Marcello (parrain de la Nouvelle-Orléans) n'est pas fictif et il aurait réellement été impliqué dans l'attentat contre le président Kennedy du 22 novembre 1963.



Pour finir, "Brasier noir" est un polar à la "Cold Case : Affaires classées" (la série américaine des années 2000) où les évènements de 2005 remettront au jour les meurtres de 1963.



Un roman extrêmement intelligent qui s'inspire de personnes et de faits réels. Par exemple, le personnage du journaliste Henry Sexton, est le double littéraire d'un journaliste au "Concordia Sentinel", Stanley Nelson.



"La connaissance est le but de l'homme, mais il y a une chose que l'homme ne pourra jamais savoir. Il ne pourra jamais savoir si la connaissance va le sauver ou si elle va le tuer. Il va mourir, c'est un fait, mais il ne sais pas s'il mourra à cause de ce qu'il sait, ou bien à cause de ce qu'il ne sait pas et qui aurait pu le sauver." (Robert Penn Warren, "Tous les hommes du roi")



Un roman dense sur plus de 1000 pages mais que j'ai "dévoré" et ADORÉ. On peut seulement regretter quelques toutes petites redondances que l'on pardonne facilement au vu de la qualité narrative.

Autre regret, "Brasier noir" est le premier tome d'une trilogie... et il va falloir attendre que les volumes suivants soient traduits en français.



Et bravo à la traductrice, Aurélie Tronchet, pour l'excellence de son travail.

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Cemetery Road

Marshall McEwan, journaliste vedette à Washington, revient à Bienville, sa ville natale, au bord du Mississipi, pour aider sa mère à s’occuper de son père, journaliste et propriétaire du journal local, alcoolique atteint de la maladie de Parkinson, dont l’état se détériore rapidement. Enfin, pas si rapidement que ça, puisque Marshall est obligé de s’installer à demeure. Son frère, Adam, est mort dans des circonstances telles que leur père en attribue la responsabilité à Marshall et l’ignore totalement depuis son adolescence à cause de ce tragique événement. Buck Ferris, sorte de père de substitution pour Marshall, est assassiné dès le deuxième chapitre. Il a découvert d’importants vestiges des Premières Nations qui pourraient entraver, voire empêcher la construction d’une usine à papier portée par des capitaux chinois. Depuis son retour, Marshall a renoué avec Jet, son amour d’adolescence, aujourd’hui mariée à celui qui fut son ami mais aussi son rival, Paul Matheson. Ils entretiennent une liaison qu’ils veulent secrète, mais dans une petite ville…

***

Une vraie déception ! Forcément puisque j’avais bien aimé la trilogie Natchez… Dans Cemetery Road, on retrouve un peu les mêmes ingrédients : un journaliste qui a des comptes à régler avec son père, un père malade, mourant même, une intrigue amoureuse idyllique qui tourne en eau de boudin, un homme seul (ou presque) contre tous, des meurtres, un groupe puissant qui tient la ville sous sa coupe, etc. Greg Iles donne la parole tantôt à Marshall, tantôt à un narrateur à la troisième personne. Dans le très bref chapitre 1 (11 lignes), on trouve 16 occurrences de la première personne, et on comprend vite que Marshall aura du mal à attirer la sympathie du lecteur tant il est autocentré… Il fait parfois preuve d’une certaine autocomplaisance et il se pose souvent en victime. La phénoménale quantité de dialogues laisse présager des longueurs, et c’est bien le cas. L’intrigue tourne en rond, les multiples retours en arrière sur l’enfance et l’adolescence cassent le rythme… Certains effets sont employés plusieurs fois. Par exemple, quand Marshall se perd dans ses pensées, il est ramené au présent par une notification sur son portable (deux fois) ou par un klaxon (deux fois aussi). On comprend à peu près au tiers du livre ce qu’il adviendra de la liaison avec Jet, ce qui ne me semble pas volontaire de la part de l’auteur. J’ai pourtant trouvé certains moments magnifiques. Le Mississipi est un personnage à part entière et on sent l’influence de Pat Conroy dans ces passages quasi lyriques. Il est d’ailleurs cité au moins deux fois et l'auteur dit toute l’admiration qu’il lui porte. Greg Iles sait aussi à merveille montrer les faiblesses humaines, les arrangements avec la morale et avec soi-même, les compromissions justifiées (justifiables ?) par le bien commun, etc. Je crois que 400 pages auraient largement suffi !

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Brasier noir

Premier tome d'un trilogie d'une fresque historique, de romans noirs, Brasier noir est une lecture dense et captivante. L'histoire, ou plutôt ses origines, commence dans l'Amérique des années 60. Puis rapidement, on passe en 2005. Plus de 1000 pages pour relater les évènements se déroulant sur 3 jours, mêlant souvenirs, conséquences, secrets et enquêtes.

Le sujet central, c'est le racisme, le Ku Klux Klan. De meurtres sordides à l'époque de la ségrégation, jusqu'aux meurtres tout aussi glauques, héritage d'un racisme bien ancré dans certaines mentalités.

On suit Penn Cage, ancien procureur et maire d'une ville de Louisiane, dont le père est soupçonné d'avoir tué Viola Turner, une infirmière noire qui a travaillé avec lui 40 ans plus tôt. ces accusations vont lever le voile sur beaucoup de secrets. On va rencontrer aussi Henry, journaliste qui rassemble des documents depuis des années pour écrire un article sur le groupuscule raciste et violent des Aigles Bicéphales, et résoudre certains de leurs meurtres. Ces enquêtes et ces secrets vont se catapulter et mettre en danger tous ceux qui s'en approchent.

C'est noir, c'est violent. Le manque d'humanité autour de la question raciale qui continue encore aujourd'hui de secouer les Etats-Unis, vous prend aux tripes. Ça fait parti des ces super pavés pendant lesquels on ne s'ennuie pas. Je ne peux pas dire que je l'ai dévoré, puisque j'ai mis une quinzaine de jours pour le lire. Mais à aucun moment, je ne me suis lassée en pensant à ma prochaine lecture, comme c'est souvent le cas quand un livre prend un peu trop de temps. Je l'ai dégusté jusqu'à la dernière ligne. Le style est parfait, les personnages sont extrêmement bien travaillés, très réalistes.

Je n'ai plus qu'à aller acheter le second tome.
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Brasier noir

J’ai toujours perçu le Ku Klux Klan comme étant une bande de brutes débiles assoiffées de sang et aveuglés par la haine et par la peur de la différence. Et bien le KKK tel que je me le représentais est une bande d’enfants de chœur par rapport à ceux que nous présente Greg Iles. Dans Brasier noir certains membres du Klan trouvent ce dernier un peu « mou du genou » et décident de créer un groupuscule plus radical : Les aigles bicéphales. Beaucoup plus effrayants et surtout beaucoup mieux organisés et hiérarchisés ils ont à leur tête des hommes machiavéliques sans scrupules et capables d’élaborer des plans tortueux et redoutables. Ceux là veulent diriger le monde et tentent de contrôler l’économie, la politique, la police… par d’habiles manœuvres plus ou moins diplomatiques sans pour autant renoncer aux bonnes vieilles méthodes.



Tout commence dans les années 60 par des crimes particulièrement sanglants perpétrés contre des personnes noires engagés dans le mouvement des droits civiques ou qui simplement formaient un couple mixte. Et puis la petite histoire va croiser la grande. De ces faits divers va naître dans l’imaginaire de Greg Iles un roman fleuve basé sur des faits réels et un travail d’historien remarquable.



L’auteur nous offre une histoire sur plusieurs décennies pleine de rebondissements. Plus de 1000 pages pour ce premier opus et aucun ennui ni aucune longueur à l’horizon. Les pages défilent et s’avalent goulûment. La tension est palpable et l’auteur nous tient en haleine : 1 meurtre, des meurtres et une multitudes de questions qui nécessitent pour y répondre de réveiller les témoins du passé, et ils sont nombreux. Bravo Mister Iles car ils sont finement travaillés. Exit les personnages secondaires palots et sans âmes, en quelques pages ceux de Greg Iles prennent vie sous nous yeux. Quant aux personnages principaux ils sont bien campés, leur psychologie est finement travaillée et ils sont plein de surprises et de contradiction. Touchants, glaçants, énervants, attachants aucun ne m’a laissé de glace même si certains m’ont fait sacrément froid dans le dos. Mais je ne dirais rien de plus de peur de trop en dire et de gâcher de plaisir.



Cette histoire est addictive, bien documentée, écrite sur un tempo entraînant par une plume des plus agréables. Impossible de lâcher ce (gros) livre avant la fin. Justement la fin… m’a laissé sur ma faim car Brasier Noir n’est que le premier d’une trilogie et donc de nombreuses questions restent sans réponses. J’aurais quand même aimé en savoir un peu plus et avoir « une vraie fin ». Me voilà donc condamnée à lire les 2 autres tomes. Ceci dit il y a pire comme sentence.
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L'arbre aux morts

Oh que le pari était risqué ! Proposer un second opus de 950 pages après un premier livre réussi de 1056 pages, il fallait oser. Mais c'était sans compter sur l'ambition littéraire et la maestria de Greg Iles. Jugez plutôt ...



Le second tome commence exactement ou s'est arrêté le premier, juste après la scène d'apocalypse qui nous a tenus en haleine. L'auteur nous replonge directement dans le bain, sans nous laisser respirer. Le marathon continue, la tension ne se relâche pas. Au contraire, c'est une partie d'échec de haut vol qui s'engage entre les protagonistes du premier tome : le maire et sa famille menacée, les mafieux et leurs hommes de main, juges, shérif, FBI...



Chacun avance ses pions en espérant cacher sa stratégie à l'ennemi le plus longtemps possible. Il y a les Blancs, les Noirs, les gentils, les faux gentils, les vrais méchants, ceux qui ont deux coups d'avance, ceux qui bluffent comme au poker, ceux qui perdent, ceux qui croient gagner, ceux qui s'en tirent par chance et ceux qui meurent. Bref, c'est pire que la communauté de l'anneau en terre du milieu : complots, alliances, guerre ouverte.



Dans ce tome, l'auteur n'hésite pas à mêler habilement meurtres racistes, business éhonté et complot contre l'Amérique. La petite histoire de la Nouvelle Orléans développée dans le premier tome rejoint la grande de Dallas dans le second.

Certains lecteurs trouvent que les deux chapitres relatifs à l'assassinat de JFK sont un peu longs. Je peux comprendre mais ils ne sont aucunement superflus et viennent étayer la suite de l'intrigue.

(Si je vous dis que l'assassinat qui a traumatisé l'Amérique est justement la marotte de mon mari, vous comprendrez que ces deux chapitres m'ont fait l'effet de zakouskis comparés à tout ce que j'ai déjà subi comme documentaires, films et exposés servis en plat principal le dimanche à la table familiale. Merci de compatir).



Je suis admirative devant la perfection et la virtuosité de la construction romanesque. C'est complexe à souhait, intelligent et jubilatoire. L'intrigue se déroule sur quatre jours seulement. En plus du personnage principal qui parle en je, il y a un narrateur omniscient qui suit les autres personnages de chapitre en chapitre. Ceci permet de suivre leurs faits et gestes, stratégies, mensonges, ....



Aaah ! Je me suis régalée ! Ce deuxième tome, c'est comme les doubitchous: c'est fin, c'est très fin, ça se mange sans faim.


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Le sang du Mississippi

J'ai retrouvé avec plaisir Penn Cage, le maire de Natchez toujours aux prises avec les aigles bicéphales et le suprémacisme blanc dans cette partie abandonnée de Louisiane et du Mississippi.



Greg Iles n'a pas son pareil pour distiller dans les premières pages et de manière toute naturelle les informations qui m'ont permis de me souvenir des péripéties en cascade des deux premiers tomes. Grace à de savants procédés littéraires, la toile des événements s'est vite reformée dans ma tête, comme si j'avais terminé de lire le second tome hier.



Arrivée au bout de cette trilogie menée de main de maître, je suis toujours aussi admirative devant la capacité de l'auteur à se réinventer pour tenir le lecteur en haleine dans cette saga de plus de 2500 pages. La constance dans la qualité de sa trame narrative et de son écriture est impressionnante.



Ce troisième tome, moins riche en action à mon goût, se concentre sur le procès du Docteur Tom Cage, père de Penn Cage, accusé d'avoir tué son ancienne assistante Viola. La psychologie des personnages et notamment celle du Docteur Cage et de sa femme, y est approfondie et sert à révéler tout le malaise et la difficulté de cohabitation des Blancs et des Noirs dans les Etats du Sud. Si vous êtes fan des grands procès à l'américaine, vous allez vous régaler !



Pour ma part, je dois avouer que j'ai moins apprécié ce dernier tome. Effet d'accoutumance au mécanisme de construction du récit ? Lassitude du moment ? Je ne sais pas trop car j'ai tout de même avalé les pages avec avidité et j'ai trouvé le procès passionnant à suivre. Mais je me suis aussi un peu agacée de certaines facilités dans le scénario. Je ne crois pas avoir eu peur pour un seul des personnages à aucun moment.



Une note de 4 étoiles donc pour une lecture un peu moins jouissive et inattendue dans ce qui restera tout de même une trilogie passionnante et maîtrisée de bout en bout.


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Brasier noir

Brasier noir est le 1er tome de la trilogie du Mississippi. Penn Cage est maire d'une petite ville du Sud des Etats-Unis, Natchez dans l'état du Mississippi. Son père, Tom Cage, qui est un docteur réputé et aimé par la population de Natchez, se retrouve accusé du meurtre d'une infirmière de couleur, Viola Turner, avait qui il a travaillé dans le passé. Penn Cage va tout faire pour innocenter son père même si celui-ci refuse de se confier à lui et de lui raconter ce qui s'est passé la nuit où Viola Turner est décédée. L'enquête va rapidement s'orienter vers des membres d'une branche radicale et ultra-violente du Ku Klux Klan. Il va rapidement être aidé par un journaliste Henry Sexton qui enquête sans répits depuis de nombreuses années sur des meurtres raciaux non élucidés.

Ce roman est dense et très immersif. On est immergé dans une double temporalité passé/présent. Les liens se tissent rapidement et on comprend vite que les événements du présent sont très liés au passé. On est également confronté à la thématique des secrets de famille, Tom Cage n'a pas tout dit et ne veut pas tout dire à son fils Penn. C'est une thématique que j'ai me bien personnellement et elle très bien traité dans ce roman plein de pudeur.

C'est une briquasse de plus de 1180 pages. Au début, ça peut faire peur. Mais Greg Iles nous amène dans une histoire particulièrement dense, faites d'incessants rebondissements. Les personnages sont particulièrement attachants, certains sont intriguant, d'autres profondément détestables. On est plongé dans l'atmosphère poisseuse du Sud des Etats-Unis avec ses marais, son racisme endémique. On retrouve de nombreuses références à des éléments historiques connus. On a aussi à faire à des crimes odieux et abjects pour une simple couleur de peau, ce qui reste profondément insupportable. Malheureusement, les Etats-Unis sont toujours confrontés à ces problèmes raciaux comme on peut le constater trop régulièrement.

N'hésitez pas à vous embarquer dans cette saga, ne vous laissez pas impressionner par le nombre de pages. Vous ne vous ennuierez jamais, et cette saga ne vous laissera pas indifférent.

La fin haletante n'apporte, malgré tout, pas toutes les réponses mais il reste deux tomes à suivre qui devraient nous éclairer. Il sont au chaud dans ma PAL mais ne devrait pas y rester trop longtemps.

Vous l'aurez compris, ce fut pour moi une excellente lecture. que je vais m'empresser de poursuivre.
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L'arbre aux morts

L’arbre aux morts est la suite de Brasier Noir. On reprend juste là où on avait laissé nos personnages, après ces quelques jours qui ont bouleversé la vie de Penn Cage et de sa fiancée, Caitlin Masters. On continue de découvrir avec horreur les crimes des Aigles Bicéphales. Le racisme profond est toujours au cœur de l’intrigue. Et la mort de Kennedy vient s’imbriquer dans tout ce déchaînement de brutalité. On pourrait penser qu’il ne s’agit que d’une théorie de plus sur la mort de ce président, mais la crédibilité de cette histoire donne l’impression d’un roman 100% historique.

Cette suite reprend la même construction gagnante. Plus de 1000 pages pour raconter seulement quelques jours de course-poursuite, de violence et d’enquête périlleuse. Ça a fonctionné sur le premier tome, ça fonctionne aussi bien sur ce deuxième volet. C’est une plongée en apnée dans un univers mêlant fiction et Histoire dont on ne ressort qu’après avoir tourné la dernière page.

Mon ressenti est identique au premier tome, c’est-à-dire que ce n’est pas un roman que j’ai particulièrement dévoré, mais que j’ai apprécié prendre le temps de découvrir au fur et à mesure.

Le style est terriblement efficace pour maintenir le lecteur en tension. Tout s’enchaîne de manière parfaite, jusqu’au couperet final.

C’est donc de nouveau un coup de cœur pour la suite de cette trilogie et la fin m’attend sagement dans ma bibliothèque.
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Le sang du Mississippi

Dernier volet de la trilogie de Greg Iles, le Sang du Mississippi, nouveau pavé de plus de 800 pages, vient (peut-être) clore l'histoire de la famille Page. Comme Iles l'avait fait dans le deuxième volume, il présente dans le prologue et au cours du récit un habile résumé des événements passés dont le lecteur a besoin pour comprendre cette histoire. Ainsi, le rôle des Aigles bicéphales dans l'assassinat de Kennedy n'est que très brièvement évoqué alors que leur implication dans le meurtre du frère de Viola est rappelée, commentée à plusieurs reprises, et elle s'enrichit de nouveaux éléments. Je ne crois cependant pas que cela suffise à rendre ce tome autonome : il vaut mieux lire les précédents. Et puis, ce serait dommage de s'en passer ! Ce tome est surtout axé sur le procès pour meurtre du docteur Tom Cage, le père de Pen, ce qui n'empêche pas qu'il y ait beaucoup d'action, même si ce roman est par moment moins trépidant que les deux précédents. Quentin Avery, l'ami du Dr Cage, le brillant avocat noir en fauteuil roulant que nous avons déjà rencontré, est chargé de sa défense et il gardera sa stratégie secrète le plus longtemps possible, tenant en haleine Penn Cage, sa famille et ses amis, toute la salle d'audience et le lecteur aussi ! L'adultère que Tom Cage commet avec Viola, son infirmière afro-américaine, relation dont est issu Lincoln, le demi-frère de Penn, suscite la culpabilité du docteur. Savait-il qu'il avait un fils métis ? si ce n'est pas le cas, pourquoi a-t-il envoyé de l'argent à Viola pendant si longtemps ? Pourquoi Tom Cage ne s'explique-t-il pas ? Que veut-il cacher à son fils ? Que sait sa femme ? A-t-il tué Viola ? Est-ce un meurtre ou un suicide assisté ? Snake Knox et les Aigles bicéphales ont-ils joué un rôle dans la mort de Viola, déjà rongée par le cancer ? On va petit à petit comprendre que le très respectable médecin a lui aussi des secrets et on finira par découvrir lesquels.

***

J'ai beaucoup aimé ce tome, comme les précédents d'ailleurs, malgré un certain ralentissement du rythme puisque, si l'on excepte le prologue, il se déroule sur une dizaine de jours. Comme dans les tomes précédents, le thème des relations interraciales, quelles qu'elles soient (sexuelles, hiérarchiques, amicales, etc.) est omniprésent et Iles montre à quel point ce sujet habite l'inconscient du Sud des États-Unis et à quel point il est loin d'être réglé. J'ai beaucoup d'admiration pour la manière dont Iles mène son récit dans l'ensemble de la trilogie. Il me semble que ce dernier tome recèle plus de descriptions et que l'auteur y approfondit la psychologie de ses personnages. La mère de Penn, l'épouse modèle du docteur Cage, se révèle pleine de surprises. Les réactions d'Annie, la fille de Penn, collent bien avec celles d'une jeune ado, parfois encore dans l'enfance, parfois faisant preuve de maturité. Un bémol pourtant : le personnage de Serenity cumule tellement de qualités, tant physiques que morales, qu'à mes yeux elle en perd un peu de crédibilité. Mais qu'en est-il du sort de Keisha ? Que va devenir Mia ? et l'horrible Wilma Deen ? et Lincoln ? L'histoire est finie, vraiment ?
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L'arbre aux morts

Un pavé de plus de 900 pages, un tour de force, car l’action ne s’y déroule presque que sur une semaine…



C’est le volume 2 d’une trilogie et ayant lu le tome précédent il y a un bon moment, j’ai eu un peu de mal à rentrer dans l’histoire.



Mais quelle histoire! La Louisiane, le sud profond des États-Unis, où on revient sur des crimes des années 50-60 où le Ku Klu Klan régnait en maître. Même si les temps ont changé, certains n’hésiteraient pas au meurtre pour cacher les secrets du passé et préserver leurs pouvoirs. Et ça joue vraiment dur, avec des descriptions de tortures, de corruption et de morts horribles.



Un thriller qui tient en haleine pour un bon moment (avec un peu de muscu en prime en manipulant la brique…)
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Brasier noir

Depuis l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche, je me plonge plus souvent dans la littérature américaine pour tenter de comprendre l’origine des démons qu’il a pour fond de commerce.



Brasier noir fait partie de ces romans qui apportent, de manière passionnante mais implacable, un éclairage intelligent et sensible sur une partie de ces démons : la ségrégation, le racisme profond, la suprématie blanche.



Dans Brasier noir, Greg Iles m’a fait rencontrer Belzebuth en personne : des hommes qui trouvaient le Ku Klux Klan « un peu mou » et ont créé une branche encore plus violente que « les chapeaux pointus ».



Mêlant habilement vérité historique et personnages romanesques à la psychologie très nuancée, il m’a embarquée dans les années 60 à Natchez dans le Mississipi, entre lutte pour les droits civiques et assassinats non résolus des minorités noires.

Pire, en me ramenant en 2005 au même endroit après l’ouragan Katrina, il m’a fait comprendre qu’au fond, sous l’administration Bush, rien n’avait changé. Au contraire, le racisme y était entretenu par les élus locaux au nom des intérêts économiques.



La seconde moitié du roman est un régal : c’est un modèle parfait de construction d’intrigue. Patiemment, avec méthode et intelligence, Greg Iles jongle avec les destins d’une foule de personnages, resserre les mailles du filet, fait monter l’angoisse jusqu’au dénouement final.

Cerise sur le gâteau : comme c’est le premier tome d’une trilogie, la fin reste ouverte pour tout une série de personnages. Après 1046 pages, j’en redemande encore tant le style est fluide, la lecture aisée et la traduction excellente.




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Une petite ville sans histoire

Ayant vu sur les réseaux sociaux que Kent Follet lisait cet auteur, que je ne connaissais pas , ma curiosité a été titillée et il a fallut que j'essaye.



C'est un thriller poignant qui remet quelques idées préconçues en place. Mais, je n'ai pas du tout aimé la narration et c'est dommage parce que ma lecture en a été pénible.

Néanmoins, je tenterais a nouveau un autre roman de Ilès car on ne peut se faire un avis complet sur un seul livre
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Brasier noir

Mississippi, quelques temps après l'ouragan Katrina.

Penn Cage est maire de Natchez. Son père, médecin apprécié et respecté par les habitants depuis plusieurs dizaines années est accusé du meurtre de son ancienne infirmière.

Alors que la police est corrompue et que règnent les suprémacistes, il semble que ce décès arrange beaucoup de monde. Viola, l'infirmière, connaissait le passé de ces hommes œuvrant contre la communauté noire.

Ce roman est un pavé magnifique. Beaucoup de thèmes sont abordés de façon transversale convergeant tous vers la discrimination et le racisme toujours très présents dans le Sud des Etats-Unis. C'est plutôt bien écrit et l'enquête sous-jacente rempli bien son rôle de fil conducteur.

Un petit bémol pour la fin que j'ai trouvé trop rocambolesque.

C'est néanmoins un roman que je recommande chaudement. J'ai hâte de poursuivre la trilogie.

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Brasier noir

Quel pavé, mais quel réussite! Les mille pages de Brasier Noir défilent à une vitesse folle. De plus, le roman se base sur un thème qui favorise l'inspiration, à mon avis, les reliquats du Ku Klux Klan dans le sud du Mississippi.

Au sein de la petite ville de Natchez, on suit beaucoup de personnages, mais principalement Penn Cage, dont le père est accusé (à tort?) d'avoir mis fin aux jours de son ancienne infirmière noire. Petit aparté en passant, ce n'est pas la première fois que l'auteur fait intervenir le héros Penn Cage, mais les allusions sont légères et je n'ai pas trouvé qu'elles nuisaient à la compréhension globale de l'histoire.

Histoire qui navigue entre les années 60 et le début des années 2000, peu après les ravages de l'ouragan Katrina, et qui nous présente des destins croisés. Entre victimes noires de la discrimination de l'époque, déçus du Klan créant leur propre groupuscule encore plus violent que l'original, et journalistes en quête de justice, c'est une grande galerie de personnages que fait intervenir l'auteur. Il évoque aussi, à travers eux, les thèmes de la paternité, de l'héritage, et des péchés qui traversent le temps. J'ai trouvé que ces sujets étaient très bien traités, il est facile de ressentir de l'empathie pour ces héros parfois imparfaits, mais qui tentent d'agir de façon juste. A côté de cela, les membres du groupuscule raciste sont bien traités aussi, même entre 1960 et 2005, ils sont toujours aussi méprisables.

J'ai beaucoup aimé ce pavé, qui a pour lui une écriture très fluide, et qui aborde des sujets vraiment passionnants.
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Brasier noir

Voilà un roman noir sombre, épais, glauque, comme je les aime… Le genre de roman dont on sait qu’on ne ressortira pas indemne, à force d’avoir vu du racisme, de la ségrégation, des violences, des injustices et des meurtres raciaux.



Non, il n’y a pas vraiment de lumière, dans ce roman glauque où les Méchants sont cruels, sadiques, racistes et j’en passe. À côté des Aigles Bicéphales, les membres du cucul… heu, du Ku Klux Klan font office d’enfants de chœur.



Bienvenue à Natchez, en plein cœur du Mississippi profond où la ségrégation est toujours présente, même si elle se voit moins. La cohabitation a lieu, mais une séparation entre les deux couleurs existe encore et toujours. Nous sommes en 2005 et rien ne change vraiment.



Ce roman noir, qui prend son temps, qui est fort bavard et qui se lit lentement, pourrait porter, en bandeau titre, la même inscription que celle sur le fronton des Enfers : "Lasciate ogni speranza, voi ch’entrate" (Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance), tant il est noir de chez noir.



À la manière d’un Don Winslow et de sa trilogie consacrée aux cartels de la drogue (Art Keller), Greg Iles s’attaque aux groupuscules secrets des États-Unis, parle de corruption, à tous les étages et des meurtres retentissants, tels ceux des frères Kennedy et de Martin Luther King. JFK, RFK, MLK et KKK… Oui, ce roman est un K intéressant. Très détaillé, aussi. Notamment dans ses personnages, ses lieux, leurs actions.



Ce roman noir est dense, touffu, on parle beaucoup et on n’avance pas très vite. L’enquête est pliée sur trois journées, mais ce sont des longues journées. À la page 73, le titre nous dit que nous sommes lundi et il faudra passer la page 500 pour arriver au mardi. Lire cent pages chez Greg Iles équivaut à deux cents pages chez David Gemmell ou Kent Follet. Une fois passé la moitié (600 pages), le rythme augmente et ça se lit plus vite.



Si l’auteur n’avait pas été aussi prolixe, on aurait pu avoir un roman plus ramassé, sur 800 pages. Est-ce que le récit aurait gagné à être moins détaillé ? Oui, il aurait été plus rythmé, mais avec moins de détails, il n’aurait pas été aussi réaliste, aussi prenant et aurait donné l’impression que l’auteur recoupait ses angles droits pour aller plus vite. Comme quoi, il n’est pas facile d’avoir un bon équilibre entre réalisme, profondeur et rythme.



Pour les personnages, par contre, ils ne m’ont pas vraiment touché. Caitlin, la journaliste, pense un peu trop à un scoop (réaliste, hélas), le docteur Tom Cage ne veut rien dire, Penn Cage, son fils, veut l’aider contre vents et marrées (réaliste aussi) et les méchants sont terriblement sadiques. Des Bisounours n’auraient pas été réalistes non plus, vu le contexte dans lequel ces hommes évoluent.



Finalement, ce roman résume bien les êtres humains : nous sommes des égoïstes ! Les crimes qui ont eu lieu il y a 40 ans (1964), tout le monde s’en fout, tout le monde a oublié les noms des disparus, des assassinés et personne ne veut vraiment rendre justice à ces pauvres gens, assassinés pour leur couleur de peau ou parce qu’ils avaient mis leurs petits oiseaux dans la chatte d’une jeune fille blanche (avec son consentement et parce qu’ils s’aimaient !!), qu’ils militaient pour leurs droits civiques, qu’ils étaient bien intégrés.



Ni les Blancs, ni les Noirs ne veulent s’en occuper, et ceux qui le font ont tous un motif personnel. 1964, c’est loin et personne n’en a rien à foutre, tant qu’il n’est pas concerné.



Le plus gros bémol de ce premier tome, c’est qu’une fois arrivé au bout des 1194 pages, il reste encore des questions dont nous n’avons pas les réponses, alors que l’auteur aurait pu les résoudre dans ce premier volume. Je ne voudrais pas que l’on en arrive à une certaine série télé (LOST) qui avait ouvert bien des mystères et ne les a jamais résolus… J’adore les cold case, mais il faut au moins apporter des réponses sans obliger les lecteurs à lire l’intégrale de la trilogie.



Brasier Noir est un roman très sombre, qui fait quelques retours en arrière, dans les années 60, afin de nous faire comprendre ce qu’il se passait à l’époque de la ségrégation et de la lutte pour les droits civiques, même si la partie « passé » n’est pas aussi importante que je l’aurais souhaitée.



C’est aussi une fresque historique, qui nous montre la part sombre des États-Unis, ces terres de liberté, comme le voulaient les premiers colons… Oui, mon cul ! En 2005, ça n’avait pas changé beaucoup dans les états sudistes et de nos jours, il vaut toujours mieux être Blanc que Noir, au pays de Trump.



Brasier Noir est un roman fort, percutant, dommage que ces personnages n’aient pas réussi à me donner des émotions, ni à m’attacher vraiment à eux. Cela ne m’a pas empêché de vibrer durant ma lecture, avec ce récit sombre et violent.



Oui, je continuerai l’aventure avec l’arbre aux morts…


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