Citations de Guillaume Martin (47)
Grâce à lui (Einstein), chacun comprend désormais qu'hommes de réflexion et hommes d'action ne doivent pas être opposés les uns aux autres, mais qu'il sont bel et bien complémentaires.
Sur le tour, et dans les sport en général, on adore catégoriser, étiqueter, généraliser.
Notre société est fondée sur cette maxime intérieure : "je pourrais, si..." Elle est constituée de fantasmes que l'on s'interdit de réaliser. L'homme est né libre et partout il s'imagine des chaînes.
Comment un individu peut-il se gouverner face à un monde absurde, face à une société inconséquente, en recomposition permanente, qu'il construit autant qu'il combat ? - voilà le sujet de cet essai, qui se lira à travers les yeux d'un cycliste, cherchant inlassablement à s'échapper d'un peloton auquel il est inextricablement lié, puisqu'il le constitue.
Car, contrairement aux choses, l’humain n’est pas, il a à être.
I. En route vers le tour, p. 23
Nietzsche semble jouer avec son vélo. Il semble danser avec la souffrance.
Compétiteurs et spectateurs n’appartiennent pourtant pas à des catégories différentes d’être humain. Trop souvent réifié, l’athlète mérite de retrouver un plus honorable statut, celui d’acteur du sport, celui d’artiste du sport.
En route vers le tour, p. 45
« Le champion est toujours bizarre, et c’est cette bizarrerie même qui fait sa beauté et sa grandeur. »
Tant d'efforts pour conquérir la sagesse vélosophique. Quel bonheur de voir cette quête aboutir enfin !
Ira-t-il jusqu'au bout ? Mystère. Ce que l'on sait, c'est qu'Aristote, à l'instar de Socrate, aura osé tenter l'impossible - condition nécessaire d'un possible grandiose.
La philosophie commence par l'étonnement, et elle ne demande pas à ce qu'une réponse vienne dissiper cet étonnement.
Une interrogation l'envahit : dialoguer, communiquer - y compris quand votre interlocuteur se présente philosophe -, n'est-ce pas finalement plus dur que de pédaler ?
Puisque la vie est une farce, se dit-il, autant jouer le rôle à fond, et conférer à la pièce une certaine justesse.
Le gouvernement du peuple s'est transformé en un gouvernement du populisme. En fut-il jamais autrement ? Il me semble que le principe même de la démocratie est d'emblée vicié, en tant qu'il suppose une aptitude de l'individu à se défaire de sa personne pour prendre une position neutre de surplomb, juge au-dessus du monde capable de ses soustraire au règne des contingences.
« Il n’y a qu’un seul moyen pour devenir soi-même. Aucun maître, aucun philosophe, aucun livre, aucun système ni aucune organisation collective ne pourront aider au défrichement de la singularité absolue de chacun, qu’au contraire ils masquent. »
Freud en est bien conscient : la souffrance est la drogue du coureur, son plaisir masochiste, sa dilection morbide.
Parfaite union du savoir et du sentir, dosage grandiose du contrôle et de l’excès. Kaïros.
Apollon doit s'éclipser devant Dionysos, dieu du vin et de l'ivresse...
L'homme est un loup pour l'homme. (Hobbes)
Le chrono est l'art du juste milieu entre prudence excessive et démesure, ou hubris comme diraient nos amis grecs.