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Citations de Günter Grass (223)


Jan avait déjà passé trois fois le conseil de révision, mais il avait été réformé à chaque conseil en raison de son état lamentable ; ce qui, en des temps où l'on envoyait à Verdun tout ce qui tenait à peu près debout afin de le mettre, sur la terre de France, à l'horizontale pour l'éternité, en disait long sur la constitution de Jan Bronski.
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Quand j’ai dit à Bruno : « Ah ! Bruno, voudrais-tu m’acheter cinq cents feuilles de papier vierge ? », Bruno a répondu, en regardant au plafond et en envoyant l’index – ce qui rendait une comparaison inévitable – dans la même direction : « Vous voulez dire du papier blanc, monsieur Oscar ? »
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On peut commencer une histoire par le milieu puis, d'une démarche hardie, embrouiller le début et la fin. On peut adopter le genre moderne, effacer les époques et les distances et proclamer ensuite, ou laisser proclamer qu'on a résolu enfin le problème de l'espace-temps. On peut aussi déclarer d’emblée que de nos jours il est impossible d’écrire un roman puis, à son propre insu si j’ose dire, en pondre un bien épais afin de se donner l’air d’être le dernier des romanciers possibles. Je me suis également laissé dire qu’il est bon et décent de postuler d’abord : il n’y a plus de héros de roman parce qu’il n’y a plus d’individualistes, parce que l’individualité se perd, parce que l’homme est seul, que tout homme est pareillement seul, privé de la solitude individuelle, et forme une masse solitaire anonyme et sans héros. Après tout, ce n’est pas impossible. Mais en ce qui nous concerne, moi Oscar et mon infirmier Bruno, je veux l’affirmer sans ambages : nous sommes tous deux des héros, des héros tout différents, lui derrière le judas, moi devant ; et quand il ouvre la porte, ça y est : malgré notre amitié et notre solitude, il ne reste plus de nous qu’une masse anonyme et sans héros.
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Günter Grass
L'échec est beaucoup plus instructif que la victoire . Les vainqueurs croient en eux-mêmes et sont persuadés que leur point de vue est juste et validé par les faits , et ainsi ils n'apprennent rien . Les perdants doivent remettre en question tout ce à quoi ils ont cru et les raisons pour lesquelles ils ont combattu , et ont ainsi une chance d'apprendre , de la façon la plus dure , les leçons les plus grandes que la vie peut vous donner .
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Après le baptême, on mangea. On avait poussé deux tables l'une contre l'autre. On commença par la soupe de tortue. Cuillère et bord de l'assiette. Ceux de la campagne lapaient. Greff écartait le petit doigt. Gretchen Scheffler mordait la soupe. Guste faisait un sourire large au-dessus de sa cuillère, Ehlers parlait par-dessus la sienne. Vincent visait en tremblotant à côté de la sienne. Seules vieilles femmes, la grand-mère Anna et la mère Truczinski étaient pleinement adonnées à leurs cuillères, pendant qu'Oscar tombait, pour ainsi dire, à côté de sa cuillère. Il s'en allait, tandis que les restants continuaient à enfourner, et il cherchait dans la chambre à coucher le berceau de son fils ; il voulait réfléchir à son fils, pendant que les autres, derrière leurs cuillères, se vidaient à mesure de leurs pensées et vidaient leurs assiettes à mesure qu'ils vidaient leurs cuillerées de soupe dans eux-mêmes.
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Mais on ne peut garder le malheur en cave. Il file par les égouts avec les eaux usées, il se communique aux conduites de gaz, il est fourni à tous les ménages et personne, en mettant son pot-au-feu sur les flammes bleuâtres, ne se doute que le malheur fait bouillir son frichti.
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Au cimetière à demi rural de Brenntau, avec ses deux cantons de part et d'autre de l'allée d'ormes, avec sa petite chapelle qui ressemblait à un carton collé pour une crèche, avec son puits, ses oiseaux vivaces, sur l'allée du cimetière proprement ratissée, en tête de la procession juste derrière Matzerath, je m'avisait pour la première fois que me plaisait la forme du cercueil. Plus tard j'ai eu souvent encore l'occasion de laisser glisser mes regards sur du bois noir, brunâtre, utilisé à des fins dernières. Le cercueil de ma pauvre maman était noir. Il allait se rétrécissant vers le pied avec une merveilleuse harmonie. Y a-t-il au monde une forme qui réponde mieux aux proportions de l'homme ?
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quel objet en ce monde , quel roman aurait l'ampleur épique d'un album de photos ?
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L'alcool verdâtre, partiellement coagulé, gicla, coula, charriant avec lui sur le linoléum du cabinet ses inclusions pâles, macérées comme par un chagrin corrosif, et remplit les pièces d'une odeur qu'on aurait pu prendre dans ses mains ; si bien que ma mère se trouva mal et que sœur Inge dut ouvrir les fenêtres donnant sur le Brunshöferweg."
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Günter Grass
Je ne veux pas vous ennuyer à décrire un panorama aux cent clochers carillonnants, prétendument traversé toujours par le souffle du Moyen Age, reproduit sur mille bonnes gravures, vous infliger la ville de Danzig en vue cavalière. De même, je n’insisterai pas sur les pigeons, bien qu’il soit dix fois admis que les pigeons sont matière à littérature.
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Je commencerai longtemps avant moi ; car nul ne devrait décrire sa vie qu’il n’ait pris le temps, avant de dater sa propre existence, de commémorer une bonne moitié de ses grands-parents
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On peut commencer une histoire par le milieu puis, d'une démarche hardie, embrouiller le début et la fin. On peut adopter le genre moderne, effacer les époques et les distances et proclamer ensuite, ou laisser proclamer qu'on a résolu enfin le problème de l'espace-temps.
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Tous les étalages n'étaient pas éclairés. Je préférais même les magasins qui offraient leurs denrées loin des becs de gaz, dans une demi-obscurité, parce que la lumière attire tout le monde, jusqu'aux gens les plus communs, tandis que la demi-obscurité au contraire induit à s'attarder les êtres seuls.
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Oscar fut saisi ; cela lui vint, je ne sais comment, de je ne sais quels abîmes, traversa les semelles, les plantes des pieds, chemina vers le haut, occupa les cordes vocales, lui fit lancer un brame qui aurait suffi à rendre veuve toute une magnifique cathédrale gothique aux belles fenêtres lumineuses et réfringentes.
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Et je cherche le pays de Pologne, pays perdu qui pour moi n'est pas encore perdu. D'autres diront : bientôt perdu, déjà perdu, de nouveau perdu.
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Même si, de temps en temps, des incartades dans le domaine du défendu ont laissé et laissent penser que tout est permis à l'art, l'esprit justement le plus agile s'est toujours inventé des règles, des limites, des chambres interdites.
Page 14
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À partir de l’automne, la bousculade matinale me poussa derrière deux élèves du conservatoire d’art dramatique. Toutes les deux portaient des robes à fleurs. Avec assez d’affectation et sans se soucier des auditeurs, elles parlaient de Hamlet et de Faust (...) À force d’entendre quotidiennement ces bavardages dramatiques, en même temps que l’autre faim se réveilla ma faim des arts, de sorte que j’aurais aimé mettre mon grain de sel sur Raillerie, satire, ironie de Grabbe, une pièce qui était peut-être au programme ; mais je restai muet et me serrai contre les élèves en art dramatique, aussi plates et osseuses qu’elles fussent en ces temps de basses calories.
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Et quand au banc des témoins Lucie la justicière se leva, tenant sa tête de Mozart à la renverse entre ses maigres omoplates, et qu’elle chuchota sans remuer sa bouche pincée : « Saute, doux Jésus, saute ! » alors je compris quelle séduction réside en un tremplin de dix mètres.
Une portée de petits chats gris grattait le creux de mes genoux ; des hérissons s’accouplaient sous la plante de mes pieds ; des enfants d’hirondelles prirent leur essor sous mes bras ; devant moi je vis le monde, et non seulement l’Europe.
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Quant à Roswitha, elle était couchée près de moi et avait peur. Mais Oscar n’avait pas peur et était près de la Raguna. Sa peur et mon courage unirent nos mains. Je tâtai sa peur, elle tâta mon courage. À la fin je fus pris d’une certaine inquiétude, mais elle reprit courage. Et quand j’eus pour la première fois chassé sa peur, mon courage viril redressa la tête une seconde fois. Tandis que mon courage comptait dix-huit belles années, elle fut reprise, je ne sais à quel âge, couchée pour je ne sais la quantième fois, de cette peur savante qui m’inspirait du courage.
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Günter Grass
«Le racisme, le manque de tolérance caché sous l'arrogance, les guerres et leurs conséquences marquent l'histoire de nos pays
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