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Citations de Gustav Meyrink (58)


Et de même que ce Golem s'est figé en une figure de glaise à la seconde même où la syllabe secrète de la vie fut ôtée de sa bouche, je me dis que tous ces êtres humains devraient eux aussi s'effondrer soudain en un instant, dépourvus de toute âme, si l'on effaçait de leur cervelle une quelconque notion minuscule, un petit effort accessoire, une habitude sans finalité chez l'un, ou chez l'autre la vague et obscure attente de quelque chose d'imprécis et d'inconsistant.
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C'est à la sentimentalité qu'on reconnaît la canaille. Mille pauvres diables peuvent crever de faim, personne ne pleure, mais quand une vieille rosse peinturlurée, déguisée en cul-terreux tourne de l'œil sur la scène, alors ils hurlent comme les chiens du château.
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Un jour, alors que je n'avais pas perçu le moindre souffle de vent, parce que j'étais à couvert d'une maison, j'ai vu tout à coup de grands lambeaux de papiers déchirés, sur une place complètement déserte, qui se mettait à danser une ronde démente en se poursuivant comme des damnés. L'instant d'après ils avaient l'air calmés. Et brusquement, voilà que le délire recommence et qu'ils se recourent après avec une fureur insensée, se coincent tous dans un renfoncement, puis repartent comme des hallucinés et s'expédient dans tous les sens avant de disparaître pour finir derrière un coin de rue.
Il n'y avait qu'un gros journal à ne pas pouvoir les suivre ; il restait là plaqué sur le pavé, s'entrouvrait et se refermait d'un coup comme une bête essoufflée qui happe de l'air.
Ce jour-là, un obscur soupçon m'a envahi : je me suis demandé si en fin de compte nous autres, les êtres vivants, nous n'étions pas aussi des bouts de papier dans ce genre-là. Est-ce que finalement ce n'est pas un vent invisible, incompréhensible qui nous pousse de-ci de-là et commande nos actes, pauvres sots que nous sommes, qui croyons n'obéir qu'à notre libre vouloir ?
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Comment a-t'il pu savoir à quoi je pensais ?
Parfois, on attise avec tant de force ses pensées qu'elles peuvent jaillir et retomber sur le cerveau d'une personne proche, comme des étincelles.
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Aider quelqu'un n'est pas une chose aussi facile que vous le pensez, mon cher ami ! Si c'était le cas, il serait très simple, très simple de sauver le monde... vous ne croyez pas ?
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Et je rêvais les yeux ouverts. Les pierres précieuses sur la table grossissaient, grossissaient et faisaient ruisseler tout autour de moi des cascades multicolores. Des arbres d'opale groupés en bosquets réfléchissaient les ondes lumineuses du ciel, leurs bleus scintillaient comme les ailes d'un gigantesque papillon tropical, gerbes d'étincelles au-dessus des prairies pleines des chaudes senteurs de l'été. J'avais soif et je rafraîchissais mes membres dans le bouillonnement glacé des ruisseaux qui bruissaient sur les blocs de rochers en nacre. Un souffle torride passé sur les pentes recouvertes de fleurs m'enivrait du parfum des jasmins, des jacinthes, des narcisses, des daphnés...
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Je m'approchai de la fenêtre ; tel un cimetière fantomatique tremblant dans l'air, les rangées de pignons chantournés faisaient penser à des pierres tombales aux inscriptions effacées par les intempéries, dressées sur les nombreux caveaux, "les lieux d'habitation", dans lesquels le tourbillon des vivants s'était creusé trous et passages.
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L'artiste est un être dans le cerveau duquel l'élément spirituel, l'élément magique, l'emporte sur le matériel.

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« Et pourquoi je devrais m'échapper de la prison ? objectai-je timidement. Je suis innocent, non ... ? »
« C'est pas une raison pour pas s'échapper », répartit le beau Wenzel en faisant les yeux ronds, tant ma réponse l'étonnait.
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Cette tension inutile de tous mes sens prêts à bondir !
Je désespérai de pouvoir la supporter . La pièce pleine d'yeux que je ne voyais pas- pleine de mains errantes que je ne pouvais attraper.
"C'est la terreur qui s'engendre elle même , l'horreur paralysante du Non-Etre insaisissable qui n'a pas de forme et qui ronge les frontières de notre pensée."
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Le voyage sur la grande route blanche il faut l'entreprendre pour le voyage lui-même, pour la joie du voyage.

http://wp.me/p5DYAB-16E
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[...] l'enchaînement des évènements de la vie est une impasse, si large et si praticable qu'elle puisse paraître. Ce sont les petits sentiers cachés qui ramènent dans la patrie perdue : ce sont les messages gravés dans notre corps en lettres microscopiques, à peine visibles, et non pas les affreuses cicatrices laissées par les frottements de la vie extérieure qui contiennent la solution des ultimes mystères.
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Je (...) passai en revue les maisons vilainement décolorées qui s'accotaient les unes contre les autres sous la pluie, telles de vieilles bêtes rechignées. Comme elles avaient l'air lamentable et déchu, toutes ! Plantées là au hasard, elles faisaient penser à de mauvaises herbes jaillies du sol. On les a appuyées à un muret de pierre jaune, seul vestige encore debout d'un ancien bâtiment en longueur, il y a de cela deux ou trois siècles, au petit bonheur, sans tenir compte des autres. Là-bas, une maison en retrait, la façade de biais et une autre à côté, proéminente comme une canine. Sous le ciel morne elles avaient l'air endormies et l'on ne décelait rien de cette vie sournoise, hostile, qui rayonne parfois d'elles quand le brouillard des soirées d'automne traîne dans la rue, aidant à dissimuler leurs jeux de physionomie à peine perceptibles.
Depuis une génération que j'habite ici, l'impression s'est ancrée en moi, indestructible, qu'il y a des heures de la nuit et de l'aube à peine grisonnantes, où elles tiennent un mystérieux conseil muet. Souvent un faible tremblement que l'on ne saurait expliquer traverse alors leurs murs, des murmures courent sur leurs toits, tombent dans les gouttières et nous les percevons distraitement, les sens enrouillés, sans chercher leur origine.
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Curieuse personne d'ailleurs, cette Mirjam ! Un type comme je n'en avais jamais vu. Une beauté si insolite qu'on ne peut la saisir au premier regard, une beauté qui rend muet celui qui la contemple et éveille en lui une impression inexplicable, une sorte de léger découragement. Je me disais, tandis que je la voyais devant moi par la pensée, que ce visage devait être construit selon des canons perdus depuis des millénaires.
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C'était comme un flux et un reflux de conscience.
Je sentis instinctivement :
- Il ne s'est jamais remis de cette aventure dans le cercueil métallique ; c'est encore aujourd'hui un homme enterré vivant.
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Presque tous les hommes sont comme des tas de fumier, au plan spirituel. La propension à se mentir à soi même, entre autre, produit ce fumier. Prenons l'exemple de quelqu'un qui aide son prochain et qui en tire une satisfaction intérieure, qui se donne ainsi l'image d'une certaine noblesse d'âme: voilà ce que j'appelle se mentir à soi même, dans la mesure où aider son prochain n'est rien d'autre qu'un devoir.
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"Faire quelque chose, n'importe quoi : la vie, la vie atroce a desséché nos âmes, nous a volé notre moi le plus intime, ce qui en nous est le plus profondément nous-mêmes. Afin de ne pas hurler sans cesse notre douleur nous poursuivons des marottes puériles, pour oublier ce que nous avons perdu. Seulement pour oublier. Soyons sincères envers nous-mêmes !"
Personne ne lui répondit.
- Mais il s'y cache encore un autre sens. Soudain il fut saisi d'une nervosité extrême.
"Je veux dire que nos marottes ont un sens caché. Peu à peu j'ai compris : un instinct très subtil me dit que tout ce que nous accomplissons renferme un double-sens magique. Nous sommes incapables d'accomplir un acte dépourvu de signification magique. Je sais parfaitement pour quelle raison j'ai fait ces travaux de sondage durant la moitié de ma vie."
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En ce qui concerne les mots, ils ne sont pas seulement un instrument de communication entre personnes en mal de bavardage, mais quelque chose de beaucoup plus important, et également de beaucoup plus dangereux ! Ils peuvent à la fois générer et détruire, ou tout au moins créer les conditions rendant possible l'une ou l'autre de ces actions.
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Je regarde autour de moi : il n'y a que des livres. Ils se sont multipliés, rassemblés les uns contre les autres comme les heures de ma longue vie. Vaine érudition ! Ce sont comme les barreaux d'une cage que j'ai moi-même installés tout autour de moi. Je les bénis ; ils m'ont appris ce qu'il n'est pas nécessaire de savoir, mais leur souffle délétère, asphyxiant toute vie terrestre, a donné des ailes à mon âme.
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Ils vont toute leur vie à la dérive jusqu'au tombeau, comme des nuages que le souffle du vent refoule dans le marais.
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