AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Gustaw Herling (10)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
La peste à Naples

En 1653 le royaume de Naples est sous la domination espagnole et le peuple napolitain est en rébellion. de plus, peut-être dans le dessein d'une intervention armée, des navires français sont apparus à Castellemare. Une situation qui mène le nouveau vice-roi, le comte Castrillo, à penser qu'il faut instaurer un état d'exception. Qui porterait cependant un autre nom. Celui de la peste que le vice-roi aurait sciemment invitée à débarquer à Naples en décembre 1655, avec quinze soldats espagnols venant de Sardaigne où le mal sévissait. Sciemment ou pas ? Là est toute la question que pose Gustaw Herling dans ce court texte publié en 1990, remarquable de finesse et de fluidité, qui en dit long sur la turpitude et le cynisme des hommes dans leur volonté de domination.



Challenge MULTI-DEFIS 2023
Commenter  J’apprécie          720
La peste à Naples

Gustaw Herling décédé en 2019 n'aura pas connu la Covid 19, contrairement à l'éditeur qui profita de cette aubaine, publiant ce petit condensé en 2022.



Dans le royaume de Naples de 1656 sous domination espagnole, la révolution gronde et des navires français menacent. Herling donne raison aux 'complotistes' de l'époque: briser les liens sociaux et effrayer les Français en laissant entrer, sans passer par la quarantaine en lazaret, des militaires provenant de Sardaigne alors infestée par la peste, ceci, après avoir encouragé les riches familles à émigrer sur leurs terres loin de la capitale.



Concernant le dépérissement de la vie sociale (que nous avons aussi connu suite au Covid) Herling se base sur la chronique de Defoe, la peste à Londres de 1665.



Dommage collatéral ou aubaine forcée, le décès de la belle Isabel, épouse du vice-roi mais qui n'avait pas pu lui donner d'héritier?

Commenter  J’apprécie          310
La peste à Naples

La peste à Naples est un tout petit opuscule de l’auteur essayiste polonais Gustaw Herling paru en 1990 dans la Revue Kultura, revue de dissidence polonaise post 2è guerre mondiale.

1655, Naples est sous autorité espagnole. Une épidémie de peste se déclare, introduite par 15 soldats espagnols venus de Sardaigne. Sept ans plus tôt, une révolte populaire avait été matée et un nouveau vice-roi venu d’Espagne dirigeait le royaume de Naples. Cette épidémie est-elle une manœuvre politique pour calmer le peuple en l’assignant à résidence alors que les nobles et les hauts fonctionnaires avaient été éloignés sur ordre du vice-roi avant l’arrivée des soldats de Sardaigne ou une punition de Dieu ? Un texte, comme j’aime, à la résonnance plutôt moderne et qui suscite réflexion.

Commenter  J’apprécie          91
La peste à Naples

Très belle édition d'un court texte de Gustaw Herling sur l'épidémie de peste qui décima la population de Naples, de janvier à août 1656. Le récit s'appuie du des archives napolitaines et espagnoles.

En quoi cette épidémie de peste à Naples diffère-t-elle de la peste de Londres en 1665 ?

Gustaw Herling reconstitue de façon concise les origines de la peste, mais également les conditions sociales et politiques de l'époque.

Le texte est court, mais passionnant, très bien écrit et donne envie de se plonger dans les livres de cet auteur que ne connaissais pas. Dont L'Ile et autres récits, dont est issu ce texte, écrit en 1990.

Les éditions Allia sont une source indispensable de pépites littéraires rares, passionnantes, étranges ou poétiques.
Commenter  J’apprécie          90
L'île et autres récits

Comment est-il possible qu'en acceptant de nous engager avec l'auteur par des "sentiers étroits au bord du précipice", ce soit précisément cette exaspérante lenteur et cette sombre redondance des lignes qui chargent soudain la page d'une angoisse presque insoutenable, pareille à celles des rêves ? Ici les réponses, les échos, les symétries se font attendre: la conflagration n'aura lieu qu'aux dernières pages-et c'est alors seulement que nous verrons sous la matière dense, opulente romantique, l'étrange dessin musical qui s'y trouve caché. Non plus à la manière d'un Mendelssohn cette fois, mais à la façon d'un Franck- car ce ne sont plus les épisodes qui se donnent tragiquement la réplique, ce ne sont pas les mêmes lieux (l'île dans l'île comme la tour dans la tour: la Chartreuse dans l'île et le sourd-muet dans la Chartreuse), mais plutôt les inexprimables et parfois inaccessibles pensées de l'hommes: péché contre péché, maladie contre maladie, détresse contre détresse- mais cette fois dans un temps, dans un lieu absolument autre que le leur. Tous les cycles de toutes les saisons sont sans doute nécessaires pour que ce lieu se révèle dans son mystère aveugle et splendide. Et c'est à travers la beauté de l'île, à chaque page plus humide , plus glorieuse et plus funèbre, que les personnages vont recouvrer la leur; à commencer par le père Rocca, ce fils idéal de Bernanos qui depuis le début semblait démentir la fausse aura avec son mal de coeur, ses jambes enflées, ses cauchemars et "sa façon maladroite et honteuse de mettre sur le compte de la solitude ses infortunes et ses erreurs."

Sur l'ensemble du récit pèse désormais, chasuble obscure et précieuse, ce sentiment quasi espagnol de poussière et de gloire, de lèpre et de ciel, qui est aussi naturel à Herling que son phrasé digne d'une millénaire liturgie des morts.



Cristina Campo



« Nous sommes pareils à des enfants perdus dans la forêt. Quand tu es devant moi et que tu me regardes, que sais-tu de mes douleurs et que sais-je des tiennes? Et si je tombais devant toi, si je pleurais et te parlais, en saurais-tu davantage sur moi que sur l'enfer, quand on te dit qu'il brûle et donne des frissons? » Lettre de Kafka à Oscar Pollak
Commenter  J’apprécie          70
Un Monde à part

Un monde à part est un récit autobiographique mais aussi un ouvrage littéraire, comme le souligne Jorge Semprun dans sa préface. Publié en 1951 en Angleterre, il n’est paru en France qu’en 1985 grâce à l’intervention de Jorge Semprun. En effet, ce livre est autant un essai qu’une étude sociologique et politique, y intégrant les diverses problématiques psychologiques, humanistes et morales, le tout écrit dans une forme particulièrement raffinée mais où le style poétique dans ce cas me semble décalé. Son action se déroule dès la fin de l’été 1940 et prend fin en juin 1945. Sa narration est chronologique. Il décrit son parcours dans les différentes prisons, puis dans les camps ; en catégorise les groupes, les « ourkas » ou criminels endurcis (souvent endoctrinés à la politique soviétique en prison), qui étaient les plus à craindre pour les « bieloroutchkis » ou prisonniers politiques qui étaient leur cible privilégiée. Puis, en fonction du déroulement de la guerre et des épisodes d’affrontement inversés, les nationalités ennemies de l’URSS fluctuèrent dans les camps et sa population fut le produit de la nature du conflit. En 1940 : Polonais, Ukrainiens de l’ouest, Russes blancs, juifs de Pologne, Baltes du nord ; en 1941 beaucoup d’Allemands, très mal traités !

Il explique les conditions de travail, épuisantes pour chacun, mortelles pour le travail en forêt. La distribution de nourriture étant conditionnée au rendement imposé mais impossible à réaliser, les conséquences de la malnutrition étaient la pellagre, la cécité nocturne, fatales à terme. Les évasions demeuraient des « tentavives ». Dans les camps mixtes, la situation des femmes ressemblait à l’enfer au quotidien. Il témoigne l’état de deshumanisation des individus dans lequel la direction des camps les maintenait. Dans ce lieu de perdition imposée, les détenus abrutis d’épuisement par le travail, ravagés par les maladies liées à la faim, au froid, conduits au désespoir par l’absence de perspective de liberté, souvent au dérangement psychique, s’abandonnaient. En plus de son potentiel productif à exploiter au maximum, casser la psychologie de l’humain était l’objectif à atteindre, il le fut pour beaucoup d’entre eux. Malgré sa jeunesse et sa bonne condition physique à l’arrivée, Herling connaitra le scorbut, osera une grève de la faim pour contester sa non libération après les accords Sikorski-Maïski, et sera libéré le 19 janvier 1942. Il rejoindra l'armée Polonaise en formation nommée Deuxième Corps Polonais, sur le territoire soviétique, commandée par le général Anders. Il fera la campagne d'Italie et participera à la Bataille de Monte Cassino.

Dans l’épilogue p297 à 304, son témoignage me déstabilise beaucoup par rapport au contenu du livre. Il juge. Il juge un ancien prisonnier du camp (qu’il avait connu dans la prison de Vitebsk et dont il tait l’identité), qu’il revoit à Rome, juif polonais, qui a dénoncé 3 autres prisonniers (allemands), pour sauver sa peau. Comment, lui, témoin/acteur dans ces lieux se permet-il l’absence de pardon à son ex-compagnon de misère. Dans la situation identique, quelle aurait été sa décision ? A mon avis, cet aveu indigne de lui est en totale incohérence avec sa phrase p164 : J’en suis arrivé à la conviction qu’un homme ne peut être humain que lorsqu’il vit dans des conditions humaines et qu’il n’y a pas de plus grande absurdité que de le juger sur des actions qu’il commet dans des conditions inhumaines.

Commenter  J’apprécie          50
Un Monde à part

Gustaw Herling, Polonais d’origine, a été arrêté en 1940 par le N.K.V.D. (police politique d’U.R.S.S.), puis a passé deux années dans les prisons et camps de concentration Soviétiques du Goulag, suite au Pacte Germano-Soviétique entre Hitler et Staline de 1939.



Ce témoignage de Gustaw Herling porte principalement sur ses horribles conditions de détention dans le camp de Yertsevo, faisant parti du complexe de Kargopol dans les forêts du Grand Nord entre 1940 et 1942.



Comme dans de nombreux camps de l’immense « archipel du Goulag », ce sont les prisonniers eux-mêmes qui construisaient leurs propres baraquements et camps, dans des conditions terribles d’existence et par des températures atteignant régulièrement les : -30°, -40°…, camps dans lesquels ils étaient enfermés et où, souvent, ils mouraient.



Ces prisonniers déshumanisés préféraient : faire la grève de la faim, s’automutiler (se casser une jambe, se sectionner un ou des doigts), tomber gravement malade, voire se suicider, plutôt que de travailler dans des conditions inhumaines d’esclavagisme.

Cette déshumanisation de l’immonde régime totalitaire communiste, continuait après la mort de ces innocents, par le négationnisme de ses victimes, comme en témoigne l’auteur (page 284) :



« La mort dans les camps répand une autre forme d’effroi : son anonymat. Nous n’avions aucune idée de l’endroit où les morts étaient enterrés, et ne savions pas, lorsqu’un prisonnier décédait, si seulement un certificat de décès était rédigé ».



Dans l’épilogue de cet ouvrage, l’auteur cite une phrase qui résume parfaitement toute l’ignominie engendrée par le régime communiste.

En effet, lors d’une discussion avec un ancien co-détenu, torturé par ses propres remords, celui-ci se confia à Gustaw Herling en lui disant ceci (pages 457 et 458) :



« Seigneur ! cette manie de vouloir liquider leurs victimes en respectant les formes légales est certainement le plus grand cauchemar de tout le système soviétique… Il ne leur suffit pas de tirer une balle dans la tête de quelqu’un, non : ce quelqu’un doit lui-même demander poliment qu’on lui fasse un procès. Il ne suffit pas d’impliquer quelqu’un dans la plus sinistre des fictions, non : il leur faut des témoins pour l’authentifier. Le N.K.V.D. ne me cacha pas que mon refus serait synonyme de retour aux travaux généraux… Il me fallut choisir entre ma mort et celle de ces quatre hommes… ».

« … J’ai choisi. Je n’en pouvais plus de la forêt, et de ce combat quotidien avec la mort ; je voulais vivre. J’ai signé. Deux jours plus tard, ils furent abattus au-delà du périmètre du camp ».



Tragiquement, on retrouve cette terrible description du totalitarisme communiste à travers de très nombreux témoignages de survivants (liste non exhaustive d’ouvrages, ci-dessous).



Confer également les précieux témoignages sur le thème du Totalitarisme, de :

– Alexandre Soljénitsyne (L’archipel du Goulag) ;

– Alexandre Soljénitsyne (Une journée d’Ivan Denissovitch) ;

– Jacques Rossi (Qu’elle était belle cette utopie !) ;

– Jacques Rossi (Le manuel du Goulag) ;

– Evguénia S. Guinzbourg (Le vertige Tome 1 et Le ciel de la Kolyma Tome 2) ;

– Margarete Buber-Neumann (Déportée en Sibérie Tome 1 et Déportée à Ravensbrück Tome 2) ;

– Iouri Tchirkov (C’était ainsi… Un adolescent au Goulag) ;

– Boris Chiriaev (La veilleuse des Solovki) ;

– Malay Phcar (Une enfance en enfer : Cambodge, 17 avril 1975 – 8 mars 1980) ;

– Sergueï Melgounov (La Terreur rouge en Russie : 1918 – 1924) ;

– Zinaïda Hippius (Journal sous la Terreur) ;

– Jean Pasqualini (Prisonnier de Mao) ;

– Kang Chol-Hwan (Les aquariums de Pyongyang : dix ans au Goulag Nord-Coréen) ; – Aron Gabor (Le cri de la Taïga) ;

– Varlam Chalamov (Récits de la Kolyma) ;

– Lev Razgon (La vie sans lendemains) ;

– Pin Yathay (Tu vivras, mon fils) ;

– Ante Ciliga (Dix ans au pays du mensonge déconcertant) ;

– David Rousset (L’Univers concentrationnaire) ;

– Joseph Czapski (Souvenirs de Starobielsk) ;

– Barbara Skarga (Une absurde cruauté) ;

– Claire Ly (Revenue de l’enfer) ;

– Primo Levi (Si c’est un homme) ;

– Primo Levi (Les naufragés et les rescapés : quarante ans après Auschwitz) ;

– Harry Wu (LAOGAI, le goulag chinois) ;

– Shlomo Venezia (Sonderkommando : Dans l’enfer des chambres à gaz) ;

– Anastassia Lyssyvets (Raconte la vie heureuse… : Souvenirs d’une survivante de la Grande Famine en Ukraine) ;

– François Ponchaud (Cambodge année zéro) ;

– Sozerko Malsagov et Nikolaï Kisselev-Gromov (Aux origines du Goulag, récits des îles solovki : L’île de l’enfer, suivi de : Les camps de la mort en URSS) ;

– François Bizot (Le Portail) ;

– Marine Buissonnière et Sophie Delaunay (Je regrette d’être né là-bas : Corée du Nord : l’enfer et l’exil) ;

– Juliette Morillot et Dorian Malovic (Evadés de Corée du Nord : Témoignages) ;

– Barbara Demick (Vies ordinaires en Corée du Nord) ;

– Vladimir Zazoubrine (Le Tchékiste. Récit sur Elle et toujours sur Elle).
Lien : https://totalitarismes.wordp..
Commenter  J’apprécie          51
Un Monde à part

L'exergue cite Dostoïevski "Souvenirs de la maison des morts". c'est ce qui m'a donné envie de lire ce livre, très bien écrit.

Il passe deux ans dans un camp soviétique , expérience qu'il raconte dans ce livre.

Il compare le stalinisme à une religion (çà m'a beaucoup frappée) avec les prisonniers de la "maison des morts" excommuniés de la vie politique.

Terrible, non, la comparaison ?

Commenter  J’apprécie          50
Un Monde à part

Ce livre n’a pas la notoriété qu’il mérite. C’est un témoignage exceptionnel sur la vie dans les camps de travail soviétique, aussi fort que les Récits de la Kolyma et l’Archipel, mais par un non russe.

C’est la préface de J. Semprun qui m’a incitée à en démarrer la lecture et je n’ai pas été déçu.
Commenter  J’apprécie          30
Un Monde à part

Pour tout connaitre de la vie dans les camps de concentration soviétiques . Saluer par Primo Levi
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Gustaw Herling (76)Voir plus

Quiz Voir plus

Combien de fois ?

🎬 Alors qu'il s'apprête à démissionner de ses fonctions de shérif pour se marier, Will Kane apprend qu'un bandit, condamné autrefois par ses soins, arrive par le train pour se venger. Will renonce à son voyage de noces et tente de réunir quelques hommes pour braver Miller et sa bande. Mais peu à peu, il est abandonné de tous... Ce film de Fred Zinnemann, avec Gary Cooper s'intitule "le train sifflera ... "

une fois
deux fois
trois fois

10 questions
29 lecteurs ont répondu
Thèmes : romans policiers et polars , films , roman , espionnageCréer un quiz sur cet auteur

{* *}