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Critiques de Gwen de Bonneval (233)
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Gilgamesh - Intégrale

Quelle bonne idée de transcrire sous forme de bande dessinée l'Épopée de Gilgamesh ! Ce récit mythique s'y prête particulièrement et c'est une façon originale et agréable de faire découvrir l'une des plus anciennes — pour ne pas dire LA plus ancienne — histoires écrites de l'humanité.



L'illustrateur a pris le parti d'un dessin assez nerveux, anguleux, qui n'est pas sans m'évoquer certaines représentations mythologiques des vases grecs anciens. C'est un choix discutable mais qui esthétiquement produit son effet et colle assez bien au tempérament du protagoniste principal. Personnellement, j'aime assez.



L'épopée se déroule en deux temps et nous présente tout d'abord sous un jour sombre le héros Gilgamesh, homme aux proportions gigantesques, à la force herculéenne avant l'heure et, au même titre que son successeur mythique, jouissant d'un statut mi-homme, mi-dieu.



Il n'était pas rare à l'époque, et ceci dans diverses civilisations, d'attribuer au chef d'une communauté un pouvoir divin. Les empereurs romains par exemple et plus tard l'essentiel des rois d'Europe se réclameront d'un dieu.



Gilgamesh, donc, est roi d'Uruk. Malgré la soumission de son peuple, la souveraineté de ce roi est mal vécue car il utilise quasi systématiquement un droit de cuissage de son cru sur toutes les jeunes mariées, avant même que le légitime n'ait pu faire valoir une quelconque prérogative dans la manœuvre.



Gilgamesh se permet tout et sa force empêche quiconque de s'opposer à lui. Mais trop c'est trop et les dieux eux-mêmes, alertés par les urukois (à ne pas confondre avec les indiens d'Amériques arborant une crête médio-crânienne), s'offusquent de tels procédés si bien que, dans une motte d'argile, ils façonnent un géant sauvage, rustre, en tout point comparable à Gilgamesh, sauf à considérer son abondante pilosité répartie sur tout le corps.



Enkidu, c'est son nom, vit donc comme une bête au milieu des bêtes et terrorise les malheureux bergers qui jamais de leur vie n'ont croisé pareil molosse, si ce n'est Gilgamesh lui-même.



Les choses parviennent aux oreilles du souverain qui, non content de déflorer l'essentiel de ce qu'Uruk compte de féminité, passe ses journées enlisé dans le stupre et la fornication au beau milieu de son harem, à compter ses innombrables favorites. Il ne lui vient donc pas à l'idée d'appâter le monstre Enkidu autrement que par... le sexe !



Brillante stratégie — il mandate donc l'une de ses courtisanes à cette mission, la Joyeuse, laquelle s’acquitte sans difficulté du contrat et ramène en Uruk le rude mâle, en ayant préalablement pris le temps de lui apprendre la langage articulé, les bonnes manières et l'art de se vêtir convenablement. Voyez ! À l'époque comme maintenant, en Mésopotamie comme ici, que ferait-on sans les femmes ? Je vous le demande ? !



Bref, notre Enkidu domestiqué ne va pas tarder à se mettre au service, non pas de la veuve et de l'orphelin, mais plutôt de la fiancée et du promis. Ceci provoque alors inévitablement un casus belli avec le roi des lieux.



La mêlée s'annonce prometteuse, Gilgamesh a enfin un adversaire à sa taille ! Qu'en ressortira-t-il ? Qui va gagner ? Quels changements en attendre ? Ne comptez tout de même pas sur moi pour tout vous déflorer, attendu que la défloraison est l'apanage exclusif de Gilgamesh en personne et qu'il vaut mieux ne pas le contredire celui-là.



Par contre, on peut encore raisonner un peu, si vous m'y autorisez. Je ne vois pas de raison de douter de l'existence d'un chef dont le nom aurait pu être Gilgamesh, ou quelque chose d'approchant ou tout au moins un surnom. Ensuite, la fibre fabulatrice et créatrice humaine étant ce qu'elle est, la mégalomanie dudit Gilgamesh ou de ceux se réclamant de lui aura eu vite fait d'en faire l'être exceptionnel que l'on sait et que l'on aura magnifié dans l'écrit.



Toutefois, malgré tout le génie du conteur à présenter un Gilgamesh bon, loyal, sagace et s'amendant constamment, capable à lui seul de venir à bout des pires ennemis, on lit en creux, en filigrane, un roi brutal, oisif, mal aimé de son peuple et s'autorisant des libertés sexuelles mal vécues du peuple.



Il en va de même des exploits solitaires, qui, même dans le récit, semblent bien n'avoir été possibles que par l'entremise décisive d'un autre... L'Histoire ne retient que le nom des vainqueurs, a fortiori quand les vaincus ne sont plus là pour donner leur version.



À l'époque, plus de 2500 ans avant J-C, ceux qui manient l'écriture sont très rares et il faut vraisemblablement une bonne raison pour entamer la rédaction d'un tel récit. Il ne saurait être que commandité, et ce, par un proche du pouvoir, pourquoi pas le pouvoir même ? Dans quel but ? asseoir une légende ? légitimer une prise de pouvoir ? améliorer un portrait que la postérité jugerait trop défavorable ? Allez savoir...



Ensuite, le second temps de l'épopée est beaucoup plus empreint de mysticisme et de métaphysique. On le croirait écrit d'une autre main. On y découvre probablement le véritable but de ce récit, la véritable portée parabolique, à savoir : la quête de l'immortalité pour l'homme.



Gilgamesh, mis en face de sa propre nature bestiale grâce à l'espèce de miroir que constitue Enkidu, image pas forcément florissante qu'il a d'abord combattue, puis, peu à peu, s'est mis à l'accepter et à l'aimer. Maintenant, cette nature bestiale, faut-il encore qu'il accepte l'une de ses caractéristiques constitutives : le fait qu'elle soit mortelle.



Et là, c'est une autre paire de manche car non, ça, Gilgamesh il n'aime pas du tout. Accepter d'être un mortel comme un autre, accepter même que son image puisse disparaître, perdre ce que l'on a possédé : jeunesse, force, beauté, pouvoir, richesses, non, ça, il n'accepte pas du tout.



Il est taraudé par cette perspective et se résout à accomplir une x-ième prouesse : allez voir les dieux eux-mêmes pour leur demander l'offrande de la vie éternelle.



Le chemin est encore largement semé d'embûches, peu à peu, Gilgamesh devient sale, fourbu, amaigri, ses vêtements à force d'endurer les sévices du voyage ne sont plus que haillons.



Il finit malgré tout par rencontrer Urshanabi, un solitaire qui vit au bord de l'eau et qui possède un frêle esquif. Gilgamesh, grâce à ses gros muscles, parvient à le convaincre de le mener devant Utanapishtim.



Urshanabi, en passeur plein d'abnégation, fait éminemment penser à Charon dans la mythologie grecque qui a emprunté beaucoup à l'épopée de Gilgamesh. De même, Utanapishtim est une version prototypale de Noé et de son arche célèbre.



Après quelques nouveaux travaux, Gilgamesh, modèle d'Héraclès puis d'Hercule, finit par obtenir, de mauvaise grâce, de la bouche de Utanapishti, le secret de l'immortalité.



Ce sera encore une nouvelle épreuve que d'aller trouver cette plante rare, si elle existe et de s'en saisir, s'il est possible. Mais ceci est un défi à la mesure de Gilgamesh. Je vous laisse le plaisir de découvrir s'il y parviendra et ce qui adviendra alors, si vous ne le savez pas déjà.



Au total, un très beau mythe fondateur, plutôt très bien restitué sous format BD, avec des illustrations efficaces et un texte épuré. Une très jolie parabole aussi sur le sens de la vie, qu'il convient de méditer à chaque âge.



Et que dire de cette étonnante première moitié de l'épopée ? Et bien comme de tout autre récit fondateur, il recèle sûrement une partie de vérité, mais une partie seulement. Et, à plus de 4500 ans de distance, allez essayer de deviner laquelle ?



C'est pourtant ce qui me fascine dans la lecture des mythes. On sait par exemple que le mythe du cyclope chez les Grecs antiques provient presque à coup sûr de la nécessité d'interpréter un fait inexplicable.



Imaginez, en effet, le désarroi de ces hommes lorsqu'ils découvrirent sur leur terre des crânes d'éléphants datant des temps anciens où le climat et les hommes préhistoriques n'avaient pas encore eu raison des gigantesques proboscidiens d'Europe.



Voici donc un crâne énorme, présentant sur sa face avant non pas deux orbites, comme il est commun d'en rencontrer chez les mammifères, mais un seul et immense trou, en plein milieu, où s'ouvrait la cavité de la trompe. Ce n'est pas déraisonnable, c'est même un choix assez parcimonieux que d'attribuer un tel crâne à une créature géante, munie d'un seul œil. L'imaginaire est ensuite à l'œuvre pour tenter de mettre sur pied une hypothèse crédible relatant la mort de ces créatures exceptionnelles.



Il en va de même pour l'épisode biblique du déluge, (qui à l'instar de nombreux autres emprunts à des mythes antérieurs provient presque à coup sûr de cette épopée) qui semble bien être une interprétation ad hoc d'un raz de marée dans l'est de la Méditerranée, suite à un tremblement de terre, lequel raz de marée a probablement sonné le glas de la civilisation minoenne en Crète.



Cette longue digression pour nous inviter à regarder d'un œil paléo-ethnologique cette première épopée écrite de l'humanité. On y lit sans doute déjà, hélas, et ce dès les origines, l'influence néfaste de l'homme sur son environnement.



Le recours à l'irrigation en Mésopotamie et l'exploitation abusive d'une végétation fragile de type méditerranéen est probablement cause de la raréfaction du bois de construction dans la cité d'Uruk puis de la désertification quasi générale de la région.



Aussi, faut-il aller bien loin pour encore rencontrer une forêt de cèdres et une simple mission d'approvisionnement en matériau de base est-elle perçue, au moment de la rédaction de l'épopée, comme un acte héroïque relevant de la plus intrépide bravoure...



En tout cas, c'est bien joué car plus de 4500 ans après avoir été cunéifié, il se trouve encore de sombres fous, de sombres folles pour en parler toujours et pour donner dessus leur avis qui, comme chacun sait, dans 4500 ans, ne signifiera plus grand-chose !
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Gilgamesh, Tome 2 : Le sage

Suite et fin de l'épopée de Gilgamesh. Cette moitié est beaucoup plus empreinte de mysticisme et de métaphysique. On y découvre le véritable but de ce récit, la véritable portée parabolique, à savoir : la quête de l'immortalité pour l'homme.



Gilgamesh, qui avait était mis en face de sa propre nature bestiale dans le tome précédent, en la personne d'Enkidu, qui après l'avoir combattue, c'était mis à l'accepter et à l'aimer. Maintenant, cette nature bestiale, faut-il encore qu'il accepte l'une de ses caractéristiques, le fait qu'elle soit mortelle.



Mais ça, non, Gilgamesh il n'aime pas du tout. Accepter d'être un mortel comme un autre, accepter même que son double puisse disparaître, perdre ce que l'on a possédé : jeunesse, force, beauté, pouvoir, richesses, non, ça, il n'accepte pas du tout.



Il est taraudé par cette perspective et se résout à accomplir une x-ième prouesse, allez voir les dieux eux-mêmes pour leur demander l'offrande de la vie éternelle.



Le chemin est encore largement semé d'embûches, peu à peu, Gilgamesh devient sale, fourbu, amaigri, ses vêtements à force d'endurer les sévices du voyage ne sont plus que haillons.



Il finit malgré tout par rencontrer Urshanabi, un solitaire qui vit au bord de l'eau et qui possède un frêle esquif. Gilgamesh, grâce à ses gros muscles, parvient à le convaincre de le mener devant Utanapishtim.



Urshanabi, en passeur plein d'abnégation, fait éminemment penser à Charon dans la mythologie grecque qui a emprunté beaucoup à l'épopée de Gilgamesh. De même, Utanapishtim est une version prototypale de Noé et de son arche célèbre.



Après quelques nouveaux travaux, Gilgamesh, modèle d'Héraclès puis d'Hercule, finit par obtenir, de mauvaise grâce, de la bouche de Utanapishti, le secret de l'immortalité.



Ce sera encore une nouvelle épreuve que d'aller trouver cette plante rare, si elle existe et de s'en saisir, s'il est possible. Mais ceci est un challenge à la mesure de Gilgamesh. Je vous laisse le plaisir de découvrir s'il y parviendra et ce qui adviendra alors, si vous ne le savez pas déjà.



Au total, un très beau mythe fondateur, plutôt très bien restitué sous format BD, avec des illustrations efficaces et un texte épuré. Une très jolie parabole aussi sur le sens de la vie, qu'il convient de méditer à chaque âge.



C'est donc un bon moment que nous passons en compagnie de Gilgamesh et que je ne saurais que vous conseiller, mais ce n'est bien sûr que mon avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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Gilgamesh, tome 1 : Le Tyran

Quelle bonne idée de transcrire sous forme de bande dessinée l'Épopée de Gilgamesh ! Ce récit mythique s'y prête particulièrement et c'est une façon originale et agréable de faire découvrir l'une des plus anciennes — pour ne pas dire LA plus ancienne — histoires écrites de l'humanité.



L'illustrateur a pris le parti d'un dessin assez nerveux, anguleux, qui n'est pas sans m'évoquer certaines représentations mythologiques des vases grecs anciens. C'est un choix discutable mais qui esthétiquement produit son effet et colle assez bien au tempérament du protagoniste principal. Personnellement, j'aime assez.



Que dire de cette première moitié de l'épopée ? Et bien comme de tout autre récit fondateur, il recèle sûrement une partie de vérité, mais une partie seulement. Et, à plus de 4500 ans de distance, allez essayer de deviner laquelle ?



C'est pourtant ce qui me fascine dans la lecture des mythes. On sait par exemple que le mythe du cyclope chez les Grecs antiques provient presque à coup sûr de la nécessité d'interpréter un fait inexplicable.



Imaginez, en effet, le désarroi de ces hommes lorsqu'ils découvrirent sur leur terre des crânes d'éléphants datant des temps anciens où le climat et les hommes préhistoriques n'avaient pas encore eu raison des gigantesques proboscidiens d'Europe.



Voici donc un crâne énorme, présentant sur sa face avant non pas deux orbites, comme il est commun d'en rencontrer chez les mammifères, mais un seul et immense trou, en plein milieu, où s'ouvrait la cavité de la trompe. Ce n'est pas déraisonnable, c'est même un choix assez parcimonieux que d'attribuer un tel crâne à une créature géante, munie d'un seul œil. L'imaginaire est ensuite à l'œuvre pour tenter de mettre sur pied une hypothèse crédible relatant la mort de ces créatures exceptionnelles.



Sans vouloir anticiper sur le deuxième tome de Gilgamesh, il en va de même pour l'épisode biblique du déluge qui semble bien être une interprétation ad hoc d'un raz de marée dans l'est de la Méditerranée, suite à un tremblement de terre, lequel raz de marée a probablement sonné le glas de la civilisation minoenne en Crète.



Cette longue digression pour nous inviter à regarder d'un œil paléo-ethnologique cette première épopée écrite de l'humanité. On y lit sans doute déjà, hélas, et ce dès les origines, l'influence néfaste de l'homme sur son environnement.



Le recours à l'irrigation en Mésopotamie et l'exploitation abusive d'une végétation fragile de type méditerranéen est probablement cause de la raréfaction du bois de construction dans la cité d'Uruk puis de la désertification quasi générale de la région.



Aussi, faut-il aller bien loin pour encore rencontrer une forêt de cèdres et une simple mission d'approvisionnement en matériau de base est-elle perçue, au moment de la rédaction de l'épopée, comme un acte héroïque relevant de la plus intrépide bravoure...



Mais j'anticipe, pardonnez-moi. Cette première moitié de l'épopée nous présente Gilgamesh, homme aux proportions gigantesques, à la force herculéenne avant l'heure et, au même titre que son successeur mythique, jouissant d'un statut mi-homme, mi-dieu.



Il n'était pas rare à l'époque, et ceci dans diverses civilisations, d'attribuer au chef d'une communauté un pouvoir divin. Les empereurs romains par exemple et plus tard l'essentiel des rois d'Europe se réclameront d'un dieu.



Gilgamesh, donc, est roi d'Uruk. Malgré la soumission de son peuple, la souveraineté de ce roi est mal vécue car il utilise quasi systématiquement un droit de cuissage de son cru sur toutes les jeunes mariées, avant même que le légitime n'ait pu faire valoir une quelconque prérogative dans la manœuvre.



Gilgamesh se permet tout et sa force empêche quiconque de s'opposer à lui. Mais trop c'est trop et les dieux eux-mêmes, alertés par les urukois (à ne pas confondre avec les indiens d'Amériques arborant une crête médio-crânienne), s'offusquent de tels procédés si bien que, dans une motte d'argile, ils façonnent un géant sauvage, rustre, en tout point comparable à Gilgamesh, sauf à considérer son abondante pilosité répartie sur tout le corps.



Enkidu, c'est son nom, vit donc comme une bête au milieu des bêtes et terrorise les malheureux bergers qui jamais de leur vie n'ont croisé pareil molosse, si ce n'est Gilgamesh lui-même.



Les choses parviennent aux oreilles du souverain qui, non content de déflorer l'essentiel de ce qu'Uruk compte de féminité, passe ses journées enlisé dans le stupre et la fornication au beau milieu de son harem, à compter ses innombrables favorites. Il ne lui vient donc pas à l'idée d'appâter le monstre Enkidu autrement que par... le sexe !



Brillante stratégie — il mandate donc l'une de ses courtisanes à cette mission, la Joyeuse, laquelle s’acquitte sans difficulté du contrat et ramène en Uruk le rude mâle, en ayant préalablement pris le temps de lui apprendre la langage articulé, les bonnes manières et l'art de se vêtir convenablement. Voyez ! À l'époque comme maintenant, en Mésopotamie comme ici, que ferait-on sans les femmes ? Je vous le demande ? !



Bref, notre Enkidu domestiqué ne va pas tarder à se mettre au service, non pas de la veuve et de l'orphelin, mais plutôt de la fiancée et du promis. Ceci provoque alors inévitablement un casus belli avec le roi des lieux.



La mêlée s'annonce prometteuse, Gilgamesh a enfin un adversaire à sa taille ! Qu'en ressortira-t-il ? Qui va gagner ? Quels changements en attendre ? C'est ce que je me propose de ne pas vous déflorer, attendu que la défloraison est l'apanage exclusif de Gilgamesh en personne et qu'il vaut mieux ne pas le contredire celui-là.



Par contre, on peut encore raisonner un peu, si vous m'y autorisez. Je ne vois pas de raison de douter de l'existence d'un chef dont le nom aurait pu être Gilgamesh, ou quelque chose d'approchant ou tout au moins un surnom. Ensuite, la fibre fabulatrice et créatrice humaine étant ce qu'elle est, la mégalomanie dudit Gilgamesh ou de ceux se réclamant de lui aura eu vite fait d'en faire l'être exceptionnel que l'on sait et que l'on aura magnifié dans l'écrit.



Toutefois, malgré tout le génie du conteur à présenter un Gilgamesh bon, loyal, sagace et s'amendant constamment, capable à lui seul de venir à bout des pires ennemis, on lit en creux, en filigrane, un roi brutal, oisif, mal aimé de son peuple et s'autorisant des libertés sexuelles mal vécues du peuple.



Il en va de même des exploits solitaires, qui, même dans le récit, semblent bien n'avoir été possibles que par l'entremise décisive d'un autre... L'Histoire ne retient que le nom des vainqueurs, a fortiori quand les vaincus ne sont plus là pour donner leur version.



À l'époque, plus de 2500 ans avant J-C, ceux qui manient l'écriture sont très rares et il faut vraisemblablement une bonne raison pour entamer la rédaction d'un tel récit. Il ne saurait être que commandité, et ce, par un proche du pouvoir, pourquoi pas le pouvoir même ? Dans quel but ? asseoir une légende ? légitimer une prise de pouvoir ? améliorer un portrait que la postérité jugerait trop défavorable ? Allez savoir...



En tout cas, c'est bien joué car plus de 4500 ans après avoir été cunéifié, il se trouve encore de sombres fous, de sombres folles pour en parler toujours et pour donner dessus leur avis qui, comme chacun sait, dans 4500 ans, ne signifiera plus grand-chose !
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Messire Guillaume, Tome 1 : Les contrées loin..

Guillaume supporte mal le joug de son beau-père, Messire Brifaut. Par une nuit sans étoile, veille du remariage de leur mère, sa sœur part secrètement en quête d'un père prétendument mort. Guillaume porté par de troubles et violents événements prend la route à son tour pour la rejoindre. Trois étranges mais bienveillants personnages vont constituer ses premières rencontres. Au premier rang desquels se trouve un drôle de chevalier qui n'est pas sans rappeler le Godefroy de Jean Reno. Sur ces fondations pour le moins classiques le scénariste Gwen de Bonneval, parsème son récit d'indices qui sont autant de pistes vers le surnaturel, de portes entrouvertes sur les univers du rêve et de la magie.



De son côté Matthieu Bonhomme, déjà connu pour les excellentes séries Le Marquis d'Anaon et Le voyage d'Esteban, ajoute pour Messire Guillaume, à son dessin précis et léger, un partis pris esthétique pour le moins surprenant. L'auteur fait se côtoyer un encrage traditionnel au service des contours et le trait épais d'un crayon. Survivance du crayonné préparatoire ou rajout postérieur, celui-ci fait délicatement apparaître ombres et textures, ou bien encore se met au service d'une perspective atmosphérique.



La touche finale est apportée par les couleurs de Walter dont on ne peut douter qu'elles n'aient été pensées par les trois compères. Walter n'use pour donner vie aux planches que d'une gamme restreinte de bruns et d'oranges, ne s'octroyant en contrepoint que quelques touches de couleurs complémentaires. Le coloriste ne s'évade de ce canevas qu'en des circonstances ponctuelles, toujours porteuses de sens, telles ces pointes de rouges naturellement sanglante.



Chacun des trois artistes de se projet contribue à sa manière à imprégner le récit de Guillaume d'une douce poésie, à le porter aux frontières du conte. Sans faire preuve d'un iconoclasme irraisonné, chacun contribue à faire de cette bande dessinée une œuvre réellement originale et intéressante.
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Le Dernier Atlas, tome 1

Véritable uchronie, le dernier Atlas, tome 1 multiplie les intrigues et le suspens. Si au départ deux histoires se développent parallèlement, l'une en Algérie et l'autre en France, elles vont finir par se rejoindre sur fond de science-fiction. Un scénario haletant et plein de rebondissements, je n'ai pas vu les 200 pages passer ! le traitement des personnages est vraiment l'un des points fort du récit tant leur psychologie est profonde et intéressante. Des personnages que je prendrais grand plaisir à retrouver dans les prochains tomes !



Le travail de Laurence Croix sur les couleurs est absolument sublime, des couleurs fortes, franches et lumineuses qui accompagnent merveilleusement le dessin net et précis d'Hervé Tanquerelle. Un grand soin est apporté aux détails, rendant d'autant plus réaliste le récit. Mention spéciale pour les scènes en extérieur qui nous transportent directement en Algérie.



// Dans le cadre du prix de la BD Fnac - France Inter 2020
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Gilgamesh, tome 1 : Le Tyran

Gil-ga-mesh ! Gil-ga-mesh !



Ouais, bon, ça va.

Aussi puissant que tyrannique, il règne sur Uruk avec une arrogance et une bestialité peu communes.

Las de ces petits travers, nombre de ses administrés s'adressèrent au bureau des réclamations des Dieux en les enjoignant de créer un être susceptible de rivaliser avec ce roi omnipotent.

Ainsi naquit Enkidu. Monstrueux sauvageon à la force tout aussi herculéenne mais aux valeurs diamétralement opposées.

Son pendant censé ramener la paix et la sérénité au sein de cette délicieuse petite cité antique de caractère.

Leur affrontement semblant déjà acté, la tournure des évènements allait cependant en surprendre plus d'un.



Bien moins connu qu'Hercule et ses quelques travaux ménagers, Gilgamesh fut un roi mésopotamien qui défraya la chronique en son temps. Cf Ouest-Sumérien du 2650 av JC.

Comme tout personnage mythique qui se respecte, il fondit sa légende sur moults récits épiques régulièrement reniés par Colégram, allez savoir pourquoi.



Bonneval et Duchazeau reviennent ici sur ce personnage haut en couleurs, au caractère bien trempé, et à la vie aussi dissolue que trépidante. Mais évoquer Gilgamesh en éclipsant Enkidu, ce serait invoquer le yin sans le yang. Cela ne présenterait aucune légitimité historique, dixit Alain Decaux, alors...

Le trait est approximatif, majoritairement hachuré, ce qui n'empêche pas le récit de fonctionner à plein.

L'intérêt est immédiat et durable, tout comme le plaisir éprouvé à sa découverte.

Une excellente entrée en matière qui n'incite finalement qu'à une seule chose, poursuivre l'aventure avec ces deux êtres de légende bougrement attachants.

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La vierge froide et autres racontars (BD)

Quoi de mieux que les racontars de Jorn Riel pour prendre une bourrasque de grand froid et de chaleur humaine, une lampée d'humour et de tord-boyaux, ou simplement une bonne ration de bavardages décousus et d'histoires savoureuses ? Les racontars illustrés !



En effet, leurs histoires un peu loufoques et leurs personnages de dingues au grand coeur se prêtent particulièrement bien au traitement en BD. Ainsi du coq Alexandre qui dépérit de planche en planche ou de la vierge froide dessinée en pointillés... Ainsi de Lodvig qui se met la tête dans le four ou du gros Valfred qui ne fait que ronfler... Ainsi même des paysages et des pensées très imagées des personnages lorsqu'ils les affrontent... Rien que la couverture est un régal de tendresse et d'ironie !



Au-delà du dessin, absolument charmant, les racontars nous parlent d'un monde âpre, sans femmes, sans soleil, sans distractions. Mais aussi un monde de poésie et de solidarité, où les hommes se consolent en se serrant les coudes, en se parlant longuement (ou pas !) et en se rêvant des compagnes ou des compagnons. Un monde certainement plus dur et plus solitaire que le nôtre, mais qui donne le sourire par sa fantaisie et sa bonne humeur.



Challenge Petits plaisirs 22/xx
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Le Roi Oscar et autres racontars (BD)

A l'opposé du "Feu" de London où un homme cherche à survivre dans le grand nord, dans "Le roi Oscar et autres racontars", Jorn Riel nous délecte de quatre histoires dans le Groenland.

Après avoir vécu seize ans dans ce pays, l'auteur a voulu partager les déboires d'hommes rustres vivant en autarcie.

La chasse est un domaine qu'ils maitrisent mais pour les bonnes manières, ce sont celles d'hommes des bois peu civilisés.

Et comme le froid à l'extérieur est coriace, la chaleur de l'amitié et de l'alcool réchauffe les cœurs et échauffe les esprits.



Quel bonheur de lire ces racontars aux situations burlesques. Avec leurs trognes hilarantes, la morosité s'envole durant la lecture.

Riel amuse son lecteur en croquant des toilettes orange sur une banquise blanche.

Il nous attendrit avec le cochon Oscar que Vieux-Niels a adopté et dont les jours sont comptés.

Et que dire du corps de Jalle qui se décongèle durant la cérémonie des funérailles.



Le noir et blanc des illustrations transposent à merveille la froidure du Groenland et la rusticité des personnages.



Si "l'alcoolisme est un humanisme" je lève mon verre à ses barbus et à ses auteurs.



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Messire Guillaume - Tomes 1 à 3 : L'esprit pe..

Ouvrage qui réunit l'intégrale des aventures de Guillaume, fils de feu le comte de Saunhac, un jeune garçon à l'esprit très imaginatif, certes, mais pas uniquement. Avec sa sœur Hélis, ils sont persuadés qu'un étrange mystère plane autour de la mort de leur père. Bien que tous attestent que ce dernier a mis fin à ses jours, eux, sont persuadés que la vérité est bien plus complexe que ce qu'elle ne semble être. Non seulement, il y a cet affreux noble, Brifaut, qui a déjà obtenu la main de la récente veuve, à savoir la mère de Guillaume et Hélis, mais il y a également bien d'autres signes qui se manifestent afin de leur faire savoir que leur père leur a laissé une mission et qu'ils se doivent de l'accomplir jusqu'au bout. De quelle nature est cette dernière ? Et si leur père avait été assassiné et si oui, pas qui et pour quels motifs ? Ou encore, si ce dernier était toujours vivant mais retenu par une quelque force obscure ? Qui peut bien avoir imaginé un plan aussi machiavélique ?

Bien que vous croyez détenir la réponse, vous vous trompez complètement car, même moi, je m'y suis laissée prendre...



Un ouvrage touchant, avec des personnages attachants tels que le chevalier Brabançon ou encore le troubadour Courtepointe, avec des dessins très bien travaillés (en noir et blanc qui plus est, ce qui donne un certain charme à l'ouvrage). Un scénario mi historique (j'entends par là qu'à l'époque où se déroule l'histoire, à savoir au Moyen-Age, ce genre de mariages entre nobles et de succession étaient chose courante donc c'est une histoire, bien qu'inventée ici de toutes pièces, aurait très bien pu se passer) mi fantastique, ce qui rend la lecture que plus attrayante et enfin tout cela contenu dans un magnifique ouvrage avec une lecture à l'italienne. A découvrir et à faire découvrir !
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Le dernier atlas, tome 3

Je n’en pouvais plus d’attendre de découvrir la fin de cette trilogie qui m’a littéralement happé. Sa réussite vient surtout de cette uchronie imaginée avec beaucoup de bonnes idées. Ça se passe actuellement, mais le monde diffère du nôtre sur quelques points, un guerre d’Algérie qui ne s’est pas passée de la même façon, de la technologie différente mais utilisant approximativement les mêmes bases scientifiques, avec des robots géants à propulsion nucléaire… et cette intervention extraterrestre inquiétante. Le panel de personnages est aussi bien élaboré, dans différents univers, des techniciens, des mafieux, des journalistes… La trilogie fait quelque 750 pages, c’est du consistant, autant dans les idées, l’action ou encore le rythme et le suspens. La qualité est au rendez-vous du début à la fin, bref, j’ai adoré.
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Le Dernier Atlas, tome 1

Voici un premier tome d'un triptyque vraiment prometteur. C'est un projet vraiment ambitieux, une uchronie mêlant colonialisme, robots géants, et mafia et évènements surnaturels. le tout s'imbrique parfaitement, c'est du costaud, on sent un travail d'élaboration particulièrement approfondi, structuré avec minutie, aucune incohérence, aucun détail négligé, avec des personnages bien campés, même dans les rôles secondaires.

Le graphisme est aussi très efficace, avec une colorisation intense, des couleurs chaudes, un trait épais, tout cela contribue à l'ambiance lourde du récit. Et le rythme du récit nous embarque dans les mystères. J'ai particulièrement aimé que l'aspect uchronique ne soit pas révélé tout de suite, au départ, rien ne nous différencie vraiment de notre monde, et au fil de l'histoire, le fantastique s'accentue, dévoilant certains mystères, en ajoutant de nouveaux pour les tomes suivants. J'ai été scotché par ce récit, et j'ai vraiment hâte de découvrir la suite.
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Le Dernier Atlas, tome 1

Ce roman graphique écrit et dessiné à quatre mains (ou plutôt huit si on suppose que chaque auteur en a deux !) est une belle réussite. Je ne m’attendais pas à une immersion aussi marquante dans cette uchronie, qui a pour particularité de ne pas expliquer toutes ses divergences d’avec la réalité. Il faudra attendre la fin du tome pour découvrir quelques clés, dans une postface qui aurait peut-être gagné à être transformée en prologue.



Dans cette situation temporelle je dirais juste que l’histoire des rapports entre la France et l’Algérie a subi de sérieuses déviations. Des robots géants, les Atlas, ont contribué à bâtir des villes entières avant d’être soudainement mis à la casse. La raison de ce revirement n’est pas très claire et j’imagine que tout cela sera explicité dans le second tome. Le dernier de ces géants d’acier, qui se trouve à Mumbai mais n’a jamais été « désossé », comme il aurait dû l’être, se révélera probablement être providentiel face à une nouvelle menace qui émerge dans ce premier tome.



Les personnages, pour la plupart des truands violents et borderline, ne sont guère sympathiques. Mais j’ai quand même éprouvé un vif intérêt pour cette histoire intrigante et bien menée. Et j’ai très envie de lire la suite qui doit paraître dans quelques semaines.



Si le scénario est très réussi je juge le graphisme un peu en deçà, pas vraiment plaisant notamment avec ces trognes d’oiseaux de proie… Indéniablement ils sont pourtant tout à fait en phase avec l’histoire qui nous est contée, pas très réjouissante.



#LeDernierAtlas #NetGalleyFrance

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Le Roi Oscar et autres racontars (BD)

Au moins cinq leçons à retenir de ces quatre nouvelles de Jørn Riel :

- il ne faut pas recongeler un copain décongelé

- mieux vaut, pour poser ses fesses, un petit coin chez les autres qu'un grand espace sur la glace

- on peut être copain comme cochon avec un porc au point de préférer sa compagnie à celle d'un homme

- une expédition polaire ne suffit pas à faire de vous un héros, faut pas croire ce que disent les journaux (danois)

- qui a bu boira, et qui n'a jamais bu boira en passant un hiver en Arctique



Jørn Riel a quitté son Danemark natal dans les années 50 pour une expédition scientifique au nord-est du Groenland. Il y est resté seize ans. Assez longtemps, donc, pour admirer les beaux paysages, expérimenter les conditions de vie extrêmes, côtoyer les trappeurs. Et en tirer des histoires savoureuses.

J'ai lu le recueil de nouvelles 'La vierge froide et autres racontars', version texte. Alors que je m'étais copieusement barbée parmi ces vieux barbus, je me suis régalée de ces récits en images, délirants, féroces et drôles. On y croise de jeunes danois naïfs venus tâter de l'aventure et qui déchantent vite lorsqu'ils découvrent le froid, l'obscurité, l'absence de femmes, la solitude ou - pire ? - la cohabitation avec de vieux bonhommes. On y rencontre aussi des trappeurs installés là depuis des lustres, briscards hauts en couleur, rustres, solidement cramponnés à leurs habitudes (éthyliques, notamment), pas méchants mais totalement imprévisibles.



Cet album est un régal grâce aux situations et dialogues (qui rappellent la 'Rue de la Sardine' de Steinbeck), et aux chutes savoureuses. Adaptation doublement réussie : le graphisme exprime au moins autant que le texte l'esprit loufoque et l'humour à la fois noir et mignon.
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La vierge froide et autres racontars (BD)

Si vous ne connaissez pas les racontars de Jorn Riel, je vous invite à vous pencher sur ces histoires déjantées.

Pas de morosité dans ce froid du Groenland. Même isolés les rudes hommes ne sont pas dépourvus d'humour.

Les personnages sont croqués habilement: le philosophe, le cancre, l'aristocrate et le loir. Tous ces trappeurs ont une particularité qui donnent l'originalité aux personnages.

Sept histoires plus drôles les unes que les autres.

Ma préférée est celle d'Alexandre un coq qui tient compagnie à Herbert. Ce coq conquérant va pourtant vite déchanté.

Je vous laisse la découverte de ces racontars qui rendent hommage aux solitaires du grand Nord et à leur amitié , sentiment le mieux partagé chez eux.

Loufoque et drôle, "La vierge froides et autres racontars" ne vous laisseront pas de marbre. D'autant que les dessins en noir et blanc de Hervé Tanquerelle apportent à la narration un appui burlesque.

Sûr au Groenland on se gèle mais on ne s'ennuie avec ces bougres là.

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Le dernier atlas, tome 2

Voilà une série extrêmement ambitieuse, une trilogie en trois albums de 230 pages chacun, avec une uchronie, une présence extraterrestres (ou pas ?), des mystères, des poursuites, de la technologie, de l’espionnage, des mafias, des personnages complexes, servi par une illustration franche, coloré et vivante, du rythme, de l’action, des surprises. Ces énormes ambitions accouchent d’un résultat parfaitement à la hauteur, c’est haletant, surprenant, jubilatoire. C’est du lourd ! J’espère que le troisième volet sera aussi balèze.
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Varulf, tome 2 : Mon nom est Trollaukinn

De nouveaux personnages viennent se mêler à la quête des enfants, on découvre enfin le fameux chevalier qui les suivait depuis un moment, les mystères sont toujours chargés d’intensité dramatique, l’ambiance fantasy noire pour un public jeune est plutôt réussie, je reste cependant un peu sur ma faim, le dénouement est vite expédié, j'aurais aimé que les autres enfants prennent plus de poids dans l’aventure. Plutôt emballé par cette bande dessinée, mais elle me laisse une légère frustration.
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Gilgamesh - Intégrale

Très bonne idée d'adapter l'épopée de Gilgamesh, Un des plus vieux texte du monde, en BD. J'aime le dessin, vif, dynamique, non surchargé de détails, et qui avec ses silhouettes fantastiques rendent la lecture attrayante. C'est plein d'énergie. L'histoire quand à elle, assez classique dans ses thèmes, déification des héros, rapport avec les dieux, quête de l'immortalité... nous permet aussi de nous rendre compte que les religions monothéistes ont piqué leur thèmes dans les religions polythéistes... Copieurs !
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Le Dernier Atlas, tome 1

Je remercie les éditions Dupuis et NetGalley pour cette BD de Gwen de Bonneval et Fabien Vehlmann au scénario et de Fred Blanchard, Laurence Croix et Hervé Tanquerelle aux dessins et couleurs.

Le dernier Atlas est présenté comme une uchronie sur fond de guerre d’Algérie et d’essais nucléaires français au Sahara ; dans la BD, l'Algérie n'a eu son indépendance qu'à la suite d’une catastrophe, en 1976, qui aurait fait 6 000 morts et conduit au démantèlement des robots nucléaires géants.



Quand j’ai lu « atlas » dans le titre, j’ai pensé à tout, sauf à un robot… Dans mon imaginaire, un atlas est un recueil de cartes géographique réunies autour d’un même thème ; C’est aussi un massif montagneux situé en Afrique du Nord… Dans la mythologie, Atlas est un titan qui soutient la voute céleste… Autant de clés de lecture à s’approprier et de références à décliner pour entrer pleinement dans cette histoire…



Ici, le dernier Atlas, c’est le George Sand, le seul de ces immenses robots français qui géraient des constructions titanesques jusqu'au milieu des années 1970 à ne pas avoir été démantelé, après un grave incident à Batna durant la guerre d'Algérie…

Dans la BD, l’Atlas est aussi le nom d’un café… Mais c’est juste un détail en passant.

Ismaël Tayeb est lieutenant dans un gang criminel. Son grand patron lui donne un ordre qu'il ne peut refuser : trouver une pile nucléaire... Pour cela il va devoir voler le dernier Atlas et le remettre en marche.

Au même moment, Françoise Halfort, ex- reporter de guerre, se retrouve confrontée, dans le parc de Tassili, à un phénomène sismique sans précédent qui va bouleverser l'équilibre du monde et à des perturbations écologiques : des insectes mutants, des oiseaux migrateurs regroupés et statiques… En outre, un objet non identifié surgit de la zone…



Le scénario est complexe, nous entraine de Nantes en Algérie, en passant par l’Inde… Les méchants sont sans scrupules, les policiers sur les dents…

Le graphisme est superbement associé à l’intrique avec de magnifiques planches pour les extérieurs, un grand soucis des détails, une belle illustration des différentes ambiances et des milieux décrits.

Le personnage d’Ismaël Tayeb est assez charismatique et très ambivalent, à la fois dur et mystérieux, violent et chevaleresque, lucide et halluciné.

Françoise Halfort est déroutante, en cinquantenaire alerte et prolifique, gironde et lascive, toujours pragmatique.

Ismaël et Françoise sont liés aux étranges phénomènes qui se produisent à Tassili ; chacun d’eux possède un élément de la solution, sans en avoir l’entière maitrise.

Les personnages secondaires sont, pour la plupart, très intéressants, drôles ou touchants, typiques ou originaux.

Le dénouement annonce une suite riche en possibles.



Une excellente BD !



#LeDernierAtlas #NetGalleyFrance


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Racontars arctiques - Intégrale (BD)

J'avais, par le passé, eu l'occasion de lire avec plaisir tous les impayables racontars que Jorn Riel avait rapportés du grand nord.

Ici, dans cet ouvrage grand format, soutenu par le dessin en noir et blanc de Gwen de Bonneval, les récits arctiques de Jorn Riel trouvent un second souffle.

J'ai eu le bonheur de retrouver les personnages truculents du "Safari arctique" ou de "La vierge froide" et de les "voir" à l'oeuvre, si ressemblants à l'idée que je m'en étais fait.

Bien sûr le texte original est plus riche, mais l'essentiel est là.

Un excellent album pour entrer dans le monde glacé et drôle de Riel, en attendant de le lire.
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Gilgamesh, tome 1 : Le Tyran

La collection "Poisson Pilote" de chez Dargaud est l'une de mes préférées à force de lire des ouvrages de bonne qualité. Gilgamesh va cependant échapper à la règle. Il y a toujours un titre qu'on préfère moins.



Ici, j'ai eu l'impression de lire un titre dans le style de Sfar mais sans arriver à nous passionner véritablement. En effet, la narration est souvent inutilement bavarde et assez décousue. Il y a pourtant des passages où l'on passe de bons moments. J'ai bien aimé l'amitié naissante et les épreuves traversées par Gilgamesh et Enkidu.



Les légendes mésopotamiennes sont bien sûr intéressantes. Le moins que je puisse dire est qu'elles ne sont pas servies par un graphisme de haute qualité. Je n'aime pas ces traits hachurés qui rendent méconnaissables certains personnages. Cela donne certes un style dépouillé mais trop brouillon à mon goût. Si on ajoute à cela une accessibilité difficile à l'histoire, vous aurez droit à une lecture plutôt pénible.



Je ne recommanderai pas cette lecture. Il y a beaucoup mieux à proposer.

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