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Gilgamesh - BD (Bonneval - Ducha... tome 1 sur 3
EAN : 9782205056013
48 pages
Dargaud (02/10/2004)
3.59/5   17 notes
Résumé :
- Tu veux combattre Humbala ? Ton projet est insensé ! Sa clameur, c'est le déluge, sa bouche c'est du feu, son souffle c'est la mort !

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Quelle bonne idée de transcrire sous forme de bande dessinée l'Épopée de Gilgamesh ! Ce récit mythique s'y prête particulièrement et c'est une façon originale et agréable de faire découvrir l'une des plus anciennes — pour ne pas dire LA plus ancienne — histoires écrites de l'humanité.

L'illustrateur a pris le parti d'un dessin assez nerveux, anguleux, qui n'est pas sans m'évoquer certaines représentations mythologiques des vases grecs anciens. C'est un choix discutable mais qui esthétiquement produit son effet et colle assez bien au tempérament du protagoniste principal. Personnellement, j'aime assez.

Que dire de cette première moitié de l'épopée ? Et bien comme de tout autre récit fondateur, il recèle sûrement une partie de vérité, mais une partie seulement. Et, à plus de 4500 ans de distance, allez essayer de deviner laquelle ?

C'est pourtant ce qui me fascine dans la lecture des mythes. On sait par exemple que le mythe du cyclope chez les Grecs antiques provient presque à coup sûr de la nécessité d'interpréter un fait inexplicable.

Imaginez, en effet, le désarroi de ces hommes lorsqu'ils découvrirent sur leur terre des crânes d'éléphants datant des temps anciens où le climat et les hommes préhistoriques n'avaient pas encore eu raison des gigantesques proboscidiens d'Europe.

Voici donc un crâne énorme, présentant sur sa face avant non pas deux orbites, comme il est commun d'en rencontrer chez les mammifères, mais un seul et immense trou, en plein milieu, où s'ouvrait la cavité de la trompe. Ce n'est pas déraisonnable, c'est même un choix assez parcimonieux que d'attribuer un tel crâne à une créature géante, munie d'un seul oeil. L'imaginaire est ensuite à l'oeuvre pour tenter de mettre sur pied une hypothèse crédible relatant la mort de ces créatures exceptionnelles.

Sans vouloir anticiper sur le deuxième tome de Gilgamesh, il en va de même pour l'épisode biblique du déluge qui semble bien être une interprétation ad hoc d'un raz de marée dans l'est de la Méditerranée, suite à un tremblement de terre, lequel raz de marée a probablement sonné le glas de la civilisation minoenne en Crète.

Cette longue digression pour nous inviter à regarder d'un oeil paléo-ethnologique cette première épopée écrite de l'humanité. On y lit sans doute déjà, hélas, et ce dès les origines, l'influence néfaste de l'homme sur son environnement.

Le recours à l'irrigation en Mésopotamie et l'exploitation abusive d'une végétation fragile de type méditerranéen est probablement cause de la raréfaction du bois de construction dans la cité d'Uruk puis de la désertification quasi générale de la région.

Aussi, faut-il aller bien loin pour encore rencontrer une forêt de cèdres et une simple mission d'approvisionnement en matériau de base est-elle perçue, au moment de la rédaction de l'épopée, comme un acte héroïque relevant de la plus intrépide bravoure...

Mais j'anticipe, pardonnez-moi. Cette première moitié de l'épopée nous présente Gilgamesh, homme aux proportions gigantesques, à la force herculéenne avant l'heure et, au même titre que son successeur mythique, jouissant d'un statut mi-homme, mi-dieu.

Il n'était pas rare à l'époque, et ceci dans diverses civilisations, d'attribuer au chef d'une communauté un pouvoir divin. Les empereurs romains par exemple et plus tard l'essentiel des rois d'Europe se réclameront d'un dieu.

Gilgamesh, donc, est roi d'Uruk. Malgré la soumission de son peuple, la souveraineté de ce roi est mal vécue car il utilise quasi systématiquement un droit de cuissage de son cru sur toutes les jeunes mariées, avant même que le légitime n'ait pu faire valoir une quelconque prérogative dans la manoeuvre.

Gilgamesh se permet tout et sa force empêche quiconque de s'opposer à lui. Mais trop c'est trop et les dieux eux-mêmes, alertés par les urukois (à ne pas confondre avec les indiens d'Amériques arborant une crête médio-crânienne), s'offusquent de tels procédés si bien que, dans une motte d'argile, ils façonnent un géant sauvage, rustre, en tout point comparable à Gilgamesh, sauf à considérer son abondante pilosité répartie sur tout le corps.

Enkidu, c'est son nom, vit donc comme une bête au milieu des bêtes et terrorise les malheureux bergers qui jamais de leur vie n'ont croisé pareil molosse, si ce n'est Gilgamesh lui-même.

Les choses parviennent aux oreilles du souverain qui, non content de déflorer l'essentiel de ce qu'Uruk compte de féminité, passe ses journées enlisé dans le stupre et la fornication au beau milieu de son harem, à compter ses innombrables favorites. Il ne lui vient donc pas à l'idée d'appâter le monstre Enkidu autrement que par... le sexe !

Brillante stratégie — il mandate donc l'une de ses courtisanes à cette mission, la Joyeuse, laquelle s'acquitte sans difficulté du contrat et ramène en Uruk le rude mâle, en ayant préalablement pris le temps de lui apprendre la langage articulé, les bonnes manières et l'art de se vêtir convenablement. Voyez ! À l'époque comme maintenant, en Mésopotamie comme ici, que ferait-on sans les femmes ? Je vous le demande ? !

Bref, notre Enkidu domestiqué ne va pas tarder à se mettre au service, non pas de la veuve et de l'orphelin, mais plutôt de la fiancée et du promis. Ceci provoque alors inévitablement un casus belli avec le roi des lieux.

La mêlée s'annonce prometteuse, Gilgamesh a enfin un adversaire à sa taille ! Qu'en ressortira-t-il ? Qui va gagner ? Quels changements en attendre ? C'est ce que je me propose de ne pas vous déflorer, attendu que la défloraison est l'apanage exclusif de Gilgamesh en personne et qu'il vaut mieux ne pas le contredire celui-là.

Par contre, on peut encore raisonner un peu, si vous m'y autorisez. Je ne vois pas de raison de douter de l'existence d'un chef dont le nom aurait pu être Gilgamesh, ou quelque chose d'approchant ou tout au moins un surnom. Ensuite, la fibre fabulatrice et créatrice humaine étant ce qu'elle est, la mégalomanie dudit Gilgamesh ou de ceux se réclamant de lui aura eu vite fait d'en faire l'être exceptionnel que l'on sait et que l'on aura magnifié dans l'écrit.

Toutefois, malgré tout le génie du conteur à présenter un Gilgamesh bon, loyal, sagace et s'amendant constamment, capable à lui seul de venir à bout des pires ennemis, on lit en creux, en filigrane, un roi brutal, oisif, mal aimé de son peuple et s'autorisant des libertés sexuelles mal vécues du peuple.

Il en va de même des exploits solitaires, qui, même dans le récit, semblent bien n'avoir été possibles que par l'entremise décisive d'un autre... L'Histoire ne retient que le nom des vainqueurs, a fortiori quand les vaincus ne sont plus là pour donner leur version.

À l'époque, plus de 2500 ans avant J-C, ceux qui manient l'écriture sont très rares et il faut vraisemblablement une bonne raison pour entamer la rédaction d'un tel récit. Il ne saurait être que commandité, et ce, par un proche du pouvoir, pourquoi pas le pouvoir même ? Dans quel but ? asseoir une légende ? légitimer une prise de pouvoir ? améliorer un portrait que la postérité jugerait trop défavorable ? Allez savoir...

En tout cas, c'est bien joué car plus de 4500 ans après avoir été cunéifié, il se trouve encore de sombres fous, de sombres folles pour en parler toujours et pour donner dessus leur avis qui, comme chacun sait, dans 4500 ans, ne signifiera plus grand-chose !
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Gil-ga-mesh ! Gil-ga-mesh !

Ouais, bon, ça va.
Aussi puissant que tyrannique, il règne sur Uruk avec une arrogance et une bestialité peu communes.
Las de ces petits travers, nombre de ses administrés s'adressèrent au bureau des réclamations des Dieux en les enjoignant de créer un être susceptible de rivaliser avec ce roi omnipotent.
Ainsi naquit Enkidu. Monstrueux sauvageon à la force tout aussi herculéenne mais aux valeurs diamétralement opposées.
Son pendant censé ramener la paix et la sérénité au sein de cette délicieuse petite cité antique de caractère.
Leur affrontement semblant déjà acté, la tournure des évènements allait cependant en surprendre plus d'un.

Bien moins connu qu'Hercule et ses quelques travaux ménagers, Gilgamesh fut un roi mésopotamien qui défraya la chronique en son temps. Cf Ouest-Sumérien du 2650 av JC.
Comme tout personnage mythique qui se respecte, il fondit sa légende sur moults récits épiques régulièrement reniés par Colégram, allez savoir pourquoi.

Bonneval et Duchazeau reviennent ici sur ce personnage haut en couleurs, au caractère bien trempé, et à la vie aussi dissolue que trépidante. Mais évoquer Gilgamesh en éclipsant Enkidu, ce serait invoquer le yin sans le yang. Cela ne présenterait aucune légitimité historique, dixit Alain Decaux, alors...
Le trait est approximatif, majoritairement hachuré, ce qui n'empêche pas le récit de fonctionner à plein.
L'intérêt est immédiat et durable, tout comme le plaisir éprouvé à sa découverte.
Une excellente entrée en matière qui n'incite finalement qu'à une seule chose, poursuivre l'aventure avec ces deux êtres de légende bougrement attachants.
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La collection "Poisson Pilote" de chez Dargaud est l'une de mes préférées à force de lire des ouvrages de bonne qualité. Gilgamesh va cependant échapper à la règle. Il y a toujours un titre qu'on préfère moins.

Ici, j'ai eu l'impression de lire un titre dans le style de Sfar mais sans arriver à nous passionner véritablement. En effet, la narration est souvent inutilement bavarde et assez décousue. Il y a pourtant des passages où l'on passe de bons moments. J'ai bien aimé l'amitié naissante et les épreuves traversées par Gilgamesh et Enkidu.

Les légendes mésopotamiennes sont bien sûr intéressantes. le moins que je puisse dire est qu'elles ne sont pas servies par un graphisme de haute qualité. Je n'aime pas ces traits hachurés qui rendent méconnaissables certains personnages. Cela donne certes un style dépouillé mais trop brouillon à mon goût. Si on ajoute à cela une accessibilité difficile à l'histoire, vous aurez droit à une lecture plutôt pénible.

Je ne recommanderai pas cette lecture. Il y a beaucoup mieux à proposer.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
GILGAMESH : Tu te sens un peu perdu, Enkidu, mais ne t'inquiète pas, s'habituer au luxe n'est pas l'épreuve la plus difficile à surmonter.
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ENKIDU : Quels genre de liens unissent les êtres humains ? Les femmes attendent-elles vraiment que les hommes se comportent comme Gilgamesh ?
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Il y a des choses qui ne sont belles que parce qu'on ne peut les posséder.
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