Hanna Halperin discute de "Something Wild" avec Randy Susan Meyers
Version traduite
27 juil. 2021
La série d'événements virtuels de Harvard Book Store et GrubStreet accueillent l'écrivain HANNA HALPERIN pour une discussion sur son premier roman, Something Wild. Elle sera rejointe dans la conversation par RANDY SUSAN MEYERS, auteur des best-sellers The Widow of Wall Street et Waisted : A Novel.
La thérapie de couple est une pratique intéressante. Elle accomplit des merveilles pour certains. De vraies merveilles. Pour d'autres, en revanche, elle ne peut rien du tout. Il y a une condition préalable requise pour qu'elle puisse fonctionner, et c'est qu'il y ait une juste répartition du pouvoir au sein du couple. Ce que j'essaie de vous expliquer, c'est que si l'un des deux partenaires a l'ascendant sur l'autre, la thérapie ne peut tout simplement pas fonctionner.
Tous ces week-ends où elle aurait pu rentrer voir sa mère et a préféré renoncer. Tous ces coups de fil d'une minute, à échanger des banalités, à se promettre de se parler plus longtemps bientôt. La culpabilité l'assaille, de cette façon déloyale que ce sentiment a de vous frapper en un souffle.
Lorraine observe Nessa. Elle semble réfléchir à ce qu'elle va dire.
Tanya a toujours possédé un talent mystérieux pour rester fraîche et pimpante, même après cinq heures de route. Elle porte une queue-de-cheval impeccable, le visage encadré de quelques mèches sombres, et quand Nessa la prend dans ses bras, elle sent une bouffée du shampooing de sa sœur, avec des notes de noix de coco.
Ce soir-là, quand c’était pourtant arrivé, Nessa avait eu l’impression de prendre un virage et de passer d’une réalité à une autre. Mais avec le temps les souvenirs devenaient flous et les chances d’en parler un jour – de faire un voyage dans le temps pour tout arranger – semblaient disparaître à tout jamais.
Le temps a une drôle de façon de déformer les dimensions. La maison à deux niveaux est plus petite que dans le souvenir de Nessa, et plus proche de la rue. La minuscule pelouse devant n’est pas plus large qu’une bande étroite, un peu comme la leur, mais elle est d’un beau vert vif – bien entretenue. L’ensemble des lieux est plus soigné et en meilleur état que dans sa mémoire, on pourrait presque croire que la maison a fait un tour chez le coiffeur et perdu un peu de poids.
Elle est née dans cette ville. Elle la connaît comme on connaît un parent proche – son odeur et ses humeurs, ses pires aspects et ses meilleurs, les détails qui échapperaient à un visiteur de passage. Elle l’a vue évoluer au fil des décennies, depuis l’époque où, la vente d’alcool étant encore prohibée, l’on ne trouvait qu’une poignée de restaurants, et où elle était surtout peuplée de grandes familles catholiques. Les gens semblaient tous se connaître alors.
Elle a perdu cette habitude en grandissant, celle de pleurer dès qu’elle vomit. Et pourtant là, tandis qu’elle se précipite sur la cuvette immaculée des toilettes, des larmes brûlantes roulent sur ses joues, à croire que le lien entre les deux est rétabli.
Elle se connaît suffisamment bien pour savoir qu’elle souffre sans doute d’un léger trouble mental. Elle n’entend pas de voix, ni rien d’aussi tordu. Mais elle est souvent triste – la plupart du temps en réalité –, même si ça ne se voit pas forcément.
Elle était toujours de meilleure humeur dans les périodes où elle fréquentait quelqu’un – dans ces moments-là, les meilleurs côtés de Lorraine ressortaient, elle se montrait affectueuse et un peu niaise, elle riait à toutes les blagues de ses filles. Son moral pouvait s’effondrer brusquement sans prévenir, alors elle disparaissait dans sa chambre plusieurs jours d’affilée, racontant sa dernière rupture à ses amies au téléphone, et parfois à Nessa, aussi, quand elle lui montait de quoi grignoter et des bouteilles d’eau gazeuse bien fraîches.
Tanya n’aimait pas particulièrement attirer l’attention sur son corps. Non, ce n’était pas tout à fait exact. Elle aimait, de temps en temps, retenir l’attention de certaines personnes – Eitan, surtout, même s’il lui arrivait d’apprécier la sensation de susciter l’admiration d’autres hommes et même d’autres femmes, du moment qu’ils gardaient leurs distances, qu’ils savaient se montrer discrets et pas trop rustres…