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Critiques de Hannelore Cayre (519)
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La Daronne

J'adore Hannelore Cayre, c'est ma Daronne du polar à moi. On l'attendait depuis 2012, et enfin, La Daronne revient. Aussi fou que Ground XO, aussi incisif que Commis d'office, le roman est du kif en barre: 170 pages sur la morne existence de Patience Portefeux, veuve de 53 ans mère de deux enfants, fille d'une grabataire placée dans une EPHAD, traductrice judiciaire mal rémunérée, et qui un jour, franchit la ligne rouge.

Il faut dire que Patience a de qui tenir. Fille d'un pied-noir PDG véreux, elle a vécu au rythme des magouilles du paternel, passé de l'argent dans ses robes à smocks, appris à se servir d'un 357 Magnum. Grâce aux écoutes téléphoniques qu'elle retranscrit de l'arabe au français pour les enquêteurs judiciaires, Patience sait tout du trafic de drogue, des tarifs et des réseaux. C'est un Master en Deal obtenu sur écoute, "La vie des autres" à la sauce chichon. A la manière de Gerd Wiesler, le capitaine de la Stasi, Patience se prend d'intérêt pour une famille de trafiquants marocains et s'immisce à distance dans leur existence, jusqu'à ce que le destin lui offre une occasion inespérée de toucher elle aussi sa part du gâteau.

La Daronne est un portrait de femme que l'on oublie pas. Quinquagénaire brisée par son veuvage et son déclassement, épuisée par une lutte quotidienne d'abord pour élever ses enfants, ensuite pour subvenir aux besoins de sa mère malade, la vraie Patience est restée en sommeil trop d'années. Le réveil brutal de la Femme qu'elle fut un jour va bouleverser sa vie et celle de ceux qui sont sur écoute: " Je me suis déshabillée et me suis plantée devant le miroir de la salle de bains pour retirer mes lentilles de contact mais, en me regardant, j'ai eu un choc en voyant le visage fermé qui me fixait (…). Qu'est-ce que j'allais devenir, moi qui n'avais ni retraite ni sécu. Je n'avais rien à part mes forces déclinantes. Pas le monde sou de côté, mes maigres économies s'étant volatilisées dans l'agonie de ma mère aux Eoliades. Lorsque je n'aurais plus la force de travailler, je me voyais pourrir sans soin dans mon immeuble peuplé de Chinois qui m'empêcheraient de dormir avec leurs criailleries insupportables. »

Ce constat amer fait un jour dans un appartement moche de Belleville va transformer la veuve Portefeux en Daronne, et permettre à l'auteure de mettre au coeur de ce polar concis et percutant d'autres daronnes, à commencer par la mère de Patience, une ashkénaze rescapée des camps de la mort.

Hannelore Cayre n'a rien perdu de sa verve ni de son humour. On aime sa plume incisive, son ironie, la justesse des personnages si prestement et justement croqués. Avec elle tout coule de source, c'est enlevé et efficace, l'intrigue file à la vitesse d'un Go Fast remontant vers Paris. Dommage, c'est trop court.
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La Daronne

Un petit roman qui se lit tout seul, même si certains passages sont un peu ardus pour qui ne maîtrise pas le parlé des quartiers.



J'ai beaucoup aimé l'intrigue et on apprécie (ou pas) le personnage principal, frêle jeune femme mais qui n'a pas froid aux yeux. Bon il faut reconnaître que son père n'était pas un saint.



J'ai adoré l'humour bien piquant, cynique a souhait. Mais aussi les différents sujets de société abordés (et ils sont nombreux.. drogue, émigration, racisme, vieillesse, etc...). Ils sont traités rapidement mais efficacement et de façon tellement juste.



Une grande découverte pour moi que cette auteure qui est efficace et drôle. il est certains que je risque de plonger assez rapidement dans d'autres de ses romans.

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La Daronne

Si vous souhaitez un polar français social, original , cash, rythmé et caustique , adoptez La Daronne .



Ou et comment passer du côté obscur de la loi ...

Avant, La Daronne , c'était Patience Portefeux : 53 ans , veuve, deux filles adultes et une mère qu'elle doit assumer financièrement et qui vit en EPHAD .

Avant, Patience , elle était employée modèle auprès du ministère de la justice , elle traduisait, de l'arabe, des écoutes téléphoniques de dealers ou autres sauvageons .

Et puis, un jour, elle a réalisé ( amère...),que le Ministère, la payait au black, qu'elle n'aurait jamais de retraite, et qu'elle ne laisserait rien à ses filles comme héritage . Disparue la gentille Patience, désormais : she's bad .

Coucou," le peuple de l'herbe" ! Son surnom sera La Daronne, et elle est plutôt futée comme mère ...



Hannelore Cayre , avocate de métier , nous livre un roman époustouflant d'originalité , sur le trafic de drogue mais pas que ... Elle traite avec autant de maestria le sort des personnes âgées dépendantes , le fardeau financier et émotionnel que cela représente pour leurs proches .

172 pages de pur ravissement en compagnie d'une ménagère de plus de cinquante ans maline et affutée qui dépote .

Sur la vie d'ma mère , j'te jure qu'elle déchire grave , cette Daronne ...
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La Daronne

Mambo. C’est le tout dernier mot de ce roman à l’énergie désespérée.

Mambo. Un livre aussi tape-à-l’œil que cette danse colorée, pleine de dents blanches, de coiffures gominées et de paillettes.

Mambo. Un style parfois désuet, autant que cette danse passée de mode, mais où la patte magique des Grands Anciens est invoquée.

Mambo. La veuve Portefeux, belle à en couper le souffle, crâneuse, hautaine, est seule sous les feux de la rampe. Elle commence ses pas de danse face à sa propre existence qui la suit, ne la lâche pas. Elle joue avec elle ; elle ruse ; elle charme ; elle triche ; elle chaloupe langoureusement.

Mambo. Moments flamboyants, coupe de cristal, feux d’artifice… La jeunesse insouciante et les corps qui exultent. Les parents frapadingues. L’argent qui coule à flot et le sourire de l’immortelle Audrey Hepburn.

Mambo. Quand la musique s’arrête soudain, et que les sourires se figent durant ces interminables secondes de silence et de flottement. Quand les corps se désenlacent et que la vie nous attaque « en traitre ». Quand les rêves nous ont quittés ; quand les fantômes du passé nous cernent ; quand la vieillesse s’agrippe à notre poitrine… Quand le dernier cri de révolte, le dernier bras d’honneur aboutit à une nouvelle désillusion, à une autre Bérézina…

Mambo.

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La Daronne

Chère Daronne



Ok t'es pas bien épaisse avec tes 172 pages et dans un combat de free fight , t'aurais pas fait le poids face aux gros pavés polardeux du moment. Mais merci, au moins me suis pas pétée les biscotos à te tenir à bout de bras dans mon pieu.



T'as du bol, la Daronne, d'être tombée sur une auteure aussi douée qu'Hannelore Cayre ! Quelle verve pour décrire tes aventures de badass veuve ménopausée faisant des traductions d'arabe pour la brigade des stups puis reprenant sa vie en main pour devenir la reine du shit ! Qu'est-ce que je me suis marrée ! je me marre encore en repensant à la scène du Quick Hallal de Fleury, aux dialogues truculents qui font mouche à chaque fois comme ceux avec la voisine chinoise Colette Fo ou avec les trafiquants débiles que tu contactes pour écouler ton stock de came.



Tu m'as touchée aussi lorsque tu te débats avec ta mère complètement cramée dans son EPHAD indigne, lorsque tu repenses à ton enfance, à ta maison au bord de l'autoroute, à ton véreux de père.



Sacré bouquin qui renouvelle complètement le genre en hybridant réflexion sociale et politique, humour et polar sur fond de trafic de drogue. Culotté, jubilatoire, politiquement incorrect, féministe, pari réussi  quoi !

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Richesse oblige

Hannelore Cayre n'y va pas de main-morte. Quand elle met des personnages en place, elle les choisit bien denses, fort et entiers, malgré leurs fardeaux physiques . Il en est ainsi de Blanche, une îlienne bretonne qu'un exosquelette consolide tant bien que mal. C'est la rencontre fortuite d'un trio de touristes en goguette sur son île et les retrouvailles glaciales avec son père qui vont déclencher une démarche de recherche sur ses origines. Quitte à utiliser des moyens en limite voire au delà de la légalité.



Mais ce qu'elle ne sait pas Blanche, c'est que pendant qu'elle se décarcasse pour comprendre sa généalogie, nous, lecteurs, profitons de l'histoire d'un de ses ancêtres , Auguste , fils de bonne famille, qui se bat pour ne pas partir à la guerre contre les prussiens.



Alternant les époques et les histoires, le récit est palpitant et l'auteur a le don de distiller les indices pour construire peu à peu l'édifice. Avec à la clé un héritage qui pourrait changer les destins



C'est brillant, adroit, et cela confirme les talents d'écrivain de cette auteure dont j'avais beaucoup aimé La daronne.


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Richesse oblige

Issue d’une branche pauvre et oubliée, poussée en 1870 sur l’arbre généalogique d’une riche et peu scrupuleuse famille d’industriels, la narratrice décide de donner un coup de pouce au destin pour se retrouver seule héritière.





Navigant constamment de 1870 à aujourd’hui dans un rapprochement assez noir entre la société inégalitaire du XIXe et les fractures sociales du XXIe siècle, le texte donne vie à des personnages forts qui ne font pas dans la demi-mesure, et bouscule le lecteur par l’impertinence pleine d’humour d’un texte au vitriol aux accents parfois anarchistes.





Le résultat est un mélange détonnant et parfois surprenant, menant du siège de Paris par les Prussiens en 1870 et des idéaux de la Commune, du tirage au sort des conscrits au XIXe siècle et de la pratique de l’achat de remplaçants militaires, à la communauté expérimentale d’Auroville en Inde, au méroxage en pleine mer et au déversement de déchets toxiques en Afrique, en passant par un certain matriarcat breton et par une critique politique de l’art contemporain. L’ensemble témoigne d’un désespoir à voir changer une société confrontée aux problèmes sociaux et environnementaux, mais figée dans un schéma où seul l’argent est roi.





Au-delà de ses thèses politiques qui ne pourront plaire à tout le monde, ce roman incisif et provocateur à l’humour ravageur témoigne des questionnements d’une société contemporaine confrontée à des défis majeurs, et qui aime de plus en plus souvent caresser l’idée d’un monde « d’après ». J’ai pris plaisir à le lire comme une vaste caricature de notre actualité.


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La Daronne

Délicieuse, l'histoire de notre Daronne qui commence par raconter son enfance dans un milieu… Comment dire ?…Porteur…! Car élevée dans une famille d'émigrés aux activités plutôt louches.



Délicieux les épisodes de traduction arabe-français, les changements de registre de langue, le langage familier d'une quinquagénaire très « classe » au contact de laquelle j'aurais aimé passer beaucoup plus de temps si la longueur du roman l'avait permis.



Délicieuse sa façon de se servir de sa connaissance d'un terrain plus que glissant, le milieu des dealers, connaissance acquise grâce à l'exercice de son métier (traductrice des conversation fournies par les écoutes téléphoniques) et sa façon de se tirer d'affaire grâce à une intelligence déliée et qui saura saisir les chances qui s'offrent sur son parcours.

Patience, comme elle porte bien son prénom !



Un joli coup de coeur pour moi qui raffole de l'humour noir dispensé avec beaucoup de finesse dans ce récit qui transforme le lecteur en complice de la Daronne !



Le seul bémol : ça a goût de trop peu !



Une pépite à posséder dans sa bibliothèque et à relire !



Challenge Riquiqui
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Richesse oblige

Dans la famille « Lutte des classes façon puzzle », je demande Blanche de Rigny, 38 ans, mère célibataire lourdement handicapée, appareillée, employée à la Reprographie judiciaire, où elle duplique en douce des données confidentielles pour mettre un peu de beurre dans ses épinards.

Blanche est Bretonne. En arrêt maladie, elle rend visite à son père sur l'île où vit sa famille depuis des générations et désoeuvrée, se met à s'intéresser à son patronyme, et à la branche inconnue à particule.

Doublement exclue, par son milieu social, et par son handicap, Blanche s'aperçoit que les de Rigny eux ont toujours su s'enrichir sur le dos des autres, sans que ni les guerres, ni les krachs boursiers ne mettent à mal leur capital.

Et comble de l'indécence, son ancêtre Auguste de Rigny a échappé à la conscription et à la guerre de 1870 en s'achetant un remplaçant parti au combat à sa place.

Bon sang ne saurait mentir. Si les de Rigny ôtaient de leur soleil ceux qui se mettaient en travers de leur fortune, Blanche va elle envoyer ad patres les rejetons indignes qui piétinent la populace de leur mépris.



On l'aura compris, Blanche est la digne héritière de la Daronne, une femme seule tirant le diable par la queue, et qui ne dédaigne pas marcher en dehors des clous pour survivre: « Aux censeurs de droite qui m'accuseraient de fausser le jeu économique ou voudraient m'interdire de vivre comme je vis, aux gentilles personnes de gauche qui pour mon bien seraient tentées de me faire la morale ou de m'asséner des messages de prévention débiles, je répondrais que, lorsqu'il n'y a pas de victime à une infraction, si ce n'est ni le corps d'autrui, ni ses biens, ni ses droits qui sont en danger, alors c'est l'Ordre que l'on cherche à protéger, et l'Ordre, ça fait très longtemps que je l'emmerde… Et à ce que je sache, ce n'est pas moi qui ai créé ce statut merdique d'autoentrepreneurs… »





Plus Hannelore Cayre vieillit, et plus elle flingue. Il semble que le roman ait été écrit au moment où le pays s'enflammait. Etablissant sans-cesse des liens entre cette France du début du XXIème siècle en pleine fracture sociale et la société inégalitaire du XIXème siècle, multipliant les aller-retour entre la de Rigny de 2019 et son ancêtre de 1870, dont elle cherche la trace pendant la Commune, la romancière dresse un portrait assez désespéré et désespérant du pays.

J'aime vraiment beaucoup son style, son humour caustique, et sa sobriété. Sa concision faisait merveille dans La Daronne, ici , elle m'a parfois gênée. Ça taille sec, parfois un peu trop, quite à rendre certains passages un peu bancals comme la cohabitation avec la douairière ou le voyage en Inde, et à déséquilibrer l'ensemble, expédiez, c'est pesé. Mais cela n'enlève rien au plaisir de lecture que procure Richesse oblige, les bons mots, les références à la littérature du XIXème siècle, l'ahurissante plongée dans le commerce du remplacement militaire, véritable marché aux esclaves, et l'incursion dans le Paris de la Commune. Le roman trouve aussi une résonance particulière en ce moment, lorsque l'on se demande dans quelles conditions idylliques ceux qui ont délocalisé et prospéré pendant des décennies passent leur confinement alors que chaque matin les smicards se lèvent pour aller au casse-pipe.

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La Daronne

Bien curieux polar, qui se distingue tant par le style que par la personnalité et les frasques du personnage principal, Patience Hortefeux. Avec un nom comme ça, on pourrait croire que l’action se déroule au Québec. Mais non, on est à Paris, au Ministère de la justice, où Patience se consacre à une activité particulière : elle traduit les écoutes téléphoniques passées entre dealers et trafiquants. Son enfance bilingue et tortueuse la destinait à ce job peu banal.

Tout le problème est que quand on vit seule à 53 ans, avec une mère en maison de retraite, et des enfants, certes adultes, mais à qui on aimerait donner un coup de pouce, la tentation est grande de basculer du côté obscur….



Derrière la fantaisie du personnage, qui un atout majeur du roman, se dessinent en filigrane des questions de société bien communes : le quotidien peu enviable d’une femme seule, le dilemme de cette génération prise en étau entre des parents âgés et invalides et des enfants que la société infantilise au-delà du raisonnable, le travail au noir, y compris dans des instances officielles. Derrière tout cela, un miroir aux alouettes : trouver de l’argent pour apporter une solution partielle à tous ces problèmes.



Sujets graves, mais traités avec beaucoup d’humour dans un style impeccable.

On imagine immédiatement le film qui pourrait s’en inspirer.



Récompensé à juste titre, ce polar est un indispensable, pour sortir des clichés devenus classiques du vieux flic à casseroles (que l’on peut malgré tout apprécier de retrouver, à ceci près que l’on n’aura pas comme ici la surprise de découvrir une histoire originale ).



Auteur à suivre
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Les Doigts coupés

« Même si la paléontologie est une science s'intéressant à un passé très reculé où l'on s'attend à voir peu de changements, il suffit d'une seule découverte pour faire voler en éclats toute une construction intellectuelle et condamner à la poubelle une flopée de thèses. »



Peu férue de paléontologie, malgré des lectures régulières des aventures de Rahan, fils des âges farouches, mais grande fan d'Hannelore Cayre, j'ai ouvert Les Doigts coupés avec une grande curiosité. Exit les intrigues juridiques et le Noir social, la Daronne du polar a imaginé le destin d'une jeune femme rebelle, Oli, lasse de devoir attendre que les hommes rentrent de la chasse, et de n'être cantonnée qu'à un rôle secondaire au sein de son petite tribu homo sapiens.

La découverte d'une grotte à Savignac-de-Miremont, Dordogne, par des ouvriers polonais, vient donner un coup de pied fatal dans l'interprétation jusque là en vigueur des origines de nos très lointains ancêtres. Deux squelettes dont celui d'une femme de haut rang, des centaines de pochoirs de mains mutilées, des ornements, et c'est une autre histoire de la Femme « préhistorique » qui devient possible.



Les Doigts coupés est un roman d'affranchissement, celui d'une jeune fille qui se rebelle, désire chasser, refuse d'enfanter, et apprécie la solitude quand l'esprit clanique est un gage de survie.

Le langage d'Oli est le nôtre, ses préoccupations pourraient être celles d'une adolescente d'aujourd'hui, en rupture totale avec l'autorité familiale, et les normes sociétales en vigueur. L'exercice est périlleux, voire casse-gueule, et pourtant cela fonctionne, comme fonctionnent le style acéré d'Hannelore Cayre, et son humour caustique. Attention, rien à voir avec les femmes Pierrafeu qui roulent en voiture en pierre, et possèdent des diplodocus domestiques …



Dans Les lionnes de Chauvet, Sophie Marvaud narrait la naissance d'un clan de femmes et le premier double meurtre de l'humanité en - 35 000 ans en Ardèche. Les Doigts coupés est le récit d'une « émancipation paléolithique » non dénuée d'humour. J'aurais aimé en apprendre davantage sur Adrienne Célarier, l'universitaire coriace qui tacle la DRAC, la romancière parvenant en quatre courtes pages à lui donner chair et consistance. Elle semble être le pendant contemporain de Oli, la dilettante. Je ne dirai plus que je n'aime pas les romans ancrés dans la Préhistoire. J'avais été émue à la lecture d'un conte poétique signé Pagnol, le Premier amour, qui racontait l'invention de l'amour ainsi que la découverte du feu. La naissance du féminisme il y a 35.000 ans est aussi une belle histoire à écouter.

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La Daronne

C'est vrai qu'en ce premier samedi du mois de novembre, c'est un temps à bouquiner, comme me le faisait remarquer un membre de Babelio. Et puis que faire d'autre, à peine assis dans le fauteuil en face de la porte-fenêtre, Lily s'est littéralement scotché sur mes genoux et je sens bien qu'il ne faut pas que le dérange.

J'attrape le livre sans trop bouger pour éviter quelques grognements de lassitude.

J'ai commencé hier soir à pénétrer le découragement de l'existence de Patience Portefeux. Son mari décédé, elle erre entre la maison de retraite ou sa mère est enfermée, euh pardon résidente, et son boulot de traductrice judiciaire.

Mal payée et d'une manière fort peu légale, elle traduit de l'arabe aux français les conversations téléphoniques entre truands, les comptes rendus d'enquête ou les auditions de suspects.

Grâce à son boulot elle est courant de tous les faits et gestes de la racaille locale. Elle va franchir la ligne jaune sans aucun scrupule, le hasard lui permettant de récupérer un petit paquet de shit. 1200 kilos. Une paille. Et du meilleur en plus. L'a été à bonne école la daronne, papa a par le passé œuvré déjà de ce côté-là.

Avec ce livre j'oublie le vent, la pluie été le froid qui règne dehors, les jambes crispées de ne pouvoir bouger. Car c'est un polar qui fait du bien. Bien sûr l'histoire est un peu loufoque mais quel plaisir de lire la verve de cet auteur que je ne connaissais pas. Le rythme du récit est intense et les stratagèmes développés pour échapper aux flics sont tous plus incroyables les uns que les autres. Dans ce policier contemporain, la description des personnages est plus vrai que nature, ça sent le vécu à plein nez. L'humour est omniprésent et quand je relève la tête au mot fin je suis tout surpris qu'il fasse déjà nuit.

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La Daronne

J'ai découvert Hannelore Cayre, l'année dernière, lors de l'émission La Grande Librairie. Totalement conquise par sa personnalité, son expression et la teneur de son propos, j'avais immédiatement acquis son livre "Richesse Oblige" qui ne m'avait pas déçue, loin s'en faut.



Vu les excellents retours sur Babelio relatifs à son roman "La Daronne", je viens donc d'en terminer la lecture. Là, mon avis est plus mitigé que pour "Richesse Oblige". Non sur le style d'Hannelore Cayre qui me séduit toujours autant mais, principalement, en ce qui concerne le verbiage de ces dealers où ma compréhension a, bien souvent, été larguée.

Certes, il n'y a pas l'ombre d'un doute que, en sa qualité d'avocate pénaliste, connaissant parfaitement son sujet, Hannelore Cayre n'a rien exagéré et a retranscrit ces dialogues avec force de réalisme mais, pour moi, qui ne fréquente pas ces gros losers ignares, j'avoue qu'il me manquait les codes pour tout capter.



Cela étant, ce roman est excellent, sans concession, et sa Daronne est une sacrée bonne-femme, une battante qui, quels que soient ses actes, ne perd jamais sa lucidité et ses valeurs humaines.



À noter par ailleurs qu'une adaptation cinématographique de "La Daronne", réalisée par Jean-Paul Salomé, est sortie en France en mars 2020 et j'ai bien envie de voir ce que cela donne.
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La Daronne

Hannelore Cayre porte un regard acéré sur la société, sur le système judiciaire, le système d'accueil des personnes âgées et sur l'hypocrisie qui y règne. Elle n'y va pas avec le dos de la cuillère et appuie ses propos sur une écriture stupéfiante, vive, ironique et d'une grande justesse.



Avec une fausse nonchalance et un regard au vitriol elle met le doigt sur les dysfonctionnement et défaillances d'un système inadapté. Tour à tout moqueuse, malicieuse et pessimiste, l'auteure donne à connaître l'ampleur de sa pensée.



Au-delà de l'humour noir et décalé de certaines situations, ce roman est un parfait éloge du détachement appris à ses propres dépens, d'une sorte de désenchantement de la vie qui amène à cesser de se complaire dans son malheur et de se lancer dans une entreprise périlleuse lorsqu'on n'a plus rien à perdre.



Au croisement entre polar social et fiction, cette aventure addictive, rapide comme une intraveineuse ravira les dopés de bonne littérature.





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La Daronne

Patience Portefeux perd vraiment patience ...

Un mari cané comme Léon , une mère en EPHAD qui lui coute un fric fou et deux filles à entretenir. Traductrice judiciaire en français-arabe , elle galère pour un salaire minable, c'est à dire peau d'balle !

Alors quand elle entend, lors de ces écoutes, qu'un quintal de chichon est éparpillé façon puzzle dans la nature, son sang ne fait qu'un tour , son ADN familial endormi refait surface sous la peau de la Daronne qui Pète le feu !

Cela faisait un moment que la Daronne me faisait de l'oeil avec ses gros sacs tati . Une fois ouvert, le livre pas les sacs, plus moyen de le lâcher, on le dévore de bout en bout et on en veut encore...

En moins de deux cents pages, Hannelore Cayre vous brosse dans un style incisif et un humour corrosif le portrait d'une femme terrassée par les aléas de la vie qui par un juteux concours de circonstance va se métamorphoser en super Daronne !

C'est pas moral mais ça fait du bien... au moral.

C'est le genre de portrait de femmes mûres que l'on voudrait plus souvent revoir dans les romans noirs.

Je n'ai pas encore vu le film avec Isabelle Huppert mais La Daronne version papelard , elle déchire un max !

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La Daronne

Patience est son prénom, et de la patience il lui en faut pour tenter d'oublier son ex-statut privilégié de fille puis épouse de gangsters pétés de thunes.



Mais la vie honnête ça va bien deux minutes vois-tu, les fins de mois sont difficiles et la vile tentation tentatrice devrait bientôt pointer son museau.



Ainsi naîtra donc "la Daronne".





J'ai lu ce petit néo-polar il y a quelques semaines et j'avoue qu'il ne m'en reste pas grand-chose aujourd'hui, hormis le souvenir d'un moment de lecture jubilatoire bien que trop bref, et d'un récit plutôt bien écrit, caustique et sans prétention.



On me dit à l'instant que le film éponyme sort aujourd'hui. Coïncidence de ouf. Même pas fait exprès, je le jure sur mes économies.




Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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La Daronne

Patience a grandi dans un milieu tout à fait atypique où son père se livrait à des transports plus ou moins louches avec les pays orientaux. Elle a étudié les langues arabes de façon approfondie.

Après la perte de son mari très apprécié, elle effectue des traductions pour le ministère de la Justice.

Son travail n'est pas déclaré. Elle assume ses deux filles et sa mère placée en maison de soins.

Elle demande à ne pas traduire les propos des terroristes car c'est humainement trop difficile.

C'est ainsi qu'elle est amenée à traduire des communications entre dealers marocains qui trafiquent de la drogue dont les plantes sont cultivées au Maroc, préparées et acheminées en France via l'Espagne.

Elle en arrive à éprouver beaucoup d'empathie pour eux et à connaître les ficelles de ce trafic illicite.

Réduite à la pauvreté, Patience Portefeux va avoir l'idée et surtout l'opportunité de passer de l'autre côté de la barrière et devenir à son tour revendeuse de drogue et blanchisseuse d'argent et ce, après 25 ans passés du côté "honnête".

Elle en prend des risques notre dame Patience surnommée "La Daronne".

Hannelore Cayre a un très beau style d'écriture,des références à la littérature, un humour on ne peut plus direct et caustique et un sens de la mise en scène perfectionné. Je vois bien le livre transposé au cinéma.



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Richesse oblige

Autant La Daronne avait été un gros coup de coeur, autant la lecture de Richesse oblige fut laborieuse et pénible...



Ça aurait pu aussi s'appeler La Daronne (parce que le personnage principal est une mère célibataire, faisant bouillir la marmite comme "petite main"" au palais de justice de Paris, contournant habilement la loi pour arrondir ses fins de mois difficiles ), si Hannelore Cayre n'y avait ajouté une histoire de recherche généalogique dans le but d' hériter d'un sacré paquet d'oseille.



1820 : un certain Auguste ne désirant pas accomplir son service militaire (qui était de neuf ans !!!), en pleine guerre de Prusse, se voit conseiller par son père de payer un pauvre bougre pour le faire à sa place [et accessoirement mourir à sa place aussi ...].



En 2020, sa descendante Blanche de Rigny va remonter l'arbre généalogique , découvrir quelques branches pourries, et améliorer son quotidien.



Mêlant plusieurs époques et donc aussi plusieurs personnages, ce court roman de 217 pages a été une lecture un peu indigeste. Trop d'histoires imbriquées, pas assez de matière pour que je m'attache (ou m'accroche) à un personnage en particulier . Autant le style d'Hannelore Cayre me séduit par son côté cash, drôle quand elle parle de nos contemporains, autant lorsqu'elle s'attaque à la partie 1820 , je l'ai trouvée décalée...



Je n'ai pas apprécié non plus l'incursion de passages d'autres auteurs ( Zola, Mirbeau..) , ils auraient été plus "gracieux" en débuts de chapitres...Là, ça fait auteure-jeune Padawan ne se remettant pas d'avoir des "idoles", des maîtres...



J'ai eu l'impression d'un presque copié-collé de la Daronne : l' héroïne a le même caractère, pratique le même genre de magouilles justifiées par la dureté de la vie. La seule différence c'est que Blanche est flanquée d'une copine, et qu'elles sont handicapées.



Et si le propos est de dénoncer tout un tas de choses qui se passent dans notre monde ( que je déplore aussi) , on a droit à un gros "gloubiboulga" de causes en tous genres ( salaires de misère/ handicap/ loyers parisiens/ justiciables pourris/ cause animale etc...), ça fait beaucoup de thèmes pour seulement 217 petites pages ...



Ce roman aurait aussi pu s'appeler Paris Brest, mais c'était déjà pris !



Quelle fut ma surprise de voir l'histoire, de Paris mettre le cap sur Brest, puis sur une petite île au large de Brest . Ouessant ? Molène ? ).( Mais Hannelore Cayre, n'en dit pas du bien du Finistère : la pluie, les femmes de petite vertu... )



Et que ce soit à Paris (avec cet échange de service militaire auquel échappaient les plus riches ) et la Bretagne , j'aurai appris des choses sur la période de l'histoire qu'était 1820 , mais cela n'aura pas suffit à m'intéresser à ce roman, j'en suis la première désolée, j'ai tant aimé la Daronne...





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Richesse oblige

J'avais aime La Daronne, son humour, son style alerte, la facon discrete de l'auteure d'insinuer ses convictions sociales. Un petit vent rafraichissant balayant les grands espaces des romans noirs.



Avec Richesse oblige je me suis senti en terrain familier, pas vraiment connu mais pas trop etranger. L'auteure y developpe deux histoires, distinctes mais dont on sent tout de suite le rapport, une qui se passe a l'epoque de la commune de Paris, et l'autre de nos jours. Deux histoires par chapitres interposes. Comme si Hannelore Cayre avait suivi les cours de l'ecole d'ecriture d'une university americaine. Ca c'est pour la novation. Ce qui n'a pas change c'est le style. Et l'ironie. Ladite Cayre a une langue bien pendue pour se moquer (denoncer?) des turpitudes de la societe capitalisante. Une langue bien deliee. Avec des pleins et des delies selon les chapitres. Les pleins pour le 19e siecle. Les delies pour notre epoque (mais ou a-t-elle appris a faire des pleins et des delies sur ordinateur?).



Et elle seme a tout vent des citations d'ecrivains comme Zola et Mirbeau, de moins celebres mais magnifies par elle comme Victorine Brocher, de politologues comme Marx et Condorcet, d'hommes politiques comme Thiers, meme une replique de De Funes dans La folie des grandeurs. Tout ca pour nous dire que ce debut de XXIe siecle prend des airs de XIXe. Et pour nous lecteurs actuels c'est loin d'etre un compliment. Regardez autour de vous! Indignez-vous! nous crie-t-elle.



Il n'y a pas de grand suspense mais l'intrigue est rondement menee, avec par-ci par-la quelques passages qui vont du drole au desopilant. Le cote pamphlet social est peut-etre trop appuye, mais c'est dans l'air du temps et de toutes facons tout a son honneur. Elle fustige autant un passe honteux qu'un present contestable. Et les femmes qu'elle met en scene! Pas jolies mais marrantes, et lutteuses, des gagnantes malgre leurs nombreux handicaps, des heroines comme on devrait aimer, des modeles ( a suivre, pas a photographier).



C'est dire que j'ai apprecie ce livre. Moins que La Daronne, mais j'ai aime. Mon conseil, multiple, pas pareil pour le lecteur-papier et le lecteur-liseuse: le lire en une heure sur la plage de Porquerolles (ou dans un balcon de Trouville, ecoutant la pluie) ou en debattre avec le psy ( -- a force de sourire, je ne sais plus si je me sens un peu con ou un peu coupable, docteur…).

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La Daronne

Comment une honnête femme, veuve, élevant seule ses deux filles, peut-elle avec son simple salaire de traductrice employée au noir par le Ministère de la justice, leur payer des études, leur assurer un avenir et financer l’EHPAD de sa mère grabataire ? Le verdict est sans appel : la voie du salariat même avec heures supplémentaires est sans issue. Patience, quinquagénaire, sans perspective d’avenir, mène une vie de sacrifice : traduire de l’arabe les écoutes téléphoniques des trafiquants de drogue, servir d’interprète à leur procès, rendre visite à sa mère alors que cette dernière a besoin de soins constants et de plus en plus onéreux…jusqu’au jour où le hasard entrecroisant les destinées elle se retrouve mêlée à un trafic de drogue entre la France et le Maroc et reprend allègrement le chemin de ses ancêtres…le peuple de la route et des affaires louches. Et devient la Daronne.



Un très bon polar plein d’humour et de quelques vérités sur notre société qui nous mène sur les traces de femmes courageuses même si pas tout à fait irréprochables, française, marocaine, chinoise, toutes dévouées à leur familles, transportant dans leurs sacs Tati l’avenir de leurs proches… Quelques réflexions très pertinentes sur le fonctionnement de la justice et le sort réservé aux vieux…ainsi qu’à leurs familles, saignées à blanc. Autre trafic sur fond de chantage affectif pas très reluisant non plus. Non seulement on dévore ce roman de Hannelore Cayre avec plaisir mais on s’identifierait presque à notre ménagère dealeuse…inquiète pour l’avenir de ses enfants.

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