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Citations de Harper Fox (38)


C'est facile pour nous de se faire nos idées du diable et de l'enfer. La majorité d'entre nous vivons dans un monde difficile, alors il y a de quoi faire. Mais l'idée de la bonté pire, un Dieu véritablement bienveillant, c'est trop compliqué.
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— Regardez-moi ça ! Alors, que fais-tu, ma chérie ? Pousser les fleurs ? Transformer le postier en crapaud ? Il est temps, Dark aura bientôt besoin d’une nouvelle sorcière.

— Elle n’est pas sorcière, madame Ragwen. C’est une petite fille ordinaire.

— Honte sur toi, Locryn Tyack ! Comme si je ne savais pas que tes ancêtres faisaient voler des pierres autour des prêtres kernowek ! Toi, tu n’as pas le droit de la réprimer.

— Je ne la réprime pas. Mais je m’appelle Locryn Tyack-Frayne, désormais, et nous sommes une famille ordinaire.

— Oh, je vois. Tu t’inquiètes pour le policier. Eh bien, il faudra bien que tu le lui dises, mon garçon. La porte du solstice s’ouvre en grand devant les enfants Frayne, et tu devrais le savoir, depuis le temps. Je peux vous aider, mais c’est un échange. Il faudra le lui faire comprendre.
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La vitrine principale était brisée et vidée. A priori, l’attaque avait été rapide, un coup brutal, puis on avait poussé les bijoux dans un sac en vrac. Des constellations de bris de verre scintillaient sur la moquette élimée : le vieux Jake Mandel n’avait jamais fait fortune. La bijouterie était l’une des nombreuses boutiques de Bodmin qui semblaient survivre d’amour et de dur labeur plus que de profits. Gideon connaissait Jake depuis l’enfance, fils d’immigrants juifs, d’improbables réfugiés sur cette lointaine côte cornouaillaise. Enfant, la mère de Gideon l’avait amené ici choisir des cadeaux d’anniversaire pour ses tantes et ses cousines. C’était étrange de voir le vieil homme si bien habillé allongé par terre.
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« – Vous… le sentez ? Je… Je passe aussi la plupart de mon temps ici. Je suis tellement soulagée ! Mais aussi terrifiée… Qu’est-ce que c’est que ce truc ?
– C’est ce que je suis venue découvrir.
Lee prit la tasse de thé qu’Anna avait servie et la tendit à Gideon.
– Quant à vous deux, l’équipe technique, vous n’êtes pas censés m’influencer. Bravo !
Anna prit l’air embarrassé.
– Oui. Désolée. Je ne sais pas, Lee… Cette fois, je crois que je voulais te préparer.
– Et nous en sommes reconnaissants, lui assura Gideon.
Il se dit que si on avait déjà parlé de lui près des fontaines à eau, il n’y avais plus grand chose à cacher, alors il mit la main sur l’épaule de Lee.
– Tu as eu une expérience difficile hier. Si c’est aussi pénible que ça ici, tu es sûr de vouloir t’y attaquer maintenant ?
Lee se retourna et le regarda. Son expression était si tendre, si ouverte, que Gideo dut s’empêcher de l’embrasser.
– Je suis sûr qu’il suffira d’un peu d’acupuncture, dit-il doucement. Très bien, chasseurs de fantômes sans peur et sans reproche, allons voir ce qu’on trouve. »
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— Mais je suis allée voir un médium à Truro, il a dit qu’il la voyait.

— Et vous l’avez cru ?

— Non. Il a décrit n’importe quoi. Lui a fait dire des choses idiotes, qu’elle était heureuse avec les anges et qu’elle m’aimait. C’était une vraie petite garce, elle n’aurait jamais sorti ce genre de niaiseries, morte ou vive.

— Cela fait des années qu’elle a disparu, n’est-ce pas ?

— Deux ans. C’était une sauvageonne, je n’arrivais pas à la garder à la maison. Elle s’est mise à vivre dans la rue, par ici. La police a dit qu’ils ne pouvaient rien faire pour m’aider, parce qu’elle était adulte, et que les gens qui vivent dans la rue disparaissent tout le temps.

Gideon s’agita sur son siège. "Les couillons comme nous disparaissent par dizaines"… Les SDF, les enquêtes les moins résolues de toutes, dont on ne s’était jamais vraiment occupé de toute façon. Il attendit, comme tous les spectateurs, que Lee la réconforte. S’il n’avait aucun signe d’elle, la fille était peut-être en vie… mais il ne dirait jamais une chose pareille, même s’il le croyait, pas sans des preuves solides. Pas de faux espoirs…
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Il s’arrêta pendant un moment. Les spectres de Brocken n’étaient que des ombres, et feraient ce que leurs créateurs faisaient. On pouvait penser voir l’Archange Gabriel déployer ses ailes, alors qu’il y avait de fortes chances que ce ne soit qu’un reflet de la brise jouant avec le tissu imperméable d’un sac à dos. Si vous leviez la main, le fantôme lèverait aussi la sienne, en un poignant geste d’adieu.
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— T’as fini de dégueuler ?
— J’espère. Loin d’en être sûr.
— Est-ce que ton appartement terrasse fournit un seau ?
— Sous l’évier. Mais je n’ai pas besoin…
— Tais-toi.
Rory se baissa vivement sous le bras de Kes et le passa autour de ses épaules.
— Je t’emmène dans ton lit. Où, crois-moi, tu dormiras dans une remarquable solitude.
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Il ferma les yeux. C’était un acte de foi en soi ; dans son obscurité à lui, et non pas celle de la nuit, il voyait.
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— Et si on y allait avec toi, alors ? Il est temps qu’elle participe à son premier Montol. On pourrait être ta couverture : le petit ami et le joli bébé !

— Adorable. Mais tu m’as entendu, au sujet des briques ?

— Ça ira.

Gideon réfléchit. Ce matin-là, il voyait son homme en détail et magnifique de couleurs. Et de la part de Lee, un « ça ira » n’était pas une simple parole rassurante. Ça voulait dire qu’il savait. Gideon adorait ce festival hivernal remis au goût du jour, qui animait les rues de Penzance au solstice. Mais c’était une version moderne, rien à voir avec le Kelyndar Golowan, aux origines millénaires.

— Je sais pas, répondit-il en étouffant un bâillement. Au cas où tu n’aurais pas remarqué, ça a tendance à dégénérer autour de nous, autour du 21 décembre. Je pensais plus à une pizza devant la télé qu’à des cabrioles sur la promenade.
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— Non. Qui avez-vous vu ?

Gideon se figea. Le silence s’imposa dans l’entrepôt. Son cœur ralentit petit à petit. Ce n’était qu’hier, qu’elle s’était tenue près du berceau de Tamsyn ? La porte du solstice s’ouvre en grand devant les enfants Frayne… Il laissa sa question pénétrer sa moelle kernowek, les anciennes spirales pailletées de son sang. Enfin, il dit tout bas :

— J’ai vu la Bête, le roi des fous et le Vieux Penglas.

Comme satisfaite, elle hocha la tête.

— Et comment vous a-t-elle appelé, monsieur l’agent, cette vieille tête de mort ?

— Il m’a appelé… Frayne le gardien.
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Une sorcière sur un balai faisait des loopings au-dessus de lui. Le cri du goéland résonna une nouvelle fois dans le ciel, se transformant en rire fou, extatique. Cette vision insensée persista une fraction de seconde, puis un nuage passa devant la lune gibbeuse. Elle disparut.

Immobile, Gideon essaya de reprendre son souffle.
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Mais il ne savait rien. Pas vraiment. Depuis qu’il avait quitté Lee, sa soirée s’était écoulée comme dans un rêve. Il était passé d’une rencontre étrange, mythologique, à une autre. Et ces choses, ces monstres, ne l’avaient même pas appelé par son prénom. Il était Gideon Frayne, Gideon, pas gardien. La tête lui tourna et il se rattrapa à un poteau. Toutes ses certitudes s’écroulaient. Et si sa connexion avec Lee n’avait rien de calme ? Si elle avait disparu ?
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— Madame Frayne, dit-il d’une voix lointaine. Saurez-vous être courageuse ?

La vieille dame se tourna vers lui. Elle croisa son regard. Sa perplexité se changea en une détermination que Gideon n’avait connue que de rares fois, lorsque son mari trop autoritaire avait dépassé les bornes, même pour la nature patiente et douce de son épouse.

— Très rarement. Mais oui, s’il le faut. Que dois-tu me dire, très cher ?

— C’est le pasteur. Je crains qu’il soit décédé.

Gideon faillit éclater de rire. L’homme en question était assis tout droit sur son fauteuil, dans un coin, indifférent au sujet de ses petits-enfants ou de l’arrivée tardive d’un père responsable et biologique. Lee n’avait même pas regardé dans sa direction. Il se concentrait sur Mme Frayne, d’un air si doux que Gideon en serait lui-même mort d’amour pour lui. Il se contenta de mettre deux doigts contre le cou fripé de son père.

— Merde, dit-il, heureusement trop bas pour les oreilles de Mme Frayne.
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— Je ne veux pas de toi, Gid, dit-elle d’une voix rauque. Ni de Lee, de Michel, de ce fichu Ezekiel, de n’importe quel homme ! Comment je peux me retrouver là, sur le dos, entourée de tout un tas de… putains d’hommes ?

Elle se mit à sangloter d’épuisement et de peur.

— Je veux ma maman.

Le cœur de Gideon se serra de compassion. Sa mère était décédée vingt ans plus tôt.

— Je sais. La mienne, ça irait ?

Son expression s’effondra.

— Oui. Je veux maman Frayne.

Gideon n’eut pas à l’appeler. Répondant à un instinct plus ancien que les liens familiaux ou la raison, elle traversait le couloir sans sa canne, son déambulateur ou un bras pour la soutenir. Les mains tendues, elle passa devant Gideon et entra dans la chambre.
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— Nous n’avons pas pris Tamsie pour combler un vide dans notre vie. Elle était pleine à déborder, et Tamsie est arrivée par hasard. Oh, Lee, j’ai l’impression de mourir.

— Je sais. Viens là et prends-moi. Enfouis-toi en moi.

Gideon tira la couverture sur eux. Lee se tourna péniblement sur le côté, attrapa le lubrifiant dans le tiroir de la table de chevet et le lui tendit. Il baissa son jean avec une impatience qui aurait excité Gideon à des funérailles.

— Ne te déshabille pas, murmura-t-il. Ouvre juste ta braguette.

— Je devrais aller me doucher. Je pue la colère et le chagrin.

— Tu sens notre foyer.

Lee cacha le visage dans l’oreiller. Un sanglot silencieux le secoua. Gideon ne put qu’obéir : se dégager de son jean et son boxer, couvrir rapidement son membre de gel et s’enfoncer en lui. Lee poussa un gémissement brisé et tenta de replier ses genoux contre sa poitrine, alors il l’aida à atteindre cette position rapidement, cet instinct de se rouler en boule et disparaître.
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— Vous devez déjà savoir que le sergent Pendower, notre consultant en crime ésotérique, vient à la rencontre de votre moitié tout à l’heure.

— En crime ésotérique ?

Elle prit l’air las. Gideon se demanda ce qu’elle avait déjà dû supporter à cause de Pendower.

— Je dois dire que c’est un peu de votre faute, Frayne, entre l’affaire Lorna Kemp et cette histoire à Falmouth. Quelqu’un à Truro a décidé que ce comté a besoin d’un expert en paganisme, en folklore et en rituels annuels. Ce n’est pas vous qui en avez demandé un lors de la dernière enquête de satisfaction ?

— Non, inspectrice. J’ai demandé un expert en toxicomanie et sur les conséquences du chômage.

— Oui. Eh bien, ce que nous avons, c’est le sergent Pendower. Coopérez, mais n’oubliez pas que son travail, et celui de Lee s’il décide de nous aider, n’a rien à voir avec l’enquête principale.

Les mains derrière le dos, elle marqua une pause, l’image même de la pudeur britannique face à l’émotion.
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Les mains sur ses épaules, Gideon le retourna, chaud, protégeant son dos.

— Est-ce qu’il y a un monstre à démasquer ?

— Non. C’est un agneau. Mais l’agneau mangera le loup et… Il a abattu John Barleycorn.

Ah oui. Celle-là était particulièrement tordue. Gideon pressa les épaules de Lee.

— Respire.

— C’est dur. Dur de respirer dans l’obscurité. Tout est noir, maintenant. Les feuilles sont mortes, la lande n’est plus, il n’y a plus d’eau, plus d’eau nulle part. Plus de champs, plus d’arbres.

Il trembla.

— Elle arrive. Elle va frapper.

Cette fois, Gideon la sentit. Deux Noëls plus tôt, lors de la représentation de Lee au All Saints Hall, il avait vu une force invisible le frapper comme un coup de poing. Il eut une fraction de seconde pour se préparer, étreindre son aimé très fort lors de l’impact et le rattraper lorsqu’il s’effondra comme une pierre.

— Je te tiens !

Haletant, Gideon l’allongea par terre. La tête de Lee était renversée, ses muscles pris de spasmes.
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Allons, viens, créature de la terre et du ciel. Que fais-tu dans cette petite cage de chair ? Je t’exorcise, Dev Bowe, continua-t-elle sur le ton de la conversation en secouant doucement sa main, que toutes les impuretés de l’esprit du monde fantasmagorique te libèrent. C’est l’une des vieilles bénédictions de Gerald Gardner pour l’eau, ou de Doreen ou d’Aleister, en fonction d’en qui vous croyez, mais ça marche assez bien pour les Bêtes aussi. M’entends-tu ?

Dev s’arrêta net. Il entremêla ses doigts à ceux de mamie Ragwen et pencha la tête. L’air se tendit comme la corde d’un violon.
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— C’est l’entrée du fogou ? demanda-t-il les mains en visière. Elle a l’air… plus grande, bizarrement. Immense.
— C’est pour mieux te manger, mon enfant, dit Anna sombrement.
Elle fit la grimace.
— Je regrette de l’avoir dit.
Lee sourit jusqu’aux oreilles.
— Comme nous tous. C’est vrai qu’il y a quelque chose d’étrange. Après tout, c’est le véritable Imbolc, là où le voile entre les mondes s’affine. La lune sera pleine dans deux heures, une nuit de Saint-Valentin. Au fait, j’imagine que vous n’avez pas plus de vie tous les deux que le pauvre Gideon et moi…
— Aucune, le rassura Jack. Une caméra dans une grotte est ce qui se rapproche le plus du sexy pour moi.
— Parfait. Parce que je ne sais pas ce qui va se passer ce soir, mais je suis certain qu’on est là au bon moment. Accrochez-vous bien, madame et messieurs, nous entrons à nouveau dans la gueule de l’inconnu.
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— S’il y a une chose que mon expérience en France m’a apprise, madame, c’est que personne n’est irremplaçable. Pardonnez-moi, je n’ai pas vraiment envie d’en parler.

Elle soupira.

— Je respecte cela. D’après ce que j’ai pu observer depuis un an environ, ceux qui parlent le plus fort sont ceux qui ont le moins souffert. Les trous de mémoire et les absences ne sont pas rares chez les soldats, mais les vôtres sont graves. Les administrateurs du musée seraient heureux de vous aider à payer les frais de tout traitement supplémentaire dont vous auriez besoin. Le beau-père de votre sœur est médecin, n’est-ce pas ?
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