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Critiques de Hélène Aldeguer (30)
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Un chant d'amour

Je ne sais pas si cette lecture m'a permis d'y voir plus clair dans la question du conflit israélo-palestinien mais disons qu'elle m'a confortée dans certaines de mes pensée. Grande déception car je vie d'apprendre que je suis très très loin d'être la seule que cette question dérange et intéresse car il est marqué en quatrième de couverture "Le conflit israélo-palestinien est une passion française". Bien loin de moi l'idée d'être une passion, cet dernier m'intéresse parce qu'il me dérange et que j'ai du mal à le comprendre. Ici, même si les auteurs apportent des bribes de réponses, il reste cependant au lecteur à se faire sa propre opinion même si certains chiffres parlent d'eux-mêmes et n'ont nulle besoin d'explications derrière. C'est cela qui me dérange. Comment des états qui se disent civilisés peuvent-ils cautionner cela .? Ces milliers de morts sous prétexte que ce conflit ne date pas d'hier et que ce n'est pas aujourd'hui que nous allons y trouver une solution.

C'est quelque chose que je ne comprend pas et ne comprendrai jamais (je ne parle pas des origines du conflit mais du conflit en lui-même et cela peut s'étendre d'ailleurs à tous les autres conflits passés, actuels et malheureusement - je suis réaliste et non pessimiste en disant cela - futurs).



Alors, oui, c'est un ouvrage qui m'a profondément dérangé mais à côté duquel je ne pouvais pas passer et surtout, ressortir de cette lecture indemne. Un graphisme caricatural avec une Histoire prise sur le ton de la vulgarisation historique mais je crois que c'est exactement ce qu'il me fallait pour y voir un peu plus clair, même si il reste de nombreuses zones d'ombres car dans ce cas-là, je crois qu'il aurait fallut plusieurs volumes !
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Manifestante

Anna, 29 ans, participe par hasard à sa première manifestation. Nassée, chargée, arrosée de gaz, elle découvre la répression mais aussi la bienveillance qui s’instaure spontanément entre les participants. Le besoin de s’informer, de revenir, de s’engager s’impose à elle. Les injustices quotidiennes lui apparaissent soudain et elle va s’éloigner de certains amis dont les occupations lui semblent désormais futiles. Il est vrai que les causes à défendre sont nombreuses : droits des femmes, des migrants, justice sociale et écologie, anticapitaliste et violences policières,… « Avant, je ne voyais pas, ou alors je faisais comme si je ne voyais pas, j'avais normalisé… Mais maintenant, tout m’explose à la figure… Tout me rend folle, j'ai l'impression qu’on sait tous que rien ne va et que le monde est à l’envers, et qu'on ne peut rien changer… »

Sa grand-mère à qui elle rend visite régulièrement à la maison de retraite, lui raconte sa jeunesse à Turin au début des années 1960 : les grèves générales, les violents affrontements sur la Piazza Statuto,…

Sa conscientisation progressive, ses doutes, ses interrogations sont parfaitement suggérés, par petites touches discrètes, des dialogues soigneusement pensés. Une manifestation est « un rituel collectif […] redonne de l’énergie ». On continue « malgré les claques et les échecs », « parce qu’on pense à celles et ceux qui ont réussi… et peut-être aussi pour se dire que, face à ce qui est en cours, on aura au moins essayé de lutter… ». « Et pourquoi le problème ça serait d'être en colère et pas de ne jamais l'être ? »



Si on pourra se sentir quelque peu dérouté, gêné même, au commencement de cette lecture, par la naïveté du propos, celle-ci correspond parfaitement à l’immaturité d’alors de la narratrice. Progressivement, son analyse s’affine et gagne en profondeur. Cette histoire est finalement fort bien fichue, forte certainement d’une expérience personnelle, restituant aussi bien la diversité des causes que des profils militants, les écueils et les dangers rencontrés. Mine de rien, Hélène Aldeguer a réalisé ici une sorte d’enquête sociologique d’une grande finesse, qui se lit comme un témoignage très personnel.



Article à retrouver sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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L'Islam raconté et expliqué

La religion musulmane est la deuxième de France en nombre de fidèles, après le catholicisme. Pourtant, elle reste mal connue et associée à toutes sortes de préjugés exaspérants. Je me souviens avoir réalisé à quel point j'en étais ignorante en suivant un cours sur le « monde musulman » pendant mes études de science politique. J’aurais été assurément très intéressée dans ma jeunesse de lire ce documentaire qui s’adresse à celles et ceux qui ont envie de mieux comprendre l’islam.



L’album se structure en deux parties : la première raconte l’histoire de l’islam en se focalisant sur la vie et le rôle de Mohammed avant d’aborder rapidement la division entre sunnites et chiites ; la seconde présente les fondamentaux de la religion musulmane – prophètes, mythes fondateurs, valeurs, pratiques et mosquées célèbres.



L’ensemble est informatif, à la fois précis et accessible. Sublimées par les couleurs et la poésie des illustrations de Hélène Aldeguer, ces pages disent l’essentiel, permettent de mieux saisir le sens de rite dont on a forcément entendu parler, décryptent les mots – hégire, minbar, oumma, mektoub, zakat, mais aussi le polysémique djihad. Les liens avec les autres religions monothéistes sautent aux yeux : on retrouve les mythes d’Adam et Ève, Noé, Abraham, Moïse ou David, même si les protagonistes portent des noms un peu différents. Nous avons également été intéressés par les différentes facettes de l’héritage arabo-musulman. Nous lui devons des mots français comme « mirage » ou « génie », nos chiffres arabes, les Contes des Mille et Une Nuits, d’influentes universités ou encore certains principes de médecine et de pharmacie.



Un livre riche et beau, donc. Cela dit, j’aurais aimé une distinction plus claire entre ce qui relève du mythe et ce qui relève de l’histoire, comme je l’ai appréciée dans La Bible racontée et expliquée, dont je parlais très récemment. Par exemple, le prologue de l’éditeur s’adresse au lecteur avec ces mots : « En 610, un événement se déroule en Arabie, qui va changer le cours de l’histoire. Un homme, du nom de Mohammed, reçoit la visite d’un ange, qui lui parle au nom de Dieu. » Ou page 24, on peut lire : « Chaque phrase du Coran est mot pour mot ce que l’ange Djibril a dit à Mohammed. Pour les musulmans, le Coran contient donc la parole de Dieu. » D’autres passages mettent mieux les croyances en contexte. Le livre aurait gagné à le faire de façon plus systématique ; la salutaire déconstruction des clichés à laquelle il participe n’en aurait été que plus saisissante.
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Manifestante

Le dessin est travaillé en aplats uniquement, avec une gamme de couleurs limitée, comme une trichromie, un bleu horizon, un ocre rouge et un noir, avec leurs nuances respectives. Le dessin est traité en vectoriel, comme du découpage de formes, cela donne un style un peu raide, mais compensé par la douceur de la gamme colorée, et cette raideur devient alors mouvante pour les mouvements de foule, plus intimiste dans les moments calmes, et jamais outrageusement lyrique ce qui aurait trahi le propos.



Anna est au chômage, elle se rend compte que sa vie n’a pas vraiment de sens, elle n’a plus trop d’affinités avec ses amis qui travaillent et qui vivent insouciants de ce qui les entoure. Un jour, elle se retrouve embarquée dans une manifestation, elle va y prendre goût et se lancer dans le militantisme.

Le ton du récit m’a beaucoup étonné, il n’est pas directement militant, les idées et les raisons transparaissent derrière un récit personnel, une histoire de vie, de rencontres par lesquelles elle en vient à agir, à militer. Le ton est finalement plus juste et plus lucide. Cette bande dessinée ne raconte pas contre quoi on lutte mais comment on en arrive à lutter, il humanise les personnages, et par la même occasion aussi leurs idées.



Est-ce que cette histoire donne envie d’aller manifester, la réponse est oui, est-ce que cette histoire vous dit contre quoi manifester, la réponse est non, mais c’est un peu plus subtil que ça, elle nous dit simplement qu’il y a des choses qu’on ne peut accepter, et qu’on a pas le droit de se taire comme si de rien n’était.

C’est un récit touchant, fin et lucide, et qui nous donne à réfléchir.



« Et pourquoi le problème ça serait d’être en colère et pas de ne jamais l’être ? »

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Après le printemps : Une jeunesse tunisienne

La révolution du "printemps arabe" vue par la jeunesse tunisienne.

Le propos est intéressant, le dessin minimaliste assez réussi, mais la réalisation m'a parue maladroite.

On a tout le panel de cette jeunesse : les personnes qui cherchent un petit boulot (sans grand espoir), celles qui font des études (sans grand espoir non plus), d'autres qui s'engagent dans l'armée... ou se tournent vers la contrebande.

Et puis il y a le rêve d'émigration, qui parait ouvrir sur un meilleur avenir, mais est loin d'être accessible à tout le monde tant il faut de paperasses et de recommandations.

Les évènements sont racontés (avec une chronologie à la fin de l'album) du point de vue de ces jeunes, finalement plutôt passifs et spectateurs.

J'ai trouvé l'ensemble maladroit car trop didactique, voulant trop en dire, ce qui conduit à des longueurs.



Challenge Bande dessinée 2023

LC thématique septembre 2023 : "Première rencontre"
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Après le printemps : Une jeunesse tunisienne

Le printemps arabe et ses conséquences ne sont plus à la mode dans les médias, même les bateaux ou noyades de migrants dans la Méditerranée sont en passe d’être has been – Trump et autres catastrophes naturelles leur volent la vedette, quelle époque !

Avec ce récit l’auteure nous fait revenir sur les conditions de vie des Tunisiens, des jeunes en particulier, qui les ont mené à se révolter contre le système politique en place… pour en mettre un autre du même accabit, mais ça , ils l’ignoraient.



Cette bande dessinée aux traits minimalistes mais assez efficace, bien que parfois on puisse de perdre dans l’identification des personnages permet de revenir sur un des bouleversements politiques majeurs qu’a connu le monde musulman en ce début de siècle. Une révolution ou un rêve avorté dont beaucoup se foutent pas mal tant que ça ne pollue pas leurs plages ou “vole” leurs emplois ou encore font grimper l’insécurité dans nos pays.



On manque peut-être encore un peu de recul pour tirer des enseignements plus clairs de cet évènement, mais le grand mérite de cette BD – et pas des moindres – est de mettre en scène la détresse de ces jeunes qui se sentent dans une impasse alors que, comme tous les jeunes, ils n’aspirent qu’à pouvoir s’épanouir dans le pays dans lequel ils vivent. Certes, je ne peux pas dire que je garderai un souvenir impérissable de cette BD, loin de là, mais ele a le mérite d’exister et de traiter un sujet original.









Challenge Globe-trotteur 2020

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Manifestante

Anna prend un verre avec son amie Maeva dans un beau quartier de la ville. Derrière la vitre, des gens manifestent. Anna va passer de spectatrice à actrice.



S'engager, manifester pour dénoncer les problèmes de notre société.



Hélène Aldeguer décrypte dans cette bd, les motivations des militants, ce qui pousse à manifester, à s'engager.



Elle dresse des profils différents qui se cotoient, la solidarité, la lutte qui profite à chacun pour un monde meilleur. Les différentes façons de s'engager, de se rendre utile dans notre société, de changer les comportements et attitudes.



Anna va se transformer, découvrir le combat de sa grand-mère avant elle en Italie, oeuvrer pour la collectivité.



Les sujets de contestation sont nombreux : écologique, féministe, antiraciste, anticapitaliste, demandant l'égalité des races, des genres...



Le récit est très agréable à lire, le graphisme est en quadrichromie, très plaisant.



Ma note : 8.5/10
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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Après le printemps : Une jeunesse tunisienne

Lauréate du Prix de la Fondation Raymond Leblanc pour " Après le printemps ", Hélène Aldeguer signe une bande dessinée, témoignage de la jeunesse tunisienne en 2013, deux ans après la « Révolution de Jasmin ». Illustratrice pour la presse spécialisée sur le Moyen-Orient, elle utilise ici cette même approche du reportage.



" Lorsqu'un jour le peuple veut vivre, force est pour les ténèbres de se dissiper, force est pour les chaînes de se briser. " (Abou El Kacem Chebbi)



Le 14 janvier 2011, après un mois de contestation sociale et d'affrontements, le président tunisien Ben Ali s'enfuit en Arabie Saoudite. Le gouvernement de transition s'enlise sous la multiplication des partis politiques.

Deux ans après, en 2013, la jeunesse tunisienne, pourtant principale actrice de la révolution, déchante face au chômage, à l'instabilité et au manque de perspective d'avenir.

Le lecteur suit l'histoire de quatre jeunes dans une Tunisie en proie à une instabilité grandissante. Si Saïf a fait le choix de poursuivre ses études à Tunis, Walid, son frère, participe aux manifestations dans le Kef.

p. 7 : " Toi t'es allé à la capitale et t'avais raison, ici il y a aucun avenir. Ils se sont bien foutus de nous. Où sont tous les emplois dont ils parlaient ? En fait, l'accord, c'était du vent... "

Dans l'espoir de rencontrer la famille de Meriem, Aziz se contente d'un emploi dans un centre d'appels. Mais il accepte mal la situation, d'autant plus que sa fiancée semble vouée à une grande carrière dans le droit.

Chayma, elle, envisage de quitter la Tunisie pour la France, dans l'espoir d'une vie meilleure.

Pour cette jeunesse tunisienne, l'horizon reste bouchée. La  pauvreté, le chômage, la répression policière, les assassinats politiques et la radicalisation sont leur quotidien.

p. 70 : " Il a dû se faire manipuler par des gens. Je ne comprends pas, les policiers m'ont dit qu'ils empêchaient des centaines de jeunes de partir rejoindre des camps d'entraînement en Libye... ! "

C'est dans une tension maximale que le lecteur assiste à cette instabilité générale, dans un pays qui n'aspirait qu'au meilleur après la dictature de Ben Ali. La démocratie tant attendue n'est pas au rendez-vous, et, bien plus que frustrée, cette jeune génération exprime sa colère.

p. 86 : " Le front Populaire a appelé à la désobéissance civile, à la chute du gouvernement, à la dissolution de l'assemblée constituante, à la création d'un gouvernement de salut public, à la grève générale le jour de l'enterrement de Mohamed Brahmi... des manifestations ont éclaté à Sidi Bouzid, ville natale de Brahmi, où des centaines de personnes ont laissé éclater leur colère... avant de mettre le feu au siège local d'Ennahdha. "

Pourtant passionnée par le mouvement de soulèvement qu'a été le "printemps arabe" en 2010, j'ai trouvé l'album un peu confus dans son approche politique ; peut-être difficilement accessible pour le lecteur lambda ? Néanmoins, la chronologie des événements en fin d'œuvre apporte les précisions de repérage nécessaires.

Uniquement en noir et blanc, les illustrations ont un trait simple. Le noir y est même dominant, créant une atmosphère lourde et oppressante.
Lien : https://missbook85.wordpress..
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Ce qui nous sépare

Même si on sait tout cela, je trouve que c'est un peu différent de le voir au travers des yeux du personnage de "l'immigré"... pas "l'expat'" parce qu'il n'a pas le bon passeport.

Cette BD est la somme de tout ce que subissent les étrangers non européen en vivant en France, pendant que nous, nous voyageons librement dans leurs pays.

Ca interpelle

Ca gène
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Ce qui nous sépare

Je sais bien que c'est difficile actuellement pour un jeune issu directement du Maghreb de venir étudier en France et de faire face sournoisement à un racisme latent.



La scène de la fouille corporelle sans aucune raison Gare du nord à Paris par des forces de l'autorité m'a particulièrement choqué. Si les agents ne trouvent rien de répréhensible, on ne dit pas « tires toi » après une fouille humiliante devant les voyageurs. Il faut se montrer plus respectueux envers des êtres humains pour ne pas les affecter et les conduire vers un sentiment de haine et d'injustice. Je pense sérieusement que les codes de conduite de nos honorables policiers seraient sérieusement à revoir sans vouloir m'immiscer dans leur gestion parfois difficile des situations rencontrées.



Certes, les attentats ont fait beaucoup de mal à notre pays et à d'autres parmi nos démocraties, et cela se ressent comme c'est souvent évoqué dans cette oeuvre qui pose de bonnes questions. Cependant, tous les musulmans ne sont pas des terroristes et rien que de faire cet amalgame peut paraître choquant.



Maintenant, je comprends que Bilal puisse être vexé par les amis de sa petite amie quand ces derniers évoquent des expatriés pour parler de jeunes européens qui travaillent à l'étranger quand on parle d'immigrés pour des africains venant en Europe. Là encore, il y a une différence de valeur dans la sémantique. Et il y aura plein d'exemples de ce genre qui mis bout à bout conduit à une conclusion peu enviable.



Cependant, Bilal va se fâcher avec une frange de la population qui se montre beaucoup plus ouvert que des racistes purs qu'on croise ouvertement dans le métro part exemple. Je l'ai trouvé bien dur avec sa petite amie mais au fond, on ne peut que le comprendre. L'auteur va mener sa démonstration jusqu'au bout et c'est tout à son honneur pour faire comprendre le lecteur. J'aime bien ce genre de bd assez engagée.



J'ai cependant un gros bémol. le rejet ne se fait pas seulement pour des étrangers mais parfois et souvent à l'intérieur d'un même pays pour des gens de catégories sociales différentes. le rejet et donc la douleur est la même. On peut savoir ce que Bilal ressent au fond de son coeur.



Maintenant, j'aimerais dire une chose afin de résoudre cette équation infernale. Je suis persuadé que ces pays du Maghreb sont très mal gouvernés par des gens corrompus et incompétents et qu'il faudrait bâtir une véritable démocratie avec des dirigeants parvenant à construire une croissance économique durable. Ils en ont les ressources par exemple le pétrole pour l'Algérie ou le tourisme pour la Tunisie et le Maroc.



Cela doit également s'accompagner par une liberté pour tous et notamment pour les femmes et non des entraves au nom d'une religion quel quelle soit. C'est ce qui fait la grosse différence avec une société laïque et donc plus tolérante. Est-ce que Bilal peut entendre également ces arguments ?



Bref, une lecture qui s'avère assez marquante et qui pose des questions sur ce qui se passe actuellement dans notre société démocratique et pourtant tolérante.
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Manifestante

Anna est au chômage et doit faire face à une situation de précarité. Quand elle sort avec ces copines, elle ressent une sorte de fossé dont elle a du mal à expliquer. Un jour, elle regarde autrement une manifestation. Inconsciemment, elle s'introduit à l'intérieure d'une et noue rapidement un lien avec une inconnue. Bien qu'elles reçoivent une bombe lacrymogène, l'expérience en reste positive. La question "Et pourquoi le problème ça serait d'être en colère et pas de ne jamais l'être? ". A partir de là, elle s'engage de plus en plus. Et étonnamment, cela la rapproche de sa grand-mère elle aussi qui a lutté. Hélène Aldeguer ne propose pas vraiment une critique sociale. Mais plutôt une interrogation sur le rôle que chacun peut jouer pour exprimer son mécontentement et son action concrète dans un collectif. Est-ce qu'il faut accepter que l'on ne peut rien changer car les politiques font toujours ce qu'ils veulent? Mais si tout le monde pensait ça, ne serait-ce pas donner toute autorité à des dirigeants qui ont d'autres d'intérêts et enjeux que les citoyens de base? Qu'elle est la limite entre ce qui est acceptable ou pas? Le personnage survole ces sujets. Elle perçoit la notion de lien et de solidarité autrement. Les convictions restent très secondaires. Jusqu'où cela peut aller? Nous ne le saurons pas. La créatrice souligne la présence de la violence policière. Elle est aussi bien dans la stratégie pour casser les défilés, les limiter, les dissoudre. Pour y arriver, les représentants de la loi utilisent aussi bien les coups, les grenades de désencerclement, les flash-balls... L'ouvrage se termine avec une balle en caoutchouc dans l'oeil d'une manifestante et les slogans "Police assassins!!" raisonne. On sait qu'il y a eu de très nombreux blessés graves lors des manifestations des gilets jaunes dont la perte d'un oeil. Est-ce que la lutte se résume juste à cette dichotomie?
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Manifestante

Anna est à la terrasse d’un café avec son amie Maeva. Elles préparent un week-end à venir, une baraque à louer… le décalage entre les 2 jeunes filles est palpable, Anna parle de chômage, de difficultés pour payer, Maeva ne semble pas l’écouter. Une manif passe…



La vie d’Anna ne sera plus la même. De cette première expérience va naître un engagement, une prise de conscience. C’est aussi le début d’une nouvelle relation avec sa grand-mère que Anna visite tous les dimanches à la maison de retraite. Une grand-mère qui fut active dans l’Italie de 1962 pendant les grandes manifestations ouvrières.



On va donc suivre Anna, ses premiers pas en tant qu’activiste, prenant part aux préparatifs des manifs, menant des actions anti-pub, aidant dans une cantine solidaire. On la sent grandir, évoluer, prendre confiance en elle et en ses engagements.



Hélène Aldeguer, habituée des BD « politiques », signe un album engagé, militant. La violence policière, ou celle des casseurs, est présente, forte mais le dessin, faussement naïf autour du bleu et du rouge, permet de suivre Anna sans jugement, sans dogmatisme. Chacun se fera sa propre idée.



Pour ma part j’ai été touché par Anna, par sa volonté citoyenne d’agir, sa sensation de faire partie d’une famille. Une lecture intense que je conseille donc, que tu sois engagé, politisé ou juste citoyen lecteur !

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Après le printemps : Une jeunesse tunisienne

Le choix de l'auteur est de nous montrer les espoirs déçus de la jeunesse tunisienne deux ans après le printemps arabe. La période choisie est 2013-2014. C'est une petite tranche d'une année où l'on va suivre différents jeunes au destin varié.



Visiblement, il n'y a aucun regret par rapport à la fin de la dictature de Ben Ali. L'amertume se situe plutôt dans le fait que le parti majoritaire Ennahdha (la renaissance) d'obédience islamo-conservateur a volé la révolution pour son propre compte entraînant le mécontentement d'une partie du peuple à savoir les moins bien lotis.



La corruption n'a jamais été aussi importante comme en témoigne une scène assez marquante mettant en scène Aziz et sa copine obligé de donner tout ce qu'ils ont sur eux afin qu'on les laisse tranquille. C'est également un désastre économique avec tous les touristes européens qui ont fuit cette destination plus à la mode. Que dire également de l'élimination des opposants politiques qui se succèdent un peu plus d'un an après la victoire d'un parti religieux aux élections législatives ?



Pour autant, la fin nous donne un espoir à savoir que ce pays poursuit sa démocratisation politique. C'est d'ailleurs le seul pays arabe après le printemps à aller dans cette direction. Néanmoins, le pouvoir économique reste encore dans les mains d'une élite et les habitants des zones périphériques se sentent exclus et abandonnés. Travail, dignité et liberté sont les slogans à mettre concrètement en oeuvre sans être empêché par des siècles de religion et de servitude.



Je n'ai pas trop aimé le graphisme avec ses traits noirs stylisés même s'il reste convenable pour la lecture. C'est une photographie intéressante dans une approche équilibrée des problèmes sociaux et politiques de ce pays.
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Après le printemps : Une jeunesse tunisienne

Un croquis en noir et blanc, accrocheur, simpliste, minimaliste.

J'ai peiné à reconnaître les différents protagonistes au cours des différentes planches.

Les dernières années, j'ai suivi l'évolution de la situation politique en Tunisie de loin, les détails, les ajustements ministériels me sont restés étrangers, je n'ai pas mémorisé les noms des différents protagonistes.

La lecture a été donc lente, poussive, en essayant de comprendre les enjeux.

Et la dernière page tournée, j'ai enfin trouvé un texte détaillant l'actualité politique du pays, mois par mois, ce qui m'a permis de relier les dessins aux actualités et de comprendre le fil de la narration.

Comme il est dommage de ne pas avoir intégré des pastilles nous expliquant tout ça au fil des bulles !

Comme il est dommage, cela aurait été une grande réussite !
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Manifestante

Bon, je suis déçue...syndiquée depuis longtemps, vous pensez bien qu'une Bd sur les manifs ça m'a attirée, et finalement l'enthousiasme est retombée à la fin de ma lecture. Le personnage principal, Anna , entre en lutte par hasard, un peu paumée, elle se laisse emporter par opportunisme et non par conviction. Évidemment entre la première et la dernière page, elle fait du chemin au niveau de la prise de conscience mais cela ne m'a pas suffit. La violence ( dégradations des manifestants, réplique de la police)prend le pas sur les revendications qui semblent un grand fourre tout sans cohérence, le sens de l'engagement en est dévalorisé.

J'ai aimé les dessins et le choix minimaliste des couleurs qui rend le tout très original, les traits des visages m'ont interpellés, je les ai trouvés vraiment atypiques.
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Ce qui nous sépare

Bilal, étudiant tunisien quitte un pays mal remis d'un printemps arabe aux déflagradations certaines pour arriver à Paris, afin de poursuivre ses études grâce à une bourse au mérite, et terminer son master d’histoire contemporaine.



Alors que s'ouvrait à lui un champs des possibles fantastiques , Bilal va se rendre compte de façon insidieuse, mais cependant manifeste, ce que c'est qu'être un musulman au pays des droits de l'homme, dans une France en plein questionnement( repli?) identitaire.Entre espoirs et désillusions , Bilal va se rendre compte qu'il vit bien mal tous ces mots, contrôles d'identités ou regards qui lui font comprendre qu'il reste l'étranger dans une France qui le tolère à peine



Hélène Aldeguer, déjà auteur d'un jolie fresque Après le printemps (prix de la BD politique France culture 2019), auscultant les contradictions de la jeunesse arabe contemporaine, propose, avec ce nouvel album un récit à la fois fort et subtil sur le déracinement intérieur et les frontières géographiques et culturelles que la société impose malgré elle à des jeunes en quête d'un monde meilleur.



Une belle observation des ambivalences de deux sociétés -arabe et européenne- pour un album qui pousse à une réflexion, voire une prise de conscience salutaire .



Un trait faussement simple appuie cette peinture sensible et intelligente d'une auteure de Bd, qui à moins de 30 ans s'impose comme la spécialiste de la jeunesse arabe d'aujourd'hui.




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un chant d'amour

Sous un titre plutôt ironique, faisant allusion à un épisode franchement ridicule des relations franco-israéliennes, un dîner en 2013 entre François Hollande et Benjamin Netanyahou, durant lequel fut chantée une reprise du "Laisse-moi t'aimer" de Mike Brant, permettant au président français de déclarer "son amour... pour Israël et ses dirigeants"!, la meilleure des synthèses historiques en BD, montrant comment a évolué - et s'est, malheureusement, renversée - depuis Sarkozy la position française face au conflit israélo-palestinien. Journaliste, ancien rédacteur en chef du "Monde diplomatique" et spécialiste depuis longtemps du Moyen-Orient, Alain Gresh détaille avec précision les différentes étapes du recul diplomatique français et de son alignement sur la politique des Etats-Unis dans la région, entraînant une quasi-indifférence de nos dirigeants au sort de Gaza et de la Cisjordanie, une absence de réponse au drame de la colonisation. A la clarté du texte s'ajoute celle du dessin, simple, efficace et élégant, d'Hélène Aldeguer, imposant les bleus, blancs et rouges des drapeaux français et israéliens, le vert de celui de la Palestine n'apparaissant qu'à peine sur la couverture, comme si, ainsi, se révélait mieux l'oubli de ce peuple... Un beau cadeau que nous font là les Editions Libertalia ! A lire d'urgence pour mieux comprendre les fâcheux atermoiements de l'Etat français... et réclamer toujours plus fort un engagement net de sa part pour un cessez-le-feu immédiat !
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Après le printemps : Une jeunesse tunisienne

J’ai emprunté cette bd à la bibliothèque que d’après le titre.

C’est le récit de 4 jeunes, garçon et fille tunisiens en 2013.

Sur comment les événements de la révolution ont influé sur leur vie d’aujourd’hui. Comment vivre, ou survivre, quand on ne trouve pas d’emploi. Comment se marier quand on a pas d’argent.

Tout cela est dans ce récit BD.

J’ai trouvé très intéressant. Je ne m’y connais pas beaucoup en politique internationale, mais j’ai quelques souvenir de cette époque.

Après, les dessins, au début j’ai eu beaucoup de mal, mais je m’y suis faite et finalement ça ne m’a pas plus dérangé. C’est une bd en noir et blanc, sans ombrage, sans gris, je crois que c’est ce qui m’a un peu perturbé au départ. Il n’y a pas de fioriture dans les dessins. La bd est plus concentrée sur le texte et le message que sur le dessin. Il y a aussi une chronologie des événements en fin d’ouvrage pour les personnes comme moi qui ne s’y connaissent pas trop et qui ont envie de d’enrichir.
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Manifestante

Voici une œuvre militante que tu lis seul.e dans ta chambre et qui te révolte au point de te donner envie de sortir dans la rue au sortir de ta lecture pour aller défendre tes droits et ceux de tous les opprimés.

BD coup de point qui fait comprendre l'importance de l'engagement citoyen sur toutes les époques confondues et dans tous les pays.
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Manifestante

Hélène Aldeguer nous entraine dans cette bande dessinée à la découverte de l'écosystème manifestation à travers les yeux d'une néophyte, Anna.



Anna fréquente un milieu qui méprise la grogne sociale, mais un jour elle se retrouve prise dans le flux hétéroclite d'une manifestation. Elle y trouve la solidarité et l'entraide que l'on peut retrouver lors de ces instants, mais également la répression policière.

Grisée par ce premier rendez-vous, elle y retourne et retrouve connaissances nouvelles ou plus anciennes.

Sans le savoir Anna renoue avec son histoire familiale, celle de sa grand-mère italienne, ancienne militante qu'elle visite aujourd'hui en maison de retraite.



Dans cette chouette BD, la manifestation est présentée comme une porte d'entrée vers une militance plus structurante dans une vie.

En effet, Anna rejoint par cet intermédiaire un groupe militant et participe avec lui à diverses réappropriations du milieu urbain.



J'ai beaucoup apprécié que la manif soit présentée comme une forme parmi tant d'autres d'engagement politique. Un moment qui comporte ses limites en s'institutionnalisant, ce qui invite à faire plus, à aller plus loin face à l'absence d'écoute de la souffrance et de l'injustice incomprise par les hiérarchies et les classes supérieures et moyennes.



Une très belle bande dessinée qui rappellera à beaucoup des moments de vie et interrogera sûrement notre capacité à dépasser les limites de ces instants, pour construire quelques choses d'autre pour nos quotidiens.









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