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Citations de Hélène de Monferrand (47)


Il lui paraissait absurde de mélanger les genres en suivant les conseils de spécialistes prétendument bien intentionnés qui veulent voir de l’amour partout alors que tant d’enfants se font par hasard, voire par contrainte. D’ailleurs ce cours d’éducation sexuelle avait été provoqué par des questions de Suzanne, et avec Suzanne la logique on ne pouvait pas tricher. Quand elle vous regardait froidement, sans battre des cils, en demandant d’une petite voix neutre : « Est-il nécessaire de s’aimer pour faire un enfant ? » il était inconcevable de trahir sa confiance en disant oui ou en s’embrouillant dans des explications alambiquées. Héloïse avait donc dit : « Non, ce n’est pas nécessaire. Il suffit d’aimer faire l’amour, ce qui peut être très agréable même avec une personne qu’on n’aime pas vraiment. Tu comprends ? — Est-ce que tout le monde aime ça ? — Peut-être pas. Mais la plupart des gens aiment ça. — C’est pour ça qu’il y a des enfants qu’on n’a pas voulus ? — Oui, entre autres. Tu comprends, le mécanisme que je vous ai expliqué fonctionne indépendamment des sentiments. On peut aimer et ne pas réussir à avoir des enfants, et... l’inverse. »
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On s’entre-tue par gloriole, par bêtise, on déclenche une guerre en pensant qu’elle sera courte, que de toute façon on a le Droit ou Dieu pour soi, ou bien qu’on a besoin d’espace vital parce qu’on est une race supérieure, et tu vois le résultat. Ça peut durer cent ans, trente ans... ou bien seulement six ans, mais avec les armes modernes on fait autant de ravages en six ans que jadis en trente. Autrefois nous avons eu les Suédois chez nous, maintenant nous avons les Russes... et tout ça pour des querelles qui ont pris naissance en Bohême ou en Autriche... mais là ou ailleurs, tous les prétextes sont bons pour se battre et se haïr. Pauvre Allemagne ! »
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En tout cas je crois de plus en plus que c'est à trente ans qu'on connaît la vie ; avant on fait des brouillons, avec plus ou moins de talent...
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J'ai essayé de la remettre dans le droit chemin : celui de la réussite scolaire, mais comme c'est difficile de le faire avec délicatesse, quand on ne peut pas dire : « T'es moche, tu seras une mal baisée, alors prépare tes concours et fais carrière. »
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Les moniteurs avaient des inconvénients : ce sont des gars du village et on se connaît depuis ma petite enfance, ce qui, je crois, m'inhibe un peu. Et puis ils s'appellent respectivement Théodule et Joseph. Ce sont des noms du pays, mais j'ai du mal à m'y faire. En amour le ridicule tue.
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Mieux vaut un père mort, que tu pourras légèrement idéaliser, qu’un père comme risquait de le devenir François : immature, jaloux de son enfant, faisant des scènes.
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La douceur de la peau, et la peau féminine la moins douce l’est toujours plus que celle d’un homme ; les seins, dont la peau est encore plus tendre et qu’il est si merveilleux de tenir dans ses paumes ; la taille, qui est toujours fluide, souple, quelle que soit sa finesse ; les muscles, qui ne sont jamais noués même s’ils sont puissants ; et puis surtout l’odeur, qui n’est pas celle des hommes, et cela même s’ils sortent du même bain. C’est cet ensemble qui fait toute la différence, qui fait qu’on désire ou qu’on ne désire pas.
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Au fond, ce qui me perdra un jour, c'est la beauté de certaine voix.
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Il ne suffisait pas de savoir lire et écrire, il fallait inventer, se servir de son imagination comme d’un muscle. Par rapport à l’éducation française de l’époque,l’apprentissage par cœur était plutôt sacrifié. Quelques poésies de temps à autre, en anglais, en français et, un peu plus tard, en latin. Pas de tables de multiplication, mais l’explication du principe (une suite d’additions) qui permettait de les retrouver en toutes circonstances ; pas de listes de
départements, de préfectures, de sous-préfectures ; pas de listes de fleuves avec leurs affluents. En revanche, nous savions lire une carte et nous servir d’une boussole.
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- (..) Seulement maintenant, si je cherchais quelqu'un pour refaire ma vie, ce serait quelqu'un de différent. Femme ayant souffert, comme on dit dans Le Chasseur Français.
- C'est quoi, Le Chasseur Français ?
- Oh, un mensuel sur la chasse, vous savez, la vraie chasse : fusils, affût, munitions, mais qui publie aussi les meilleures annonces matrimoniales du pays. C'est une institution en France.
- En somme, ils font de la chasse en tout genre.
- Oui, mais dans le genre sérieux et orthodoxe. Je ne pourrais pas y faire passer une annonce, même en affichant le chiffre de mes espérances, pour trouver une douce compagne.
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La chasteté de filles aux tendances parfaitement normales a pu les conduire à s’aimer entre elles, provisoirement, ou à admirer amoureusement certains professeurs plus séduisantes que les autres. Si on ajoute un zeste de féminisme, ce féminisme si mal compris des hommes pour qui une fille intelligente et cultivée était un bas-bleu incasable, on a en effet de quoi nourrir quelques amitiés particulières.
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Ces lettres que l’on échange à vingt ans, pleines de serments, de petits mots tendres et de surnoms secrets.Ces lettres que j’écrivais, si d’aventure la Gestapo les a trouvées dans l’appartement de Madeleine, ont pu paraître cacher des secrets d’Etat. Elles ne témoignaient que de notre amour et d’un certain goût pour le jeu et le langage codé. Le savoir n’aurait de toute façon rien changé à l’opinion de ces gens-là, pour qui les délits politiques étaient quand même plus importants, à juste titre, que les délits de mœurs.
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j'aime bien les Allemands, mais à la condition expresse qu'ils ne franchissent pas le Rhin.
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Ma seule consolation c’est que les hommes ne rendent pas toujours les femmes heureuses et que, peut-être, nous ne sommes pas pires.
Mais nous n’y pouvons rien. Tu as été à mon avis la meilleure des mères et tu l’es encore en admettant ce qui se passe. Accusons plutôt l’hérédité.
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Il y a dans la vie de bonnes choses dont on ne se prive pas impunément pendant deux ans et demi. Pas tellement je crois pour des raisons d’ordre psychologique, mais pour des raisons hédonistes. Je lui ai demandé si ses propres ruptures avaient été douloureuses, et pourquoi finalement une fille qui avait l’air si facile à vivre avait, de son propre aveu, été plaquée. « Mais c’est que je ne suis pas si facile à vivre. Il y a des choses auxquelles je tiens ferme, et mon travail en est une.
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Le folklore des ouvriers (aux mains calleuses, comme dit ta future belle-fille) et des gamelles apportées par leurs femmes dévouées, c’est fini. La « télé », comme ils disent, a tué tout ça. Nous assistons aux derniers soubresauts de .a bête, malgré les apparences. Ce sont les gamins gâtés de la bourgeoisie qui s’agitent : des marmots nourris au lait en poudre, habillés luxueusement, ne sachant même pas qu’une chaussure, ça peut se ressemeler, qu’un manteau, ça peut se retourner et se re-retourner, et que la consommation c’est une sorte de paradis, pour qui a crevé de faim.
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On peut craindre encore davantage de rigidités, comme ici en Suède, où il est interdit d’apprendre à lire à un enfant avant sept ans révolus, où tout est obligatoire, réglementé. Dès que tu fais preuve de fantaisie, on te retire tes enfants. Impossible de choisir son école, même presque ses loisirs. Le paradis social-démocrate n’est qu’apparent, mais les Suédois ont l’habitude : avant ils se laissaient dicter leur conduite par leurs pasteurs, encore avant par leurs curés. C’est un drôle de peuple : aucun sens de la liberté.
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On peut avoir une tête à ne pas s'appeler Florence ?
— Mais bien sûr, chérie. Tu ne savais pas ?
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Quand j'étais petite fille à Vienne, mon père nous avait un jour raconté cette histoire, que je te livre ici : C'est dans une école religieuse : le professeur de français demande aux élèves de faire une rédaction brève, dans laquelle il y ait de la religion, de la noblesse, du sentiment maternel, et du mystère. Et une petite fille écrit cette simple phrase : "Mon Dieu, s'écria la duchesse, je suis enceinte et je ne sais même pas de qui !"
As-tu besoin que je t'explique plus longuement ce qui m'arrive ?
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As-tu remarqué que quand une maladie est à prédominance féminine, on ne la prend pas au sérieux ? Ma parole, si l'hémophilie, par exemple, touchait les filles, on dirait que c'est de l'hystérie.
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