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Citations de Henri Bremond (34)


Henri Bremond
Le mysticisme est « le grand fait religieux auquel tout » — et pas seulement les phénomènes considérés comme religieux — « se rattache », et que la connaissance mystique fournit le paradigme de toute connaissance réelle. Cette philosophie répondait à « l’inquiétude » personnelle de Bremond, elle proposait une issue à la crise religieuse — le modernisme — dans laquelle il avait été entraîné. On peut lire toute son œuvre, en effet, comme un essai de justification de sa propre expérience intérieure : le discours mystique permet de supporter le silence de Dieu, il révèle que Dieu ne se manifeste jamais mieux que dans et par le silence.
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Ce courant n'est pas simplement dévot, il est mystique au sens propre et sublime de ce mot. Pendant cette période, chez nous, en France, dans les deux clergés, dans toutes les congrégations de femmes, dans toutes les classes de la société, les mystiques abondent. Tel est le fait capital, que l'on n'avait pas encore vu, que l'on n'a plus revu depuis, celui qui domine tous les autres et vers lequel tous les autres convergent
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. Cet enclos est exclusivement catholique. Si je m'étais proposé de donner un tableau complet du XVII° siècle religieux, il est clair que j'aurais dû étudier les dévots et les mystiques protestants. Mais non omnia possumus omnes. J'ignore donc les hétérodoxes jusqu'à l'heure tardive et fatale où ils interviennent directement, avec Poiret, dans l'histoire de nos mystiques. Je laisse de même, et très à contre-coeur, divers chapitres de l'histoire anglicane qui auraient éclairé notre propre histoire. Plus érudit et disposant de plus de place, j'aurais aimé à montrer, chez les anglicans de la première moitié du XVII° siècle, un mouvement analogue à notre humanisme dévot et lointain précurseur du mouvement d'Oxford; à montrer aussi que l'influence de nos auteurs et notamment de François de Sales s'est fait sentir de l'autre côté du détroit.
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Lorsque nous rencontrons un personnage, dont s'occupent, par ailleurs, ou dont devraient s'occuper les historiens de notre littérature — François de Sales, Yves de Paris, Bossuet, Fénelon — c'est directement la vie intérieure de ce personnage, et non son mérite littéraire qui nous intéresse.
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Henri Bremond
La poésie est en son essence une « magie recueillante, comme parlent les mystiques, et qui nous invite à une quiétude où nous n’avons plus qu’à nous laisser faire, mais activement, par un plus grand et meilleur que nous » ; les arts « aspirent tous, mais chacun par les magiques intermédiaires qui lui sont propres, à rejoindre la prière »
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« Mais de plus, pour tous ceux qui, s'efforçant de développer leur religion personnelle, cherchent leur Créateur à tâtons dans l'aridité des tâches quotidiennes, les mystiques restent, à leur place et à leur rang, des témoins. Après le grand Témoin qui nous a révélé le Père, après les apôtres et les martyrs, toute proportion et toute différence gardée, les grands mystiques peuvent dire ce que disait le disciple bien-aimé : « ce que nous avons vu, ce que nous avons entendu, ce que nos mains ont touché, nous vous l'annonçons ». Et de les entendre nous le raconter, notre âme frémit d'espoir et d'attente. Ils sont ainsi les témoins de la présence amicale de Dieu dans l'humanité (1). » () P. de Grandmaison, La religion personnelle, Etudes, 6 mai 1913. pp. 334-335)
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Les expériences de ces avant-coureurs, de ces enfants perdus de notre race, élancés vers le Bien sans ombre, ces expériences nous restent, consignées par eux, comme les documents rapportés par les explorateurs des terres presque inaccessibles. Les grands mystiques sont les pionniers et les héros du plus beau, du plus désirable, du plus merveilleux des mondes.
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Les mystiques ont aussi contribué au progrès de la langue et des lettres. Si leur expérience est ineffable, intraduisible, les idées, les imaginations et les sentiments qu'elle fait naître, ne le sont pas. Cette expérience d'ailleurs, bien qu'insaisissable, l'extatique essaie de la plier au langage humain. Poètes et philosophes d'une part, et de l'autre écrivains qui luttent avec l'invisible, ils s'imposent deux fois à l'attention du lettré. (...) et comme on l'a dit de l'un d'entre eux, je crois qu'ils nous viennent « du pays de la vérité »
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Nous le verrons, l'extase ne fait pas le vide dans l'âme du mystique. Quoi qu'il en soit du mystérieux enrichissement qu'elle apporte au centre même de cette âme, elle stimule toutes les facultés et devient par là un facteur historique de premier ordre. L'action intense des mystiques et leur influence, voilà des faits qui, d'une manière ou d'une autre, ont marqué dans le développement de notre civilisation, et qui, de ce chef, doivent retenir l'historien, croyant ou non. Nul bon esprit ne met aujourd'hui ce principe en doute.
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Les catholiques lettrés liront mon livre sur la foi du titre. Comment se désintéresseraient-ils d'un pareil sujet? Quant aux incroyants que je voudrais atteindre aussi, je pourrais leur rappeler que sans un appendice de ce genre, l'histoire de notre pays et plus particulièrement peut-être, celle du XVII° siècle, reste incomplète, pour ne rien dire de plus :( Comme l'a dit un de nos maîtres, « négliger les choses religieuses du XVII° siècle ou les estimer petitement, c'est ne pas comprendre l'histoire de ce siècle, c'est ne pas le sentir ». E. Lavisse, Hist. de France, VII, I, p. 88)
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Si l'on n'est pas l'homme d'une seule curiosité, l'on ne peut remuer tant de vieux livres sans faire une foule de rencontres intéressantes.
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L'enclos mystique dans lequel je m'enferme est bien au milieu de la cité, il a des portes et des fenêtres qui donnent sur la rue ; je me mettrai parfois à la fenêtre, mais je ne franchirai pas les portes.
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« négliger les choses religieuses du XVII° siècle ou les estimer petitement, c'est ne pas comprendre l'histoire de ce siècle, c'est ne pas le sentir ». E. Lavisse, Hist. de France, VII, I, p. 88.
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Il ne me reste donc ici qu'à remercier tous ceux qui ont cordialement aidé mes recherches : les religieuses du Premier Carmel de Paris qui m'ont communiqué de précieux inédits ; les RR. PP. bollandistes qui m'ont ouvert toute grande leur riche bibliothèque, et qui m'ont encouragé de bien des manières à poursuivre mes recherches ; le R. P. dom Thibaut, de Maredsous, qui a mis à ma disposition sa collection de mystiques bénédictins et les notes qu'il avait préparées sur un sujet tout voisin du mien; le R. P. Edouard d'Alençon, archiviste général des FF. mineurs capucins ; M. Raymond Toinet, qui m'a fait connaître et généreusement prêté des poèmes rarissimes...
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Henri Bremond
Dès le départ, aussi, l’enquête historique est animée par l’intention d’en dégager une philosophie : « le côté littéraire » n’est pour lui « qu’une amorce » ; si l’oraison mystique est « union silencieuse avec Dieu », il a l’ambition de « découvrir partout » ce phénomène, « (à l’état d’ébauche, d’étincelle rapide), de montrer que nous sommes tous mystiques, comme tous poètes, tous inspirés, et de ramener tout à cette rencontre ou longue et constante (chez les mystiques proprement dits) ou rapide (chez tout le monde) avec Dieu ».
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Henri Bremond
C’est dans ces années où le modernisme était durement réprimé que Bremond a conçu, en effet, le dessein de la grande entreprise à laquelle il allait désormais se consacrer presque exclusivement — une Histoire littéraire du sentiment religieux en France qu’il ambitionnait au départ de mener depuis la fin des guerres de religions jusqu’à nos jours ; mais elle prit en chemin des proportions si monumentales qu’à sa mort onze tomes ne lui auront pas suffi pour venir à bout du XVIIe siècle. Dès 1913, les grandes lignes des volumes réservés à ce siècle se découvrent à lui, ainsi que ce qui devait constituer l’apport historique majeur de l’œuvre : elle n’a pas seulement remis en lumière une foule de spirituels qui n’étaient connus que de rares spécialistes ou demeuraient tout à fait occultés; elle a remodelé le paysage du XVIIe siècle religieux, que la tradition organisait autour de Port-Royal et de Bossue
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Henri Bremond
Ses premiers essais littéraires manifestaient déjà la conscience, aiguisée par la lecture de Newman et la rencontre de Blondel, de ce qui allait être « le souci » et « l’ambition » de sa vie : une vaste « enquête sur le sentiment religieux » qui, dépassant le notionnel pour atteindre le réel et déjouant les pièges du discours, arriverait à « étreindre le témoignage vivant rendu à la réalité de la foi ». Il privilégiait l’inquiétude religieuse (c’est le titre de son premier recueil), opposée aux trompeuses sécurités du dogmatisme. L’Angleterre contemporaine l’attire également, dans le dessein de constituer à son propos une « psychologie religieuse » entendue comme « science de Dieu agissant dans les âmes » : si les livres et articles publiés concernent surtout Newman (en particulier l’Essai de biographie psychologique, 1906) et ses compagnons, convertis ou restés dans l’anglicanisme, du Mouvement d’Oxford, Bremond s’intéresse alors de plus en plus à ceux qu’il appelle les « prophètes du dehors », il envisage même une Histoire du libéralisme anglais au XIXe siècle pour montrer comment l’authenticité du sentiment religieux peut survivre à la faillite des « certitudes dogmatiques ». Mais il se tourne finalement vers les écrivains spirituels français du XVIIe siècle (La Provence mystique, 1908; Apologie pour Fénelon, 1910; Sainte Chantal, 1913) et de l’époque romantique (Gerbet, 1907).
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Mon exercice consiste en une élévation d'esprit, par-dessus tout objet sensible et créé, par laquelle je suis fixement arrêté au dedans, regardant d'une manière stable Dieu, qui tire mon âme en simple unité et nudité d'esprit. Cela s'appelle oisiveté simple, par laquelle je suis possédé passivement par-dessus toute espèce sensible, en simplicité de repos, duquel je jouis en cela même toujours également, soit que je fasse quelque chose au dedans de moi, ou bien au dehors de moi, par action ou discernement raisonnable. C'est ce que je puis dire de mon intérieur. Ma constitution est simple, nue, obscure et sans science de Dieu même. C'est une nudité et obscurité d'esprit, élevé par-dessus toute lumière inférieure à cet état. En quoi je ne puis opérer de mes puissances internes, qui sont toutes unanimement tirées et arrêtées par la force de l'unique et simple espèce, qui les arrête nûment et simplement en suréminence de vue et d'essence, au plus haut de l'esprit, par-dessus l'esprit; je veux dire, en la nudité et l'obscurité du fond, tout à fait incompréhensible à cause de son obscurité. Là tout ce qui est sensible, spécifique et créé est fondu en unité d'esprit, ou plutôt en simplicité d'essence et d'esprit.

Et les puissances sont là fixement arrêtées au dedans, toutes attentives à regarder fixement Dieu, qui les arrête toutes également à le contempler. C'est lui qui les ravit et occupe simplement par l'opération de son continuel regard, qu'il fait en l'âme et que l'âme fait mutuellement en lui. En cet état, il n'y a ni créé, ni créature ; ni science, ni ignorance ; ni tout, ni rien; ni terme ; ni nom ; ni espèce; ni admiration; ni différence de temps passé, futur, ni même présent, non pas même le maintenant éternel. Tout cela est perdu et fondu en cet obscur brouillard, lequel Dieu fait lui-même, se complaisant ainsi dans les âmes, en qui il lui plaît de faire cette noble opération.
Jean de Saint-Samson
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(...) du Concile du Vatican au plein éclat du règne de Léon XIII, notre littérature catholique traverse une période assez morne. Les grandes lumières ont disparu l'une après l'autre. Lacordaire est mort en 1861, Montalembert en 1870, Gratry en 1872, Guéranger en 1875. Dupanloup, Pie, Veuillot les suivront bientôt. Le duc de Broglie, — je ne sais pourquoi on semble oublier que ce noble croyant reste une de nos gloires, — se tourne vers l'histoire diplomatique. (...) le vieux XIXe siècle s'achève avec Pie IX et le comte de Chambord.

Introduction
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Henri Bremond
Après des études au collège ecclésiastique de sa ville natale, Aix-en-Provence (Charles Maurras, de trois ans plus jeune, fréquente le même établissement), Henri Bremond entre à dix-sept ans dans la Compagnie de Jésus. De 1882 à 1899 alternent formation religieuse et théologique en Angleterre et enseignement dans divers collèges en France. En août 1899, il est nommé rédacteur aux Études, la revue des jésuites français. L’année suivante, la rencontre fortuite à Athènes de Maurice Barrès inaugure une amitié qui ne sera pas sans influence sur sa carrière littéraire. Sur un autre plan, il s’est lié, vers la même époque, avec la plupart de ceux qui joueront un rôle marquant dans la crise moderniste (Maurice Blondel et Lucien Laberthonnière, le jésuite anglais George Tyrrell et son amie Miss Petre, le baron Friedrich von Hügel, Alfred Loisy enfin). Ces relations et la sympathie d’idées qu’elles font supposer, une profonde crise personnelle d’autre part rendent sa position difficile à l’intérieur de la Compagnie de Jésus, qu’il doit quitter en février 1904. Il est alors rattaché officiellement à son diocèse d’origine (Aix), mais on l’y laisse libre de se consacrer à ses travaux littéraires. Des conflits du modernisme, il reste un témoin discret mais passionné et joue un rôle actif en coulisse. Par fidélité à Tyrrell (qui fut sans doute le plus proche de ses amis), il n’hésitera pas à se compromettre. Celui-ci étant mort (15 juillet 1909) sans avoir rétracté les idées qui l’avaient fait condamner, les obsèques catholiques lui sont refusées; Bremond accompagne le corps au cimetière, récite quelques prières et prononce une allocution : frappé aussitôt de suspense a divinis, il devra souscrire une formule d’adhésion aux actes du magistère qui réprouvaient le modernisme. À la suite de cet épisode, il demeurera « suspect » pour certains et connaîtra de nouvelles alertes (mise à l’Index de sa Sainte Chantal en 1913, menaces de condamnation en 1924, puis en 1929...).
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