Au Pujol, Antoine Jonzac rabâchait le prêchi-prêcha bénisseur de ses modèles.
- C'est l'esprit de jouissance qui a été la cause de notre déchéance. La pureté des mœurs est garante de notre renouveau.
- Tu causes, tu causes, rétorqua Irène.
- J'en ai rien à faire, moi, de vos danses de nègre !
- C'est parce que tu danses comme un ours et que tu ne peux pas faire un pas sans écraser les pieds de quelqu'un. Té, tu es juste bon à tourner la manivelle du phono !
- C'est des "piqueupe", maintenant.
- Justement, Jeannot Privat en a un. Il m'a invitée à venir l'écouter chez lui.
- Je ne pense pas que ton Fernand serait content d'apprendre que tu te vautres dans l'orgie pendant qu'il se morfond dans les barbelés...
- Voilà que tu te soucies de lui, à présent !
- Comme de tous nos chers prisonniers.
Antoine darda sur sa sœur un regard réprobateur. Elle portait une jupe qui lui tombait une bonne main au-dessus du genou et se perchait sur des espèces de cothurnes à semelle de liège compensée.
- Tu t'habilles comme une pute.
- C'est la mode !
- Pas de montrer tes cuisses à tout le monde !
-Que j'ai donc aimé vous aimer, Agnès, lui confia-t-il plus tard.
- M'aimerez-vous encore mieux, Patrick ?
-Longtemps, si dieu veut.