Quand on se laisse absorber par la contemplation, la langue originelle de la vie, audible dans la fusion, est éprouvée comme silence.....L'esprit prisonnier de son moi s'enfonce progressivement dans l'infinitude d'un être-au monde supérieur.L'entendement n'est plus nécessaire.La volonté se tait.Le cœur s'est arrêté.Le moi est mort. P.71
Dans la conversation, on en était rapidement venu à faire cette réflexion que quiconque avait été ne fût-ce qu'une seule fois en Europe ou en Amérique avait matière à plusieurs articles de journaux ou interviews devant les caméras de télévision.
-Et cela rapporte beaucoup d'argent...
-Oui, suffisamment pour amortir les frais du voyage.
Tous les parents de Nagayuki se mirent à rire et une étrange envie se lut alors dans leurs regards. L’idée qu’en plus de tous les dollars qu’il avait sans aucun doute rapportés d’Amérique il pourrait encore gagner des milliers, voire des millions de yens, attisait la bonne humeur. Aussi les toasts portés en l’honneur du vieil homme évoquèrent-ils d’un air complice les cinq valises fatiguées et bourrées à craquer qu’on avait débarquées du bateau à sa suite. Nul ne pouvait ignorer ce qu’il y avait dedans, disaient les orateurs, car l’aspect misérable du contenant laissait aisément deviner la grande valeur du contenu. Des paquets d’actions peut-être, ou encore des liasses de billets. C’était le moins qu’on puisse attendre de soixante années passées de l’autre côté du Pacifique.
La plupart du temps, une sourde rivalité oppose la belle-mère et la bru. Sous couvert d’une bonne entente qui n’est guère que de façade, chacune essaie, l’une comme mère et l’autre comme épouse, d’asseoir son pouvoir. Tomiko détestait ce semblant d'intimité qu'elle constatait à l'occasion chez celles de ses camarades de classe déjà mariées. A Tokyo également, où elle s'était fait de nouvelles connaissances, elle avait noté la profonde hostilité qui existait entre la plupart des jeunes épouses et leur belle-mère, bien qu'extérieurement on attachât une extrême importance à n'en rien laisser paraître.
Le fils qui tel le mien
Sans trêve et sans relâche
Entoure de ses soins
Le vieillard que je suis
Trouvera la cascade
Avec l'aide des dieux
Et l'eau se fera vin
Et un seul gobelet
De ce nectar divin
Suffira à guérir
Les maux et les misères,
Les larmes et le chagrin.
...tous ceux qui avaient assisté au spectacle sentirent que les mots du Père des Hayato venaient du tréfonds de son coeur. Tous étaient persuadés que le yoshi-hayato ne tarderait à revenir, vêtu d'or et de brocart, pour soulager définitivement son père des soucis financiers qui l'avaient accablé.
La pire lâcheté est l'obéissance aveugle