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Citations de Hollis Seamon (92)


C'est quoi, la probabilité qu'un puceau de dix-sept ans rencontre une pucelle de quinze à l'hosto, qu'ils se retrouvent amoureux et/ou en chaleur et finissent par conclure ? Et que, dans le même temps, ce gars super-chaud reçoive sa première pipe, en prime ? Parce que franchement, tout ça, aux soins palliatifs, c'est pas tous les jours que ça arrive. Sylvie, moi et tous les autres ici, on nous a collés là parce qu'on a reçu un dernier diagnostic : un mois maximum. On arrive et, trente jours plus tard, soit on rentre à la maison, soit on fait le grand saut. Et pourtant. Pourtant, me voilà brusquement au paradis du mec hot qu'on s'arrache, et ça secoue grave. Il y a comme un bug, les enfants. Alors je passe en mode super-mature, et je me dis : Bordel de merde !
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Et c'est alors que le diable en personne est venu me rendre une petite visite. Le père de Sylvie. Il empestait la fumée de Marlboro et le bourbon, avec sa figure en sueur et violacée, et ses poils de porc-épic lui hérissant les joues. Il s'est pointé dans ma chambre, comme ça. C'est peut-être ce que je déteste le plus, dans cet endroit et dans tous les hôpitaux de la terre : n'importe qui peut débarquer à l'improviste. Personne ne prend même la peine de frapper. Impossible d'avoir une once d'intimité, dans ce trou. On a une porte à chaque chambre, qui reste parfois fermée douze seconde d'affilée, mais ces portes ont des vitres en verre - totalement transparentes. Alors on est là, en vitrine, nuit et jour. Il y a de quoi faire chialer un ado. Et pas la peine d'essayer de coller un poster ou d'accrocher une serviette de toilette sur la vitre. C'est le meilleur moyen d'attirer illico une armée d'infirmières excédées et de psys sur les nerfs.
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Globalement, le monde est pourri et triste à pleurer. Les gens souffrent, tous sans exception. Tu commences à piger, ou alors tu crois toujours que c'est seulement toi, mon vieux ? Qu'il n'y a que toi qui souffres ? Comme si on t'avait choisi ?
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Écoutez-moi bien, tous : on est des adolescents. À la maison, il y aurait un panneau DÉFENSE D'ENTRER sur la porte de notre chambre, et même un verrou. On pourrait claquer la porte au nez de qui on veut et traîner peinards dans notre petit sanctuaire, bouclés à double tour. Enfin libres, bon sang, enfin libres !
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C'est peut-être ce que je déteste le plus, dans cet endroit et dans tous les hôpitaux de la terre : n'importe qui peut débarquer à l'improviste. Personne ne prend même la peine de frapper. Impossible d'avoir une once d'intimité, dans ce trou.
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C'est censé donner un air douillet aux chambres, faire moins hôpital et plus...hospitalier. Je pige le concept. Mais croyez-moi, une chambre d'hôpital, ça ne ressemble à rien d'autre au monde. Sauf peut-être à une cellule de prison.
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" C'est une bonne infirmière, Richard. Vraiment une excellente infirmière. Elle en a bavé, et toi tu viens lui rappeler tout ça. Tout le monde a des problèmes, tu sais? Globalement, le monde est pourri et triste à pleurer. Les gens souffrent, tous sans exception. Tu commences à piger, ou alors tu crois toujours que c'est seulement toi, mon vieux.? Qu'il n'y a que toi qui souffres ? Comme si on t'avait choisi?"
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Attendre la mort avec une âme sereine.
Marc Aurèle
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C'est peut-être ce que je déteste le plus, dans cet endroit et dans tous les hôpitaux de la terre: n'importe qui peut débarquer à l'improviste. Personne ne prend même la peine de frapper. Impossible d'avoir une once d'intimité, dans ce trou. On a une porte à chaque chambre, qui reste parfois fermée 12secondes d'affilée, mais ces portes ont des vitres en verre - totalement transparentes. Alors on est là, en vitrine, nuit et jour. Il y a de quoi faire chialer un ado. Et pas la peine d'essayer de coller un poster ou d'accrocher une serviette de toilette sur la vitre. C'est le meilleur moyen d'attirer illico une armée d'infirmières excédées et de psys sur les nerfs.
J'en profite pour pousser un coup de gueule. Écoutez-moi bien, tous: on est des adolescents. À la maison, il y aurait un panneau DÉFENSE D'ENTRER sur la porte de notre chambre, et même un verrou. On pourrait claquer la porte au nez de qui on veut et traîner peinards dans notre petit sanctuaire, bouclés à double tour. Enfin libres, bon sang, enfin libres!
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Une fois, j’ai fait une liste de tous les trucs dont je n’aurai pas à m’inquiéter – trouver du boulot, élever des enfants ingrats, divorcer, me faire opérer des dents de sagesse, surveiller mon cholestérol -, et maintenant je sais que je peux y ajouter avoir du bide et me rabattre une longue mèche sur le crâne pour planquer les trous. Ça a beau être bizarre, ça me fait du bien.
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On a une porte à chaque chambre, qui reste parfois fermée douze secondes d'affilée, mais ces portes ont des vitres en verre - totalement transparentes. Alors on est là, en vitrine, nuit et jour. Il y a de quoi faire chialer un ado. Et pas la peine d'essayer de coller un poster ou d'accrocher une serviette de toilette sur la vitre. C'est le meilleur moyen d'attirer illico une armée d'infirmières excédées et de psys sur les nerfs.
J'en profite pour pousser un coup de gueule. Ecoutez-moi bien, tous: on est des adolescents. A la maison, il y aurait un panneau DEFENSE D'ENTRER sur la porte de notre chambre, et même un verrou.
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[...] j'ai les guibolles molles comme des nouilles. Et je vois trouble, avec un trou noir sur la gauche de mon champ visuel. Un peu comme un tunnel spatio-temporel au milieu du cosmos - une zone de vide, traversée de temps en temps par des flashs de lumière verte. Mais je ne le raconte pas aux médecins. A quoi bon ? Ils n'y peuvent rien, de toute manière. Et en plus, c'est assez cool d'avoir son petit spectacle son et lumière privé. Ils remarquent quand même que je n'entends pas grand chose de l'oreille gauche. A part une espèce de bourdonnement continu, avec parfois des hurlements stridents. Les bruits éclatent comme des bulles, c'est la bande-son psychédélique du tunnel spatio-temporel. Je souris aux médecins. "Eh, c'est cool. On dirait un trip à l'acide. Je kiffe carrément." Et je fais un V avec mon index et mon majeur, en signe de paix.
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"Je vois. Vous vous êtes dit: "Qu'est-ce que ça peut foutre? Ils sont trop faibles, trop malades pour faire quoi que ce soit, sérieusement." Vous pensiez tous: "Eh, ce pauvre Richie, il est tellement atteint qu'il arrivera jamais à bander.Et est-ce que c'est pas mignon, tout leur petit cinéma? Oh, et puis mince, soyons sympas avec ces gamins en train de crever. Faisons-leur ce plaisir. Un petit tour à Disneyland, comme dans ces assoces qui réalisent leur dernier voeu." Bandes de cons. Des vrais connards." J'ai la voix qui se casse, mais je continue. "Je suis surpris que maintenant personne ne dise: "Et alors, quelle différence ça fait? Sylvie est mourante, de toute manière. qu'est-ce que ça change qu'elle y passe plus tôt?" Mais c'est pas ça qu'elle croit, Sylvie. Elle veut profiter de chaque foutue seconde de sa vie. Elle pense qu'elle va se rétablir. Elle veut continuer à vivre. Elle est plus forte que nous tous réunis. Elle est... je sais pas... elle est tout sauf mignonne. Elle est acharnée." Je suis à bout de souffle, impossible de respirer.
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Le seul moyen de rester jeune pour toujours, si on y réfléchit, c'est de mourir avant de vieillir, non ?
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"Tu es là pour quoi, fiston ? Qu'est-ce qui ne va pas ?" Et là, je fais mes grands yeux innocents et mon air sérieux, et je réponds : "J'ai un DMD." Là, le me regarde bêtement en faisant "Hein ?", et j'enfonce le clou : "Un DMD. C'est un acronyme." Il y en a qui ne savent même pas ce que c'est, alors j'attends une seconde, et je balance : "Un DMD, comme dans Dieu me déteste."
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A quoi bon attendre son anniversaire quand on a déjà grandi ?
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Plus tard, je fais visiter les lieux à Phil, parce que ça a vraiment l’air de l’intéresser. Peut- être même trop ; c’est un peu tordu, cette curiosité soudaine et j’ai un mal de chien à lui faire comprendre que fixer les patients bouche bée ne figure pas vraiment dans le guide des bonnes manières de l’hôpital. Mais j’essaie quand même de tout lui montrer, de faire en sorte qu’il voie comment ça se passe ici. Car c’est la seule personne que je connaisse qui en ait envie ; la plupart des gens regardent ailleurs, ou bien ils refusent de voir. Maman, par exemple, elle fait comme si on était dans n’importe quel service hospitalier, …
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C'était peut-être ça le plus drôle, se faire consigner dans notre chambre comme des gamins. Punis. Parce que si on y réfléchit, comment tu veux punir quelqu'un qui est déjà condamné à mort ?
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Cependant, j'arrive tout de même à proximité du bureau des infirmières, et voici la scène qui m'attend: ma mère et celle de Sylvie s'en approchent au même moment. Elles vont toutes les deux demander quelque chose aux infirmières - les familles s'y pointent constamment pour avoir une couverture de plus, ou bien une carafe d'eau, des anti-douleurs ... Tout est un peu flou et teinte de vert, mais je distingue le plus gros. Les deux mères se tiennent de part et d'autre du grand carré où se réunissent les infirmières - chaque mère de son côté du couloir. Mais comme si un champ magnétique les attirait, elles glissent irrésistiblement l'une vers l'autre. Une histoire d'attraction planétaire, sans doute. Comme la pesanteur, mais multiplié par dix. Ma mère et celle de Sylvie oublient ce qu'elles sont venues demander, et elles se regardent; on perçoit bien le moment où leurs yeux se rencontrent, ensuite ils ne se lâchent plus.
C'est comme assister à un ballet. On dirait des danseuses face à leur reflet, ces deux mères. La mienne est grande et blonde, celle de Sylvie, petite et brune. Mais peu importe. Elles font le tour du bureau, depuis le bout du carré. Puis elles avancent chacune de trois passer se rencontrent au milieu du couloir - je suis certain que c'est pile au centre. Au niveau de cette fameuse ligne, la ligne de démarcation. Pendant un seconde, chacune reste sagement de son côté. Et on dirait qu'à l'étage tout se fige. Les aides-soignants s'immobilisent, leurs plateaux dans les mains, les infirmières lèvent le nez de leurs dossiers, le stylo en suspens. Les visiteurs ont pris racine et les frangins arrêtent de cavaler dans tous les sens. Tout le monde observe. Pas un bruit, hormis les notes de la harpe, en provenance du hall d'entrée.
Puis ma mère et celle de Sylvie tendent les mains et avancent encore d'un pas. Et elles tombent dans les bras l'une de l'autre, et se serrent de toutes leurs forces, jamais je n'ai vu ça. Et alors monte un son insupportable, le genre que vous ne voulez jamais entendre, de toute votre vie. Les deux mères se mettent à gémir. Et leur sanglot fend l'air. Il déchire notre air, dans ce couloir. C'est insoutenable. Et ça ne s'arrête pas. C'est tellement atroce que même le Big Boss doit se couvrir les oreilles de honte.
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Mais on peut se dire ça, se sentir prêt et tout - et le Big Boss vous réserve encore une ou deux blagues. Sérieusement. Il peut encore y avoir quelques surprises, même maintenant.
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