The Lost Flowers of Alice Hart: Holly Ringland in Conversation with Sarah Lambert
Sur le chemin une larme splendide
Est tombée du calice de la fleur de la passion.
Elle vient, ma colombe, ma bien-aimée ;
Elle vient, ma vie, mon destin.
La rose rouge crie :
« Elle s’approche, elle s’approche. »
Et la rose blanche pleure : « Il est bien tard. »
Le pied d’alouette écoute :
« Je l’entends, je l’entends. »
Et le lys murmure : « J’attends ».
Alfred, Lord Tennyson
Les contes de fées lui avaient appris qu’en matière de famille les choses n’étaient pas toujours ce qu’elles semblaient être. Les rois et les reines perdaient leurs enfants comme on perd de vieilles chaussettes, ne les retrouvaient pas avant qu’ils soient devenus très vieux, si toutefois ils parvenaient à les revoir. Les mères pouvaient mourir, les pères disparaître, et sept frères se transformer en sept cygnes. Pour Alice, la famille était une des histoires les plus étranges.
Certains jours, la mère d’Alice semblait complètement absente.il n’y avait plus ni histoires si promenades au bord de la mer. Elle ne parlait plus aux fleurs. Sa mère restait au lit les rideaux tirés contre la lumière blanche, anéantie, comme si son âme l’avait quittée.
Elle passait son temps à remettre au lendemain. Quand Alice ira à l’école je le lui dirai. Quand Alice sourira, je le lui dirai, quand Alice le demandera, je le lui dirai. « Fais attention, June », l’avait avertie Twig, « le passé a une curieuse façon d’engendrer de nouvelles pousses. Si tu ne t’en occupes pas immédiatement, ces histoires se ressèmeront d’elles-mêmes. »
Oh que je languis, oh que je soupire
Après la saison des fleurs
Emily Brontë
Le temps guérit les blessures mieux que n'importe quoi d'autre.
Alice se souviendrait toujours de cette journée comme de celle qui avait changé irrémédiablement sa vie, même s’il lui faudrait vingt ans pour comprendre : la vie va de l’avant, mais ne se comprend qu’en regardant en arrière. Vous ne pouvez pas voir le paysage qui vous entoure tant que vous êtes à l’intérieur.
Parfois, il était peut-être possible de repartir en arrière, afin de trouver le moyen d'avancer.
Alice flottait dans une rivière. Une rivière d’étoiles. Elles coloraient sa peau d’un vert argenté. Couchée sur le dos, elle les regardait descendre en pluie du ciel nocturne. Certaines restaient prises dans les plus hautes branches des eucalyptus qui se profilaient dans la nuit. D’autres étaient coincées dans ses cils et entre ses orteils. Elle en avala quelques-unes. Elles avaient un goût agréable et frais. Elle en prit une poignée, surprise par leur légèreté, et les disposa soigneusement autour d’elle. Un cercle d’étoiles. Au centre duquel rien ne pouvait l’atteindre.
Elle toussa en reprenant conscience, croyant cracher des étoiles.
Le soleil finissait de peindre les nuages et passait son pinceau sur les étoiles.