Citations de Ingrid Desjours (414)
« Il devient archer démoniaque et joue la musique des enfers dans le crâne survolté de sa victime, fouette au sang la moindre parcelle d’espoir, ravage ses rêves, détruit ses envies, fout le feu au champ de ruines qu’est devenu son cerveau. »
Tu es le feu, mais c'est ton âme que tu consumes en brûlant les autres.
Puis faut pas oublier de sourire au bon moment. Pas trop souvent pour que ce soit comme un cadeau, mais quand tu souris, tu regardes l'autre comme si y avait que lui. Ça marche à tous les coups.
Mémoire fêlée, craquelée, effacée. À chacun de ses pas, les souvenirs se désagrègent un peu plus et se dissolvent dans la pénombre du petit parc qui lui sert de raccourci...
Et quand il faut choisir entre faire la pute pour payer les factures et se clochardiser, on n'a pas l'embarras du choix. Plutôt le choix de l'embarras, de la fierté qu'il faut ravaler.
A cet instant précis, Déborah sait qu'elle peut encore avouer la supercherie, dire que la grossesse était inventée, que les conséquences de l'incendie ne sont pas si dramatiques que le croit son mari. Elle est consciente du fait que continuer de mentir pourrait avoir des effets délétères aussi bien pour la relation des deux frères que pour elle. Persister dans son mensonge serait jouer un jeu dangereux : si David vient à le découvrir, elle ne donne pas cher de sa peau..
La jeune femme s'absorbe dans ses réflexions, le regard dans le vague.
- Déborah, dis-le; l'encourage son mari. Dis à Nicolas pourquoi je ne le lui pardonnerai pas.
Il veut l'entendre, il veut qu'elle le dise. Qu'elle persiste et signe. A-t-elle le choix ?
- Parce que j'ai perdu mon bébé dans l'incendie.
Elle a beau rire à gorge déployée, moi je perçois les sanglots qui l'étranglent.
"C'est à se demander si , au lieu d'envoyer des forces armées pour les combattre, il ne suffirait pas de leur expédier des milliers femmes nues munies de livres ! L'image de ces intégristes fuyant à toutes jambes ou claquant instantanément d'une crise cardiaque sous le choc arrache un sourire à l'ancien militaire."
Peut-être que celui qui n'a plus rien à perdre peut paradoxalement se permettre de tout vivre.
Lorsqu'on perd ceux qui nous sont le plus proches, qu'on réalise le caractère éphémère des choses, la fragilité des liens qui nous unissent et nous retiennent à la vie, on reconsidère ce qui est important, on finit par comprendre que le regard des autres n'a aucune valeur, pas plus que les normes sociales ou même les rancunes mesquines qui nous tirent vers le bas.
Que ce soit à cause d'un décès ou d'une rupture, on sait rarement qu'on voit une personne pour la dernière fois, que ce sera notre dernier échange, et qu'après plus rien ne sera jamais comme avant. C'est là tout le drame et la magie de notre condition humaine, de ce nécessaire déni de l'impermanence des choses sans lequel la vie serait juste insupportable.
Comment renoncer à ce qu'on a pensé pouvoir posséder un jour et qui pour la première fois depuis des mois vous avait redonné de l'espoir ? On ne peut pas haïr quelqu'un qui vous a fait ressentir ces choses-là.
Ils n'étaient que des guignols arrogants et insipides dont la superficialité n'avait d'égale que la prétention.
Pourtant, le capitaine Alquier sait bien que derrière l'écran du plus clair des regards se terre parfois une âme aussi noire que la nuit. (p.354)
C'est à se demander si, au lieu d'envoyer des forces armées pour les combattre, il ne suffirait pas de leur expédier des milliers de femmes nues munies de livres ! (p.173)
L'endroit pue tellement qu'un clochard n'y retrouverait pas ses godasses.
Je suis d'origine algérienne et je suis athée. Complètement athée. Oh, je sais, ça peut surprendre. Beaucoup de gens s'imaginent que sous prétexte qu'on est arabe ou même juif, on a le gène de Dieu chevillé au corps. C'est faux. J'ai été élevée dans un milieu intellectuel. J'étais fille de profs et je le suis devenue à mon tour. J'aime la science, la littérature, la philosophie. C'est ça ma religion.
Un homme qui court les rues au lieu de travailler et de rester avec sa femme, ça ne donne jamais rien de bon !
Et mon bégaiement était si prononcé que le temps que je dise b…b…bonjour, la fille était déjà mariée et mère de trois enfants !
Viennent alors la honte et l’incompréhension : pourquoi a-t-il fait ça ? Comment a-t-il pu aller si loin ? Il a l’impression de sortir d’un mauvais rêve. Lui non plus ne se reconnaît pas ces derniers temps. Ce n’est pas lui, cette bête déchaînée. Pourtant, il s’est rarement senti aussi bien que pendant cet accès de rage… comme s’il était enfin lui-même.
Mais quel genre de monstre faut-il être pour éprouver ces choses-là ?