Citations de Ingrid Desjours (414)
Quand les faibles se font la guerre, les forts s'allient pour gagner en puissance...
Plus tard, j'aurai plus à faire semblant d'aimer les gens et d'avoir envie de leur parler. Je pourrai tous les envoyer se faire foutre. Et s'ils me foutent pas la paix je leur casserai la gueule.
(Journal d'un garçon de 10 ans dont on ne connait pas le nom).
C'est un long ruban calciné et luisant du sang fraîchement versé de quelques mécréants. Une route comme il en existe partout où l'État islamique a planté son drapeau. De part et d'autre, des maisons en ruine et des cadavres en lambeaux, écorchés, brûlés ou "juste" décapités.
[...] Sacha a horreur de cette société où l'on n'a plus le droit de rien faire. Fumer des fausses clopes, baiser sous plastique ou par téléphone, manger des merdes bourrées de pesticides mais sans sucre, sans gras, et sans goût, très peu pour lui. C'est un jouisseur. Il se sent bien dans ce rade miteux, entouré de camés et de paumés, certes, mais au moins sont-ils vrais, authentiques.
(p. 204-205)
La douce Haiko que tu prenais presque pour la rose du Petit Prince est en réalité une plante carnivore imbibée du sang de ses proies!
Lars, Lars, Lars ... si manichéen ... Pour vous tout est noir ou blanc, c'est fou ça ...
Lars se sent étranger partout où il met les pieds, dans une réalité qui lui échappe, il a envie de hurler son désespoir, de cogner sur tout le monde, de faire un carton dans la rue, au hasard, avant de se tirer une balle dans la tête... Peut-être devrait-il en parler à un psy. Oui, ce serait une bonne idée s'il accordait une once de crédit à ces charlatans tout juste bons à jongler avec des concepts dans lesquels ils s'évertuent à faire rentrer les problématiques du tout-venant. Et puis il lui dirait quoi ? « Salut, j'ai subi des choses horribles pendant ma détention en Afghanistan, et j'ai fait bien pire pour m'en sortir... du coup ça me turlupine dans mon sommeil et ça me fait trembler un tantinet, c'est grave, docteur ? » Ridicule.
(p. 327-328)
Les gens l'ignorent pour la plupart, mais l'armée est sûrement un des plus gros dealers du monde. Comment les militaires pourraient-ils résister sans être chargés à bloc ? Comment pourraient-ils accepter de tuer, de massacrer, de risquer leur vie à chaque instant sans une aide chimique ? Comment pourraient-ils continuer à courir malgré l'épuisement, la faim, la peur, un membre arraché, s'ils n'étaient pas complètement défoncés ?
Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a chopé de jolies habitudes au front. Oui, ce soir il se dopera un peu aux amphètes, bien qu'il sache que ça ne lui réussit pas, qu'il y a toujours un prix à payer quand il fait ça.
(p. 80-81)
- ça crevait les yeux qu'elle vous plaisait et que c'était réciproque. Si elle vous a viré c'est parce qu'elle a consommé, voilà tout.
- Ce n'est pas aussi simple que ça ...
- Bien sûr que si!
La jeune femme est là. Elle virevolte, sourit, séduit ... Elle paraît si légère qu'il est impossible de deviner la menace qui plane sur elle. D'où lui vient ce don pour la vie?
C’est un ambitieux qui se donne les moyens d’obtenir ce qu’il désire, quitte à jouer sur des apparences qui le servent mais, au fond, l’indiffèrent.
La séduction, c’est son fonds de commerce : il aide les autres hommes à gagner en « assertivité » afin de collectionner les conquêtes, rencontrer la femme de leur vie, ou encore obtenir une promotion qu’ils briguent.
Le vent est semblable à des cris d’enfants. D’après les légendes, les âmes des malheureux mort-nés que les femmes, honteuses, vont enterrer loin des côtes, se mettent à hurler leur peur d’être dévorés par les dieux des Ténèbres.
Pour eux, tout est haram, c'est à dire péché. Le sexe, l'art, la culture, l'alcool... ainsi que tout ce qui peut-être bon, beau. Ils ne révèrent pas la vie, ils ne rêvent que de mort.
Il est si fier de ce qu’il est devenu, de ce qu’il a réussi à conquérir qu’il n’envisage pas un instant d’enjoliver son passé. Il se donne complaisamment en pâture aux sceptiques et aux journalistes, à quiconque le traiterait d’imposteur. Les critiques, il s’en fiche : il est la preuve vivante que sa méthode fonctionne et qu’on peut infléchir son destin.
Quand le sentiment d'injustice se cogne contre le constat de sa propre impuissance, quand la souffrance qui en résulte devient intolérable , alors nait la colère.
Mais que se passerait-il si SENTINEL n'était plus fiable ? Si, par exemple, une faille dans la sécurité permettait à des rats d'envahir le bâtiment ?
Des rats d'égout imprégnés d'eaux souillées, portant mille germes dégueulasses. Des rats énormes qui déferleraient en colonie dans sa chambre, telle une vague vivante, inquiétante, prête à le dévorer. Des rats énormes au pelage sale, aux yeux brillants, partout sous ses pieds, couinant à le rendre fou à lier, grimpant sur ses jambes, se servant de leurs griffes infectées comme d'autant de minuscules piolets s'agrippant dans sa chair, l'escaladant par dizaines jusqu'à le faire tomber, le reniflant de leur museau humide pour finalement forcer le barrage de sa bouche et piétiner sa langue, grignoter ses joues de l'intérieur et s'introduire les uns après les autres dans le tunnel de sa gorge pour festoyer de ses tripes et le tuer à petit feu, sans s'inquièter de ses hurlements de terreur.
Il est grand, carré, baraqué. Le genre de mec qui a l'air vraiment viril sans devoir en faire des tonnes. Il a quelque chose de nonchalant et affiche une assurance qu'elle lui envie immédiatement. Comme si ce bus lui appartenait, comme si Paris était son royaume.
Il pleure comme les hommes le font. Poing sur la bouche, partagé entre la honte, la nécessité de ravaler sa peine, et la violence d'un sentiment qui s'exprime malgré tout.
Les adultes finissent toujours par oublier ce que cela fait d'être des enfants. Rares sont ceux qui soupçonnent ce qui se passe dans leur tête, quelle est leur compréhension exacte du monde qui les entoure, de ses mystères, de quel bois sont faits leurs espoirs ou quels cauchemars les traquent jusque dans leur sommeil.
Lars le regarde d'un air paumé, les yeux brouillés de larmes, de la morve coule sur ses lèvres. C'est terrible de voir cette force de la nature à terre, en mille morceaux. Il ressemble à un petut garçon peru dans un corps d'home, un gamin malheureux que la vie a déçu, qu'elle a blessé au-delà du supportable. (p.421)