En méditant on s'élargit. En s'élargissant, on fait des découvertes. On retrouve des dimensions de soi perdues.
La méditation est indéniablement une aide à se connaître soi-même, hors des projections et des conditionnements, hors de l'insécurité, de l'instabilité, et des brutalités du monde. Et se connaître soi-même, c'est connaître l'univers.
Aujourd'hui majeure, elle qui n'avait pu signer son premier contrat d'édition paraphe de son écriture penchée vers la droite, une calligraphie de grand-mère, les testaments qu'elle rédige : " Celui qui a contemplé la beauté est déjà prédestiné à la mort."
Valérie vomit. On veut la remplir, elle se vide puisque c'est ainsi qu'elle se sent exister : vide.
" ... Le corps comme un bambou creux est dépourvu de substance. L'esprit est comme l'essence de l'espace sans place pour les pensées..."
Comme si l'enfant n'était pas née et qu'elle la portait toujours en elle, à l'image de ces poupées russes en bois peint qui s'emboitent les unes dans les autres. Il faut les ouvrir pour voir que chacune en contient une autre, sauf la dernière qui, elle, est vide. Du moins vide de poupée car elle est en bois plein.
De n'avoir pas engendré, elle pèse plus lourd que les autres.
Qu'il y ait des creux dans ces 243 pages importent peu. La magie prend. L'adolescente qui crie sans qu'on l'entende, ce n'est plus un écrivain en mal de phrases, c'est tout un être qui a besoin de parler pour que les mots relient sa vie aux autres.
Des milliers et des millions d'êtres jeunes exilés de notre commune planète sont, comme elle, morts ou en train de mourir. Mais à eux, leur cri reste dans la gorge. Ils n'ont même pas le droit de déranger.
Chaque soir quand elle se retrouve devant sa machine à écrire, elle se sent vivre.
Écrire c'est une très grande liberté, j'y ai trouvé la justification de vivre. Si je n'écris pas, je ne suis pas capable de sortir, de voyager, d'aimer...
Plus besoin de se lover sous la table pour recer, il suffit de s'asseoir devant une machine à écrire et de laisser déferlertous ces mots sur la page blanche, équinoxe pressée d'avoir été si longtemps retenue.
[...]
L'art sera vivant quand le dernier artiste sera mort.
Valérie, elle, a du mal à se "sentir" puisqu'on ne la sent pas autour d'elle, et, pis, qu'on la rejette avec des mots blessants. Ne lui reste que la liberté des voyages imaginaires. Les constructions imaginaires vont devenir son échappatoire. Quitte à en abuser. Il y aurait, dit-on, à l'origine de l'anorexie, une fascination pour les constructions idéales, vécues comme désincarnées, projetées en dehors et infiniment désirées.
Elle avait quelque chose d'éternellement enfantin : un regard neuf, scrutateur, exigeant, se souvient son professeur de français. Elle fouillait, elle cherchait chez les autres des choses semblables.
Son désespoir était de ne pas les trouver. A la fin de sa vie, elle disait encore que "le plus important était d'avoir un ou une amie".