Misconceptions about the Midwest | Author J. Ryan Stradal
Octavia qui avait grandi à Minnetonka, entouré de gens fortunés au goût sûr, qui avait obtenu des diplômes d’anglais et de sociologie à Notre-Dame, dont le père était avocat d’affaires et la belle-mère un ancien mannequin devenue représentante dans l’industrie pharmaceutique, était destinée à épouser un homme comme Robbe Kramer. Elle n’aspirait pas à une vie meilleure que celle qu’elle avait connue dans son enfance ; elle n’avait pas besoin d’être plus riche, juste aisée, auprès d’un ami comme Robbe, attaché au même style de vie. Elle serait heureuse, elle le savait, de l’accompagner dans ses dîner de bienfaisance politique, et de charmer les épouses moins intelligentes de ces futurs associés. Elle avait même appris à jouer au golf, elle savait confectionner vingt sept cocktails différents, elle pouvait regarder un match des Minnesota Vikings et comprendre ce qui se passait sans poser de questions.
Ils étaient tombés d'accord : si c'était un garçon, Lars choisirait le prénom de l'enfant, et si c'était une fille, c'était Cynthia qui le ferait. Eva Louise Thorvald naquit quinze jours avant terme, le 2 Juin 1989, en affichant avec assurance un poids de 4,6 kilos. La première fois que Lars la tint dans ses bras, son coeur fondit sur elle comme du beurre sur une tranche de pain chaud, et plus jamais il ne pourrait le récupérer. Pendant que la mère et le bébé dormaient dans la chambre d'hôpital, il sortit sur le parking, s'assit dans sa Dodge Omni et pleura comme un homme qui n'avait jamais rien désiré avant ce jour
rs, quant à lui, fut stupéfait par ces vieilles scandinaves qui vinrent le trouver à l’église pour lui dire : » Un jeune homme qui prépare le lutefisk comme toi aura beaucoup de succès auprès des femmes ». Or, d’après son expérience, la maîtrise du lutefisk provoquait généralement du dégoût, au mieux de l’indifférence, chez ses rencards potentiels. Même les filles qui prétendaient aimer le lutefisk ne voulaient pas le sentir quand elles n’en mangeaient pas, mais Lars ne leur laissait pas le choix.
Après des dizaines d'années passées loin du Midwest, elle avait oublié que cette générosité déroutante était une manie répandue dans cette région.
Il versait les margaritas quand Mandy réapparut, vêtue d’une chemise en jean que Jordy se souvenait d’avoir vue sur sa mère lors de la dernière réunion de famille, deux ans plus tôt, une semaine avant que soit diagnostiquée la tumeur maligne de niveau IV sur un de ses ovaires.
Elle était censée subir un examen du foie. « Le médecin va encore me dire d’arrêter de boire, avait-elle dit lors de cette réunion, alors je veux en profiter. » Elle avait pris une cuite monumentale au Knights of Columbus Hall avec ses sœurs et ses cousins, et à un moment donné, elle était même montée sur une table avec sa sœur Mélanie pour chanter Mustang Sally. Tout le monde était heureux, personne ne se doutait de rien. Cette chemise apparaissait sur un millier de photos prises à cette occasion, encadrées sur les murs des gens, postées sur leurs pages Facebook, etc. Depuis, elle ne l’avait jamais remise.
"Un jeune homme qui prépare le lutefisk comme toi aura beaucoup de succès auprès des femmes".
Or, d’après son expérience, la maîtrise du lutefisk provoquait généralement du dégoût, au mieux de l’indifférence, chez ses rencards potentiels. Même les filles qui prétendaient aimer le lutefisk ne voulaient pas le sentir quand elles n’en mangeaient pas, mais Lars ne leur laissait pas le choix