AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jacques Ferrandez (494)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


L'Etranger (BD)

♫Tu partiras mamie, c'est de ton âge

Et tu seras parmi les tiens au sein des nuages

Tu partiras mamie, t'as bien raison

Loin de l'ennui, loin de la pluie, loin des saisons♫

-Boulevard des Airs- 2018 -

---♪---♫---🌊---🌹---🌊---♫---♪---

D'un Projet de Loi, nous voilà Prévenus

Tout condamné ......Il n'y a pas d'issue

Aujourd'hui, on n'a plus le droit...

ou peut-être hier je ne sais pas !!?

Absurdité de l’Homme et de la Vie en général,

Celle-ci menant toujours à une fin tragique.

Ne prenez pas le deuil, c'est elle qui me l'a dit

Tout n'est que poussière dans le vent

Sans foi, mais tout en convictions souvent tu nous diras

Je ne crois que ce que je voie

Alors hier on a semé tes cendres à St Jean le Thomas

On dit jamais assez qu'on s'aime à ceux qu'on sème

Ainsi soit-il ou Incipit pretexte à te dire on t'aime Mamie...🌹



Merci de votre compréhension

Commenter  J’apprécie          1007
La Maldonne des sleepings

La mort à Venise ?



Le train de nuit à destination de Venise va partir. Attention à la fermeture des portes. Attention au départ.



Si vous aspirez à un voyage romantique le personnel navigant est au regret de vous informer que vous vous êtes trompé de train.

Exit les histoires de gondoles, la mélancolie romantique de Thomas Mann ou autre escapade au cœur de la Sérénissime.

Il est trop tard, vous auriez du vous en apercevoir avant de monter à bord.

Antoine, le couchettiste gardien de votre sommeil, est un peu l'antithèse du romantique.

Bougon, cynique, caustique, il se fait presque un plaisir d'accueillir les voyageurs dans la mauvaise humeur.

Un de ses collègues vient d'ailleurs d'en faire les frais. Pas question d'échanger son trajet Paris-Venise par un Paris-Florence.

Pourtant, il va vite le regretter.

Vol de portefeuille, pirates du rail, voyageurs retrouvés inanimés et sanguinolents. Rien ne lui sera épargné.

Et le comble, un clando planqué dans sa cabine que toute l' Europe semble rechercher pour une histoire de sang bien singulière...



Ce premier roman de Tonino Benacquista mené tambour battant sur les rails helvitico-italo-français nous permet déjà d'entrevoir les nombreuses qualités d'un auteur sur la voie du succès.

Ironie, humour, autodérision nous accompagnent tout le long de ce voyage très mouvementé plutôt déconseillé à ceux qui souffrent du mal des transports ou qui ne supportent plus les voyages en train.

Pour ma part, je ne regrette pas un instant d'avoir composté mon billet pour ce Paris-Venise même si je n'ai jamais pu fermer l'oeil...





Commenter  J’apprécie          9011
Le chant du monde

J'avoue découvrir tardivement Jean Giono, du moins ses livres, qui peuplent pourtant ma bibliothèque, m'attendent, trépignent d'impatience pour que je vienne enfin à eux. C'est chose faite enfin pour l'un d'entre eux, Le chant du monde.

Le confinement dans lequel nous sommes enfermés depuis quelques jours m'incitaient à aller vers des lectures solaires, le soleil de Provence dont j'avais le plus besoin aujourd'hui, j'ai senti que les lectures de Jean Giono s'y prêtaient. Pourtant ce roman est bien plus que cela, ou bien autre chose, quelque chose de solaire mais de noir aussi... Un soleil camusien, celui qui brûle tout en déployant des ombres derrière les personnages qui évoluent...

Le thème est relativement simple mais il met en scène des énergies fraternelles et violentes qui m'ont fait penser à une tragédie antique : c'est la quête d'un enfant disparu dont on part à la recherche, celui qu'on nomme tout au long du roman le « besson », le jumeau dont le frère est mort quelques années plus tôt dans un accident tragique. Nous sommes à l'automne, Matelot, vieux bûcheron, père du « besson », vient solliciter l'aide d'un ami, Antonio le pêcheur, celui qui vit sur l'île des geais, une île au milieu d'un fleuve, pour retrouver son fils. Durant l'été, le besson avait descendu le fleuve pour transporter du bois en aval sous la forme d'un radeau. C'était son commerce. Il n'est pas revenu depuis...

Le deux hommes décident de remonter de chaque côté du fleuve à la recherche du fils disparu pendant l'été et découvre l'intrigue de l'histoire en parvenant dans le pays de Rebeillard : l'enlèvement par le besson de Gina, la fille de Maudru, maître du lieu et des troupeaux de taureaux. Le besson tue le neveu à qui Gina était promise. Cet enlèvement déclenche bien plus qu'une traque, un drame, une tragédie à l'échelle du pays : dès lors le besson est poursuivi par les chiens et les hommes de Maudru, les bouviers. Cette histoire ne vous rappelle-t-elle rien ?

Oui, nous sommes dans une histoire qui rappellerait la guerre de Troie, en terre provençale. Le roman est structuré en saisons, et si les premières saisons évoquent l'Iliade, peut-être que la dernière saison, ce radeau du retour vers la terre promise, évoque l'Odyssée...

Mais selon moi, ce n'est pas là l'essentiel, ce dont il faut retenir de ce très beau livre. Le chant du monde, c'est le chant de la nature, le chant de la terre, le chant des hommes qui aiment cette terre, qui en vivent.

J'ai aimé les personnages principaux, leur fraternité, leur quête, chacun arrive avec sa propre histoire, son chemin, et voilà que, comme des cours d'eau qui se versent dans un fleuve, cette histoire se nourrit des histoires et des caractères de chacun. Ceux-ci sont bien trempés, mais la tragédie du récit les amènent à entendre la voix de l'autre. C'est beau. Et sans doute, du moins je l'ai ressenti ainsi, les personnages secondaires m'ont paru magnifiques. Ainsi, le Toussaint, cet homme qui soigne les blessures physiques et celles de l'âme, mais aussi Clara cette femme aveugle qui accouche en pleine nature comme un animal et dont Antonio tombera amoureux. Elle voit mieux que les autres...

Ici la nature et les personnages fusionnent dans une harmonie qui fait la force du roman.

L'amitié des hommes est au coeur de ce récit. Mais l'amour se révèle dans cette quête, celle d'Antonio et de Clara, même si elle est peu développée par l'auteur. Elle est pourtant là, comme un chemin souterrain, œuvrant comme des rhizomes qui traversent les veines et le sang.

Ici le chant du monde, c'est la brume qui remonte dans la vallée, c'est l'odeur de l'eau, l'odeur de la forêt, l'odeur de la sève. C'est l'étonnement des renards. C'est la joie simple arrachée au reste du monde qui poursuit son cours.

Ce roman parle du monde, de son renouvellement peut-être attendu, peut-être inattendu, espéré certainement...

Des feux s'allument dans la nuit... Dessinent l’itinéraire des hommes. Nous éclairent...

C'est une histoire où les arbres et les oiseaux parlent de temps et temps et cela n'a rien de ridicule ni de fantastique. Peut-être d'ailleurs que nous en aurions besoin, bien besoin par les temps qui courent...

Parfois un cerf traverse les pages. La pluie d'hiver et les neiges aussi. Plus tard et avant, le soleil. Les saisons...

Un fleuve aussi traverse l'histoire. Et il faudra bien un jour le remonter. Revenir.

Mais ce qui traverse le récit, c'est un souffle qui surgit, ce qui traverse le récit c'est notre âme portée comme sur un radeau, ballotée par les flots, emportée par les mots, la violence, la fraternité, la nature toujours éternelle et sidérante...

Ce qui traverse ce récit, c'est, selon moi, le désir de poursuivre mon chemin de lecture vers d'autres livres de Jean Giono.
Commenter  J’apprécie          887
Le chant du monde (BD)

Adapter le chant du monde, roman de Jean Giono publié en 1934, en bande dessinée, c'est ce que vient de réaliser, Jacques Ferrandez. L'enjeu était de taille et c'est une bien belle réussite qu'il nous offre.

Roman d'aventure, véritable épopée, où Matelot, ancien marin, vieux bûcheron qui vit de l'exploitation de la forêt avec son fils "aux cheveux rouges" surnommé le besson part avec Antonio, jeune pêcheur appelé "homme du fleuve" ou "Bouche d'or" car il sait parler et séduire. Ils vont à la recherche de ce fils. Celui-ci, en fait, a enlevé Gina, la fille de Maudru, maître du haut-pays et des troupeaux de taureaux, destinée à un autre.

Jacques Ferrandez est resté fidèle à l'histoire, aux personnages et aux dialogues du roman de Giono. Il a su, par ses dessins, représenter les paysages du roman de façon plus que convaincante. La représentation de Villevieille calquée sur la cité de Sisteron est magnifique et le cadre montagnard choisi tout aussi beau. Les aquarelles représentant les trois saisons traversées, l'automne, l'hiver et le printemps sont de toute beauté et donnent vie et sensualité à cette nature. Quant aux personnages, ils sont vrais et leurs caractères ou leurs sentiments, l'amour comme la haine sont bien représentés (seul petit bémol pour moi, la ressemblance entre Antonio et "cheveux rouges").

Dans ce roman graphique, à l'allure de western, les scènes d'action très réalistes se succèdent de manière soutenue. Lorsque le feu dévorera la propriété de Maudru, ce sera une véritable explosion de teintes cuivrées pour représenter les taureaux et les hommes sur lesquelles vont s'inscrire des onomatopées de plus ou moins grande taille : les cris de ces hommes et de ces bêtes effrayées jaillissent des flammes.

L'auteur de cette bande dessinée a su recréer l'univers de Giono de façon magistrale. Dans ce récit d'aventure les hommes et la nature font corps et la langue de Giono associée aux aquarelles de Ferrandez donne une nouvelle vie à ce roman le chant du monde, une vie magnifiée, à mon avis.

À noter qu'en postface, un texte de Jacques Mény (Président des Amis de Jean Giono) accompagné de plusieurs esquisses relate ce qu'a été ce livre de Giono au cinéma, au théâtre et enfin la démarche de Jacques Ferrandez pour aboutir à cet excellent album que je ne saurais trop recommander.


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          851
Le chant du monde (BD)

C'est un vrai plaisir de lire, d'apprécier, de détailler cette fidèle adaptation du roman de Jean Giono, le Chant du monde, une nouvelle réussite signée Jacques Ferrandez. Excellent dessinateur, il s'est imprégné du texte et a fait beaucoup de repérages pour réussir à représenter des paysages dont Giono ne précise jamais les noms exacts. On pense, bien sûr, à la Durance, pour le fleuve, à Sisteron, pour Villevieille mais l'ensemble est très alpin avec des saisons très marquées et remarquablement dessinées.

L'histoire que Giono qualifiait de feuilleton paysan, fait penser à un western, genre que prisait beaucoup celui qui est né (1895) et qui est mort à Manosque (1970). D'ailleurs, la scène d'ouverture, avec une chasse à l'homme effrayante, les troupeaux, les hommes à cheval, tout cela colle bien à ce type de film.

Cheveux rouges, appelé aussi le besson, a séduit Gina, la fille de Maudru, le grand propriétaire terrien de la région et ils fuient tous les deux. En même temps, Antonio est envoyé à la recherche du besson par sa mère. Son mari, Matelot, l'accompagne et ils remontent le fleuve car l'amant de Gina devait convoyer du bois flotté depuis le haut pays…

Voilà qu'Antonio tombe amoureux de Clara, jeune femme aveugle qu'il a sauvée alors qu'elle accouchait, seule, en pleine forêt. C'est lui le principal héros de l'histoire qui nous fait connaître Toussaint, fameux guérisseur de Villevieille, oncle du besson.

Ce roman graphique est beau, impressionnant, prenant et passionnant avec des couleurs parfaitement adaptées aux différents temps du récit. Qu'elles sont belles ces pages avec le fleuve et les montagnes en été, en hiver aussi et on se déplace dans la neige chaussé de raquettes ou équipé de skis !

Femmes et hommes, jeunes ou vieux, sont beaux avec des visages trahissant le vrai caractère de chacun. Jacques Ferrandez que j'ai connu avec ses fameux Carnets d'Orient, est un artiste qui compte dans le paysage de la bande dessinée et c'est bien, qu'après avoir adapté trois romans d'Albert Camus, il ait travaillé sur cette oeuvre de Jean Giono dont on va marquer, l'an prochain, le cinquantenaire de la mort. Les occasions de découvrir ou de redécouvrir ce grand écrivain ne manqueront pas !


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          842
Carnets d'Orient, tome 2 : L'année de feu

Pour ce deuxième tome, un saut de quelques décennies dans l’histoire de la colonisation française en Afrique du Nord. Nous sommes en 1871. Le désastre de Sedan, la commune, l’entrée en scène tumultueuse de la IIIème république marque le début de la colonisation de masse en Algérie.

Fin des aventuriers avec leurs rêves pleins les yeux et leur folie chevillée au corps. Place au paysan avec son solide bon sens et sa brutalité qui, dans l’espoir d’une vie nouvelle, débarque sur ses terres vierges s’offrant à lui. Des « terres vierges » qui appartenaient aux indigènes repoussés toujours plus loin dans le désert. Les Kabyles qui prennent conscience de la faiblesse et du dénuement d’une France vaincue, humiliée, se révoltent. L’affaire se finira dans un bain de sang. Ici comme ailleurs, rien de nouveau sous le soleil…

Cette époque trouble et nauséabonde est personnifiée par le lieutenant Barthélemy. Ce patriote, écœuré par ces généraux qui capitulent lâchement après avoir entraîné la France dans la guerre, s’engage dans les corps francs de volontaires pour combattre le Prussien. Dans Paris assiégé, il refuse de tirer sur d’autres patriotes que, plus tard, on nommera communards.

Pourchassé pour trahison, il s’enfuit en Algérie qu’on lui présente comme un nouvel eldorado. Tromperie sur la marchandise. Pieux Mensonge. Avec d’autres camarades de misère, il se rendra vite compte que cet eldorado est en réalité l’antichambre de l’enfer.

Les pages sont toujours aussi belles, et les dessins expressifs. Toutefois, principalement à cause des dialogues et du fil du récit, ce tome est un ton en dessous du précédent. Cela reste néanmoins une belle saga sur l’histoire triste et mouvementée des pieds noirs.

Commenter  J’apprécie          730
L'Etranger (BD)

Certes, j'avais déjà lu "L'étranger" de Camus et l'avais même relu plus tard car la première fois, étant peut-être trop jeune, j'étais passée à côté et ne l'avais pas compris. Aussi, lorsque j'ai vu cette bande-dessinée qui était sur la table de ma tante hier, je n'ai pu résister à l'idée de m'y replonger dedans, une fois encore, mais sous un angle différent cette fois-ci.



J'ai été frappée et surtout admirative par la beauté des illustrations et la retranscription en bande-dessinée de l'oeuvre d'Albert Camus (c'était loin d'être un pari réussi d'avance et pourtant Jacques Ferrandez l'a remporté haut la main). C'est toujours délicat d'adapter un texte de littérature en bande-dessinée, surtout lorsqu'on s'attaque à un texte d'une telle renommée mais là, j'avoue que j'ai été bluffée ! Le lecteur suit ainsi le parcours de Meursault, du jour où il apprend la mort de sa mère (et pour laquelle il ne versera pas une larme, chose qui lui sera plus tard reproché lors du procès), jusqu'à sa condamnation à mort pour avoir abattu de cinq coups de pistolets un arable en voulant prendre la défense de son ami Sintès.



Un ouvrage qui nous plonge sur le sens que nous devons donner à nos vies, sur la justice des hommes et de celle de Dieu pour ne citer que cela car l'ouvrage de Camus est bien plus encore mais cela, je n'ai pas besoin de vous le dire. Je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans la lecture de cette adaptation car je vous garantis que vous ne serez pas déçus !
Commenter  J’apprécie          700
L'Etranger (BD)

Un grand merci à Asphodèle pour ce beau cadeau. Camus fait partie de mon Panthéon littéraire. Et L'Etranger est une oeuvre que j'apprécie beaucoup. Jacques Ferrandez lui rend hommage avec cette bande dessinée qui s'apparente plus à un roman graphique à mon sens. Le texte est respecté à la lettre et le dessin est fabuleux. En effet, nous avons les belles couleurs chaudes d'Alger et, surtout, un décor qui restitue l'ambiance de l'époque. S'attaquer à une telle oeuvre pour la mettre en BD est presque un challenge. En effet, si vous vous souvenez, Meursault n'est décrit qu'à travers des aspects psychologiques. D'où la difficulté... Chaque lecteur a pu se créer sa propre image de ce personnage et nous l'apporter ainsi sur un plateau aurait pu desservir l'album. Pourtant, il n'en est rien de mon côté et je trouve judicieux d'avoir prêté à Meursault les traits d'Albert Camus lui-même.



Cette adaptation est un bon moyen pour faire connaître le texte original.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
Commenter  J’apprécie          630
Carnets d'Orient, tome 1 : Djemilah

Le premier tome d’une longue série qui retrace l’aventure coloniale française en Afrique du nord. Tout commence en 1830 par la prise d’Alger. Quinze ans Après Waterloo, il fallait bien une petite victoire à se mettre sous la dent…

Il y a beaucoup de « far west » dans cette aventure. Une affaire d’Hommes, de colonels ambitieux, de fanatiques de tous bords, et de pauvres bougres affamés venus des bas-fonds de la méditerranée. Une ruée chaotique, misérable, et sanglante. Tout comme les visages pâles des Amériques, nos pieds noirs, plein d’espoirs et de morgue, s’installent sur ces nouveaux territoires, repoussant d’un revers de main les indigènes qui vivaient là depuis toujours.

L’éternel, l’insaisissable orient… Un fantasme aussi bien pour les riches que les miséreux et les poètes. Un mirage qui se dérobe à ces assoiffés dès qu’ils pensent enfin l’atteindre.

Dans ce premier tome, le mirage en question s’appelle Djemilah. Joseph, un de ces orientalistes dont les salons parisiens raffolent, débarque à Alger en 1836. Il tombe fou amoureux de Djemilah, et accompagne l’armée française pour tenter de la rejoindre. Un amour impossible, presque contre-nature… Joseph ne cessera jamais de s’approcher d’elle avant de la perdre encore et toujours…

Nous découvrons les débuts tumultueux de la conquête française en suivant les aléas de cette fièvre amoureuse. Une conquête poussive de va-nu-pieds, sans planification, qui se fait à la « va comme je te pousse » en fonction des circonstances ou des opportunités. Le rusé et impitoyable Abdelkader, que côtoiera Joseph, se prépare à sa grande guerre contre les mécréants.

Très bon premier tome, où l’on retrouve les couleurs exaltantes des orientalistes. Accompagnés de croquis, nous lisons les notes de Joseph jetées à la hâte sur un carnet. J’ai eu vraiment l’impression de suivre ce désespéré au cours de sa longue errance.

Commenter  J’apprécie          620
L'Etranger (BD)

" L'étranger" d'Albert Camus en bande dessinée. Il fallait le faire.

Jacques Ferrandez a très bien rendu la distance que vit Meursault par rapport à sa vie, par rapport aux faits qu'il vit. En lisant la bande dessinée, je le vois comme un homme qui ne s'est pas encore éveillé aux sentiments, comme un homme qui doit encore goûter à la vie.

Quand j'ai lu le roman, je l'ai ressenti comme un homme étranger à sa vie.

Quand j'ai lu le roman, c'était sa particularité : un homme que rien ne semble atteindre, qui ne semble pas avoir d'opinion bien particulière, qui semble insensible aux sentiments de sa petite amie.

L'album se présente en deux parties. La vie depuis l'enterrement de la maman jusqu'à l'assassinat de l'arabe qui en voulait en vérité à l'ami de Meursault.

La deuxième commence à l'arrestation jusqu'à sa condamnation et ses pensées en prison.

Un moment que j'ai apprécié parmi d'autres , c'est pendant le procès où on revoit une scène du Schpountz joué par Fernandel , moment où l'acteur prononce des phrases terribles sur la condamnation à mort et ce, sur différents tons. Ce moment revient pendant le procès avec un Fernandel hilare.

L'auteur connaît la pensée de l'écrivain même si en lisant le roman, c'est difficile de traduire les réflexions de Camus en bande dessinée.

Les illustrations de la ville d'Alger, des alentours, des personnages sont magnifiques. Ce sont de vrais tableaux.

Encore une chose, que de gouttes de sueur perlent sur les faces des personnages pour exprimer la sueur sous la chaleur, l'angoisse, la colère...

Une très belle découverte .





Commenter  J’apprécie          602
L'Etranger (BD)

L'Étranger d'Albert Camus est une oeuvre concise et puissante qui continue de résonner en moi longtemps après sa lecture. L'adapter en roman graphique était une gageure, sans doute parce que les mots de Camus ont une force suggestive incroyable et qu'y poser des images pourrait dénaturer l'intention du texte.

Camus appartient à mon panthéon littéraire. Aussi je suis allé sur la pointe des pieds vers cette adaptation...

Autant vous avouer tout de suite que j'ai été subjugué par la réalisation de Jacques Ferrandez qui rend ici un magnifique hommage autant à l'écrivain qu'à l'une de ses oeuvres emblématiques.

Les dialogues et la voix-off respectent le texte tandis que les dessins traduisent l'intensité du propos.

La dimension solaire chère à Camus courent sur les pages, c'est la lumière accablante de Marengo ou d'Alger, c'est l'amour de Marie Cardona, la sensualité de ses gestes, la plage, le soleil ardent qui pèse sur un après-midi ordinaire, son reflet tranchant sur la lame blanche d'un couteau...

Le narrateur, Meursault, a un visage, des gestes, côtoie d'autres personnages qu'on reconnaît aussitôt, mais il continue pas moins à tenir à distance sa vie, à lui être étranger comme s'il était indifférent à tout et c'est magnifiquement rendu. le regard des autres aussi, leur jugements, le condamnant par avance, le procès, l'attente après...

On pourrait même trouver à Meursault une ressemblance avec la beauté fulgurante et révoltée de James Dean, tout droit sorti d'À l'est d'Éden...

La vie est là, se faufilant parmi les tranches du récit, ordinaire et nonchalante, elle passe comme un film que l'on revoit, des scènes quotidiennes de la rue se succèdent, Meursault les traverse, fragile et rebelle.

Tiens, à propos de film, l'extrait du film que sont allés voir au cinéma Meursault et sa fiancée, le Schpountz, est un pur bonheur, permettant de visionner un Fernandel criant d'authenticité, récitant un article du code civil, « Tout condamné à mort aura la tête tranchée », jouant sur les sentiments les plus divers que cette phrase inspire au personnage. Un régal !

C'est un mélange de clair-obscur subtilement dosé, où parfois le texte s'esquive, vient alors la force saisissante des images dans cette machination implacable, kafkaïenne qui avance vers le dénouement. Ici la force magistrale de l'album ne trahit en rien l'oscillation entre réalité et hallucination, rêve et cauchemar, continuant d'instiller dans l'esprit du lecteur cette dose de doute qui brouille les pistes comme dans le récit original.

Le rendu final est impressionnant.

Commenter  J’apprécie          5429
Le chant du monde

Ceci n’est pas une critique !

D’ailleurs je n’en ai ni la légitimité ni les compétences. Quand bien même, devant un tel livre, les mots sont difficiles à trouver pour donner un avis définitif (et péremptoire, forcément). Je veux juste à travers ce “commentaire” vous faire partager mon émotion.



Oh que c’était beau ! Une fois encore je suis tombé sous le charme… Sans me retenir. Je me suis laissé emporter au fil de l’eau et des saisons comme les hommes et les femmes qui peuplent ce récit.



On ne présente plus Jean Giono. Cet auteur naturaliste, pilier de la littérature provençale, qui en a inspiré tant d’autres depuis, et qui est capable de vous tirer les larmes des yeux à la simple lecture d’une page décrivant l’arrivée du printemps en montagne, entre le givre craquant sur les branches, le soleil étincelant à travers les sapins, les sautillements des oiseaux dans la neige fragile et légère, le chant des ruisseaux courant sous la glace, les petits mammifères qui s’ébrouent dans le matin frais après un long sommeil… Bref, un hymne à la nature, loin des contingences humaines et des turpitudes de nos sociétés. Mais ce n’est pas seulement cela. Le Chant du Monde, c’est aussi une histoire d’hommes et de femmes, plus durs les uns que les autres avec leurs parts d’ombre et de lumière, leurs envies, leurs jalousies et leurs crimes, leurs amours et leurs douleurs, leurs espoirs et leurs déceptions, leur vie et leur mort. C’est aussi un voyage initiatique d’un homme seul vers un groupe, d’un père vers son fils, d’une femme vers son homme.

Il est tellement ardu de ne pas se prendre au jeu du lyrisme lorsqu’on s’exprime sur un livre pareil. On voudrait dire, faire lire et montrer, aux autres, à vous, faire partager la jouissance qu’on a eu à boire d’un long trait ce texte écrit avec autant de talent à enchaîner les mots.

Faites-moi juste plaisir, lisez les quelques extraits que j’ai voulu partager avec vous.

Pour ceux parmi vous qui connaissent Giono, ce sera une joie de le retrouver ; pour les autres ce sera certainement un plaisir tout neuf de le découvrir et sans doute de plonger plus avant dans cette littérature.



Un chef d’œuvre.
Commenter  J’apprécie          538
Le chant du monde

Après le pays des collines arides, Giono nous fait découvrir la "haute vallée noire", pays des montagnes noires peuplées "d’arbres noirs", et traversé par un fleuve dont "l’eau [voyant] la forêt large étendue là devant, abaisse son dos souple et entre dans les arbres".

Tel un dogme, la nature nourrit encore et toujours l’écriture de Giono dans ce roman : dotée d’un corps et d’une âme, elle s’accapare un rôle prépondérant sans toutefois décider du destin des hommes. Car pour une fois, c’est un roman d’hommes.



Deux amis, Tonio l’homme du fleuve et Matelot l’homme de la forêt, partent à la recherche du fils disparu du second, appelé le Besson, jamais revenu du pays des montagnes noires.

En remontant le fleuve jusqu’à ce pays sombre, ils feront des rencontres qui bouleverseront leur destinée.

Dans ce pays mystérieux malgré tous les repères géographiques cités par l’auteur, on plonge dans une épopée mais une épopée paysanne, où les personnages taillés à la faux luttent sans cesse pour tout et pour rien dans la rigueur de l’hiver. Les pieds dans l’eau mais aussi les mains dans le sang, ils causent peu mais basculent dans la violence sans aménité aucune. Et pour quelle raison ?

Par amour : c’est l’amour filial de Matelot le bûcheron qui mène cette expédition laquelle va révéler à Tonio le pêcheur, trop longtemps immergé dans l’eau verte du fleuve, l’amour d’une femme. L’amour illumine le récit mais de manière contenue, à l’image de ces gens aux pieds bien campés dans la terre.



Sans conteste, Giono utilise les mêmes ressorts que pour ses œuvres précédentes mais avec une tonalité différente.

La nature fleurit joliment dans la langue de Giono, empruntant diverses formes vivantes. Elle témoigne d’un émerveillement permanent de la part de l’auteur, allant même jusqu’à façonner le corps et l’esprit de ses personnages, ils sentent plus qu’ils ne savent : "Antonio toucha le chêne. Il écouta dans sa main les tremblements de l’arbre. […] ‘’Ça va?’’ demanda Antonio. L’arbre ne s’arrêtait pas de trembler. ‘’Non, dit Antonio, ça n’a pas l’air d’aller.’’

Toutefois, l’auteur n’expose pas une nature enthousiaste aux couleurs chatoyantes : point d’été avec sa chaleur écrasante, mais les pluies incessantes de l’automne et le souffle glacial de l’hiver. Et ce d’autant plus que l’auteur a choisi de conduire nos deux compagnons armés de leur solide amitié en direction de la ville, dominée par un effet de clair-obscur à travers des ruelles sombres et étroites.

On prend alors conscience que Giono use de cette palette de couleurs pour marquer la progression du récit. La trame obéit au rythme des saisons : avec le froid mordant de l’hiver le fleuve se trouve prisonnier des glaces, c’est le temps de l’inquiétude, de l’impuissance, de l’attente des hommes jusqu’à la survenue du printemps lequel sort de terre avec le réveil des orgueils et des instincts de vengeance des hommes. Le printemps découvre une terre "sanguine ", des "torrents musclés" et insuffle une formidable énergie non seulement aux hommes, mais également à l’intrigue quelques peu ensevelie sous la neige. Lorsque le printemps s’annonce, tout s’accélère, bercé dans une atmosphère d’abord féroce puis lyrique et sensuelle. Giono démontre ainsi sa parfaite maîtrise du rythme, rendant la lecture captivante.

Comme toujours, l’homme et la nature sont unis par des liens profonds chez Giono. Mais cette fois, ils chantent à l’unisson : "le monde commençait à chanter doucement sous les arbres", la nature accompagne de son chant les personnages au gré de leur périple. Pas de lutte entre l'homme et la nature.

Et c'est probablement en raison de cette harmonie que la nature exerce moins d’emprise sur le récit que dans les romans précédents. Avec une certaine pudeur qui sied à la vie paysanne, l’auteur pose alors un regard tour à tour compatissant et admiratif sur ses héros, guidés par leurs sentiments et l’abnégation ou la désillusion qui en découlent. Tous ne reviendront pas de ce voyage avec ce qu'ils recherchaient.
Commenter  J’apprécie          536
L'Outremangeur

Dès que j'ai vu cette bande-dessinée dans le fonds de la médiathèque dans laquelle je travaille avec le nom de Tonito Benacquista affiché dessus, cela m'a tout de suite intrigué et je n'ai pas pu résisté à l'envie de la découvrir. Ma rencontre avec cet auteur remonte à mes années de fac (je ne dirai pas quand) mais en revanche, je ne connaissais pas du tout l'illustrateur et ce fut une rencontre agréable que de pouvoir associer les deux. Cependant, si je ne mets probablement pas la note que mériterait cet ouvrage, c'est parce que je ressors de cette lecture frustrée, comme avec un goût d'inachevé dans la bouche et c'est dommage !



Ici, le lecteur découvre le personnage de Richard Séléna, dont la réputation n'est plus à faire au sein de la police mais néanmoins, ce n'est pas pour cela que l'on connaît si bien mais avant tout pour son obésité. Les gens qu'il croise dans la rue se moquent de lui, ses collègues parient sur son poids et quant aux membres du groupe de parole dans lequel il se rend, ils le laissent indifférent et ne se préoccupent pas plus de lui. Le jour où Richard est confronté à une nouvelle enquête mêlant homicide et drogue, il décide de s'approprier l'affaire et de la classer, à sa manière à lui...



Lorsque trafic au sein de la police, chantage et problèmes de trouble alimentaire se croisent, cela fait une bande-dessinée avec de nombreux problèmes récurrents mais trop souvent passés sous silence dans notre société actuelle. Un graphisme extrêmement bien travaillé et un scénario choc mais qui m'a laissé sur ma faim (sans mauvais jeu de mots) ! A découvrir !
Commenter  J’apprécie          492
L'Etranger (BD)

Un télégramme de l'asile de Marengo l'a averti brutalement que sa mère venait de mourir. Etait-ce hier? Ou aujourd'hui? Dans le car qui le conduit vers Marengo, la chaleur est écrasante, le soleil éblouissant et brûlant. A peine arrivé à destination, le directeur de l'asile, qui a demandé à le voir, le reçoit dans son bureau. Très peu bavard sur les liens qui les unissaient, Meursault ne se dévoile guère. Le directeur le conduit à la morgue où la défunte repose. L'enterrement aura lieu le lendemain matin. Cela lui laissera le temps de veiller la disparue. Le concierge lui propose alors d'ouvrir le cercueil mais le jeune homme refuse. Il veille ainsi toute la nuit, fumant et buvant du café, interrompu par les autres pensionnaires. Le lendemain, la chaleur est de plus en plus pesante. Le cortège, Meursault en tête, accompagne une dernière fois la défunte. Surpris d'apprendre que celle-ci s'était très liée avec un homme, il accepte que le vieillard les accompagne, sans avoir demandé un quelconque renseignement sur les années que sa mère venait de passer en ces lieux. Seule la chaleur oppressante semble l'incommoder...

De retour à Alger, il fait aussitôt la rencontre de Marie qu'il n'avait pas vue depuis longtemps. Les deux jeunes, insouciants, prennent des bains, vont au cinéma et passent la nuit ensemble...



Jacques Ferrandez nous dépeint Meursault, un homme qu'aucun sentiment ne semble habiter, tant il est indifférent à tout ce qu'il vit ou ce qu'il est. Incapable de trancher dans telle ou telle décision, jusqu'à ne pas savoir s'il aime Marie ou non, ce jeune homme se laisse bercer par la vie, subit les moments tels qu'ils se présentent et ne semble pas se poser de questions. A la mort de sa mère, il ne saura répondre s'il l'aimait ou pas, allant jusqu'à ne pas savoir son âge. Et c'est bien cette indifférence et cette insensibilité qui seront montrées du doigt. Les magistrats iront même jusqu'à juger une toute autre histoire que celle que l'on lui reprochera. On sent véritablement l'oeuvre de Camus respirer dans cet album, l'auteur allant jusqu'à garder le texte originel. Ce qui frappe au premier abord, c'est véritablement ce soleil pesant et éblouissant, personnage à part entière qui semble accabler et alourdir tout mouvement. Jacques Ferrandez réussit parfaitement à nous baigner dans cette atmosphère, jouant sur les ombres et utilisant des couleurs très "ensoleillées". La mise en page est dynamique, la voix-off est accrocheuse et Alger mise en beauté.



Croisez la route de L'étranger...
Commenter  J’apprécie          490
Le premier homme (BD)

Jacques Ferrandez adapte le dernier roman d'Albert Camus en bande dessinée.

Le manuscrit " Le premier homme" trouvé dans sa voiture lors de l'accident qui lui avait coûté la vie avait été confié en 1961 par son épouse pour le dactylographier en vue de l'éditer. Le livre n'est paru qu'en 1994.

Albert Camus apparaît sous le nom de Jacques Cormery .

Les étapes de la vie de l'auteur sont bien présentes, en ayant soin de garder les principales.

L'album présente différentes phases bien distinctes et très importantes.

Les idées et les principes d'Albert Camus sont là comme le dégoût qu'avait son père pour la peine de mort. Un père qui se fera tuer en France dès les premiers jours de la première guerre mondiale en 1914.

Camus nous rappelle ce moment de l'exécution tant détestée dans "L'étranger" mais sous une autre forme.

La phrase célèbre de Camus " Un homme , ça s'empêche " est prononcée par son père représenté en tant que soldat, zouave, contre les Marocains en 1905. Il avait été écoeuré par les atrocités commises par les ennemis.

Son instituteur " Monsieur Germain" qui a tant compté pour Albert Camus, porte le nom de Monsieur Bernard.

Quand Camus revient près de sa mère qu'il n'abandonne jamais, l'auteur mêle deux images du présent et du passé en une sorte de fondu enchaîné.

Les illustrations sont magnifiques. À ce stade, on peut parler de véritables peintures.

Les personnages, très expressifs traduisent leurs émotions.

On retrouve l'empathie qu'avait Camus pour sa grand-mère qui avait été très dure pour lui portant. Elle était trop pauvre pour se laisser aller à des sentiments.

L'auteur illustre le fait par une image pas très ragoûtante mais très concrète.

Un magnifique album complet , un travail très abouti et gigantesque j'imagine car il compte quand même 183 pages.

Commenter  J’apprécie          480
L'Hôte : D'après l'oeuvre d'Albert Camus (BD)

Cette courte nouvelle, parue dans le recueil "l'exil et le royaume" que je ne connaissais pas, d'Albert Camus est magnifiquement retranscrite en BD par Jacques Ferrandez. Les superbes paysages d'Algérie, tout en aquarelles m'ont enchantée.

Le découpage original des illustrations magnifie les Hauts Plateaux désertiques, je me régale en les contemplant ! Les couleurs ocres et bleu pâle rendent un bel hommage à la beauté de cette région.



C'est sur ces Haut Plateaux, que Daru, un jeune instituteur français, donne des cours à des enfants algériens très pauvres avec lesquels il partage le peu de nourriture que l'administration lui livre chaque semaine. Sur la 1ère illustration, il montre les fleuves français sur un tableau noir, celui-ci va revêtir une importance plus tard mais chuuuut....

La vie est difficile à la limite du désert, Daru vit seul, comme un moine mais c'est là qu'il est né.

«Ce pays est cruel à vivre mais je me contente du peu que j'ai. Avec mes murs crépis, mon puits et mon ravitaillement hebdomadaire, je suis un seigneur ici. Et puis, c'est là que je suis né... partout ailleurs, je me sens exilé »



Isolé par la neige, qui le prive de ses élèves (encore de magnifiques planches), il voit arriver un représentant de la loi, Balducci, à cheval suivi d'un prisonnier arabe à pied et attaché. L'homme de loi ordonne à l'instituteur d'amener le prisonnier au prochain poste de police, à 20 km. Ce dernier, accusé de meurtre, reste antipathique malgré les efforts de l'instituteur pour établir un dialogue. Bien que le prisonnier ait commis un meurtre, Daru ne veut pas le livrer à la justice, estimant que ce n'est pas son travail.



Le gendarme repart. Les 2 personnages restent seuls, face à leurs choix. Le choix de l'instituteur de livrer ou non le prisonnier et le choix de l'arabe d'accepter ou non la proposition de l'instituteur.



Beaucoup d'humanité de la part de Daru dans ce texte qui rend d'autant plus absurde et incompréhensible la fin brutale.



Cette histoire se passe avant la guerre d'Algérie et nous parle de l'humain et de sa folie comme l'explique Boualem Sansal dans la préface.

Daru, bien que né en Algérie restera un étranger, exilé dans le pays où il est né, malgré toute sa bonne volonté.



Une BD avec très peu de texte, surtout à la fin où les gestes et les regards suffisent, que je suis contente d'avoir découverte et dont je ne me lasse pas d'admirer les dessins.

Commenter  J’apprécie          4715
Le chant du monde

Le fils du bûcheron Matelot a disparu depuis plusieurs mois. Matelot convainc son ami Antonio de partir à la recherche de son corps pour le ramener et l’enterrer. Ils remontent le fleuve en guettant les troncs d’arbre que le besson était chargé de convoyer et qui seraient passés par là.

L’intrigue, qui se rapproche de celle de la guerre de Troie, est forte, mais elle s’évanouit sous les descriptions et les personnages. J’ai eu assez peu envie de savoir ce qui allait leur arriver.

Lire Le chant du monde, c’est plonger dans un style flamboyant à l’extrême, dans une nature fantasmée et dans des dialogues parfois mystérieux. Alors que Regain est un des livres que j’emporterais sur une île déserte (il me faudrait peut-être une immense caisse, pour emporter tous mes livres préférés), j’ai trouvé cette lecture difficile. Un chef-d’œuvre, je veux bien en convenir, mais difficile.


Lien : https://dequoilire.com/le-ch..
Commenter  J’apprécie          471
Alger, la noire (BD)

Un univers à la Ellroy et son célèbre Dahlia noir, mais ici c'est Alger qui est noire, Alger la blanche, il y a de quoi en être pantois.

Jacques Ferrandez a adapté le roman noir de Maurice Attia avec la patte que nous lui connaissons. Mais nous sommes loin de ses Carnets d'Orient car les paysages algérois cèdent la place à l'enquête policière sur fond de guerre: nous sommes au début de l'année 1962.

Paco Martinez, policier d'origine espagnole aura maille à partir pour démêler une sale affaire:un double meutre dans lequel l'OAS et le FLN semblent concernés à divers degrés.

Le contexte politico historique est saisissant de réalisme, et la psychologie des personnages est également tres finement croquée ce qui donne à cet ouvrage un double intérêt.

J'ai tout particulierement apprécié le vocabulaire des personnages émaillé de mots arabes, montrant l'acculturation des populations européennes à travers la langue.Nous évoluons aussi dans un monde interlope fait de prostitution et de trafics divers.

Alger la blanche, une vision en clair obscur de cette cité fascinante à une époque trouble de notre histoire.

Commenter  J’apprécie          470
La Boîte noire

Laurent Aubier, 35 ans, réparateur de photocopies. C'est ainsi qu'il se présente face à l'infirmière Janine. Après un accident de la route qui l'a plongé dans un coma vigile, c'est à dire un coma léger où le patient s'exprime, Laurent s'est retrouvé à l'hôpital pour faire quelques examens. Le conducteur en face, malheureusement, ne s'en est pas sorti. C'est alors que cette infirmière qui le surveillait durant la nuit lui dit qu'il parlait beaucoup et qu'elle a pris note de chacune de ses paroles. Lui reviennent alors en mémoire une certaine Betty, son amour d'enfance mais également d'autres phrases plus incompréhensibles. La boîte noire dans laquelle sont consignés ses désirs, ses angoisses et son passé, s'est ouverte et il se retrouve ainsi à chercher le sens des mots qu'il a prononcés.



Adapté d'une nouvelle de Benacquista et porté à l'écran par Richard Berry avec José Garcia, cet album nous ouvre les portes du subconscient, celles auxquelles nous n'avons pas accès mais qui contiennent toute une partie de nous. Notre héros se trouve ainsi confronté à ses propres désirs refoulés, à ses souvenirs qu'il aurait préféré taire pour certains et va ainsi remuer une partie de son passé. Il fera ainsi d'étranges découvertes. Qui n'a jamais rêvé de percer à jour les méandres de sa mémoire? Une intrigue psychologique rondement menée et mise en image par Ferrandez, déjà présent sur L'outremangeur. Son dessin assez réaliste, ses couleurs directes et ses premières pages frôlant l'abstrait illustrent parfaitement la confusion mentale dans laquelle se trouve notre héros.



La boîte noire... vous pouvez l'ouvrir...
Commenter  J’apprécie          410




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jacques Ferrandez Voir plus

Quiz Voir plus

LNHI-76387

Coïncidence irakienne du IIIe sicle avant J.-C.

pile
face

10 questions
12 lecteurs ont répondu
Thèmes : hasard , culture généraleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}