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Quel écrivain haïtien a été assassiné à l'âge de 39 ans et donne pourtant l'exemple de la plus rayonnante trajectoire dans le monde des lettres haïtiennes ?
« L'Etoile Absinthe » de Jacques Stephen Alexis, c'est à lire en poche chez Zulma.
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Si l'amour reste un simple accord sexuel et une communauté du souvenir, si l'inclination ne plonge pas ses racines dans la vie quotidienne, dans le cœur du quotidien, dans les personnalités en mouvement, s'il ne demeure que ce qu'il à été au moment de sa cristallisation, il porte en lui le germe d'un dépérissement inexorable et la certitude de sa propre autodestruction.
Le rhum, naturellement, Haïti, dont le rhum est non pareil. Tout homme qui connaît vraiment bien la Caraïbe et en a pénétré l’esprit sait que qui n’a pas encore bu le rhum d’Haïti ne connaît pas tout le pétillement irisé, subtil, charnel, radiant, rêveur, tout l’art de vivre que peut receler le rhum… Les buveurs de rhum à l’eau ne peuvent que difficilement s’en rendre compte. Le « long drink » quel qu’il soit, dénature toujours le rhum… Le « Bacardi » de Cuba, bien sûr, le « Cidra » dominicain, les autres eaux-de-vie de canne à sucre, jamaïquaines, martiniquaises, porto-ricaines, etc., ce sont de bonnes choses, mais le rhum d’Haïti, c’est l’esprit du pays de la Fleur d’Or (Anacaona, reine indienne d’Haïti), de Toussaint Louverture et de Dessalines...
Rien de ce qui est passionnément vivant ne meurt tout à fait mais se perpétue, se lègue, se transmet, se dépasse. Ainsi l'homme est immortel, comme la vie...
Les hommes se mesurent d'un seul regard, dans le feu de l'action; le reste n'est qu'une affaire de complexion.
Tout ça n'a aucun sens, aucune portée, l'existence ne peut être qu'une ineptie du hasard, et si un dieu personnel a engendré cette vie, il s'agit certainement d'un dieu carnassier, dément, insensé, imbécile, plus bêtifié que tout le bestiaire de sa création!
Oui, sur une terre étrangère, l'amitié est infiniment précieuse. Une terre étrangère apparaît au début en dehors du monde, puis, quand un visage se rapproche, le pays se rapproche. Alors l'esprit compare, l'être se laisse émouvoir, une joie timide commence à palpiter le cœur. Les hommes sont tous à la recherche du bonheur, telle est la commune mesure de chacun.
Rien n'avait fondamentalement changé dans le monde, seuls les mots, les formules, les formes de la domination avaient varié.
« L’Églantine va dans l’escalier de la pension Colibri. Elle avance d’une démarche réflexe. Deux ruisseaux acides fusent le long de ses mâchoires. La pulsation rythmique du sang dans la tête – pic-vert picorant le sommet du crâne – exacerbe l’agacerie sans cause de tout l’arbre des nerfs… Oui, vivre d’abord. Accomplir des gestes, les organiser en actes, gouverner ses œuvres pour trouver un nouvel équilibre… L’Églantine descend les marches de l’escalier de béton, elle se porte à peine, elle va… tout reconsidérer. Par exemple, se débarrasser de ce balancement significatif des hanches qui est tout un programme, la dégaine provocante de La Nina Estrellita. »
C'est prodigieux, les gens nerveux ! Qu'ils soient estimables ou non, rien de ce qu'ils font n'est banal; extravagant peut-être, étonnant, admirable, fou, pyramidal ou simplement ébouriffant, ça oui !
« Le soir tombe, les moustiques vrombissent, le soleil allume des derniers incendies dans les nuages. Tout l’occident flambe et les ombres elles-mêmes sont roses dans la crique où se balance le Dieu-Premier fin paré pour la poursuite du voyage. La marée montante danse la rumba, secoue ses jupons froufroutants de satin bleu dont les innombrables volants dentelés d’écume blanche se soulèvent et retombent découvrant la chair blond rosé de la grève. Plaqué de teintes plates et crues, l’horizon chatoient et au-dessus passe tout un train rapide de petits nuages frisettés, versicolores, dans le couchant flamboyant. »