Citations de Jacques Vergès (57)
«Ne me quitte pas » est un cri d’indigent – appel au secours à une personne qui ne peut vous sauver. C’est fort de ces considérations que j’ai pu gérer mes joies et mes peines amoureuses. Comment ? En me mettant paradoxalement à la place de celles dont je me séparais, je soldais ainsi un malentendu, notre histoire d’amour, sans salir l’amour qui l’avait fait naître.
Il venait d’une famille heureuse et sans problèmes, l’une de ces familles qui faisait dire à Tolstoï au début d’Anna Karénine : « Toutes les familles heureuses se ressemblent, les familles malheureuses le sont chacune à leur façon.
Les nouveaux venus apprennent ainsi à reconnaître parmi la meute le maître, à lui obéir, à le respecter, à l’aimer, à la condition toutefois que le maître ne soit pas seulement féroce, mais juste et protecteur.
Les rêves d’Homo sapiens sont plus cruciaux, plus vivaces, plus tenaces que ses découvertes scientifiques, fussent-elles sidérantes. C’est la raison pour laquelle deux fragiles créatures d’ocre et de sang griffonnées sur la paroi d’une grotte préhistorique devant une frêle embarcation m’émeuvent plus que deux astronautes foulant pour la première fois la Lune.
La justice est une lutte. Elle implique la mobilité.
L’homme aujourd’hui vit dans une bulle de son, c’est pas normal. L’hémisphère Nord, le nôtre, est celui de l’œil. L’hémisphère Sud, le leur, celui du rythme. Même en acquérant l’électronique, le Tiers Monde ne change pas, au contraire, il devient plus intensément primitif.
Quand un renard est pris au piège, il ne se plaint pas de l'injustice subie. Il n'invoque pas le ciel ni n'appelle la SPA. Il coupe simplement sa patte. Trop heureux d'en garder trois. Il a le sens du destin. C'est ce qui manque le plus au monde occidental d'aujourd'hui.
Quand un renard est pris au piège, il ne se plaint pas de l'injustice subie. Il n'invoque pas le ciel ni n'appelle la SPA. IL coupe simplement sa patte. Trop heureux d'engarder trois. Il
On ne fait entrer qu’autant de lumière qu’en exige le cas concret. Sinon l’on court le risque que la vérité ne s’étende comme un feu de brousse. Les révolutions débutent souvent par des procès que l’on n’arrive pas à endiguer. C’est porter du feu hors des chaudières. Lors de toute enquête approfondie, on se heurte au mensonge social, auquel tous participent. L’amener au jour est le devoir des prophètes, non du tribunal.
Il faut rendre grâce à la guerre d’une autre chose : elle m’a rendu plus humain. Cela, je le dois, comme Apollinaire, aux femmes, qui m’ont ouvert les yeux sur la beauté et la folie du monde. Jeune, nous ne manquons pas d’idées préconçues, nous voyons le monde en noir et blanc, de façon contrastée et manichéenne.
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage. Car nous en avons vu du pays, nous qui nous sommes battus sans jamais nous rabaisser à commettre de crimes, nous qui nous flattions d’appartenir au petit nombre de la France libre et nous enorgueillissions d’éveiller chez les militaires de carrière un sentiment de jalousie et d’agacement.
Il était donc temps de mettre fin au malentendu, j’appliquai à la lettre le conseil d’un connaisseur, le général Bonaparte : « En amour, la plus grande victoire est la fuite. »
Les nègres, voyez-vous, c’est des enfants tout venus dont on fait ce qu’on veut, sans qu’un curieux de procureur du roi arrive à vous en demander compte.
Héraclite m’a enseigné qu’on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve et qu’on n’est jamais le même sans pour autant jamais cesser d’être soi.
Tout le monde n’est pas la bru du Tigre.
La justice ne m’est jamais apparue comme une calme pesée d’âmes faite par des juges assis et sacrés, mais comme l’enjeu bien terrestre d’un combat entre le maître d’aujourd’hui et celui de demain. Son symbole pour moi n’a jamais été la balance du marchand mais la sagaie du guerrier
L’infraction est caractéristique de la société humaine. Dans la société animale il n’y a pas de crime. Dans une ruche il ne vient jamais à l’idée d’une ouvrière de faire grève, à une reine de se faire avorter.