Il est très rare que je réussisse à m'autoriser à être, tout simplement, sans rien faire, par peur, je crois, qu'en me laissant aller ainsi je perde un temps précieux. Me laisser aller au flux de la vie et des circonstances me donnerait l'impression de perdre contact avec l'essentiel, de perdre le contrôle, de ne plus être maître de ma propre destinée. D'un autre côté, est-ce vraiment à moi de me soucier de tout contrôler ?
Je me rappelle les paroles de Shikû. Je dois "faire du jeu dans mon coeur". Faire de la place. Pour quoi ? Je n'ai pas besoin de le savoir. S'il y a un espace, quelque chose viendra naturellement l'occuper. Ce n'est pas facile. Lorsque j'avais dit à Shikû que j'avais du mal à créer cet espace dans mon coeur, il m'avait dit: "Alors arrête d'essayer de le faire.La place est déjà là, contente-toi de la laisser exister."
[...] et le très beau court métrage de la réalisatrice britannique Lucy Walker, Le Tsunami et les cerisiers en fleur, dans lequel elle juxtapose avec une grande délicatesse la fragilité de l'existence humaine que nous rappellent les évènements, et fleuraison courte et éphémère des sakura. La notion de l'impermanence de toute chose est centrale dans le bouddhisme, mais cette conscience que tout est sujet au changement, voué à disparaitre un jour, est également un trait de caractère ancré dans l'âme japonaise.
Mon déménagement est effectué. Mariko a bien compris ma position, ce qui me permet de quitter le temple du Kokushoji sans laisser de sentiments amers derrière moi. Je me retrouve logé à la même enseigne que les employés de Toyota, dans leur logement collectif. Ma chambre mesure environ 3.5m sur 2.